lundi 28 décembre 2009

Exercice de version, 38

El frío complica siempre las cosas, en verano se está tan cerca del mundo, tan piel contra piel, pero ahora a las seis y media su mujer lo espera en una tienda para elegir un regalo de casamiento, ya es tarde y se da cuenta de que hace fresco, hay que ponerse el pulóver azul, cualquier cosa que vaya bien con el traje gris, el otoño es un ponerse y sacarse pulóveres, irse encerrando, alejando. Sin ganas silba un tango mientras se aparta de la ventana abierta, busca el pulóver en el armario y empieza a ponérselo delante del espejo. No es fácil, a lo mejor por culpa de la camisa que se adhiere a la lana del pulóver, pero le cuesta hacer pasar el brazo, poco a poco va avanzando la mano hasta que al fin asoma un dedo fuera del puño de lana azul, pero a la luz del atardecer el dedo tiene un aire como de arrugado y metido para adentro, con una uña negra terminada en punta. De un tirón se arranca la manga del pulóver y se mira la mano como si no fuese suya, pero ahora que está fuera del pulóver se ve que es su mano de siempre y él la deja caer al extremo del brazo flojo y se le ocurre que lo mejor será meter el otro brazo en la otra manga a ver si así resulta más sencillo.

Julio Cortázar, « No se culpe a nadie », Final del juego

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La traduction que je vous propose :

Le froid complique toujours les choses. En été, on est si près du monde, tellement peau contre peau ! Pour le moment, à six heures et demie, sa femme l'attend dans une boutique pour choisir un cadeau de mariage. Il est tard et il se rend compte qu'il fait froid. Il faut mettre le pull-over bleu, n'importe quoi qui aille avec le costume gris. Voilà, c'est cela l'automne, on ne cesse d'enfiler et d'ôter des pull-overs, de s'enfermer, de s'éloigner. À contre-cœur, il siffle un tango en s'écartant de la fenêtre ouverte. Il prend le pull-over dans l'armoire et commence à le passer devant le miroir. La chose n'est pas aisée, peut-être à cause de sa chemise qui colle à la laine ; toujours est-il qu'il a du mal à entrer le bras, il avance peu à peu la main jusqu'à ce que finalement, émerge un doigt hors de la poignée en laine bleue. À la lumière du jour déclinant, le doigt a l'air ridé et recourbé vers l'intérieur, une sorte d'ongle noir avec le bout pointu. D'un coup sec il tire sur la manche et regarde sa main comme si ce n'était pas la sienne ; et cependant, non, maintenant qu'elle est hors du pull-over, pas de doute, c'est bien sa main. Il la laisse retomber au bout de son bras mou. Alors il se dit que le mieux est d'enfiler son autre bras dans l'autre manche – peut-être qu'ainsi ce sera plus facile.

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