J'en ai déjà parlé, ici ou là, mais, comme cela revient très régulièrement sur la table, je me sens autorisée à en dire encore quelques mots. De quoi s'agit-il ? Pourquoi un véhément billet matinal ? Il s'agit de cette déclaration péremptoire des gens qui se croient à la pointe de la subtilité culturelle quand ils s'écrient, avec force points d'exclamation : « Ah non ! Allons donc ! Moi, je ne lis jamais de traductions ! C'est la version originale ou rien ! »
Figurez-vous que c'est, à peu de choses près, ce que je viens de lire sous la plume d'une traductrice, sur un forum de discussion. Permettez-moi de m'étonner qu'en exerçant ce métier, même depuis peu, on adhère encore à cette sorte de postures irréfléchies, qu'on tombe dans un snobisme à courte vue.
Entend-elle par cela qu'elle ampute sans vergogne le texte qu'on lui a confié et que, par voie de conséquence et de générosité, elle attribue lestement cette pratique à ses collègues ? Notre traduttore-traditore, fier de l'être, préconise (c'est neuf !) de se méfier des traducteurs et de leurs traductions...
Devrait-on, dès lors, se fermer les portes d'une très grande partie de la littérature étrangère (combien parmi nous peuvent-ils lire dans plus de trois ou quatre langues ?) ? Le lecteur peut-il, devant une traduction, ne s'en remettre qu'à sa lecture en langue originale, comptant sur une "science infuse" de ce texte à cette seule lecture, en dépit des différences culturelles impliquées, en ignorant l'immense travail réalisé par celui qui, lorsqu'il est digne de son métier, prend la peine de consacrer son temps et son énergie à comprendre, écouter, sentir, peser, mesurer, prendre le pouls, caresser… pour ensuite "rendre", au mieux, la démarche d'un auteur ?
Une recette de cuisine ne se résume pas à la liste de ses ingrédients.
Figurez-vous que c'est, à peu de choses près, ce que je viens de lire sous la plume d'une traductrice, sur un forum de discussion. Permettez-moi de m'étonner qu'en exerçant ce métier, même depuis peu, on adhère encore à cette sorte de postures irréfléchies, qu'on tombe dans un snobisme à courte vue.
Entend-elle par cela qu'elle ampute sans vergogne le texte qu'on lui a confié et que, par voie de conséquence et de générosité, elle attribue lestement cette pratique à ses collègues ? Notre traduttore-traditore, fier de l'être, préconise (c'est neuf !) de se méfier des traducteurs et de leurs traductions...
Devrait-on, dès lors, se fermer les portes d'une très grande partie de la littérature étrangère (combien parmi nous peuvent-ils lire dans plus de trois ou quatre langues ?) ? Le lecteur peut-il, devant une traduction, ne s'en remettre qu'à sa lecture en langue originale, comptant sur une "science infuse" de ce texte à cette seule lecture, en dépit des différences culturelles impliquées, en ignorant l'immense travail réalisé par celui qui, lorsqu'il est digne de son métier, prend la peine de consacrer son temps et son énergie à comprendre, écouter, sentir, peser, mesurer, prendre le pouls, caresser… pour ensuite "rendre", au mieux, la démarche d'un auteur ?
Une recette de cuisine ne se résume pas à la liste de ses ingrédients.
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