jeudi 1 janvier 2009

Les vœux de Jacqueline

En photo : Attention la corde! par Mister_K

(À propos de la photo.
Quand j'ai demandé à Jacqueline quel genre d'illustration elle voulait pour son message, voici ce qu'elle m'a répondu :
« Si je devais illustrer mes vœux, je choisirais une montagne mais avec son sommet, peut-être quelqu'un qui l'escalade parce que je crois que le master demande un effort sur la durée mais que le sommet en vaut la peine, plus généralement parce que je crois que la vie est parfois une rude montée mais que n'étant pas comme Sisyphe condamnés, nous devons bien pouvoir parvenir à rouler notre rocher jusqu'au sommet, c'est en tout cas ce que je nous souhaite. A bientôt, Jacqueline »
Je fais donc une interprétation personnelle de cette demande !)


ALA EHO-NALA VED YATO HO HUL,


Tel est le vœu que je formule pour chacun et chacune d’entre nous et pour la promo dans son ensemble car ce souhait peut s’appliquer à chacun comme à tous ; j’ai été suffisamment sibylline et je vous donne la traduction :

MONTER AU SOMMET DE LA MONTAGNE ET VOIR BEAUCOUP D’ÉTOILES

Bien sûr vous pensez qu’à l’occasion des fêtes, j’ai abusé de la dive bouteille et que j’invente un langage borborygme… eh bien non, je ne suis pas l’auteur de cette langue inconnue. Inconnue ? Cela ne vous rappelle vraiment rien ? Mais si, dans la forêt, la dernière fois que vous êtes allés à la cueillette aux champignons… J’éclaire votre lanterne, par cet article du traducteur Frédéric FORTE, car tout, bien sûr, nous ramène à la traduction :

« Sollicité pour animer un atelier d’écriture auprès de traducteurs professionnels lors de ces Assises 2007, j’ai souhaité les faire réfléchir à une problématique qui ne soit pas complètement éloignée de leur métier. C’est pourquoi j’ai décidé de travailler avec – eux et c’était aussi une première pour moi – sur la traduction de haïkus japonais (dans leur version française) en langue grand-singe.
Le grand-singe, ou great ape , a été inventé et développé par Edgar Rice Burroughs, le « père » de Tarzan, pour faire parler dans ses livres les grands singes, sauveurs et famille d’accueil de Lord Greystoke. Le corpus de cette langue ne dépasse pas les trois cents mots, des mots « simples qui décrivent les actions de base de ces primates évolués imaginés par Burroughs et leur environnement supposé.
Jacques Jouet, écrivain et membre de l’Oulipo, a découvert il y a quelques années ce langage primitif dans une présentation de l’ouvre de Burroughs par Francis Lacassin et a décidé de l’exploiter de manière poétique. Il n’était alors pas question de traduction mais d’écrire « directement » dans la langue (traduite bien sûr ensuite en français pour faciliter la compréhension).
J’ai choisi à mon tour de l’utiliser mais en partant cette fois-ci d’une langue « classique », riche en vocabulaire, ce qui pose bien évidemment un problème délicat lorsqu’il s’agit de la traduire dans la langue « pauvre » qu’est le grand-singe.
Comment en effet dire dans une langue un objet, un concept qu’elle ne connaît pas ? Le traducteur se trouve très souvent confronté à ce dilemme, sans toutefois le rencontrer de manière aussi radicale que lors de cet atelier.
Il m’a semblé que l’expérimentation de cet exercice sur des textes courts, « économes », tels que les haïkus, permettrait une efficacité plus grande et rendrait de façon encore plus frappante la variété des « stratégies de traduction » utilisées par les participants.
C’est du moins ce que j’espérais. Et la diversité des résultats m’a donné raison. Le mot « pont » n’existe pas en grand-singe ? Eh bien certains ont construit un « arbre couché sur l’eau », d’autres un « chemin de pierres sur la rivière » ou ont « marché sur l’eau », ont tendu «un « grand arc » …
Une inventivité que n’auraient pas reniée les grands-singes eux-mêmes ! »

Naturellement je tiens à votre disposition l’intégralité de ce dictionnaire français-grand-singe/grand-singe-français ; il peut permettre des exercices amusants et il donne à réfléchir : il est possible, avec peu, de faire beaucoup, comme les haïkus…

Je renouvelle tous mes vœux franco-français à Caroline, à vous, mes frère et sœurs en traduction, aux enseignants qui nous lisent et à tous les « extérieurs » qui nous découvrent, nous lisent… et nous apprécient. A toutes et à tous, bonne et heureuse année 2009 !
JACQUELINE

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