lundi 7 décembre 2009

Exercice de version, 20

—¿Has disfrutado, hijita? —me preguntó Angustias cuando, todavía deslumbradas, entrábamos en el piso de vuelta de la calle.
Mientras me hacía la pregunta, su mano derecha se clavaba en mi hombro y me atraía hacia ella. Cuando Angustias me abrazaba o me dirigía diminutivos tiernos, yo experimentaba dentro de mí la sensación de que algo iba torcido y mal en la marcha de las cosas. De que no era natural aquello. Sin embargo, debería haberme acostumbrado, porque Angustias me abrazaba y me dirigía palabras dulzonas con gran frecuencia.
A veces me parecía que estaba atormentada conmigo. Me daba vueltas alrededor. Me buscaba si yo me había escondido en algún rincón. Cuando me veía reír o interesarme en la conversación de cualquier otro personaje de la casa, se volvía humilde en sus palabras. Se sentaba a mi lado y apoyaba a la fuerza mi cabeza contra su pecho. A mí me dolía el cuello, pero, sujeta por su mano, así tenía que permanecer, mientras ella me amonestaba dulcemente. Cuando, por el contrario, le parecía yo triste o asustada, se ponía muy contenta y se volvía autoritaria.
Otras veces me avergonzaba secretamente al obligarme a salir con ella. La veía encasquetarse un fieltro marrón adornado por una pluma de gallo, que daba a su dura fisonomía un aire guerrero, y me obligaba a ponerme un viejo sombrero azul sobre mi traje mal cortado. Yo no concebía entonces más resistencia que la pasiva. Cogida de su brazo corría las calles, que me parecían menos brillantes y menos fascinadoras de lo que yo había imaginado.
—No vuelvas la cabeza —decía Angustias—. No mires así a la gente.
Si me llegaba a olvidar de que iba a su lado, era por pocos minutos.

Carmen Laforet, Nada

***

Sonita nous propose sa traduction :

—Tu as aimé, petite? —me demanda Angustias alors que, toujours éblouies, nous entrions dans l’appartement de retour de la rue. Tandis qu’elle me posait la question, sa main droite s’enfonçait dans mon épaule et m’attirait à elle. Quand Angustias me serrait dans ses bras ou s’adressait à moi avec des diminutifs tendres, je sentais dans mon fort intérieur que quelque chose n’allait pas. Cela n’était pas du tout naturel. Cependant, je devrais déjà m’y être habituée, parce que souvent Angustias me prenait dans ses bras et m’adressait des mots édulcorés.
Parfois, on aurait dit qu’elle était obsédée par moi. Elle me tournait autour. Elle me cherchait si je m’étais cachée dans un coin quelconque. Quand elle me voyait rire ou m’intéresser à la conversation d’une quelconque personne de la maison, ses mots se faisaient humbles. Elle s’asseyait à côté de moi et elle appuyait ma tête contre sa poitrine de force. Moi, j’avais mal au cou, mais, assujettie par sa main, je devais demeurer ainsi, tandis qu’elle me grondait tendrement. Quand, au contraire, je lui semblais triste ou effrayée, elle se montrait très contente et devenait autoritaire. En d’autres occasions, elle me faisait secrètement honte en m’obligeant à sortir avec elle. Je la voyais s’enfoncer sur la tête un feutre marron orné d’une plume de coq, ce qui donnait à sa rude physionomie un air de guerrier, et elle m’obligeait à me mettre un vieux chapeau bleu avec ma robe mal coupée. Alors, je ne concevais pas d’autre résistance que la passivité. Prise para sa main, je parcourais les rues, qui me semblaient moins brillantes et moins fascinantes de ce que j’avais imaginé.
—Ne tourne pas la tête— disait Angustias. Ne regarde pas les gens comme ça.
Si je parvenais à oublier que j’allais à ses côtés, cela ne durait que quelques minutes.

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