Gabriel Saviela
Est-il possible qu’un tueur en série aveugle ne se fasse pas pincer ? C’est ce que vous découvrirez si vous lisez Capitán de las Sardinas de Manuel Manzano, qui a dressé pour nous une galerie de portraits hauts en couleurs, de personnages se retrouvant dans des situations hilarantes. Un sujet grave, oui, mais un ton léger et une impossibilité de ne pas rire.
Nous savons dès le départ que quelque chose ne tourne pas rond chez Gabriel Saviela. Étant aveugle et ayant été frustré et maltraité dans son enfance, une enfance qui par ailleurs a été prolongée jusqu’à ses cinquante-cinq ans, la condescendance humaine voudrait qu’on éprouve de l’empathie pour lui, mais non, impossible, sauf pour les plus naïfs, comme Manuel. Gabriel est bien trop antipathique. C’est une personnalité tellement affreuse que c’en est drôle. Tout est poussé à l’extrême chez lui. Personnage en fuite, il se fait remarquer car il y a un gros décalage entre ce qu’il croit faire et ce qu’il fait réellement. Nous adorons nous moquer de lui, mais nous n’aimerions surtout pas croiser son chemin dans la vraie vie. Nous qui connaissons l’envers du décor, nous savons que Gabriel n’est idiot qu’à moitié, et que c’est un stratège manipulateur ayant du sang froid, sachant que dire et que taire. Gabriel n’est pas le personnage principal, mais le premier personnage que le lecteur découvre. Autour de lui, d’autres personnages évoluent. Manuel est un personnage aussi important. D’ailleurs, c’est lui le personnage éponyme de l’œuvre, car « capitán de las sardinas » signifie « poule mouillée », et c’était son surnom dans les cours de récréation. Quant à Nicodemo et Boris Beria, les enquêteurs, nous suivons leur évolution en même temps, et Manuel Manzano leur accorde le premier rôle dans un autre roman, intitulé El hombre de plastilina. Tous ces personnages évoluent chacun de leur côté avant que leur chemin se croise. Un point commun entre eux tous : ils sont ridicules et font mourir de rire.
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