En ce temps de soldes où les gens se ruent dans les sanctuaires de la consommation (galeries marchandes et autres lieux de débauche des porte-monnaie qui se mettent à nue alors même que le mot crise n’a pas fini de résonner dans nos esprits), il est un produit également soumis à la dure loi du marché alors que d’aucuns pensent que tel ne devrait pas être son sort : le livre ! Je vous soumets cet article de Carme Riera que j’ai trouvé en fouillant non pas les étals des supermarchés, mais les journaux, à la recherche d’une version pour mes étudiants ! Je pense que vous partagerez le cynisme de Carme Riera qui fustige le monde éditorial vorace en best-sellers dont la durée de vie est parfois plus courte qu’une bouteille de lait !
Todo eso ocurre, dicen, por imperativos del Mercado, porque es imprescindible seguir produciendo para que las novedades editoriales se sucedan imparables, aunque apenas nadie se entere y, en concecuencia, tampoco puedan ser leídas.
Et après votre lecture, je vous propose deux exercices :
→Non pas en faire une version, mais une traduction !!! (original, non ?!)
→Répondre à ce sondage :
La traduction d’un roman :
*est aussi un produit de consommation avec date de péremption limitée
*permet de prolonger la durée de vie d’un roman
*permet de ressusciter des romans restés trop longtemps dans l’oubli
*dépend de contraintes éditoriales qui dénaturent la noblesse de l’entreprise
[Si plusieurs réponses vous semblent bonnes, c’est peut-être que les intérêts des traducteurs passionnés et ceux des éditeurs qui les publient ne coïncident pas toujours… malheureusement, heureusement… ? : à vous de prendre position !]
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Con la fecha de caducidad incorporada
Tratar de publicar una primera novela que no se avenga a la moda de los best sellers, por muy buena que sea, no parece fácil e incluso, cuando se da la circunstancia, el encuentro entre ésta y su posible público resulta cada vez más arduo y azarozo. El tiempo para coincidir escasea. Los libros nacen con la fecha de caducidad incorporada, aunque el dato no conste debajo de lo que suele cubrirlos, ni junto al código de barras. Una fecha de caducidad que va de los quince a los veinte días, los de su permanencia en librerías. Una duración algo mayor que la de las salchicas o el pollo envasado sin congelar que ofrecen los supermercados, parecida a la del pan de molde e infinitamente menor que la de cualquier yogur. Después de ese breve periodo, los ejemplares no vendidos se devuelven a las editoriales, de cuyos almacenes saldrán de nuevo para ser saldados o, peor, para ir a parar a un departamento mortuorio, aunque quizás sería mejor llamarle matadero, donde suelen ser guillotinados y, eso sí, posteriormente reciclados –es un consuelo- para que la cadena no se interrumpa y ese papel sirva de nuevo para dar cobijo a otras palabras.Todo eso ocurre, dicen, por imperativos del Mercado, porque es imprescindible seguir produciendo para que las novedades editoriales se sucedan imparables, aunque apenas nadie se entere y, en concecuencia, tampoco puedan ser leídas.
Carme Riera, El País, 9 de septiembre de 2007
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La traduction du texte de Carme Riera par Laure G. :
Date de péremption incorporée
Essayer de publier un premier roman qui ne suive pas la mode des best-sellers, aussi bon soit-il, ne semble pas facile ; voire même, lorsque la circonstance s’y prête, la rencontre entre celui-ci et son public éventuel s’avère de plus en plus ardue et hasardeuse. Ils manquent de temps pour se rencontrer. Les livres naissent estampillés d’une date de péremption, même si cette information ne figure pas sous ce qui sert de couverture ni à côté du code-barres. Une date de péremption qui va de quinze à vingt jours, le temps de leur exposition en librairies. Une durée quelque peu supérieure à celle des saucisses ou du poulet frais sous vide que proposent les supermarchés, semblable à celle du pain de mie et infiniment moindre que celle d’un quelconque yaourt. Après cette courte période, les exemplaires invendus sont renvoyés aux maisons d’édition, et ils ne ressortiront de leurs entrepôts que pour être soldés, ou pire encore, pour échouer dans un service mortuaire, quoiqu’il serait peut-être plus adéquat de l’appeler abattoir, là où, généralement, ils sont guillotinés et, certes, recyclés par la suite –c’est une consolation- afin de ne pas interrompre la chaîne et de réutiliser ce papier pour qu’il abrite d’autres mots.
Tout cela se produit, dit-on, en raison des impératifs du marché, parce qu’il est indispensable de continuer à produire pour que les nouveautés des maisons d’édition se succèdent sans relâche, même si quasiment personne n’est au courant et que partant, elles ne peuvent pas davantage être lues.
Date de péremption incorporée
Essayer de publier un premier roman qui ne suive pas la mode des best-sellers, aussi bon soit-il, ne semble pas facile ; voire même, lorsque la circonstance s’y prête, la rencontre entre celui-ci et son public éventuel s’avère de plus en plus ardue et hasardeuse. Ils manquent de temps pour se rencontrer. Les livres naissent estampillés d’une date de péremption, même si cette information ne figure pas sous ce qui sert de couverture ni à côté du code-barres. Une date de péremption qui va de quinze à vingt jours, le temps de leur exposition en librairies. Une durée quelque peu supérieure à celle des saucisses ou du poulet frais sous vide que proposent les supermarchés, semblable à celle du pain de mie et infiniment moindre que celle d’un quelconque yaourt. Après cette courte période, les exemplaires invendus sont renvoyés aux maisons d’édition, et ils ne ressortiront de leurs entrepôts que pour être soldés, ou pire encore, pour échouer dans un service mortuaire, quoiqu’il serait peut-être plus adéquat de l’appeler abattoir, là où, généralement, ils sont guillotinés et, certes, recyclés par la suite –c’est une consolation- afin de ne pas interrompre la chaîne et de réutiliser ce papier pour qu’il abrite d’autres mots.
Tout cela se produit, dit-on, en raison des impératifs du marché, parce qu’il est indispensable de continuer à produire pour que les nouveautés des maisons d’édition se succèdent sans relâche, même si quasiment personne n’est au courant et que partant, elles ne peuvent pas davantage être lues.
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Et après votre lecture, je vous propose deux exercices :
→Non pas en faire une version, mais une traduction !!! (original, non ?!)
→Répondre à ce sondage :
La traduction d’un roman :
*est aussi un produit de consommation avec date de péremption limitée
*permet de prolonger la durée de vie d’un roman
*permet de ressusciter des romans restés trop longtemps dans l’oubli
*dépend de contraintes éditoriales qui dénaturent la noblesse de l’entreprise
[Si plusieurs réponses vous semblent bonnes, c’est peut-être que les intérêts des traducteurs passionnés et ceux des éditeurs qui les publient ne coïncident pas toujours… malheureusement, heureusement… ? : à vous de prendre position !]
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