Voilà plusieurs jours que j'ai entamé la phase « lectures, corrections » de ma traduction longue... et je vais de surprises en surprises. Tout d'abord, je me suis aperçue avec effarement que j'avais « oublié » un mot par-ci, par-là (ça, c'est pas trop méchant !)... et même une phrase entière (là, ça devient grave !). Heureusement que je suis attentive en temps normal, sinon, qu'est-ce que ça serait… Ensuite, j'ai noté que plus je m'interrogeais sur le sens de tel ou tel mot employé et plus je gagnais en précision dans le rendu du texte original ; je m'explique : si dans un premier temps, je me suis « contentée » d'un terme neutre ou général – oserais-je encore dire « lisse » ? –, à la réflexion, je le remplace par le terme français qui lui correspond le mieux (c'est du moins ce que je ressens, après plusieurs passages et en tenant compte de la structure globale de l'œuvre que je commence à bien maîtriser). Enfin, j'ai remarqué que plus je me posais de question sur le français, et plus je m'en posais sur l'espagnol : du coup, je fais bien plus attention au sens de chaque expression (c'est du pointillisme !) alors que jusque-là, elle était enchâssée dans une unité de sens et ne m'avait pas forcément tapé dans l'œil.
C'est pas très glorieux tout ça, hein ? Je me dis que l'idéal serait, à l'avenir, de pouvoir concilier tous ces mécanismes (repérage, compréhension, traduction, distanciation), au lieu de les appliquer de façon dissociée. Une seule solution : travailler en temps limité. Peut-être... Encore une étape à franchir.
Reste que pour l'heure, je m'interroge : si au fil des lectures, je découvre sans cesse de nouvelles erreurs d'appréciation, comment vais-je pouvoir m'arrêter de lire, relire... Je ne peux pas prendre une telle décision de façon radicale, en me disant : « Satisfaite ou pas, je m'arrête tel jour ! ». Parce que je me connais, je suis capable de me relever la nuit pour vérifier une dernière fois...
C'est pas très glorieux tout ça, hein ? Je me dis que l'idéal serait, à l'avenir, de pouvoir concilier tous ces mécanismes (repérage, compréhension, traduction, distanciation), au lieu de les appliquer de façon dissociée. Une seule solution : travailler en temps limité. Peut-être... Encore une étape à franchir.
Reste que pour l'heure, je m'interroge : si au fil des lectures, je découvre sans cesse de nouvelles erreurs d'appréciation, comment vais-je pouvoir m'arrêter de lire, relire... Je ne peux pas prendre une telle décision de façon radicale, en me disant : « Satisfaite ou pas, je m'arrête tel jour ! ». Parce que je me connais, je suis capable de me relever la nuit pour vérifier une dernière fois...
Alors, je me tourne vers mes camarades d'(in)certitude : où en êtes-vous ? Comment vous en sortez-vous ? Vous sentez-vous prête à larguer les amarres ?
Un conseil, mon capitaine ?
3 commentaires:
Ça, je vous avais dit que le "coupage de cordon" serait difficile… qu'il y aurait de la douleur et peut-être aussi des larmes.
Pour ce qui est de la découverte qu'il te manque des mots et même des phrases entières, c'est normal. Pas de quoi te blâmer ! Félicite-toi, au contraire, de l'avoir vu. Raison pour laquelle, souviens-toi, je vous ai conseillé de trouver quelqu'un qui accepte systématiquement (l'idéal est effectivement que ce soit toujours la même personne) de vous lire à voix haute votre traduction (dans sa version finale, ou presque) tandis que vous, vous suivez très attentivement sur l'original, de la première à la dernière page (dédicaces et remerciements et autres jouets paratextuels compris!). C'est fastidieux, je vous l'accorde, mais c'est vraiment le seul moyen de s'assurer qu'il ne manquera rien. Et, pour être toujours performant, pas plus de deux ou trois heures de ce traitement par jour… Sinon, on se laisse endormir par le ronron de la voix de l'autre et on ne voit plus rien. Sans compter qu'on risque de prendre l'œuvre en grippe.
Concernant, la recherche de l'adéquation entre la VO et ta VF, évidemment que tu ne l'obtiens pas à la première, à la deuxième, à la troisième ou même à la quatrième couches… (ou « passages », appelez ça comme vous voulez). On ne peut pas tout "gérer" en même temps… Une traduction est un sacré navire à manœuvrer, surtout à l'arrivée au port. On ne le fait pas virer de bord aussi facilement que cela. Il faut y aller doucement et avec patience. C'est à chaque fois que tu repères un truc – une spécificité dans les dialogues à accentuer, un jeu d'écho entre deux pages éloignées l'une de l'autre à ne pas manquer, une faille stylistique à gommer… – et que tu en tiens compte tout au long de cette lecture-là… Et de prise de conscience en prise de conscience, tu t'approches du texte… de ce que l'auteur a non seulement voulu dire mais voulu faire – car, on le sait tous, un projet littéraire n'est pas qu'une mécanique d'écriture.
Bref, rassure-toi, ce que tu vis est parfaitement normal… et même très sain. C'est le métier qui rentre, comme dirait un vieux maître menuisier à sa jeune apprentie qui se serait collé un bon coup de marteau sur le doigt ! A priori, tu sentiras quand ton texte n'a plus besoin d'être revu… mais sinon, tu n'as qu'à t'appliquer à toi-même une règle : un nombre de passages maximum, que tu ne dépasses pas, quoi qu'il arrive. Personnellement, dix, ça me semble pas mal… Au-delà, on peut facilement tomber dans le n'importe quoi : à force de changer, notre traduction devient étrangère à l'original, voire une caricature.
Merci, Caroline, d'avoir pris le temps de me répondre aussi longuement. Me voilà rassurée : je ne souffre d'aucun trouble obsessionnel compulsif ! Alors, je vais pouvoir me replonger dans ma trad sans complexe afin de poursuivre ce travail de fourmi, fastidieux, certes, mais ô combien réjouissant... Quand j'ai la sensation d'avoir trouvé le mot juste, je me dis que ça valait la peine de faire fonctionner mes petites cellules grises !
Et oui, chère Nathalie, je crois que c'est le lot de tous(toutes) les apprenti(e)s et traducteurs, traductrices, chevronné(e)s ou pas. Lorsqu'on a le souci de faire le mieux possible, on est constamment dans l'incertitude, dans le doute, en attente de réponses qu'il faut en fin de compte toujours finir par trouver soi-même...y compris l'ultime décision irréversible de "larquer les amarres" ou de "couper le cordon", décision sans doute douloureuse et peut-être aussi libératrice d'une certaine manière mais qui, finalement, n'appartient intimement qu'à soi-même.
D'ailleurs,il me vient une idée, comme ça, en passant : je propose d'ajouter dans la colonne droite du blog une rubrique permanente intitulée "AYUDA, POR FA!" où tout le monde pourrait anonymement (sinon dès qu'on fait la moindre erreur, on est mis au pilori !)questionner tout le monde sur une phrase, un mot etc..., ça se fait par ailleurs sur des listes de diffusion ou d'autres sites.
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