lundi 6 juillet 2009

À propos de la plume qui s'assouplit et se diversifie

La discussion est lancée avec Émeline via les mails… car notre jeune apprentie a beaucoup de questions et beaucoup d'idées ; des questions et des idées intéressantes justement. En l'occurrence, je lui avais commandé un post sur la manière dont la traduction est enseignée en Espagne – sa réponse étant évidemment conditionnée par l'expérience limitée qu'elle a pu en avoir au cours d'une seule année passée là-bas, dans le cadre des accords Erasmus… limitée, en effet, mais suffisante pour se faire une idée générale et être par conséquent en position d'avoir un avis, ne serait-ce qu'en tant qu'étudiante. La rédaction dudit post n'est pas encore terminée – il manque encore deux ou trois ingrédients – mais à cette occasion, nous avons parlé d'écriture… et Émeline de répondre à une de mes remarques sur ce que je percevais d'elliptique dans ses explications et sur sa manière de mon point de vue trop appuyée de raconter par anecdotes (mon avis étant strictement subjectif, je le précise et souligne ; j'anticipe avant de me faire tancer par les éventuels censeurs) dans son post : « c'est un peu ma "marque" ». Ce que je comprends très bien. Oui, je comprends et c'est logique, qu'on se forge une manière d'écrire, qu'on la cultive, qu'on la peaufine et que ça devienne « sa marque » de fabrique ; sans doute est-ce cela que l'on appelle le « style », même si je trouve que c'est un bien grand mot derrière lequel on ne sait jamais trop quoi mettre. Néanmoins, je me permets une remarque, que je pense importante ici : le traducteur doit avoir deux plumes – au moins deux, s'exclameront à juste titre certains et certaines. Mais, commençons par aborder les deux premières. Sa plume pour ses écrits privés et sa plume pour ses écrits publics, pour rédiger des 4e de couverture, des résumés, des argumentaires… des posts… et cette dernière doit aspirer à la diversification, à l'exercice de style permanent. Oui, oui, je vous le concède bien volontiers, avec en toile de fond son identité… Pourquoi la renier, a fortiori quand elle est forte et belle ? Mais en évitant l'auto-complaisance, en évitant l'enfermement ; car je rappelle que notre devoir en tant que traducteur est la souplesse – parfois, il faut être contorsionniste ! –, indispensable à la réception de la parole et de la voix de l'autre, l'auteur. Nous ne pourrons nous y couler, avec amour et respect, puis la rendre fidèlement que si nous avons cette capacité à nous adapter, à renoncer à nos goûts et à nos préférences… à ce qui fait aussi la personnalité de notre première plume.
Chère Émeline, je sens que je vais te soumettre à quelques exercices de style… Laisse-moi réfléchir…

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