Cuando sus piernas (bien torneadas y tal y cual) entraron en mi local de trabajo, yo ya llevaba varios años hecho un merluzo. Pero aunque con esta súbita aparición dio comienzo la aventura que me propongo relatar a renglón seguido, no dispondría el lector de los datos necesarios para comprender bien sus entresijos si no los retrotrajese (al lector y el relato) a un momento anterior, e incluso a sucesos previos, y no expusiese del modo más sucinto un prolegómeno.
El momento anterior al que he aludido fue aquel en que vinieron a decirme que nuestro querido director, el doctor Sugrañes, el compasivo, el misericordioso, me convocaba sin demora a su despacho. Al que acudí con más extrañeza que miedo, ya que por aquellas fechas el doctor Sugrañes no se dejaba ver de nadie, y menos de mí, a quien no había dirigido una palabra ni un ademán ni una mirada en los últimos tres o cuatro años, es decir, desde que se dio por archivado mi caso o, por lo menos, desde que fue traspapelada primero y definitivamente perdida luego la carpeta que contenía la documentación de referencia, de resultas de lo cual cayó sobre mi persona física y jurídica un espeso silencio administrativo en el cual ni mi voz ni mis escritos ni mis actos habían logrado abrir la menor brecha. La causa de mi encierro había sido olvidada de antiguo y como no había argumento alguno que la pusiera en cuestión, salvo los míos, y como sea que mi pasado remoto, mi aspecto externo y algunos episodios aislados de mi vida reciente (dentro y fuera de los muros del establecimiento) no favorecían mi credibilidad, sino todo lo contrario, nada hacía prever que mis días en aquel honorable hospedaje fueran a concluir, salvo de modo harto macabro.
—Pase, pase, distinguido caballero, y sírvase tomar asiento. ¿A qué debo el honor de su visita? —fueron las palabras que acogieron mi silueta bajo el dintel.
El momento anterior al que he aludido fue aquel en que vinieron a decirme que nuestro querido director, el doctor Sugrañes, el compasivo, el misericordioso, me convocaba sin demora a su despacho. Al que acudí con más extrañeza que miedo, ya que por aquellas fechas el doctor Sugrañes no se dejaba ver de nadie, y menos de mí, a quien no había dirigido una palabra ni un ademán ni una mirada en los últimos tres o cuatro años, es decir, desde que se dio por archivado mi caso o, por lo menos, desde que fue traspapelada primero y definitivamente perdida luego la carpeta que contenía la documentación de referencia, de resultas de lo cual cayó sobre mi persona física y jurídica un espeso silencio administrativo en el cual ni mi voz ni mis escritos ni mis actos habían logrado abrir la menor brecha. La causa de mi encierro había sido olvidada de antiguo y como no había argumento alguno que la pusiera en cuestión, salvo los míos, y como sea que mi pasado remoto, mi aspecto externo y algunos episodios aislados de mi vida reciente (dentro y fuera de los muros del establecimiento) no favorecían mi credibilidad, sino todo lo contrario, nada hacía prever que mis días en aquel honorable hospedaje fueran a concluir, salvo de modo harto macabro.
—Pase, pase, distinguido caballero, y sírvase tomar asiento. ¿A qué debo el honor de su visita? —fueron las palabras que acogieron mi silueta bajo el dintel.
Eduardo Mendoza, La aventura del tocador de señoras
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Quand ses jambes (bien galbées et tout et tout) firent leur entrée dans le local où je travaillais, cela faisait plusieurs années qu’on me prenait pour un imbécile. Cependant, bien que cette subite apparition marquât le début de l’aventure que je me propose de relater sur-le-champ, vu que le lecteur ne disposerait pas de toutes les informations nécessaires pour bien en comprendre les tenants et les aboutissants, je dois les ramener (lui et le récit) à un moment antérieur, et même à plusieurs événements préalables, et me fendre le plus succinctement du monde de quelques prolégomènes.
Le moment antérieur auquel je fais allusion fut celui où on vint me dire que notre cher directeur, le compatissant et miséricordieux docteur Sugrañes me convoquait sans délai dans son bureau. Auquel je me rendis avec plus d’étonnement que de peur, étant donné qu’à cette époque, le docteur Sugrañes ne permettait à personne de le voir, encore moins à moi à qui il n’avait pas adressé le moindre mot, ni le moindre geste, ni le moindre regard, au cours des trois ou quatre dernières années, c’est-à-dire depuis que mon affaire avait été classée ou, du moins, depuis qu’elle avait d’abord été étouffée, puis que le dossier contenant les documents de référence avait été définitivement perdu, à la suite de quoi s’était abattu sur ma personne physique et juridique un épais silence administratif, dans lequel ni ma voix, ni mes écrits, ni mes actions n’avaient réussi à ouvrir la moindre brèche. Le motif de mon écartement avait été oublié depuis longtemps et, comme il n’y avait pas de raison de le remettre en question, à part les miennes, de raisons, et comme il se trouvait que mon lointain passé, mon apparence extérieure et quelques épisodes isolés de ma vie récente (à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’établissement) ne plaidaient pas en faveur de ma crédibilité — c’était même tout le contraire —, rien ne laissait prévoir que mes jours dans cet honorable maison ne vinssent se terminer autrement que d’une façon assez macabre.
— Entrez, entrez, cher monsieur, asseyez-vous, je vous prie. Que me vaut l’honneur de votre visite ? — voilà les paroles qui accueillirent ma personne dans l’embrasure de la porte.
Quand ses jambes (bien galbées et tout et tout) firent leur entrée dans le local où je travaillais, cela faisait plusieurs années qu’on me prenait pour un imbécile. Cependant, bien que cette subite apparition marquât le début de l’aventure que je me propose de relater sur-le-champ, vu que le lecteur ne disposerait pas de toutes les informations nécessaires pour bien en comprendre les tenants et les aboutissants, je dois les ramener (lui et le récit) à un moment antérieur, et même à plusieurs événements préalables, et me fendre le plus succinctement du monde de quelques prolégomènes.
Le moment antérieur auquel je fais allusion fut celui où on vint me dire que notre cher directeur, le compatissant et miséricordieux docteur Sugrañes me convoquait sans délai dans son bureau. Auquel je me rendis avec plus d’étonnement que de peur, étant donné qu’à cette époque, le docteur Sugrañes ne permettait à personne de le voir, encore moins à moi à qui il n’avait pas adressé le moindre mot, ni le moindre geste, ni le moindre regard, au cours des trois ou quatre dernières années, c’est-à-dire depuis que mon affaire avait été classée ou, du moins, depuis qu’elle avait d’abord été étouffée, puis que le dossier contenant les documents de référence avait été définitivement perdu, à la suite de quoi s’était abattu sur ma personne physique et juridique un épais silence administratif, dans lequel ni ma voix, ni mes écrits, ni mes actions n’avaient réussi à ouvrir la moindre brèche. Le motif de mon écartement avait été oublié depuis longtemps et, comme il n’y avait pas de raison de le remettre en question, à part les miennes, de raisons, et comme il se trouvait que mon lointain passé, mon apparence extérieure et quelques épisodes isolés de ma vie récente (à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’établissement) ne plaidaient pas en faveur de ma crédibilité — c’était même tout le contraire —, rien ne laissait prévoir que mes jours dans cet honorable maison ne vinssent se terminer autrement que d’une façon assez macabre.
— Entrez, entrez, cher monsieur, asseyez-vous, je vous prie. Que me vaut l’honneur de votre visite ? — voilà les paroles qui accueillirent ma personne dans l’embrasure de la porte.
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Morgane nous propose sa traduction :
Lorsque ses jambes (bien faites et tout ça) entrèrent dans mon local de travail, il y avait déjà de nombreuses années que j’étais devenu un idiot. Mais, bien que, avec cette apparition subite, l’aventure que je me propose de raconter d’un trait ait commencée, le lecteur ne disposerait pas des données nécessaires pour bien comprendre ses ficelles s’il ne les faisait remonter (le lecteur et le récit) à un moment antérieur, et aussi à des événements préalables, et n’exposât de façon plus succincte des prolégomènes. Le moment précédent auquel j’ai fait référence fut celui où ils vinrent me dire que notre cher directeur, le docteur Sugrañes, le compatissant, miséricordieux, me convoquait sans attente dans son bureau. J’y arrivai avec plus d’étonnement que de peur, étant donné que, à cette époque là, le docteur Sugrañes ne se laissait voir par personne, et encore moins par moi, à qui je n’avais adressé ni parole, ni geste, ni regard ces trois ou quatre dernières années, c’est-à-dire, depuis que mon cas avait été archivé ou, tout du moins, depuis qu’avait été égaré dans un premier temps et définitivement perdu par la suite, un dossier contenant la documentation de référence, à la suite de laquelle tomba sur ma personne physique et juridique un épais silence administratif dans lequel ni ma voix, ni mes écrits, ni mes actes n’avaient réussi à ouvrir la moindre brèche. La cause de mon enfermement avait été oubliée depuis très longtemps et comme il n’y avait aucun argument la remettant en question, excepté les miens, et comme mon passé lointain, mon apparence extérieure et quelques épisodes isolés de ma vie récente (intra et extra muros) ne favorisaient en rien ma crédibilité, mais tout le contraire, rien ne laissait prévoir que mes jours au sein de cet honorable établissement allaient prendre fin, sauf de manière on ne peut plus macabre. – Entrez, entrez, noble gentleman, et veuillez vous asseoir. À quoi dois-je l’honneur de votre visite ? – furent les mots qui reçurent ma silhouette sous le linteau.
Lorsque ses jambes (bien faites et tout ça) entrèrent dans mon local de travail, il y avait déjà de nombreuses années que j’étais devenu un idiot. Mais, bien que, avec cette apparition subite, l’aventure que je me propose de raconter d’un trait ait commencée, le lecteur ne disposerait pas des données nécessaires pour bien comprendre ses ficelles s’il ne les faisait remonter (le lecteur et le récit) à un moment antérieur, et aussi à des événements préalables, et n’exposât de façon plus succincte des prolégomènes. Le moment précédent auquel j’ai fait référence fut celui où ils vinrent me dire que notre cher directeur, le docteur Sugrañes, le compatissant, miséricordieux, me convoquait sans attente dans son bureau. J’y arrivai avec plus d’étonnement que de peur, étant donné que, à cette époque là, le docteur Sugrañes ne se laissait voir par personne, et encore moins par moi, à qui je n’avais adressé ni parole, ni geste, ni regard ces trois ou quatre dernières années, c’est-à-dire, depuis que mon cas avait été archivé ou, tout du moins, depuis qu’avait été égaré dans un premier temps et définitivement perdu par la suite, un dossier contenant la documentation de référence, à la suite de laquelle tomba sur ma personne physique et juridique un épais silence administratif dans lequel ni ma voix, ni mes écrits, ni mes actes n’avaient réussi à ouvrir la moindre brèche. La cause de mon enfermement avait été oubliée depuis très longtemps et comme il n’y avait aucun argument la remettant en question, excepté les miens, et comme mon passé lointain, mon apparence extérieure et quelques épisodes isolés de ma vie récente (intra et extra muros) ne favorisaient en rien ma crédibilité, mais tout le contraire, rien ne laissait prévoir que mes jours au sein de cet honorable établissement allaient prendre fin, sauf de manière on ne peut plus macabre. – Entrez, entrez, noble gentleman, et veuillez vous asseoir. À quoi dois-je l’honneur de votre visite ? – furent les mots qui reçurent ma silhouette sous le linteau.
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