Compte rendu : Laure G.
Le support du cours est le texte Nochebuena, tiré de Ecue Yamba-O, roman de jeunesse du cubain Alejo Carpentier, dans lequel il expérimente deux facettes de son écriture : l’innovation formelle et avant-gardiste ainsi que le réalisme local, le « costumbrismo cubano ». La traduction publiée que nous avons confrontée à nos traductions d’apprentis est celle de René Durant, Ekoué Yamba O.
L’enjeu du cours est double : d’une part, définir ce qu’on entend par « référence culturelle » dans un texte source donné qu’on aurait à traduire ; d’autre part, savoir comment rendre compte de cette référence culturelle dans notre traduction.
Une référence culturelle peut être de diverses natures : un substantif qui fait référence à une particularité de la culture d’origine (« el chino de la charada », « la marimbula », « el jipi », « jugar a la lunita »), un nom propre (« Maceo »), une dimension implicite (la religiosité cubaine présente un peu partout dans le texte, mélange de catholicisme, de spiritualisme hérité des religions des descendants d’esclaves africains, des sociétés secrètes d’entre-aide).
Plusieurs cas de figure de traduction se présentent :
-soit on traduit en français sans note lorsque la référence est évidente pour le lecteur français :
ex : el Crucificado : Le Crucifié (on comprend qu’il s’agit de Jésus Christ)
-soit on opte pour laisser le terme en espagnol, en italique ou non, mais chaque terme sera éclairé dans un glossaire final ; la démarche même de Carpentier nous y invite puisque déjà dans l’original, Carpentier avait élaboré un glossaire pour expliquer certains aspects ou termes, que nous pouvons donc également étoffer, en prenant soin de signaler les extraits du glossaire d’origine de Carpentier. La lecture n’est pas entravée mais si le lecteur veut mieux comprendre, il pourra trouver les éclairages nécessaires à la fin du livre :
ex : la gente del solar : les gens du solar* (cf glossaire : le solar est le type d’habitation populaire commune à plusieurs familles, héritée des grandes maisons bourgeoises abandonnées et investies par les petites gens, avec souvent une cour intérieure) ; l’Enellegüelle : l’Enellegüelle* (cf glossaire : nom d’une société secrète d’entre-aide où l’on pratique la sorcellerie, type de « religion » pratiquée à Cuba)
-soit on traduit mais on renvoie aussi au glossaire pour éclairer la référence : el chino de la charada : le chinois de la charade* (glossaire : à Cuba, l’immigration chinoise était très présente. Une sorte de jeu de loterie consistant à déchiffrer des textes était souvent tenu par les chinois)
-soit on adapte (l’adaptation est une vraie question de traduction, qu’il faut savoir utiliser à bon escient et de façon heureuse, tâche assez rude), c’est-à-dire qu’on choisit d’avoir recours à un tout autre mot, qui nous fait perdre de vue la culture d’origine mais qui est censé faciliter la compréhension du lecteur (l’enjeu de l’adaptation renvoie donc à la question fondamentale de la traduction faite en pensant au lecteur ou à l’auteur et la culture d’origine). Dans le texte traduit par René Durant, les deux cas de figure se présentent : « Maceo » a été traduit par Lincoln (!!! Cela vous semble-t-il heureux... ? Nous n’étions pas forcément d’accord avec ce choix de traduction en cours ! Lincoln nous donne effectivement l’image du libertaire, mais Maceo aurait permis au lecteur de connaître un personnage fort de l’indépendance cubaine...pourquoi ne pas laisser Maceo et, à la limite, mettre une note en bas de page ou éclairer ce terme dans le glossaire... ?) ; « jugar a la lunita » a été traduit par « faire la ronde » (plus heureux ! car l’idée de la lune n’apporte rien au sens espagnol ni français, et comme le jeu consiste à faire une espèce de ronde, la traduction française « faire la ronde » s’impose).
Conclusion : adapter ou ne pas adapter ? Comme toujours en traduction, il faut choisir après mûre réflexion. De fait, dans une même page de traduction, nous avons eu recours à toutes ces solutions, donc priorité à l’adaptation à bon escient, et non à un souci trop réducteur d’homogénéisation.
Adapter ou ne pas adapter ?
Le support du cours est le texte Nochebuena, tiré de Ecue Yamba-O, roman de jeunesse du cubain Alejo Carpentier, dans lequel il expérimente deux facettes de son écriture : l’innovation formelle et avant-gardiste ainsi que le réalisme local, le « costumbrismo cubano ». La traduction publiée que nous avons confrontée à nos traductions d’apprentis est celle de René Durant, Ekoué Yamba O.
L’enjeu du cours est double : d’une part, définir ce qu’on entend par « référence culturelle » dans un texte source donné qu’on aurait à traduire ; d’autre part, savoir comment rendre compte de cette référence culturelle dans notre traduction.
Une référence culturelle peut être de diverses natures : un substantif qui fait référence à une particularité de la culture d’origine (« el chino de la charada », « la marimbula », « el jipi », « jugar a la lunita »), un nom propre (« Maceo »), une dimension implicite (la religiosité cubaine présente un peu partout dans le texte, mélange de catholicisme, de spiritualisme hérité des religions des descendants d’esclaves africains, des sociétés secrètes d’entre-aide).
Plusieurs cas de figure de traduction se présentent :
-soit on traduit en français sans note lorsque la référence est évidente pour le lecteur français :
ex : el Crucificado : Le Crucifié (on comprend qu’il s’agit de Jésus Christ)
-soit on opte pour laisser le terme en espagnol, en italique ou non, mais chaque terme sera éclairé dans un glossaire final ; la démarche même de Carpentier nous y invite puisque déjà dans l’original, Carpentier avait élaboré un glossaire pour expliquer certains aspects ou termes, que nous pouvons donc également étoffer, en prenant soin de signaler les extraits du glossaire d’origine de Carpentier. La lecture n’est pas entravée mais si le lecteur veut mieux comprendre, il pourra trouver les éclairages nécessaires à la fin du livre :
ex : la gente del solar : les gens du solar* (cf glossaire : le solar est le type d’habitation populaire commune à plusieurs familles, héritée des grandes maisons bourgeoises abandonnées et investies par les petites gens, avec souvent une cour intérieure) ; l’Enellegüelle : l’Enellegüelle* (cf glossaire : nom d’une société secrète d’entre-aide où l’on pratique la sorcellerie, type de « religion » pratiquée à Cuba)
-soit on traduit mais on renvoie aussi au glossaire pour éclairer la référence : el chino de la charada : le chinois de la charade* (glossaire : à Cuba, l’immigration chinoise était très présente. Une sorte de jeu de loterie consistant à déchiffrer des textes était souvent tenu par les chinois)
-soit on adapte (l’adaptation est une vraie question de traduction, qu’il faut savoir utiliser à bon escient et de façon heureuse, tâche assez rude), c’est-à-dire qu’on choisit d’avoir recours à un tout autre mot, qui nous fait perdre de vue la culture d’origine mais qui est censé faciliter la compréhension du lecteur (l’enjeu de l’adaptation renvoie donc à la question fondamentale de la traduction faite en pensant au lecteur ou à l’auteur et la culture d’origine). Dans le texte traduit par René Durant, les deux cas de figure se présentent : « Maceo » a été traduit par Lincoln (!!! Cela vous semble-t-il heureux... ? Nous n’étions pas forcément d’accord avec ce choix de traduction en cours ! Lincoln nous donne effectivement l’image du libertaire, mais Maceo aurait permis au lecteur de connaître un personnage fort de l’indépendance cubaine...pourquoi ne pas laisser Maceo et, à la limite, mettre une note en bas de page ou éclairer ce terme dans le glossaire... ?) ; « jugar a la lunita » a été traduit par « faire la ronde » (plus heureux ! car l’idée de la lune n’apporte rien au sens espagnol ni français, et comme le jeu consiste à faire une espèce de ronde, la traduction française « faire la ronde » s’impose).
Conclusion : adapter ou ne pas adapter ? Comme toujours en traduction, il faut choisir après mûre réflexion. De fait, dans une même page de traduction, nous avons eu recours à toutes ces solutions, donc priorité à l’adaptation à bon escient, et non à un souci trop réducteur d’homogénéisation.
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