dimanche 10 janvier 2010

Exercice de version, 51

RAMÓN eligió una mesa cerca de la puerta por si era necesario salir corriendo.
No pensaba pagar la comida. En ningún caso. Sin embargo, como no estaba tan seguro de sí mismo como pretendía, era un alivio saber que llevaba más de dos mil pesetas encima.
Según la pizarra de fuera, el menú del día costaba novecientas pesetas. El restaurante no era muy grande, aunque no podía comparar porque muy pocas veces había estado antes en un restaurante. Y, por supuesto, nunca solo.
Se sentó de forma que pudiera ver la puerta de la cocina. Había llegado a la conclusión de que lo más importante era tener siempre a la vista a los camareros, para aprovechar cualquier descuido. Confiaba en que fueran viejos y lentos.
No hubo suerte. El camarero que se acercó a su mesa no parecía tener ni veinte años.
—¿Esperas a alguien?
Respondió con un no apenas audible. Sentía la garganta bloqueada, como si alguien le estuviese estrangulando sin piedad. Tal vez, al ver que iba solo, el camarero no quisiera servirle, y entonces todo habría acabado antes de empezar. Ramón pensó que quizá sería mejor así.
—Vengo yo solo —explicó, con voz un poco más fuerte.
El camarero asintió y le preguntó qué iba a tomar. Ramón se veía reflejado en los cristales de la puerta. Una figura pequeña con la cabeza baja, vaqueros descoloridos y una cazadora que le estaba grande. Pensó que así, encogido, tenía un aspecto culpable, y procuró erguirse. ¿Qué edad aparentaba? ¿Doce? ¿Trece?
Encargó un menú sin un solo extra, por si acaso después de todo se veía obligado a pagar. ¿O le harían fregar platos?
No sabía si lo de obligar a fregar platos al cliente que no ha pagado su comida ocurría sólo en los chistes y las películas o de veras lo hacían así en la vida real.
Mientras esperaba, observó con disimulo a los demás clientes del restaurante. ¿Cuántos de ellos eran habituales, incluso tenían confianza con los camareros? Bastaría con uno solo para que el plan saliese mal. Se imaginaba a cualquiera de aquellos ciudadanos honorables llamando al camarero a gritos: «¡Ese chico se va sin pagar!».

Manuel Luis Alonso Gómez, Juego de adultos

***

La traduction que je vous propose :

Ramón choisit une table près de la porte, au cas où il lui faudrait partir en courant.
Il n'avait pas l'intention de payer son repas. Pas question ! Cependant, comme il n'était pas aussi sûr de lui qu'il le prétendait, il était rassuré de savoir qu'il avait plus de deux mille pesetas sur lui.
D'après le tableau, à l'extérieur, le menu du jour coûtait neuf cents pesetas. L'établissement n'était pas très grand, même s'il est vrai qu'il pouvait difficilement comparer étant donné le peu de fois où il était allé au restaurant auparavant. Et d'ailleurs, bien entendu, jamais seul.
Il s'assit de sorte à pouvoir garder un œil sur la porte de la cuisine. Il en était arrivé à la conclusion que le plus important était d'avoir les serveurs en permanence dans son champ de vision, pour profiter de la moindre inattention de leur part. Il comptait sur le fait qu'ils étaient vieux et lents.
Or il n'eut pas de chance. Le serveur qui s'approcha de sa table n'avait semble-t-il même pas vingt ans.
— Vous attendez quelqu'un ?
Il répondit un « non » à peine audible. Il sentait sa gorge serrée, comme si quelqu'un était en train de l'étrangler sans pitié. Puisqu'il était seul, peut-être le garçon refuserait-il de le servir, et alors tout serait terminé avant même d'avoir commencé.
Ramón se fit la réflexion qu'après tout, c'était peut-être mieux ainsi.
— Je suis seul – expliqua-t-il, un peu plus fort.
Le serveur acquiesça et lui demanda ce qu'il voulait manger. Ramón voyait son propre reflet dans la vitre de la porte. Une silhouette petite et tête basse, avec un jean décoloré et un blouson trop grand. Il se dit qu'ainsi, tout intimidé et recroquevillé, il avait l'air coupable et essaya de se redresser. Quel âge lui donnait-on ? Douze ans ? Treize ?
Il commanda un menu sans le moindre supplément, prévoyant le cas où il devrait effectivement payer. Ou alors, l'obligerait-on à faire la vaisselle ?
Il ignorait si cette histoire qu'on forçait le client qui n'avait pas payé son repas à faire la plonge se produisait bel et bien dans la vie réelle ou si c'était juste une plaisanterie ou le genre de choses que l'on voit seulement dans les films.
Tandis qu'il attendait, il observa en cachette les autres clients du restaurant. Combien d'entre eux étaient des habitués, voire intimes avec les serveurs ? Il en suffirait d'un pour que son plan tourne mal. Il imaginait n'importe lequel de ces honorables citoyens en train d'appeler le serveur avec force cris : « Attention, ce garçon s'en va s'en payer ! »

***

Laëtitia Sw nous propose sa traduction :

Ramón choisit une table près de la porte au cas où il devrait partir en courant.
Il pensait ne pas payer son repas. En aucun cas. Cependant, comme il n’était pas aussi sûr de lui qu’il le prétendait, il était soulagé de savoir qu’il avait plus de deux mille pesetas en poche.
Au vu de l’ardoise dehors, le menu du jour coûtait neuf cents pesetas. Le restaurant n’était pas très grand, bien qu’il ne pût pas comparer, parce qu’il n’avait été que très peu de fois au restaurant, avant. Et, bien entendu, jamais seul.
Il s’assit de façon à pouvoir voir la porte de la cuisine. Il en était arrivé à la conclusion que le plus important était d’avoir toujours un œil sur les serveurs, pour profiter du moindre moment d’inattention. Il comptait sur le fait qu’ils fussent vieux et lents.
Il n’eut pas de chance. Le serveur qui s’approcha de sa table ne semblait pas avoir plus de vingt ans.
— Tu attends quelqu’un ?
Il répondit par un non à peine audible. Il sentait que sa gorge était nouée, comme si quelqu’un était en train de l’étrangler sans pitié. Voyant qu’il était seul, le serviteur ne voudrait peut-être pas le servir, et alors tout serait terminé avant même d’avoir commencé. Ramón pensa que c’était peut-être mieux ainsi.
— Je suis seul — expliqua-t-il, d’une voix un peu plus forte.
Le serveur acquiesça et lui demanda ce qu’il allait prendre. Ramón voyait son reflet sur les vitres de la porte. Une petite figure, la tête basse, un jean délavé et un blouson qui lui allait grand. Il pensa que, comme ça, replié sur lui-même, il avait un air coupable, et il essaya de se redresser. Quel âge faisait-il ? Douze ans ? Treize ans ?
Il commanda un menu sans aucun supplément, au cas où, après tout, il se verrait dans l’obligation de payer. Ou bien lui ferait-on faire la plonge ?
Il ne savait pas si obliger le client qui ne payait pas son repas à faire la plonge était quelque chose qui n’arrivait que dans les histoires drôles et dans les films ou si on faisait vraiment ça dans la vie réelle.
Pendant qu’il attendait, il observait en cachette les autres clients du restaurant. Combien d’entre eux étaient des habitués, voire avaient la confiance des serveurs ? Il en suffirait d’un seul pour faire rater le plan. Il s’imaginait un de ces honorables citoyens appeler en criant le serveur : « Ce jeune homme s’en va sans payer !».

***

Amélie nous propose sa traduction :

Ramón choisit une table située près de la porte, au cas où il serait nécessaire de sortir en courant. Il ne comptait pas payer le repas. Hors de question. Toutefois, comme il n’était pas aussi sûr de lui qu’il voulait le faire croire, cela le rassurait de savoir qu’il avait plus de deux mille pesetas sur lui.
D’après le tableau, à l’extérieur, le menu du jour coûtait neuf cents pesetas. Le restaurant n’était pas très grand, bien qu’il ne puisse pas vraiment comparer, parce qu’il s’était très rarement trouvé dans un restaurant auparavant. Et de surcroît, jamais seul, évidemment.
Il s’assit de manière à pouvoir garder un œil sur la porte de la cuisine. Il était arrivé à la conclusion que le plus important était d’avoir toujours les serveurs dans son champ de vision, pour tirer profit de toute inattention. Il avait bon espoir qu’ils soient âgés et lents.
Il n’eut pas de chance. Le serveur qui s’approcha de sa table ne semblait même pas avoir vingt ans.
— Vous attendez quelqu’un ?
Il répondit par un « non » presque inaudible. Il sentait sa gorge serrée, comme si quelqu’un était en train de l’étrangler sans aucune pitié. Peut-être qu’en le voyant seul, le serveur ne voudrait pas le servir et tout serait alors fini avant même d’avoir commencé. Ramón pensa que ce serait sans doute mieux ainsi.
— Je suis seul —expliqua-t-il, d’une voix un peu plus forte.
Le serveur aquiesça et lui demanda ce qu’il voulait manger. Ramón voyait son reflet dans les vitres de la porte. Une silhouette de petite taille avec la tête baissée, un jean décoloré et un blouson trop grand pour elle. Il songea qu’ainsi, tout recroquevillé, il avait un air coupable ; il essaya donc de se redresser. Quel âge faisait-il ? Douze ans ? Treize ans ?
Il commanda un menu sans un seul supplément, on ne sait jamais, il pourrait effectivement devoir payer. Ou lui ferait-on faire la plonge ?
Il ne savait pas s’il n’y avait que dans les histoires drôles ou dans les films qu’on forçait le client qui n’a pas payé son repas à faire la plonge, ou si cela se passait réellement ainsi dans la vie réelle.
En attendant, il observa en cachette les autres clients du restaurant. Combien d’entre eux étaient des habitués, au point de bénéficier de la confiance des serveurs ? Il en suffirait d’un pour que le plan échoue. Il imaginait n’importe lequel de ces honnêtes citoyens appelant le serveur à grands cris : « Ce garçon s’en va sans payer ! ».

***

Chloé nous propose sa traduction :

Ramón choisit un table située près de la porte au cas où il aurait besoin de partir en courant.
Il n’avait pas l’intention de payer son repas. Hors de question. Cependant, comme il n’était pas aussi sûr de lui qu’il le prétendait, cela le rassurait de savoir qu’il avait plus de deux mille pesetas sur lui.
D’après le tableau, à l’extérieur, le menu du jour coûtait neuf cents pesetas. Le restaurant n’était pas très grand, bien qu’il ne puisse pas vraiment comparer puisqu’il n’était allé au restaurant que très peu de fois auparavant. Et, bien entendu, jamais seul.
Il s’assit de façon à pouvoir garder un œil sur la porte de la cuisine. Il en était arrivé à la conclusion que le plus important était d’avoir les serveurs toujours dans son champs de vision, pour profiter du moindre moment d’inattention. Il comptait sur le fait qu’ils soient vieux et lents.
Mais il n’eut pas de chance. Le serveur qui s’approcha de sa table ne paraissait même pas avoir vingt ans.
— Vous attendez quelqu’un ?
Il répondit un « non » à peine audible. Il sentait sa gorge serrée, comme si quelqu’un était en train de l’étrangler sans pitié. Peut-être qu’en voyant qu’il était seul, le garçon refuserait de le servir, et alors, tout serait terminé avant même d’avoir commencé. Ramón pensa qu’il en serait peut-être mieux ainsi.
— Je viens seul –expliqua-t-il, d’une voix un peu plus forte.
Le serveur acquiesça et lui demanda ce qu’il voulait manger. Ramón voyait son reflet dans les vitres de la porte. Une silhouette de petite taille avec la tête baissée, un jean décoloré et un blouson trop grand. Il pensa qu’ainsi, tout recroquevillé, il avait l’air coupable, et il essaya de se redresser. Quel âge faisait-il? Douze, treize ans ?
Il commanda un menu sans un seul supplément, au cas où il serait finalement obligé de payer. Ou lui ferait-on faire la plonge ?
Il ne savait pas si c’était juste dans les blagues ou dans les films que l’on forçait le client qui n’a pas payé son repas à faire la plonge, ou si on faisait réellement comme ça dans la vraie vie.
Pendant qu’il attendait, il observa en cachette les autres clients du restaurant. Combien d’entre eux étaient des habitués, voire intimes avec les serveurs ? Il en suffirait d’un pour que le plan tourne mal. Il imaginait n’importe lequel de ces honorables citoyens avertissant le serveur à grands cris : « Ce garçon part sans payer ! »

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