vendredi 12 mars 2010

Exercice de version, 112

Lanzado repentinamente en la vida pública, en medio de una sociedad que me ha visto surgir en un día, sin saber de dónde vengo, quién soy y cuáles son mi carácter y mis antecedentes; en dónde he templado las armas con que me he echado de improviso en la prensa, combatiendo con arrojo a dos partidos, defendiendo a otro; sentando principios nuevos para algunos; sublevando antipatías por una parte, atrayéndome por otra afecciones; complaciendo a veces, chocando otras, y no pocas reuniéndolos a todos en un solo coro de aprobación o vituperios; predicando el bien constantemente y obrando el mal alguna vez; atacando las ideas generales sobre literatura; ensayando todos los géneros; infringiendo por ignorancia o por sistema las reglas; impulsando a la juventud, empujando bruscamente a la sociedad, irritando susceptibilidades nacionales; cayendo como un tigre en una polémica, y a cada momento conmoviendo la sociedad entera, y siempre usando un lenguaje franco hasta ser descortés y sin miramiento; diciendo verdades amargas sin otro título que el creerlas útiles; empleado por el gobierno, rentado y colocado al frente de una creación nueva que exige aptitudes conocidas y con menoscabo de las esperanzas de muchos; gozando, en fin, de una colocación social al parecer aventajada y llena de porvenir, el público ha debido preguntarse mil veces: ¿quién es este hombre que así hace ocuparse de él a tantos, que comete tantos desaciertos, sin dejar alguna vez que otra de merecer simpatías? ¿Qué fascinación, qué misterios y qué tramas ocultas lo han hecho aceptable a los que mandan? ¿Cuáles son sus títulos literarios y las aulas que ha cursado para tomar un lenguaje tan afirmativo? ¿Por qué se le presta este apoyo que parece hijo de un espíritu de favoritismo, obras del capricho de un ministro? ¿Quién es, en fin? ¿Quién lo introdujo? ¿Quién lo conoce?

Domingo Faustino Sarmiento, Recuerdos de provincia

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Pascaline nous propose sa traduction :

Lancé soudainement dans la vie publique, au milieu d'une société qui, un jour, m'a vu apparaître, sans savoir d'où je viens, qui je suis, quel est mon caractère et quels sont mes antécédents ; où j'ai fait mes armes avec lesquelles je me suis jeté à l'improviste dans la presse, combattant avec audace deux partis, défendant un autre ; asseyant des principes nouveaux pour certains ; suscitant l'antipathie d'une part, m'attirant la sympathie d'autre part; pouvant parfois plaire, d'autres fois choquer, pour souvent finir par réunir tout le monde dans un même cri d'approbation ou de reproches ; prédisant sans cesse le bien et agissant mal certaines fois ; attaquant les idées générales sur la littérature ; m'essayant à tous les genres ; enfreignant – par ignorance ou de façon systématique – les règles ; stimulant la jeunesse, bousculant sans ménagement la société, irritant des susceptibilités nationales ; tombant comme un tigre dans la polémique, et, à chaque instant, émouvant la société entière, et toujours en utilisant un langage franc, jusqu'à en devenir impoli, ne montrant aucun égards ; énonçant des vérités amères sans d'autres raisons que celles de les juger utiles ; employé par le gouvernement, rémunéré et placé à la tête d'une création nouvelle qui exige des aptitudes reconnues (réduisant ainsi les espoirs de beaucoup) ; jouissant, enfin, d'une position sociale à première vue avantageuse et pleine d'avenir, le public a dû se demander à maintes reprises : qui est cet homme qui fait que tous s'intéressent ainsi à lui, qui commet tant d'erreurs, sans laisser la moindre chance de s'attirer la sympathie ? Quelle fascination, quels mystères et quelles machinations cachées lui ont permis de se faire accepter par les dirigeants ? Quels sont ses titres littéraires et les classes qu'il a fréquentées qui l'autorisent à utiliser un langage si affirmatif ? Pourquoi lui prête-t-on cet appui qui a tout l'air d'être le fruit d'une logique de favoritisme, œuvres du caprice d'un ministre ? Qui est-il, finalement ? Qui l'a introduit ? Qui le connaît ?

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Morgane nous propose sa traduction :

Projeté subitement dans la vie publique, au sein d’une société qui m’a vu surgir en un jour, sans savoir d’où je viens , qui je suis et quels sont mon caractère et mes antécédents ; où j’ai calmé les attaques lancées par la presse, en combattant avec courage deux partis, défendant l’autre ; semant des principes nouveaux dans quelques uns ; soulevant antipathie d’une part, m’attirant d’autres affection ; faisant quelques fois plaisir, choquant d’autres fois, et rarement les réunissant tous en une seule approbation générale ou de critiques ; claironnant constamment le bien et agissant d’autre fois malicieusement ; attaquant les idées générales sur la littérature ; essayant tous les genres ; enfreignant par ignorance ou par automatisme les règles ; impulsant la jeunesse, empoignant brusquement la société, irritant des susceptibilités nationales ; tombant tel un tigre dans une polémique, et à chaque moment émouvant la société entière, et utilisant toujours le franc-parler jusqu’à en devenir impoli et sans égard ; disant des vérités amères sans autre intention que de les croire utiles ; employé par le gouvernement, loué et placé en face d’une nouvelle création exigeant aptitudes connues et au détriment des espérances collectives ; jouissant, enfin, d’une assise sociale de toute apparence avantageuse et pleine d’avenir, le public a dû se demander mille fois : « qui est ce homme qui fait qu’autant de monde se préoccupe pour lui, qui commet tant de maladresses, sans laisser quelque fois que s’attirer la sympathie ? Quelle fascination, quel mystère et quelle trame dissimulées l’ont fait devenir acceptable à ceux qui commandent ? Quels sont ses titres littéraires et les cours qu’il a suivi pour acquérir un langage si affirmatif ? Pourquoi lui prête t-on cet appui qui semble fils d’un esprit de favoritisme, œuvres de caprice d’un ministre ? Qui est-il, enfin ? Qui l’introduisit ? Qui le connaît ?

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