El día que floreció el naranjo, Lavinia se levantó temprano para ir a trabajar por primera vez en su vida.
Soñolienta apagó el despertador. Odió su mugido de sirena de barco alborotando la paz de la mañana. Se frotó los ojos y se desperezó.
El olor entraba por todas partes. La esencia de los azahares la sitiaba desde el jardín con insistencia. Se asomó a la ventana, arrodillándose sobre la cama y desde allí miró el naranjo florecido.
Era un árbol viejo, situado justo frente a la ventana de la habitación. El jardinero de su tía Inés lo había sembrado tiempo atrás, jurando que daría frutos todo el año porque era un injerto producto de la acuciosidad de sus manos de curandero, jardinero, conocedor de hierbas. La tía le tomó cariño al árbol, a pesar de que nunca, mientras ella vivió, dio muestras de querer florecer.
Serían las lluvias tardías de diciembre, pensó Lavinia. "Lluvias fuera de estación, señales de prodigio" solía decir su abuelo.
Perezosa, se metió al baño. Encendió la radio al pasar, levantando del suelo la ropa dejada caer con descuido cuando llegó trasnochada a acostarse. Le gustaba su habitación, arreglada con canastos y colchas de colores. Con un sueldo de arquitecto, podría mejorar la decoración folklórica pensó, mientras se bañaba, entusiasmándose ante la perspectiva de su primer día de trabajo.
El olor de los azahares llovía en el agua de la ducha. Era un buen augurio que el árbol hubiera florecido ese día precisamente, se dijo, frotándose el pelo largo y castaño, pasándose luego el peine para desenredarlo. Salió del baño secándose en la enorme toalla playera y se maquilló ante el espejo, aumentando el tamaño de sus ojos, los rasgos de su cara llamativa. No le habría gustado ser como Sara, su mejor amiga; tener rasgos de muñeca de porcelana. La imperfección tenía sus atractivos. Su cara que, en otro tiempo, no hubiera tenido mayor éxito, no podía estar más a tono con la música rock, la moda hippie, las minifaldas, la continuada rebeldía de la década anterior, la modernidad descuidada de principios de los setenta.
Soñolienta apagó el despertador. Odió su mugido de sirena de barco alborotando la paz de la mañana. Se frotó los ojos y se desperezó.
El olor entraba por todas partes. La esencia de los azahares la sitiaba desde el jardín con insistencia. Se asomó a la ventana, arrodillándose sobre la cama y desde allí miró el naranjo florecido.
Era un árbol viejo, situado justo frente a la ventana de la habitación. El jardinero de su tía Inés lo había sembrado tiempo atrás, jurando que daría frutos todo el año porque era un injerto producto de la acuciosidad de sus manos de curandero, jardinero, conocedor de hierbas. La tía le tomó cariño al árbol, a pesar de que nunca, mientras ella vivió, dio muestras de querer florecer.
Serían las lluvias tardías de diciembre, pensó Lavinia. "Lluvias fuera de estación, señales de prodigio" solía decir su abuelo.
Perezosa, se metió al baño. Encendió la radio al pasar, levantando del suelo la ropa dejada caer con descuido cuando llegó trasnochada a acostarse. Le gustaba su habitación, arreglada con canastos y colchas de colores. Con un sueldo de arquitecto, podría mejorar la decoración folklórica pensó, mientras se bañaba, entusiasmándose ante la perspectiva de su primer día de trabajo.
El olor de los azahares llovía en el agua de la ducha. Era un buen augurio que el árbol hubiera florecido ese día precisamente, se dijo, frotándose el pelo largo y castaño, pasándose luego el peine para desenredarlo. Salió del baño secándose en la enorme toalla playera y se maquilló ante el espejo, aumentando el tamaño de sus ojos, los rasgos de su cara llamativa. No le habría gustado ser como Sara, su mejor amiga; tener rasgos de muñeca de porcelana. La imperfección tenía sus atractivos. Su cara que, en otro tiempo, no hubiera tenido mayor éxito, no podía estar más a tono con la música rock, la moda hippie, las minifaldas, la continuada rebeldía de la década anterior, la modernidad descuidada de principios de los setenta.
Gioconda Belli, La mujer habitada
***
Amélie nous propose sa traduction :
Le jour de la fleuraison de l’oranger, Lavinia se leva de bonne heure : elle allait travailler pour la première fois de sa vie.
Somnolente, elle éteignit son réveil. Elle haït son beuglement de corne de bateau, qui troublait la quiétude de la matinée. Elle se frotta les yeux puis s’étira.
L’odeur se faufilait partout. L’essence de la fleur d’orange la traquait avec insistance depuis le jardin. À genoux sur son lit, elle se pencha à la fenêtre pour regarder l’oranger en fleurs.
C’était un vieil arbre, situé juste en face de là où elle se trouvait. Le jardinier de sa tante Inés l’avait planté là il y a longtemps déjà, en promettant qu’il donnerait des fruits toute l’année, car c’était une bouture née de l’aquosité de ses mains de guérisseur, de jardinier, de connaisseur en herbes. Sa tante s’était prise d’affection pour l’arbre, même si, de son vivant, il ne fit preuve d’aucune envie de fleurir.
C’était sûrement grâce aux pluies tardives de décembre, songea Lavinia. « Pluies hors-saisons, présages de prodige » avait l’habitude de dire son grand-père.
Toute engourdie, elle se rendit dans la salle de bain. Elle alluma la radio au passage, tout en ramassant par terre la tenue qu’elle avait négligemment laissé traîner en rentrant se coucher la veille au soir. Elle aimait bien sa chambre ainsi disposée, avec des corbeilles et des couvre-lits de couleurs. Un salaire d’architecte lui permettrait d’améliorer sa décoration folklorique pensa-t-elle, tandis qu’elle prenait son bain, enthousiaste à l’idée de son premier jour de travail.
L’odeur des fleurs d’oranger coulait dans l’eau de la pomme de douche. C’était de bon augure que l’arbre ait fleuri ce jour-là, se dit-elle, en frottant ses longs cheveux châtains, avant d’y passer le peigne pour les démêler. Elle sortit de la salle de bain dans son énorme serviette de plage et se maquilla devant le miroir, élargissant ses yeux et soulignant les traits de son visage grossier. Elle n’aurait pas aimé être comme Sara, sa meilleure amie : elle avait les traits d’une poupée de porcelaine. L’imperfection présentait des avantages. Son visage qui, auparavant, n’aurait pas connu de franc succès, ne pouvait être davantage en osmose avec la musique rock, la mode hippie, les mini-jupes, l’incessante révolte de la décennie passée, la modernité désintéressée du début des années soixante-dix.
Le jour de la fleuraison de l’oranger, Lavinia se leva de bonne heure : elle allait travailler pour la première fois de sa vie.
Somnolente, elle éteignit son réveil. Elle haït son beuglement de corne de bateau, qui troublait la quiétude de la matinée. Elle se frotta les yeux puis s’étira.
L’odeur se faufilait partout. L’essence de la fleur d’orange la traquait avec insistance depuis le jardin. À genoux sur son lit, elle se pencha à la fenêtre pour regarder l’oranger en fleurs.
C’était un vieil arbre, situé juste en face de là où elle se trouvait. Le jardinier de sa tante Inés l’avait planté là il y a longtemps déjà, en promettant qu’il donnerait des fruits toute l’année, car c’était une bouture née de l’aquosité de ses mains de guérisseur, de jardinier, de connaisseur en herbes. Sa tante s’était prise d’affection pour l’arbre, même si, de son vivant, il ne fit preuve d’aucune envie de fleurir.
C’était sûrement grâce aux pluies tardives de décembre, songea Lavinia. « Pluies hors-saisons, présages de prodige » avait l’habitude de dire son grand-père.
Toute engourdie, elle se rendit dans la salle de bain. Elle alluma la radio au passage, tout en ramassant par terre la tenue qu’elle avait négligemment laissé traîner en rentrant se coucher la veille au soir. Elle aimait bien sa chambre ainsi disposée, avec des corbeilles et des couvre-lits de couleurs. Un salaire d’architecte lui permettrait d’améliorer sa décoration folklorique pensa-t-elle, tandis qu’elle prenait son bain, enthousiaste à l’idée de son premier jour de travail.
L’odeur des fleurs d’oranger coulait dans l’eau de la pomme de douche. C’était de bon augure que l’arbre ait fleuri ce jour-là, se dit-elle, en frottant ses longs cheveux châtains, avant d’y passer le peigne pour les démêler. Elle sortit de la salle de bain dans son énorme serviette de plage et se maquilla devant le miroir, élargissant ses yeux et soulignant les traits de son visage grossier. Elle n’aurait pas aimé être comme Sara, sa meilleure amie : elle avait les traits d’une poupée de porcelaine. L’imperfection présentait des avantages. Son visage qui, auparavant, n’aurait pas connu de franc succès, ne pouvait être davantage en osmose avec la musique rock, la mode hippie, les mini-jupes, l’incessante révolte de la décennie passée, la modernité désintéressée du début des années soixante-dix.
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