Paco IBÁÑEZ, « un atizador de conciencia », par Brigitte
Lors d’une interview accordée au quotidien espagnol El País en 2007, Paco IBÁÑEZ déclarait : « Las canciones sirven para despertar las conciencias » (…) Me gusta ser un atizador de conciencia ».
Compositeur et interprète espagnol, libertaire, Paco IBÁÑEZ a une histoire familiale fortement marquée par les années du franquisme : né à Valence en 1934, d’un père ébéniste militant arnarco syndicaliste à la CNT et d’une mère basque, il connaîtra l’exil dès la fin de la Guerre Civile espagnole.
Sa famille quitte Barcelone pour s’installer à Paris dès 1939 mais, sous l’Occupation allemande, son père est arrêté et envoyé au camp de travail d’Argelès, près de Perpignan, comme de nombreux républicains espagnols.
Pour survivre, sa mère repart avec ses trois frères au Pays Basque où sa famille l’héberge clandestinement.
En 1948, la famille traverse la frontière clandestinement pour rejoindre le père à Perpignan.
Installés à Paris au début des années 50, son père lui apprend le métier d’ébéniste. Parallèlement, Paco IBÁÑEZ s’initie au violon puis opte rapidement pour son instrument de prédilection, la guitare. Il découvre alors Georges Brassens, Atahualpa Yupanqui et Léo Ferré.
Curieusement, Paco IBÁÑEZ n’a jamais écrit de chansons mais il a toujours excellé dans l’art de mettre en musique et en valeur les textes magnifiques de nombreux poètes espagnols et latino américains.
En 1956, il interprète les premiers poèmes de Luis de Góngora puis ceux de Federico García Lorca.
Remarqué et apprécié par Salvador Dali à qui il est présenté en 1958, l’idée germe d’une collaboration avec les artistes peintres de l’époque pour illustrer ses pochettes de disque et son premier disque sortira en 1964.
Plus qu’un simple interprète, Paco est un « activiste culturel » : en 1966, la Création de « La Carrasca », lieu de rencontres et de spectacles, permet de faire découvrir au public français poètes, musiciens, chanteurs ou artistes peintres, espagnols, républicains en exil ou de passage. Dans les années 70, il créera la « Semaine de la chanson ibérique » dans le même esprit.
En 1967, un second disque met en musique des poèmes de Rafael Alberti, Gabriel Celaya, Miguel Hernández, Blas de Otero, Francisco Quevedo y Luis de Góngora, disque dont la pochette est illustrée par le peintre José Ortega.
En Mai 1968, en pleine révolte étudiante, il chante le texte de Gabriel Celaya « La poesía es un arma cargada de futuro ».
Un an plus tard, lors d’un concert à La Sorbonne où il est présenté comme « La voz libre de España », il devient à la fois un symbole de la révolte étudiante par ses idées libertaires et un porte-parole des espagnols en exil en France et des artistes opprimés par la dictature franquiste.
Lors de son passage sur la scène de l’Olympia, il chante pour la première fois « La Mala Reputación », chanson de Georges Brassens, traduite et mise en musique.
Son 3ème disque, illustré par le peintre Antonio Saura, met en musique des poésies de Rafael Alberti, Luis Cernuda, León Felipe, Gloria Fuerte, Antonio Machado, Luis Cernuda y José Agustín Goytisolo.
Sa rencontre avec Pablo Neruda, en 1970, l’incitera à faire un nouvel album consacré au poète chilien qui paraîtra en 1977.
Ses idées libertaires et son activisme ne sont guère appréciés dans l’Espagne franquiste. Il est censuré et interdit en Espagne en 1971 et n’y retournera qu’après la mort du général Franco.
De retour en Espagne définitivement dans les années 90, il s’installe à Madrid puis au Pays Basque et finalement à Barcelone où il réside toujours depuis 1994.
En 2002, sa discographie est rééditée et regroupée dans la collection « A Flor de tiempo » illustrée par des artistes peintres.
Promu Chevalier des Arts et des Lettres à deux reprises sous la Présidence de François Mitterrand en 1983 puis en 1987, Paco IBÁÑEZ refusera cette distinction honorifique toujours fidèle à ses idées libertaires et sa volonté d’indépendance en déclarant :
« Un artista tiene que ser libre en las ideas que pretende defender. A la primera concesión pierdes parte de tu libertad. La única autoridad que reconozco es la del público y el mejor premio son los aplausos que se lleva uno a casa »
Son dernier album est sorti en 2008.
• Le site officiel de Paco IBÁÑEZ :
http://www.aflordetiempo.com/webNova.htm
• Quelques-uns des nombreux titres chantés par Paco IBÁÑEZ :
« La poesía es un arma cargada de futuro » de Gabriel CELAYA (1991-1971)
http://www.youtube.com/watch?v=JR_qVXcgi38
« La Mala reputación » de Georges Brassens
Paroles de Georges BRASSENS (1921-1981), traduction de Pierre PASCAL.
« Don dinero » de Francisco de QUEVEDO (1580-1645)
http://www.youtube.com/watch?v=gw94UhFfsrc
« Puedo escribir los versos… » de Pablo NERUDA (1904-1973)
http://www.youtube.com/watch?v=ql02iduDKrg
« Érase un lobito bueno » de José Agustín GOYTISOLO (1928-1999)
http://www.youtube.com/watch?v=BK1pZE5QlzU
« Palabras para Julia » de José Agustín GOYTISOLO
http://www.youtube.com/watch?v=0VWjkvw70wU
« Me lo decía mi abuelito » de José Agustín GOYTISOLO
http://www.youtube.com/watch?v=uh6cbVmE3Dk
« Andaluces de Jaén » de Miguel HERNÁNDEZ (1910-1942)
http://www.youtube.com/watch?v=iiD0d2IqO5o
« Soldadito Boliviano » de Nicolás GUILLÉN (1902-1989)
http://www.youtube.com/watch?v=XaYFx1CDvH8
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