L’objectif de cet atelier est de nous apprendre à rédiger une nouvelle d’une dizaine de pages. Stéphanie Benson méthodiquement et calmement nous amène là où elle veut nous conduire, via des consignes à respecter qu’elle nous donne en début de séance. Chemin faisant, nous réfléchissons ensemble à la problématique de l’écriture – quel est l’enjeu de la nouvelle ? Quel est le sentiment qu’on veut laisser au lecteur ? –, à une méthode d’écriture : Stéphanie Benson ne croit pas à l’inspiration mais essentiellement au travail à partir d’une ou deux idées et le fait est que fort de ses conseils, chacun a pu élaborer en séance une conclusion qui tenait à peu près la route. La semaine dernière nous avions écrit en cours l’introduction de la nouvelle ; aujourd’hui nous sommes passés directement à la conclusion ; tout simplement pour ne pas « laisser les mots juste partir », pour apprendre à nous canaliser et à resserrer notre attention sur l’essentiel du récit.
Les consignes étaient les suivantes : à partir de la situation de départ, se demander : que veut-on laisser dans la tête du lecteur à la fin de la nouvelle ? Que veut-on lui dire par rapport à notre thématique ? D’après l’introduction, on attend une conclusion logique ; on va aller au-delà. Dans la conclusion, on doit trouver un portrait du personnage principal, on peut utiliser métaphores, métonymies, comparaisons –introduire l’idée d’un animal représentant le héros ou l’héroïne – on peut avoir une description du lieu où se trouve le personnage principal. Faire évoluer notre réflexion vers un conte philosophique : qu’a-t-on appris de cette nouvelle, du point de vue du personnage ou du point de vue du narrateur ? Travailler à partir d’un dicton en le décortiquant mot par mot ex : « aide toi, le ciel t’aidera, sauf que pour s’aider il faut déjà vouloir s’en sortir, accepter l’idée d’un ailleurs possible ; un ailleurs de ciel, paradis, endroit parfait sans guerre ni souffrance. Ce n’était pas pour aujourd’hui », propose Stéphanie Benson en fonction de sa propre thématique. Vient enfin la dernière phrase qui clôture la nouvelle.
Un exemple parmi d’autres mais le seul que je puisse retranscrire en entier dans ce compte rendu, le mien :
Situation de départ :
L’homme marchait péniblement sous la chaleur maintenant accablante. Autour de lui s’étendait un horizon sans fin, ocre, dans un midi éblouissant de soleil ; ses pieds s’enfonçaient dans le sable brûlant, lui occasionnant des souffrances qu’il avait de plus en plus de mal à endurer. Mais pourquoi donc ai-je voulu faire cette virée au Sahara ? Le destin sans doute. Il entendait encore la voix de Sophie qui lui disait hier dans un souffle angoissé : es-tu sûr, Paul, de vouloir partir, j’ai comme un pressentiment… Il avait ri. Le destin sans doute. Hier il était un jeune ingénieur plein d’avenir, aujourd’hui un naufragé dans l’angoisse, et demain ? mais y aurait-il un lendemain ?
Conclusion :
Paul fit un pas de plus, le dernier se dit-il ; il était à bout de force. Son coûteux sweat Lacoste était en lambeaux ; le bleu outre-mer qu’il avait choisi avec tant de soin, s’était transformé en un bleu pisseux, brûlé. Et lui, avait-il changé ? Il pensa qu’au fur et à mesure que ses vêtements se déchiraient, son armure intime se craquelait, il trouva le courage de sourire car cette comparaison lui faisait du bien. En même temps, il songea que découvrir ce sentiment alors qu’il allait mourir était dérisoire et stupide. C’est alors qu’il entendit un bruit léger d’abord, puis qui s’amplifia ; c’était mais oui, c’était un hélicoptère qui survolait la dune qu’il avait péniblement gravie pour scruter l’horizon. Un hélicoptère, cela signifiait la vie et un immense soulagement l’envahit suivi aussitôt d’un accablement sans fin car cela voulait dire aussi le retour à la civilisation, à la course à l’argent, auprès de Sophie et de sa famille, de ses amis. Comment supporter cela désormais ? Il plissa ses yeux bleus dans un sourire craquant, celui qui avait tant fait rêver les filles, car au loin il apercevait des cavaliers galopant à bride abattue ; ils agitaient des fusils et au fur et à mesure qu’ils approchaient, Paul découvrait qu’il s’agissait… de pirates. Allons, l’aventure n’était pas terminée. Nul n’échappe à son destin, ne put-il s’empêcher de prononcer à voix basse… un vieux réflexe d’ingénieur, tout doit être mis en formules, chacun dans sa case. Destin… libre-arbitre. Peut-on s’échapper ?… Est-on libre ? Nul … il serait celui-là. Déjà à l’école, on disait qu’il était un vrai caméléon ; il s’adapterait, sortirait de ce mauvais pas. Puisqu’il s’était vaincu lui-même, le monde ne lui paraissait plus hostile. « Après tout, demain, le soleil luira encore », dirait Sophie. Autant en emporte le sirocco.
Bon la semaine prochaine, nous devons remplir les trous et procéder au développement ; je vous laisse imaginer celui-ci ; quant à moi, je le laisse mûrir tranquillement.
Les consignes étaient les suivantes : à partir de la situation de départ, se demander : que veut-on laisser dans la tête du lecteur à la fin de la nouvelle ? Que veut-on lui dire par rapport à notre thématique ? D’après l’introduction, on attend une conclusion logique ; on va aller au-delà. Dans la conclusion, on doit trouver un portrait du personnage principal, on peut utiliser métaphores, métonymies, comparaisons –introduire l’idée d’un animal représentant le héros ou l’héroïne – on peut avoir une description du lieu où se trouve le personnage principal. Faire évoluer notre réflexion vers un conte philosophique : qu’a-t-on appris de cette nouvelle, du point de vue du personnage ou du point de vue du narrateur ? Travailler à partir d’un dicton en le décortiquant mot par mot ex : « aide toi, le ciel t’aidera, sauf que pour s’aider il faut déjà vouloir s’en sortir, accepter l’idée d’un ailleurs possible ; un ailleurs de ciel, paradis, endroit parfait sans guerre ni souffrance. Ce n’était pas pour aujourd’hui », propose Stéphanie Benson en fonction de sa propre thématique. Vient enfin la dernière phrase qui clôture la nouvelle.
Un exemple parmi d’autres mais le seul que je puisse retranscrire en entier dans ce compte rendu, le mien :
Situation de départ :
L’homme marchait péniblement sous la chaleur maintenant accablante. Autour de lui s’étendait un horizon sans fin, ocre, dans un midi éblouissant de soleil ; ses pieds s’enfonçaient dans le sable brûlant, lui occasionnant des souffrances qu’il avait de plus en plus de mal à endurer. Mais pourquoi donc ai-je voulu faire cette virée au Sahara ? Le destin sans doute. Il entendait encore la voix de Sophie qui lui disait hier dans un souffle angoissé : es-tu sûr, Paul, de vouloir partir, j’ai comme un pressentiment… Il avait ri. Le destin sans doute. Hier il était un jeune ingénieur plein d’avenir, aujourd’hui un naufragé dans l’angoisse, et demain ? mais y aurait-il un lendemain ?
Conclusion :
Paul fit un pas de plus, le dernier se dit-il ; il était à bout de force. Son coûteux sweat Lacoste était en lambeaux ; le bleu outre-mer qu’il avait choisi avec tant de soin, s’était transformé en un bleu pisseux, brûlé. Et lui, avait-il changé ? Il pensa qu’au fur et à mesure que ses vêtements se déchiraient, son armure intime se craquelait, il trouva le courage de sourire car cette comparaison lui faisait du bien. En même temps, il songea que découvrir ce sentiment alors qu’il allait mourir était dérisoire et stupide. C’est alors qu’il entendit un bruit léger d’abord, puis qui s’amplifia ; c’était mais oui, c’était un hélicoptère qui survolait la dune qu’il avait péniblement gravie pour scruter l’horizon. Un hélicoptère, cela signifiait la vie et un immense soulagement l’envahit suivi aussitôt d’un accablement sans fin car cela voulait dire aussi le retour à la civilisation, à la course à l’argent, auprès de Sophie et de sa famille, de ses amis. Comment supporter cela désormais ? Il plissa ses yeux bleus dans un sourire craquant, celui qui avait tant fait rêver les filles, car au loin il apercevait des cavaliers galopant à bride abattue ; ils agitaient des fusils et au fur et à mesure qu’ils approchaient, Paul découvrait qu’il s’agissait… de pirates. Allons, l’aventure n’était pas terminée. Nul n’échappe à son destin, ne put-il s’empêcher de prononcer à voix basse… un vieux réflexe d’ingénieur, tout doit être mis en formules, chacun dans sa case. Destin… libre-arbitre. Peut-on s’échapper ?… Est-on libre ? Nul … il serait celui-là. Déjà à l’école, on disait qu’il était un vrai caméléon ; il s’adapterait, sortirait de ce mauvais pas. Puisqu’il s’était vaincu lui-même, le monde ne lui paraissait plus hostile. « Après tout, demain, le soleil luira encore », dirait Sophie. Autant en emporte le sirocco.
Bon la semaine prochaine, nous devons remplir les trous et procéder au développement ; je vous laisse imaginer celui-ci ; quant à moi, je le laisse mûrir tranquillement.
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