samedi 5 décembre 2009

Exercice de version, 18

Una historia, cualquiera, se desvanece, pero la vida que ha sido rozada por esa historia queda por toda la eternidad. El recuerdo se borra, pero queda otra cosa en su lugar. La tierra toma formas eternas, mientras que el agua se adapta a la fugacidad de todas las cosas, transcurriendo sobre ellas. No se pierde en los repliegues de la multiplicidad sino que toma de ellos una cualidad de infinito que la vuelve perfecta e inmodificable. En cuanto al aire, es un destino de las cosas y las vidas; cuando sólo el recuerdo se aferra a los giros de una hoja desprendida, el vacío que ha cavado en el aire intermedio entre los cielos delicadamente superpuestos y la tierra opaca resplandece de pronto, en una eternidad que imita la del silencio y oyen los que tienen el oído muy aguzado. Pero las vidas pasan, y con ellas todo lo demás: civilizaciones, imperios, y hasta la visión y la belleza de los paisajes en su ciclo acuarelado de estaciones. No lo creemos, pero es así. Nunca podemos creerlo, porque nos distrae la irisada contemplación de nuestras propias vidas que se reflejan en otros, en otros innumerables, a veces amados. La ciencia de la Historia ha creado un gran malentendido en ese aspecto. Sucede que, por definición, la Historia no admitirá que es irreal. Y sin embargo deberíamos buscar en la irrealidad su definición.

César Aira, Una novela china

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Amélie nous propose sa traduction :

Une histoire s’efface, quelle qu’elle soit, alors que la vie frôlée par cette histoire demeure pour l’éternité. Le souvenir s’estompe, mais autre chose demeure à sa place. La terre prend des formes éternelles, tandis que l’eau s’adapte à la fugacité de toutes les choses, s’écoulant sur elles. Elle ne se perd pas dans les replis de la multiplicité, mais saisit en eux une qualité d’infini qui la rend parfaite et inaltérable. Quant à l’air, c’est un destin des choses et des vies ; quand seul le souvenir s’accroche aux tourbillons d’une feuille désintéressée, le vide qu’il a creusé dans l’air intermédiaire entre les ciels, superposés avec délicatesse, et la terre opaque resplendit tout à coup, dans une éternité qui imite celle du silence, entendue par ceux qui ont l’ouïe très fine. Cependant les vies passent, et avec elles, tout le reste : des civilisations, des empires, et même la vision et la beauté des paysages, dans leur cycle aquarellé de saisons. Nous n’y croyons pas, mais il en est ainsi. Nous ne pourrons jamais y croire, parce que nous sommes distraits par la contemplation irisée de nos propres vies qui se reflètent dans d’autres, dans d’autres innombrables, parfois aimés. La science de l’Histoire a créé un grand malentendu autour de cet aspect. Il arrive que, par définition, l’Histoire n’admette pas que c’est irréel. Néanmoins, nous devrions chercher sa définition dans l’irréalité.

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Aurélie Br nous propose sa traduction :

Une histoire lambda, s’évanouit, mais la vie qui a été frôlée par cette histoire reste pour l’éternité. Le souvenir s’efface, mais il reste autre chose à sa place. La terre prend des formes éternelles, tandis que l’eau accepte la fugacité de toutes les choses, leur coulant dessus. Elle ne se perd pas dans les plis de la multiplicité mais elle prend d’eux une qualité d’infini qui la rend parfaite et immuable. Quant à l’air c’est un destin des choses et des vies, quand le souvenir se raccroche aux girouettes d’une feuille volante, le vide qu’elle a creusé dans l’air intermédiaire, entre les airs délicatement superposés, et la terre opaque brille tout à coup, dans une éternité qui imite celle du silence et qu’entendent ceux qui ont l’ouie très fine. Mais les vies passent et avec elles tout le reste : civilisations, empires, et jusqu’à la vue et la contemplation des paysages dans leur cycle coloré des saisons. Nous n’y croyons pas, mais c’est ainsi. Jamais nous ne pouvons y croire, mais c’est ainsi, car la contemplation irisée de nos propres vies qui se reflètent dans les autres, dans les autres innombrables, même parfois aimés. La science de l’histoire a crée un grand malentendu à cet égard. Donc, par définition la science n’admettra pas ce qui est irréel. Et cependant, nous devrions chercher dans l’irréalité sa définition.

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Sonita nous propose sa traduction :

Une histoire, quelconque, disparaît peu à peu, mais la vie qui a été caressée par cette histoire reste pour toute l’éternité. Le souvenir s’efface, mais il reste autre chose à sa place. La terre prend des formes éternelles, alors que l’eau s’adapte à la fugacité de toutes les choses, s’écoulant sur elles. Elle ne se perd pas dans les replis de la multiplicité mais plutôt elle leur prend une qualité d’infini qui la rend parfaite et non-modifiable. En ce qui concerne l’air, c’est une destination des choses et des vies ; quand seul le souvenir s’accroche aux virevoltes d’une feuille désintéressée, le vide qu’il a creusé dans l’air intermédiaire entre les cieux délicatement superposés et la terre opaque brille soudain, dans une éternité qui imite celle du silence et entendent ceux qui ont l’oreille bien aiguisée. Mais les vies passent, et avec elles tout le reste : civilisations, empires, et même la vision de la beauté des paysages dans leur cycle aquarellé de saisons. On ne le croit pas, mais c’est ainsi. On ne peut jamais le croire, parce que nous sommes distraits par la contemplation irisée de nos propres vies qui se reflètent dans les autres, dans les autres innombrables, parfois aimés. La science de l’Histoire a créé un grand malentendu sur ce point. Ce qu’il en est c’est que, par définition, l’Histoire n’admettra pas qu’elle est irréelle. Et cependant, nous cherchons dans l’irréalité sa définition.

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