Entretien réalisé par Laëtitia Sw :
Diplomé en langue et littérature françaises par la faculté de lettres d’Istanbul, il a traduit, depuis trente ans, à peu près 150 livres (littérature, philosophie, politique, sociologie, anthropologie, voyage, cuisine, etc.). Il continue, aujourd’hui, de travailler à plein temps.
1) Comment êtes-vous venu à la traduction ?
Par hasard. Je dirigeais une revue littéraire. Je suis allé chez un éditeur pour une interview. Quand on a fini notre travail, il m’a proposé la traduction d’un livre de Marquez. J’ai accepté, j’ai réussi et ça continue !
2) Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
C’était une traduction de Corneille (un devoir quand j’étais étudiant). De temps en temps je le feuillette et je le trouve parfait !
3) Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
Les jeunes s’intéressent de plus en plus à la traduction, mais les relations avec les maisons d’édition (du moins dans mon pays) se dégradent, peut-être à cause de la dernière crise économique. Ça peut s’améliorer, on ne sait jamais, à moins que ne surgissent de nouveaux problèmes.
4) Quel type de littérature traduisez-vous le plus ? (roman, poésie, théâtre…) Y voyez-vous d’importantes différences en tant que traducteur ?
Ce sont en général les maisons d’édition qui proposent ou imposent les livres à traduire. J’aime plutôt traduire de bons romans. Je n’ai jamais traduit de recueil de poèmes ou de pièce de théâtre, mais la traduction d’un livre théorique par exemple (philosophique, sociologique, littéraire, etc.) est beaucoup plus difficile pour moi par rapport à la traduction d’un roman ou d’une nouvelle. En revanche, il y a des collègues qui se sentent plus à l’aise dans la traduction de poésie ou de théâtre.
5) Quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
Ça dépend ! Je crois qu’en général, dans tous les pays, ce sont les mêmes critères qui sont valables du point de vue des éditeurs : il faut que les traducteurs et les traductrices fassent vite et bien leur travail et ne demandent pas beaucoup d’argent. Mais avec l’âge, quand on devient doyen, on peut avoir la possibilité de leur imposer des choses, on peut marchander avec eux. De toute façon, pour tout traducteur qui gagne son pain avec son métier de traducteur, les rapports avec les éditeurs sont difficiles.
6) Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs que vous traduisez ?
J’aimerais bien parfois dialoguer avec certains auteurs que je traduis, s’ils sont en vie. On peut leur poser des questions, on peut pointer leurs fautes d’inattention (ça arrive souvent, soit dans l’écriture, soit dans la traduction). À l’époque, j’ai entretenu ce type de relations avec deux ou trois auteurs. Il y a des auteurs très gentils, serviables, qui acceptent leurs erreurs et nous en remercient, et il y en a d’autres qui n’aiment pas tellement qu’on leur dise qu’ils se sont trompés. C’est que les auteurs, parce qu’ils sont toujours en train d’écrire et sont toujours occupés en général, ne veulent pas retourner en arrière.
7) Quel est votre meilleur souvenir en tant que traducteur ?
J’ai relevé deux ou trois fautes graves dans un roman d’un grand écrivain. Je les ai corrigées avec son autorisation. Il y a eu aussi deux ou trois critiques qui ont trouvé quelques-unes de mes traductions plus belles que les originaux.
8) Y a-t-il un texte en particulier que vous aimeriez traduire ou que vous auriez aimé traduire ?
Parfois j’établis des listes de livres à traduire et, très souvent, je les modifie. Il y a encore beaucoup à faire !
9) Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
Les deux : il y a des textes pour lesquels il faut être un passeur et d’autres dont il faut être l’auteur.
10) Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Et si oui, quel lecteur ?
Bien sûr ! Un lecteur qui cherche toujours la petite bête dans un texte. Par conséquent, ça devient difficile de retrouver la joie de lire comme avant.
11) Question « subsidiaire ». Quel conseil pourriez-vous donner à un apprenti traducteur ou une apprentie traductrice ?
Le traducteur doit être en même temps un grand lecteur. Il faut aussi qu’il crée lui-même.
Diplomé en langue et littérature françaises par la faculté de lettres d’Istanbul, il a traduit, depuis trente ans, à peu près 150 livres (littérature, philosophie, politique, sociologie, anthropologie, voyage, cuisine, etc.). Il continue, aujourd’hui, de travailler à plein temps.
1) Comment êtes-vous venu à la traduction ?
Par hasard. Je dirigeais une revue littéraire. Je suis allé chez un éditeur pour une interview. Quand on a fini notre travail, il m’a proposé la traduction d’un livre de Marquez. J’ai accepté, j’ai réussi et ça continue !
2) Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
C’était une traduction de Corneille (un devoir quand j’étais étudiant). De temps en temps je le feuillette et je le trouve parfait !
3) Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
Les jeunes s’intéressent de plus en plus à la traduction, mais les relations avec les maisons d’édition (du moins dans mon pays) se dégradent, peut-être à cause de la dernière crise économique. Ça peut s’améliorer, on ne sait jamais, à moins que ne surgissent de nouveaux problèmes.
4) Quel type de littérature traduisez-vous le plus ? (roman, poésie, théâtre…) Y voyez-vous d’importantes différences en tant que traducteur ?
Ce sont en général les maisons d’édition qui proposent ou imposent les livres à traduire. J’aime plutôt traduire de bons romans. Je n’ai jamais traduit de recueil de poèmes ou de pièce de théâtre, mais la traduction d’un livre théorique par exemple (philosophique, sociologique, littéraire, etc.) est beaucoup plus difficile pour moi par rapport à la traduction d’un roman ou d’une nouvelle. En revanche, il y a des collègues qui se sentent plus à l’aise dans la traduction de poésie ou de théâtre.
5) Quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
Ça dépend ! Je crois qu’en général, dans tous les pays, ce sont les mêmes critères qui sont valables du point de vue des éditeurs : il faut que les traducteurs et les traductrices fassent vite et bien leur travail et ne demandent pas beaucoup d’argent. Mais avec l’âge, quand on devient doyen, on peut avoir la possibilité de leur imposer des choses, on peut marchander avec eux. De toute façon, pour tout traducteur qui gagne son pain avec son métier de traducteur, les rapports avec les éditeurs sont difficiles.
6) Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs que vous traduisez ?
J’aimerais bien parfois dialoguer avec certains auteurs que je traduis, s’ils sont en vie. On peut leur poser des questions, on peut pointer leurs fautes d’inattention (ça arrive souvent, soit dans l’écriture, soit dans la traduction). À l’époque, j’ai entretenu ce type de relations avec deux ou trois auteurs. Il y a des auteurs très gentils, serviables, qui acceptent leurs erreurs et nous en remercient, et il y en a d’autres qui n’aiment pas tellement qu’on leur dise qu’ils se sont trompés. C’est que les auteurs, parce qu’ils sont toujours en train d’écrire et sont toujours occupés en général, ne veulent pas retourner en arrière.
7) Quel est votre meilleur souvenir en tant que traducteur ?
J’ai relevé deux ou trois fautes graves dans un roman d’un grand écrivain. Je les ai corrigées avec son autorisation. Il y a eu aussi deux ou trois critiques qui ont trouvé quelques-unes de mes traductions plus belles que les originaux.
8) Y a-t-il un texte en particulier que vous aimeriez traduire ou que vous auriez aimé traduire ?
Parfois j’établis des listes de livres à traduire et, très souvent, je les modifie. Il y a encore beaucoup à faire !
9) Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
Les deux : il y a des textes pour lesquels il faut être un passeur et d’autres dont il faut être l’auteur.
10) Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Et si oui, quel lecteur ?
Bien sûr ! Un lecteur qui cherche toujours la petite bête dans un texte. Par conséquent, ça devient difficile de retrouver la joie de lire comme avant.
11) Question « subsidiaire ». Quel conseil pourriez-vous donner à un apprenti traducteur ou une apprentie traductrice ?
Le traducteur doit être en même temps un grand lecteur. Il faut aussi qu’il crée lui-même.
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