Voici quelques extraits de la série San Antonio de Frédéric Dard (il s'agit en l'occurrence de la quatrième de couverture – je me suis dit que cela pourrait vous inspirer pour la rédaction de la vôtre). Choisissez ceux qui vous plaisent le plus et envoyez-moi vos traductions. L'idéal serait que vous vous partagiez le travail.
Extrait 1 :
Les souris ont la peau tendre
« Un patron de bistrot portant, dans son arrière-salle, une épée à la taille, surtout au XXe siècle, c'est assez extraordinaire. Mais franchement où ça se corse (chef-lieu Bastia – histoire de fomenter une petite guerre civile), où ça se corse, disais-je, c'est quand l'épée n'est pas à la taille du type, mais à travers la taille... Je tiens aussi à vous préciser que cette découverte n'est pas faite pour me réjouir, vu que l'épinglé était mon seul contact dans ce foutu bled... Pour lui, le contact a été plutôt rude, et pour moi, il risque de l'être aussi, je le crains, car j'entends déjà mugir, au loin, une sirène de police... »
Proposition de Jacqueline, avec ce commentaire (pour expliquer la forme de sa traduction) : « en le traduisant, la musique de ce passage s'est imposée à moi »
Las chavalas son sensibles
« Un dueño de bar
Llevando en su trastienda
Una espada en la cintura,
Especialmente en el siglo veinte
Es algo bastante extraño.
Pero a decir verdad
Lo que lo complica todo
Como si estuviéramos en Bastia,
Provincia de Córcega- esto dicho
como para fomentar
Una rebeldía de las primeras,
Lo que lo complica todo
Decía yo, es cuando
La dicha espada
No está en la cintura
sino por la cintura
Del tío…
Y quiero precisarle
Que ese descubrimiento
No deja de disgustarme
Dado que el pegado
Era mi único contacto
En ese pueblucho
De mala muerte…
Para él el contacto
Fue un tanto brutal
Y para mí creo que amenaza
Con serlo igual
Pues a lo lejos oigo
la sirena de un coche celular
Bramando. »
***
Extrait 2 :
Du plomb dans les tripes
Quand j'étais môme et que ma bonne vieille Félicie m'emmenait en vacances à la montagne, dans le Jura, j'adorais fureter du côté de la scierie. J'ai toujours aimé l'odeur du bois fraîchement coupé et le grincement plaintif des scies mécaniques mordant le sapin... Non, ne croyez pas que je cherche à vous pondre de la Haute Littérature, ni que le bucolique (néphrétique) soit à l'ordre du jour, car je vous jure que cette passion de mon enfance, je l'ai perdue... A tout jamais... Car présentement, je me trouve lié sur une de ces scies qui faisaient mon admiration... Et c'est moi qui fais le rondin. La lame se trouve très exactement à 1 mm de mon buste et je ne dispose plus que d'un centième de seconde pour agir... C'est ce qui s'appelle avoir du pain sur la planche.
Olivier nous propose sa traduction :
A plomo entrañable
Cuando era un puto crío y que la buena de la Feli me llevaba de vacaciones al monte, en el Jura, me encantaba fisgonear por los alrededores de la serrería. Siempre me gustó el olor a leña recién cortada y el llanto chirriante de las sierras mecánicas pegando al pino un mordisco… No, tranquilo que no me voy a parir ahora Gran Literatura, o que lo bucólico (nefrítico) se haya puesto de moda otra vez, porque les puedo asegurar que aquella pasión de mi niñez ya la perdí… Para siempre jamás… Pues ahorita me encuentro atado sobre una de aquellas sierras que antaño tanto admiraba… Y el tronco, soy yo. La hoja se encuentra exactamente a un milímetro de mi pecho y dispongo sólo de una centésima de segundo para inventarme algo… Así que no hay vuelta de hoja: ¡muévete, tronco!
***
Extrait 3 :
Des clientes pour la morgue
Si je voulais l'envoyer rejoindre Crâne pelé dans la baille, je n'aurais qu'une bourrade à lui administrer. Mais je ne tiens pas à procéder ainsi car ce faisant je perdrais le plus important témoin de mon affaire.
Et comme ce témoin est par la même occasion le principal inculpé, vous comprendrez sans qu'on vous l'écrive au néon dans la cervelle que je sois enclin à ne pas me séparer de lui. Un inculpé de cette catégorie, je l'aurai payé le prix !
Olivier nous propose sa traduction :
Clientas para la morgue
Si quisiera echarlo al agua para que haga compañía al Pelao, me sobraría con un empujoncito de nada. Pero no sería lo idóneo ya que perdería así al testigo más importante del caso que llevo.
Y como resulta que el testigo aquel es a la vez el principal inculpado, podréis entender de sobra y sin que se lo imprima con hierro candente en la sesera, que tenga yo una cierta propensión a buscar su compañía. Un inculpado con esa categoría, !un huevo y la mitad del otro me habrá costado!
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Extrait 4 :Sauce tomate sur canapé
Ça commence comme ça: t'as un gars qui fait du patin à roulettes dans Paris. Il arrive devant une terrasse de brasserie, s'arrête et flingue un consommateur. N'après quoi, il file comme un dard.
Le consommateur avait un sac bourré d'osier à ses pieds. Mais personne ne s'en préoccupe. Tu trouves pas ça blizzard, toi ?
Si, hein ? Ben alors, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Lis ce book ! A moins que tu sois maso et rêves de mourir idiot !
Olivier nous propose sa traduction :
Sofá y sofrito
Así empieza todo: un pavo haciendo rollers en París. Llega a la terraza de una cervecería, se para y pega un tiro a un cliente. Después de eso se pira, colega. El cliente llevaba al lado una bolsa a reventar de guita. Pero a nadie le importa un carajo. ¿Te extraña? ¡A que sí! ¡No me extraña! Pues, ¿a qué esperas tronco? A no ser un masoquista soñando con morir idiota, ¡léete este book!
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Extrait 5 :Les huitres me font bâiller
Des années que j'avais pas revu ce crevard d'Ambroise. Un flic qui avait mis un pied dans le Milieu et l'autre dans la gadoue. A l'époque, Béru, son beauf par mésalliance, lui avait flanqué la rouste du siècle. Et puis, voilà que ce tordu réapparaît, toujours en pleine béchamel, avec un cadavre sur le toit de sa bicoque.
On essaie de lui sauver la mise, Berthe et moi, mais quand t'as pas le fion bordé de nouilles, t'as intérêt à te retirer dans une lamasserie du Tibet. Moi je dis: y a des mecs, leur papa aurait mieux fait d'éternuer dans son mouchoir !
Olivier nous propose sa traduction :
Las ostras también me aburren
Un montón de años que no había visto a este mierdecilla de Ambroise. Un madero que estaba con un pie en el hampa y otro pisando el fango, cuando Béru, su cuñado porque sì, le había pegado la paliza del siglo. Y mira por donde, reaparece el tarado ese, metido como siempre en un lío de narices, con un fiambre en el techo de su choza.
Claro que la Berthe y yo intentamos salvarle el culo, pero cuando no se tiene una potra de cojones, más vale ponerse el pellejo a salvo con los lamas tibetanos. Te digo una cosa: ¡hay algunos que mejor que su papá hubiese estornudado en un pañuelo!
***
Extrait 6 :
Le pétomane ne répond plus
Tu y crois, à la sorcellerie, toi ? Par exemple je t'affirmerais qu'une horde de loups hurlent dans la banlieue parisienne les nuits de pleine lune, tu penserais que je suis givré, non ? Que j'ai la dure-mère trop fibreuse ? Et pourtant je sais un gonzier qui s'est fait claper tout cru dans son plumard, une noye de pleine moon. P't'être que la lune était aussi bourrée que lui, pour la circonstance ? En tout cas, t'aurais même pas pu faire des hamburgers avec ce qui restait de lui !
Moi dans cette histoire de cornediable, j'ai bien failli y laisser mes os, ainsi que la bidoche qui est autour. Tu sais notre vie est fragile, quand on y pense.
Olivier nous propose sa traduction :
El pedorro está missing
Tú, lo de la brujería, ¿cómo te lo comes? Por ejemplo, si te dijera yo todo serio que una manada de lobos aúllan en las afueras de París las noches de luna llena, me mandarías a freír espárragos por chalao, ¿a que sí? ¿Que tengo el bulbo raquídeo como migas de pan de doce días? Puede ser. Pero sé yo de un pavo que se lo zamparon crudo en su piltra, una noche de moon llena. Puede que la luna se pusiera hasta arriba, como él. Bueno. Lo claro clarito es que con lo que sobró de él ¡ni una hamburguesa podría haberse hecho!
En la historia esa de aquelarre y patrañas, a punto estuve yo de dejarme los huesos y la carne alrededor. Oye, si te paras un rato a pensarlo, nuestra vida es frágil.
***
Extrait 7 :
Passez-moi la Joconde
Un petit loulou de Poméranie qui se tortille dans la clarté de mes phares. Il vient de se faire ratatiner par une bagnole.
Moi, bonne pomme, je descends pour lui administrer la potion calmante et définitive. Et voilà !
Je viens de mettre le doigt dans un engrenage qui conduit à une Joconde au sourire plutôt inquiétant.
Claire nous propose sa traduction :
Póngame con la Gioconda.
Un pequeñito pomerania que se retuerce en el resplandor de mis faros. Acaba de hacerle añicos un cacharro.
Yo, buen primo, me apeo para administrarle la poción sedante y definitiva. ¡ Ya está !
Acabo de meter el dedo en un engranaje que lleva a una Gioconda con una sonrisa bastante inquietante.
Olivier nous propose sa traduction :
Passadme con la Gioconda
Un chucho de Pomerania en las últimas en las luces de mi coche. Acaba de hacerlo puré un carro.
Yo, un trozo pan, bajo para administrarle la pócima calmante y definitiva. Y ¡mira por dònde! Acabo de meter el dedo en un engranaje que lleva a una Gioconda de sonrisa como poco turbadora.
***
Extrait 8 :
Bas les pattes
Vous me croirez si vous voudrez, comme dit mon éternel Bérurier, mais à Chicago, un flic français en mission officielle a beaucoup plus de problèmes avec la police locale qu'avec les gangsters ! Nulle part au monde, les poulets n'aiment qu'on vienne marcher sur leurs plates-bandes, mais aux Etats-Unis, c'est pire qu'ailleurs... Peut-être qu'ils craignent qu'on leur pique leur " enveloppe " au passage ! Halte-làl... Pas touche !... Bas les pattes !... C'est notre affaire... BAS LES PATTES ! ils disent, les poulagas, et les durs répliquent " hands up ! ", ce qui prouve que ce pays est bien celui des contradictions. Il n'y a que les gonzesses qui soient comme chez nous... Surtout les taxi-girls à qui j'ai eu affaire tout au cours de ma mission... Leur devise, à elles, ce serait plutôt " legs up ", " jambes en l'air " si vous préférez.
Claire nous propose sa traduction :
¡ Manos quietas !
Usted me creerá si quiere, como suele decirlo mi eterno Bérurier, pero, en Chicago, ¡ un polizonte francés tiene muchos más problemas con la policía local que los tiene con los gángsters ! En ningún lugar del mundo les gusta a los polis que uno se meta en su terreno, pero, en los Estados Unidos, es peor aún… ¡Quizás temen que de paso uno se les birle el sobre ! ¡Alto ahí !... ¡No toque !... ¡Manos quietas !... Es nuestro asunto... ¡MANOS QUIETAS ! dicen y los duros les replican « hands up ! », prueba de que este país es sin duda el país de las contradicciones. Soló las gachíes son como en casa… Sobre todo las taxi-girls con las que estuve en relación a lo largo de mi misión… Su lema, a ellas, sería más bien « legs up », « piernas arriba » si quiere.
Olivier nous propose sa traduction :
¡Quietas las manos!
Me vais a creer si quisierais, como suele decir mi Bérurier de siempre, pero en Chicago, un madero francés con mandato oficial encuentra más problemas con la policía local que con los gángsteres. En ningún lugar del mundo le gusta a la pasma que alguien meta las narices en sus asuntos, pero en Estados Unidos es el colmo…Quizás temen que alguien se lleve de paso la “mordida”. ¡Alto!... ¡Ni se te ocurra tocarla!... ¡Quietas las manos!...Este asunto es nuestro…
! Quietas las manos! Dicen, los maderos, y los tipos duros contestan “¡hands up!”, lo que demuestra que aquel país es el de las contradicciones. Las chatis sí que se parecen a las de casa, pero son las únicas…Sobre todo las “taxi-girls”con las que traté a lo largo de mi misión…A ellas, su lema sería más bien “legs up”, o sea “piernas arriba”.
***
Extrait 9 :
J'ai bien l'honneur de vous buter
Je marche un peu, histoire de briser ma tension nerveuse. Mais c'est une coriace que cette tension-là! Une seconde cigarette ne l'entame pas davantage. Au contraire, j'ai l'impression qu'elle est toute prête à se rompre... Je jette un coup de saveur à ma breloque; voilà près de deux heures qu'elle est entrée dans la carrée, Elia... Et celle-ci demeure aussi inerte et silencieuse qu'auparavant. Il n'y a toujours qu'une fenêtre éclairée... Et quand je dis éclairée, j'exagère... Simplement on décèle une lueur... Que fabrique-t-elle derrière cette façade croulante?...
Claire nous propose sa traduction :
Tengo el gran honor de despacharle
Voy andando un ratito, con objeto de cortar mi tensión nerviosa. Pero, ¡lo tenaz que es esta tensión ! Tampoco la merma un segundo pitillo. Al contrario, tengo la impresión de que esté a poco de quebrantarse… Echo una ojeada a mi dijecillo ; hace casi dos horas que se ha adentrado en la vivienda, Elia… Y ésta sigue siendo tan inerte y silenciosa como antes. Todavía no hay más que una ventana alumbrada. Y al decir alumbrada, exagero… Sólo se divisa un fulgor… ¿ Qué puede trajinar ella detrás de esta fachada ruinosa ?
***
Extrait 10 :
Messieurs les hommes
Savez-vous que la pègre vient de s'enrichir d'une nouvelle recrue ? Et pas une demi-portion, croyez-moi ! Du vrai casseur... Du qui file la rouste aux caïds de Pigalle... Du qui se permet de descendre un flic en plein commissariat. Son nom ? Pour Messieurs les hommes, il s'appelle Bemard Tonacci... Ça ne vous dit rien? Alors, je vais vous en balancer davantage : à la P.J., ce zigoto est plus connu sous le nom de commissaire San-Antonio. Pas de panique... Rassurez-vous, je n'ai pas changé de bord... Mais il faut admettre que tout pourrait le laisser croire au début de ce chef-d'œuvre.
Alexandra nous propose sa traduction :
Señores caballeros
¿ Sabían ustedes que el hampa acaba de enriquecerse de un nuevo miembro ? ¡ Y no un engendro, creánme ! Un verdadero ladronzuelo...Uno que azota a los líderes de Pigalle...Uno que se otorga matar a un pasma en pleno comisaria. ¿ Su nombre ? Para señores caballeros, se llama Bernard Tonacci...¿ No les suena algo ? Voy entonces a chismorrear en ello más : en la policía judicial, ese pícaro es más conocido bajo el nombre de comisario San Antonio. No se asusten...Tranquilízanse, no he cambiado de bando...Pero hay que admitir que todo podría dejarle pensar que actuara en el incipit de aquel obra maestra.
Extrait 11 :
Du mouron à se faire
Cette histoire a commencé très bizarrement. Depuis une quinzaine, je me faisais tarter à Liège, dans l'attente d'éventuels espions qui devaient passer par là. Pourtant, j'adore cette ville au charme provincial, mais franchement, quinze jours sans action... Ça me devient vite insupportable. Et puis un matin, alors que j'étais encore dans ma chambre d'hôtel, mon attention a été sollicitée par un curieux éclat lumineux. Je me suis approché par le balcon de la chambre voisine, et là j'ai vu le spectacle le plus insolite de ma vie. N'allez pas imaginer du gaulois..., du paillard..., du porno... Pas du tout.Il y avait dans la pièce un brave monsieur occupé à fourrer des fruits confits avec des...diamants! Quelques heures plus tard, je l'ai revu, le type. Mais je n'ai pas eu l'occasion de lui poser des questions, vu qu'il était en train de tomber du sixième étage dans une cage d'ascenseur...
Extrait 12 :
Fais gaffe à tes os
Derrière moi, il y a le passage à niveau où l'homme se fit ratatiner par un rapide... Je laisse ma voiture sur le bord du fossé et je me mets en quête du numéro 12... Pas marle à dénicher... C'est une petite construction sans étage, couverte d'ardoise... M'est avis qu'il s'agissait d'un pavillon de chasse situé au fond d'un parc. La voie ferrée a coupé le parc et on a vendu le morcif de terrain avec la masure. Schwob l'a fait réparer, mais il y a un certain temps, car elle n'est plus très fraîche... Les volets sont clos... Dans la lumière blafarde de la lune, ce pavillon a quelque chose d'inquiétant. J'ai comme l'impression de l'avoir déjà vu sur la couverture de " Mystère-Magazine "!
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