Pasaron muchos días de agitación. Porque sabía que volvería a verla, tenía la seguridad de que ella volvería al mismo lugar.
Durante ese tiempo no hizo otra cosa que pensar en la muchacha desconocida y cada tarde se sentaba en aquel banco, con la misma mezcla de temor y de esperanza.
Hasta que un día, pensando que todo había sido un disparate, decidió ir a la Boca, en lugar de acudir una vez más, ridículamente, al banco del parque Lezama. Y estaba ya en la calle Almirante Brown cuando empezó a caminar de vuelta hacia el lugar habitual ; primero con lentitud y como vacilando, con timidez; luego, con creciente apuro, hasta terminar corriendo, como si pudiese llegar tarde a una cita convenida de antemano.
Sí, allá estaba. Desde lejos la vio caminando hacia él.
Martín se detuvo, mientras sentía cómo golpeaba su corazón.
La muchacha avanzó hacia él y cuando estuvo a su lado le dijo :
— Te estaba esperando.
Martín sintió que sus piernas se aflojaban.
—¿A mí? —preguntó enrojeciendo.
No se atrevía a mirarla, pero pudo advertir que estaba vestida con un sweater negro de cuello alto y una falda también negra, o tal vez azul muy oscuro (eso no lo podía precisar, y en realidad no tenía ninguna importancia). Le pareció que sus ojos eran negros.
—¿Los ojos negros? —comentó Bruno.
No, claro está: le había parecido. Y cuando la vio por segunda vez advirtió con sorpresa que sus ojos eran de un verde oscuro. Acaso aquella primera impresión se debió a la poca luz, o a la timidez que le impedía mirarla de frente, o, más probablemente, a las dos causas juntas. También pudo observar, en ese segundo encuentro, que aquel pelo largo y lacio que creyó tan renegrido tenía, en realidad, reflejos rojizos. Más adelante fue completando su retrato: sus labios eran gruesos y su boca grande, quizá muy grande, con unos pliegues hacia abajo en las comisuras, que daban sensación de amargura y de desdén.
Durante ese tiempo no hizo otra cosa que pensar en la muchacha desconocida y cada tarde se sentaba en aquel banco, con la misma mezcla de temor y de esperanza.
Hasta que un día, pensando que todo había sido un disparate, decidió ir a la Boca, en lugar de acudir una vez más, ridículamente, al banco del parque Lezama. Y estaba ya en la calle Almirante Brown cuando empezó a caminar de vuelta hacia el lugar habitual ; primero con lentitud y como vacilando, con timidez; luego, con creciente apuro, hasta terminar corriendo, como si pudiese llegar tarde a una cita convenida de antemano.
Sí, allá estaba. Desde lejos la vio caminando hacia él.
Martín se detuvo, mientras sentía cómo golpeaba su corazón.
La muchacha avanzó hacia él y cuando estuvo a su lado le dijo :
— Te estaba esperando.
Martín sintió que sus piernas se aflojaban.
—¿A mí? —preguntó enrojeciendo.
No se atrevía a mirarla, pero pudo advertir que estaba vestida con un sweater negro de cuello alto y una falda también negra, o tal vez azul muy oscuro (eso no lo podía precisar, y en realidad no tenía ninguna importancia). Le pareció que sus ojos eran negros.
—¿Los ojos negros? —comentó Bruno.
No, claro está: le había parecido. Y cuando la vio por segunda vez advirtió con sorpresa que sus ojos eran de un verde oscuro. Acaso aquella primera impresión se debió a la poca luz, o a la timidez que le impedía mirarla de frente, o, más probablemente, a las dos causas juntas. También pudo observar, en ese segundo encuentro, que aquel pelo largo y lacio que creyó tan renegrido tenía, en realidad, reflejos rojizos. Más adelante fue completando su retrato: sus labios eran gruesos y su boca grande, quizá muy grande, con unos pliegues hacia abajo en las comisuras, que daban sensación de amargura y de desdén.
Ernesto Sabato, Sobre héroes y tumbas
***
Marie G. nous propose sa traduction :
Nombreux furent les jours agités qu'il passa. Parce qu'il savait qu'il la reverrait, il était sûr qu'elle reviendrait au même endroit. Pendant ce temps-là, il ne fit rien d'autre que de penser à cette jeune fille inconnue et chaque après-midi, il s'asseyait sur ce banc, éprouvant le même mélange de crainte et d'espoir. Jusqu'au jour où, pensant que tout cela n'avait été qu'une idée farfelue, il décida d'aller à la Boca, au lieu de se rendre, ridiculement, au banc du parc Lezama. Et il était déjà dans la rue Almirante Brown quand il se mit à marcher dans le sens contraire vers le lieu habituel; d'abord avec lenteur, comme s'il hésitait, tout timide; puis, avec un empressement croissant, jusqu'au point de courir, finalement, comme s'il pouvait arriver en retard à un rendez-vous convenu d'avance. Oui, elle était là . Il la vit, au loin, marcher vers lui. Martin s'arrêta, tandis qu'il sentait son coeur battre.
La jeune femme s'avança vers lui et lorsqu'elle atteint sa hauteur, elle lui dit:
— Je t'attendais.
Martin sentait ses jambes fléchir.
— Qui ? Moi ? – demanda-t-il en rougissant.
Il n'osait pas la regarder, mais il put remarquer qu'elle portait un sweat-shirt noir à col roulé ainsi qu'une jupe noire, ou peut-être bleue foncée (ce détail, il ne pouvait pas le préciser et, en réalité, cela avait peu d'importance). Il lui sembla que ses yeux étaient noirs.
– Les yeux noirs ? - commenta Bruno.
Non, bien sûr que non ; il lui avait juste semblé. Et quand il la vit pour la deuxième fois, il aperçut avec surprise que ses yeux étaient verts foncés. Cette première impression avait peut-être été causée par le peu de lumière, ou par sa timidité qui l'empêchait de la regarder en face, ou plus probablement, par les deux réunis. Il put observer aussi, lors de cette deuxième rencontre, que ces cheveux longs et raides qu'il crut si noirs, avaient en fait des reflets roux. Plus tard, il compléta son portrait: ses lèvres étaient charnues et sa bouche grande, peut-être très grande, avec quelques plis dans le bas des commissures, lui donnant un air d'amertume et de dédain.
Nombreux furent les jours agités qu'il passa. Parce qu'il savait qu'il la reverrait, il était sûr qu'elle reviendrait au même endroit. Pendant ce temps-là, il ne fit rien d'autre que de penser à cette jeune fille inconnue et chaque après-midi, il s'asseyait sur ce banc, éprouvant le même mélange de crainte et d'espoir. Jusqu'au jour où, pensant que tout cela n'avait été qu'une idée farfelue, il décida d'aller à la Boca, au lieu de se rendre, ridiculement, au banc du parc Lezama. Et il était déjà dans la rue Almirante Brown quand il se mit à marcher dans le sens contraire vers le lieu habituel; d'abord avec lenteur, comme s'il hésitait, tout timide; puis, avec un empressement croissant, jusqu'au point de courir, finalement, comme s'il pouvait arriver en retard à un rendez-vous convenu d'avance. Oui, elle était là . Il la vit, au loin, marcher vers lui. Martin s'arrêta, tandis qu'il sentait son coeur battre.
La jeune femme s'avança vers lui et lorsqu'elle atteint sa hauteur, elle lui dit:
— Je t'attendais.
Martin sentait ses jambes fléchir.
— Qui ? Moi ? – demanda-t-il en rougissant.
Il n'osait pas la regarder, mais il put remarquer qu'elle portait un sweat-shirt noir à col roulé ainsi qu'une jupe noire, ou peut-être bleue foncée (ce détail, il ne pouvait pas le préciser et, en réalité, cela avait peu d'importance). Il lui sembla que ses yeux étaient noirs.
– Les yeux noirs ? - commenta Bruno.
Non, bien sûr que non ; il lui avait juste semblé. Et quand il la vit pour la deuxième fois, il aperçut avec surprise que ses yeux étaient verts foncés. Cette première impression avait peut-être été causée par le peu de lumière, ou par sa timidité qui l'empêchait de la regarder en face, ou plus probablement, par les deux réunis. Il put observer aussi, lors de cette deuxième rencontre, que ces cheveux longs et raides qu'il crut si noirs, avaient en fait des reflets roux. Plus tard, il compléta son portrait: ses lèvres étaient charnues et sa bouche grande, peut-être très grande, avec quelques plis dans le bas des commissures, lui donnant un air d'amertume et de dédain.
***
Alexandra nous propose sa traduction :
Il s’était passé beaucoup de jour d'agitation. Car il savait qu'il allait la revoir, il était persuadé qu'elle reviendrait au même endroit. Pendant ce temps, il ne fit rien d'autre que de penser à la jeune inconnue et chaque après-midi, il s'asseyait sur ce banc-là, avec ce mélange de peur et d'espérance à la fois. Jusqu'au jour, pensant que tout n'avait été que supercherie, il décida d'aller à la Boca, au lieu de se rendre une fois de plus, ridiculement, au banc du parc Lezama. Et il était déjà dans la rue Almirante Brown lorsqu'il commença à rebrousser chemin vers le lieu habituel; tout d'abord d'un pas lent, un peu hésitant et timide; puis, d’un pas de plus en plus pressant, il se mit à courir, comme s’ il pouvait arriver en retard à un rendez-vous convenu d’avance. Et oui, elle était là. De loin, il l'avait vue marcher vers sa direction. Martin s'arrêta tandis qu'il sentait son cœur battre.
La jeune fille s'avança vers lui et, lorsqu'elle fut à ses côtés, déclara :
- J'étais en train de t'attendre.
Martin sentait ses jambes qui tremblaient.
– Qui ça ? Moi ? demanda t-il en rougissant.
Il n'osa pas la regarder, mais il remarqua qu'elle était habillée d'un sweater noir avec un long col et d’une jupe, elle aussi, noire, ou bien bleu très foncé (cela il ne pouvait pas le préciser, et en réalité, ça n'avait aucune importance). Il lui sembla que ses yeux étaient noirs.
- Les yeux noirs ? commenta Bruno.
Non bien sûr : c'est ce qu'il lui avait semblé. Et quand il la vit pour la deuxième fois, il vit avec surprise que ses yeux étaient vert foncés. Peut-être que cette première impression était due au peu de lumière ou à la timidité qui l'empêchait de la regarder de face, ou, plus probablement à cause des deux. Il remarqua aussi, lors de cette deuxième rencontre, que ses cheveux longs et raides qu'il crut noirs avaient, en réalité, des reflets rouges. Plus tard, il compléta son portrait : ses lèvres étaient épaisses et sa bouche grande, peut être trop grande, avec quelques plis vers le bas des commissures, lui donnant une impression d'amertume et de dédain.
Il s’était passé beaucoup de jour d'agitation. Car il savait qu'il allait la revoir, il était persuadé qu'elle reviendrait au même endroit. Pendant ce temps, il ne fit rien d'autre que de penser à la jeune inconnue et chaque après-midi, il s'asseyait sur ce banc-là, avec ce mélange de peur et d'espérance à la fois. Jusqu'au jour, pensant que tout n'avait été que supercherie, il décida d'aller à la Boca, au lieu de se rendre une fois de plus, ridiculement, au banc du parc Lezama. Et il était déjà dans la rue Almirante Brown lorsqu'il commença à rebrousser chemin vers le lieu habituel; tout d'abord d'un pas lent, un peu hésitant et timide; puis, d’un pas de plus en plus pressant, il se mit à courir, comme s’ il pouvait arriver en retard à un rendez-vous convenu d’avance. Et oui, elle était là. De loin, il l'avait vue marcher vers sa direction. Martin s'arrêta tandis qu'il sentait son cœur battre.
La jeune fille s'avança vers lui et, lorsqu'elle fut à ses côtés, déclara :
- J'étais en train de t'attendre.
Martin sentait ses jambes qui tremblaient.
– Qui ça ? Moi ? demanda t-il en rougissant.
Il n'osa pas la regarder, mais il remarqua qu'elle était habillée d'un sweater noir avec un long col et d’une jupe, elle aussi, noire, ou bien bleu très foncé (cela il ne pouvait pas le préciser, et en réalité, ça n'avait aucune importance). Il lui sembla que ses yeux étaient noirs.
- Les yeux noirs ? commenta Bruno.
Non bien sûr : c'est ce qu'il lui avait semblé. Et quand il la vit pour la deuxième fois, il vit avec surprise que ses yeux étaient vert foncés. Peut-être que cette première impression était due au peu de lumière ou à la timidité qui l'empêchait de la regarder de face, ou, plus probablement à cause des deux. Il remarqua aussi, lors de cette deuxième rencontre, que ses cheveux longs et raides qu'il crut noirs avaient, en réalité, des reflets rouges. Plus tard, il compléta son portrait : ses lèvres étaient épaisses et sa bouche grande, peut être trop grande, avec quelques plis vers le bas des commissures, lui donnant une impression d'amertume et de dédain.
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