dimanche 13 septembre 2009

« Ma traduction longue », par Nathalie

1-Comment s'est passée la traduction de ton roman ?
Cette traduction a été un travail de longue haleine qui m'a demandé de la persévérance, de l'endurance. Au début, j'ai eu du mal à trouver mon rythme (à cause des cours, puis du stage) mais j'ai bouclé le premier jet fin mai/début juin. Et j'ai profité des vacances d'été pour entreprendre relectures et corrections. C'est là que j'ai réalisé le plus gros du travail : prendre des décisions (les fameux « choix du traducteur »), peaufiner, m'assurer que le texte français tenait la route...

2. Y a-t-il eu des moments de découragement ? de satisfaction ?
Je ne me suis jamais lassée de mon texte parce qu'il a toujours eu quelque chose à m'enseigner, étape après étape. Sans être pleinement satisfaite du résultat, je sais que j'ai fait de mon mieux ; aussi est-ce sans regret que j'ai envoyé mon manuscrit au jury.
Mon pire souvenir restera le moment de la mise en forme : photocopie de la VO, impression de la VF, alignement au cordeau... Un cauchemar ! Que de papier gâché (sans compter l'encre), que de temps perdu...
Et mon meilleur souvenir sera celui de la correction en binôme, source d'échanges fructueux et de fous-rires nerveux.

3. Quelles difficultés as-tu rencontrées ?
Elles ont été si nombreuses : traduction ou non traduction des noms de personnes, des lieux, des fonctions officielles ; langue de l'Espagne classique, émaillée d'expressions orales contemporaines ; dialogues, humour ; un romance, deux cuartetas, un trabalenguas ; présence de notes de bas de page...

4. Est-ce que cela a été plus ou moins difficile par rapport à ce que tu avais imaginé ?
Je n'avais pas d'a priori quant au niveau de difficulté : je savais que j'allais rencontrer nombre d'obstacles, même pour des phrases ou des mots très simples. Par contre, je ne m'attendais pas à ce que le travail de relectures/corrections soit aussi long : me voilà prévenue !

5. Qu'attendais-tu d'une telle traduction ?
La possibilité de relever de nombreux défis ; et compte tenu de la difficulté du texte choisi, je n'ai pas été déçue ! Mais comme je l'ai déjà dit, je ne regrette pas mon choix, au contraire : je me félicite d'avoir eu à résoudre tant de problèmes pour un premier texte.

6. Qu'en retires-tu ?
Paradoxalement, une grande fierté et un profond sentiment d'humilité. La tâche est rude et vous oblige à vous remettre en cause à chaque instant mais vous avez le sentiment d'apprendre, de progresser.

7. Où as-tu trouvé ton texte de traduction longue, est-ce un coup de cœur, un choix "stratégique", un choix par défaut ?
Je souhaitais traduire un roman de littérature de jeunesse ; ne trouvant rien dans les librairies bordelaises, je suis partie en Espagne pour avoir tout loisir de flâner dans les rayons et de feuilleter chaque ouvrage. Mon choix s'est porté sur Siete historias para la infanta Margarita de Miguel Fernández Pacheco après avoir vu la couverture qui présente les personnages du célèbre tableau de Velázquez, les Ménines. Le coup de coeur a d'abord été visuel.

8. As-tu l'intention d'essayer de faire publier ta traduction longue ?
Il y a encore une semaine, j'aurais répondu « oui » sans hésiter mais aujourd'hui, je m'interroge : est-ce bien raisonnable de vouloir publier une traduction de débutante...

3 commentaires:

Sonita a dit…

Nathalie parle des inévitables "choix du traducteur". J'aimerais, si possible, en savoir un peu plus sur cela. Dans les grandes lignes, en quoi cela consiste? Est-ce une obligation? Et, je ne peux pas m'empêcher d'y penser, ce "choix" est aussi ce qu'on appelle une trahison du texte de départ?
Merci!

Nathalie a dit…

Pour répondre à ta question, je te parlerai de mon premier choix de traductrice qui a consisté à ne pas choisir la forme francisée de l'auteur des Ménines (Vélasquez) mais à conserver la graphie originale (Velázquez). Pourquoi ?
Parce que je souhaitais conserver la "couleur" du texte de départ, en respectant noms propres et noms de lieux, proprement espagnols
(ex: Alcázar, Escorial plutôt que "Escurial"...)
Comme son nom l'indique, le choix du traducteur est une décision personnelle, qui ne peut être généralisée ou théorisée. Aussi aurai-je du mal à me lancer dans une grande tirade argumentative...
Voilà un avis (tout personnel) qui t'aura, je l'espère, apporté quelque éclairage...

Sonita a dit…

merci Nathalie.