La communauté Q’ero
par Amélie
par Amélie
Sur le flanc amazonien des Andes, derrière la barrière glaciaire de la cordillère du Sinaraka vivent les Q’eros, considérés comme les derniers descendants des Incas. L’enclavement de leur territoire et l’accès difficile a permis à la « Nación Q’eros » de ne subir que très tard les affres de la colonisation espagnol, et d’être aujourd’hui l’ethnie la plus en phase avec l’héritage culturel des communautés paysannes (« Ayullu ») qui vivaient au temps des souverains incas. Ils ont conservé la religion andine, l’artisanat textile, la médecine traditionnelle, les fêtes traditionnelles et une relation particulière avec la nature.
L’Association de Communautés de la « Nación Q’eros » est formée de cinq communautés : Hatun Q’ero, Q’ero Totorani, Japu, Quico y Marcachea, pour une population totale de 2139 habitants. Celles-ci évoluent entre trois strates écologiques de 2.000 à 4.700 mètres d’altitude que sont les « yungas » (production de maïs), la zone quechua (pomme de terre) et la puna d’altitude (élevages des alpages).
La fête du carnaval, une des plus importantes, célébrée en général début février, en pleine période des pluies, correspond à un rite de renouvellement, d’action de grâces pour l’année écoulée, et de bons auspices pour celle à venir. Elle dure environ 5 jours dans chaque communauté, ponctuée de « pago » (offrandes sous formes de prières à la Pachamama et aux Apus, montagnes tutélaires), de libations très arrosées et de danses symboliques. Il s’agit surtout de réaffirmer son appartenance culturelle et de renforcer les liens dans la communauté.
Rares sont les touristes qui peuvent accéder à ces territoires tant les conditions climatiques sont rudes et aléatoires tout au long de l’année : neige, pluie abondante, soleil brûlant, vent, humidité et froid, parfois le tout en une seule journée. Si les Q’eros y sont habitués, quiconque souhaite s’aventurer sur leurs terres doit s’y préparer un minimum, ne jamais arriver les mains vides, et s’y rendre avec un guide au fait de la géographie des lieux, des usages locaux et de la langue quechua.
De son séjour parmi eux, Franck Charton, photographe de la revue française Grands Reportages retient deux dualités majeures dans la spiritualité locale : d’une part un profond désir d’inclusion, une générosité hors-norme cohabitant avec la méfiance du paysan et de l’Indien, et d’autre part le contraste entre le raffinement spirituel, la délicatesse des usages, le respect de la parole et les conditions matérielles extrêmement dures et « primitives ».
Aujourd’hui, l’intégrité de la communauté Q’ero est menacée par la construction de deux routes qui vont faire éclater la « bulle » dans laquelle ils se trouvent. Cet accès à la modernité peut leur être bénéfique, mais ils sont conscients de la menace de l’exploitation minière sur leur sol riche, vierge de toute violation humaine. Le danger peut aussi provenir d’une arrivée touristique massive mal organisée qui sonnerait le glas de la primitivité.
Un blog fait de débats autour de la communauté Q’ero et récits de voyages :
http://nacionqero.blogspot.com
D’autres sites
http://en.wikipedia.org/wiki/Q’ero (en anglais)
www.qeros.net
2 commentaires:
Merci, Amélie, de m'avoir permis de rencontrer cette communauté indienne que je ne connaissais pas.
La civilisation des Incas, à l'instar de celle des autres peuples amérindiens, m'a toujours fascinée; aussi, j'ai lu ton post avec un vif intérêt et j'attends le suivant avec grande impatience...
Chère Amélie, tu vois ce qu'il te reste à faire !
Et, au passage, je rigole… car à l'évidence, Nathalie prends très naturellement la relève du faire-feu-de-tout-bois… pour passer commande.
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