(merci à l'auteur de nous avoir permis de librement traduire et reproduire son œuvre)
Les relectures viendront, mais voici le résultat du premier jet de la traduction de « El sueño del robot », de l'auteur péruvien RPACOC, proposé par nos traductrices acharnées et talentueuses – que je me permets de féliciter pour leur constance, leur patience et leurs bonnes idées…
Maintenant : deuxième étape. Laisser passer quelques jours avant d'y revenir… que le texte s'éloigne un peu de vous, que vous y reveniez ensuite en amies mais aussi déjà un peu en étrangères (la distance ! Salutaire). Imprimez le texte (car sur papier, on voit des choses invisibles à l'écran) et prenez des notes… Attention : il ne s'agit pas de tout dynamiter pour le plaisir d'exercer son esprit critique. Sachez rester raisonnables et valoriser ce qui a été conquis. Il faut certes remettre l'ouvrage sur le métier, mais dans une démarche constructive, a fortiori s'agissant de corrections collectives. Allez à l'essentiel et ne perdez pas le Nord.
À vos stylos rouges !
[Dans l'intervalle, j'ai intégré la judicieuse modification proposée par Irène (oh zut, je ne sais pas comment faire pour éviter la confusion avec l'autre Irène, Descamps… Irène 1 et Irène 2, ça n'est pas terrible n'est-ce pas ? Alors ce sera Irène D et Irène tout court… À moins que vous ayez une meilleure idée]
Roservind était un robot automate qui travaillait dans les mines de Yanacocha. À 160 ans, il était encore en service effectif. Il ne se reposait jamais, hormis les jours où il devait recharger ses batteries ou lorsqu'il allait à la maintenance, comme les autres automates. Ce robot était toujours en fonctionnement à une époque ultérieure à la « Grande Révolution Robotique » (dont l'impact fut bien supérieur à celui de la Révolution Industrielle) et peu après la R.R.I. (Réforme Robotique Industrielle), au cours desquelles des millions et des millions de robots furent détruits sur l'ensemble de la planète par la main de l'homme. Bien que très évoluées grâce à leur intelligence artificielle, ces machines ne représentèrent jamais un danger pour l'humanité. Pour la simple et bonne raison que leur intelligence n'égalerait jamais celle des êtres humains. Jamais elles ne nourriraient le dessein et n'auraient la malignité de tuer des êtres vivants. Pas plus qu'elles ne seraient pourvues de ce que les humains ont de spécial… ce que l’on appelle une âme. Roservind avait la structure morphologique d’un humain. Recouvert d'un métal résistant à la corrosion, son visage ne reflétait pas la moindre émotion. Employé dans l'industrie, il était nécessairement multitâches ; car en application de la loi numéro 5 de la R.R.I., il ne pouvait y avoir plus de 3 robots au maximum par usine. Outre divers travaux, ses pricipales activités étaient: agent d'entretien, médecin, comptabiliseur et poseur de dynamite. Il subissait quotidiennement les humiliations des travailleurs. Un jour, Roservind fut envoyé à 4000 mètres sous terre pour travailler avec plus de 100 mineurs. Et c'est alors que l'accident se produisit : il y eut un éboulement qui boucha toutes les entrées de la mine avec des rochers et de la terre. Il faudrait huit bons mois pour les délivrer, si tant est qu'ils fussent encore en vie. Au bout de 4 mois, les travailleurs commençaient déjà à mourir l'un derrière l'autre, à cause de faim et de soif. Même l'assistance médicale procurée par le robot s'avéra insuffisante pour ces pauvres malheureux. Sur les 100 qu'il y avait au départ, il n'en restait plus que 10. Impuissant, le robot n'avait d'autre choix que d'être témoin de l'agonie des autres. Dépourvu de la moindre émotion, il pouvait néanmoins réfléchir. Il se remémora par exemple les souvenirs d'une époque passée – sauvegardée dans sa base de données – durant laquelle il avait été au service d'une famille en tant que majordome. Famille qui l'avait vendu à un ferrailleur, sans toutefois... qu'il en ait conçu de l'aigreur. Il ne comprenait jamais pourquoi les gens pleuraient, riaient... Ils étaient tellement imprévisibles. Finalement, il vit l'ultime mineur au seuil de la mort ; une photo de sa famille serrée dans une main, l'homme attrapa un crucifix. Peu après, il mourut. Le robot se trouva complètement seul au milieu des cadavres. Et pour la première fois il s'interrogea sur ce qui le rendait différent des humains. Pourquoi vont-ils au ciel, eux, alors que les robots… non ? Puisque les animaux non plus ne vont pas au ciel – se disait-il intérieurement – pourquoi les humains y vont-ils ? Est-ce que je pourrais y aller au ciel, moi aussi ? Notre robot se posait en effet bien des questions. L'une d'elles était liée au souvenir qu'il conservait d'une grève déclenchée par les mineurs. Ils réclamaient leurs droits, ils avaient des buts dans la vie. Il songeait aux grandes victoires qui avaient marqué l'histoire de l'humanité ; ils avaient atteint leurs objectifs... réalisé leurs rêves. Plusieurs jours après, les lumières de la mine s'éteignirent et le robot demeura dans l'obscurité totale... Là, il se demanda : Moi, quel est mon objectif dans la vie ? Il alluma la frontale de son casque et commença à lire une bible qu'il avait prise sur l'un des cadavres. Plus de neuf mois s'écoulèrent avant que les secouristes n'arrivent… ; ils ne sortirent de là que le robot. À l'extérieur, voici ce qui arriva : tout le monde lui lançait des regards haineux. Sans crier gare, un superviseur apostropha le robot : « Hé, toi, là… retourne au boulot ! » Le robot resta planté devant un superviseur tout surpris, les robots exécutant en effet sur-le-champ les ordres qu'on leur donnait... ; or, celui-ci était manifestement différent. Sauf que le robot avait compris la différence entre les robots et les humains... l'âme. Selon les Saintes Écritures, chaque être humain a une âme unique, qui va au ciel ou en enfer en quittant son enveloppe charnelle. — Tu m'entends, espèce de crétin de robot ! — Roservind s'étonnait : comment est-il possible que je parvienne à penser librement, sans obéir aux complexes lignes de programmation ? Comment faut-il que je m'y prenne pour avoir une âme ? Et sans en être conscient, le robot avait désormais un objectif… un rêve. le coup d'envoi grâce auquel il serait à même d'entamer sa longue quête… ; deux mots : — Je démissionne ! Et à ce moment-là, oui, Roservind était né.
Traduit de l'espagnol (Pérou) par Irène Descamps, Elena Geneau, Justine Ladaïque
6 commentaires:
la traduction est belle. sauf une phrase qui est très lourde: "Outre divers travaux, telles étaient ses principales activités : agent d’entretien, médecin, comptabiliseur et poseur de dynamite."
je propose: "Outre divers travaux, ses pricipales activités étaient: agent d'entretien, médecin, comptabiliseur et poseur de dynamite.3
qu'en pensez-vous ?
amicalement
irene
L'autre Irène de Tradabordo, c'est ça ? Personnellement, je suis tout à fait d'accord avec cette proposition. Rien à ajouter. Voyons à présent ce qu'en pensent nos trois traductrices en herbe. Irène – l'autre –, Elena, Justine ?
Nous commencerons bientôt la traduction d'une autre histoire de SF (a priori chilien – nous en parlerons dans quelques jours… car pour l'heure, il faut rester concentrées pour ne pas bâcler les relectures du « Rêve du robot » – il ne le mérite certes pas) ; cela vous tente-t-il de vous joindre à nous ? Je pense que nous pouvons manœuvrer tout cela à 4 ou 5 participants sans trop de difficultés – au-delà, ce serait ingérable pour moi… et peu agréable pour tout le monde. Donc, il reste deux places à prendre, dont celle que je vous propose. Partante ? Ou alors, si cela vous semble représenter trop de travail, vous pouvez garder votre siège de spectatrice attentive et avisée… À vous de voir.
Merci, quoi qu'il en soit.
Pour ma part, j'en suis, avec grand plaisir!
Ok Justine.
Pour l'instant, je te demandais ton avis sur la proposition de modification d'Irène ;-)
Pour ce qui est de la proposition d'Irène, je l'approuve.
Oui, je pense que la traduction proposée par Irène 2 est bonne.
Enregistrer un commentaire