dimanche 6 mars 2011

Exercice d'écriture spécial, par Perrine Huet

Perrine, elle aussi, avait à "décrire" le personnage principal de sa traduction longue (Falta alma de Javier García Sánchez).

Voici :

María est une jeune fille à la recherche d’un emploi. Elle est bien élevée, elle parle avec politesse, diplomatie et respect. En revanche, dès qu’on la titille, elle devient très rapidement impulsive, préfère aller droit au but et n’hésite pas à exprimer le fond de sa pensée. Dans ces moments-là, elle ne mâche pas ses mots et refuse de perdre son temps dans des simagrées, tout en restant néanmoins courtoise. Malheureusement, elle se retrouve face à deux sœurs, Leonor et Begoña, qui testent les limites de sa patience, et malgré ses efforts, la fougue enfouie en elle ressort au grand jour. Elle réalise qu’en franchissant le seuil de leur porte, elle s’est enlisée dans un immense bourbier, mais, bien qu’elle ait une envie folle de fuir, son extrême curiosité et sa remarquable patience l’empêchent de tourner les talons.
L’ambiance pesante de la maison la met mal à l’aise, et les deux femmes ne font qu’accroîtrent sa gêne. Leurs échanges de regard incessants lui donnent l’impression d’être un animal de foire qui suscite à la fois la peur et l’intérêt. La pièce exiguë dans laquelle elle est reçue lui rappelle sa légère claustrophobie. Sa combativité et son orgueil sans limites lui permettent cependant de relever haut la main les défis incessants que lui lancent Leonor. C’est d’ailleurs cette attitude légèrement effrontée qui la conduit au vieil homme dont elle obtient finalement la charge.
María joue aussi du violon. Détail anodin à première vue. Mais lorsque l’on se penche plus sérieusement sur la question, on comprend que c’est justement pour cette raison qu’elle est coincée dans ce boudoir, entre ces deux sœurs. Sa répartie, son aplomb et sa détermination séduisent le vieux monsieur qui accepte de la faire pénétrer dans son univers ô combien singulier. Cette passion qu’elle partage avec le vieillard les rapproche très étroitement et éveille en eux une amitié touchante et surprenante. Une belle complicité naît entre ces êtres si différents et si semblables à la fois. Après cette rencontre inattendue, María aura beaucoup appris sur l’être humain, ses forces et ses faiblesses, et ne sera plus jamais la même femme.

2 commentaires:

Tradabordo a dit…

@ Perrine : je vais te poser la même question qu'à Julie après avoir lu sa présentation… Au-delà de ce que fait ton héroïne, quels sentiments suscite-t-elle chez toi ?

Perrine a dit…

Elle m'impressionne autant pour son calme et sa maîtrise, que par son audace et sa patience. Le malaise qu'elle peut ressentir dans cette ambiance si tendue me met parfois mal à l'aise moi aussi, j'ai l'impression de me retrouver avec elle dans cette maison entourée des deux "solteronas".
Elle me touche également lorsqu'elle se rapproche petit à petit du vieil homme et que tous deux s'ouvrent mutuellement l'un à l'autre.
C'est un personnage auquel, en fin de compte, je me suis très vite identifiée, et qui est en même temps très différent de moi.