Comme l’araignée…
par Jacqueline
par Jacqueline
Qui d’entre nous connaît le nom de Tim Berners-Lee ? Et pourtant, il y a vingt ans, presque jour pour jour, ce scientifique anglais, chercheur au Cern, à Genève, a inventé le web ! L’occasion pour nous de rappeler quelques dates à partir de données collectées dans le magazine édition de mars 2009 :
1967 : conception de l’Arpanet (ancêtre de l’internet), réseau informatique délocalisé utilisant les télécommunications par paquets et reliant des universités américaines, opérationnel en 1969.
1972 : test du premier logiciel de courrier électronique.
1983 : déploiement du réseau internet.
1988 : raccordement de la France à internet
mars 2009 : invention du web par T. Berners-Lee.
1993 : Mosaic, le premier navigateur internet pour PC voit le jour.
1995 : les premiers sites commerciaux apparaissent.
On doit à Tim Berners-Lee le développement du lien hypertexte : un lien qui fait référence à n’importe quel type d’objet (texte, image, vidéo, application…) sur lequel il suffit de cliquer pour naviguer. Et qui « combiné avec un réseau et des ordinateurs, offre un système puissant et facile d’accès » qui le met aussitôt à la portée du grand public. Laissons la parole à l’auteur de l’invention qui explique dans son blog :
« Internet est un réseau de réseaux, constitué principalement d’ordinateurs et de câbles pour les connecter… De nombreuses applications l’utilisent comme le courrier électronique ou la vidéoconférence en usant de différents types de langages (protocoles). Le web, lui, est un univers abstrait d’informations disponibles sur internet. On y trouve des documents, du son, de la vidéo et les connexions ont été remplacées par des liens hypertextes . »
Le chercheur a un nouveau projet, le « web sémantique », sorte de simplification avancée d’internet qui permettrait d’effectuer une recherche en écrivant clairement une question au lieu de mots-clés. Comme le dit Tim Berners-Lee : «le web n’a pas encore livré tout son potentiel. C’est juste la pointe de l’iceberg. »
Ce sujet a retenu mon attention parce qu’il faisait écho à un article que j’avais lu récemment à propos de « l’illectronisme » : point besoin d’expliciter ce mot valise, tout le monde l’aura compris ; ce qu’on sait moins, c’est qu’effectivement, le « fossé numérique » est important : 27% des non diplômés n’ont pas accès à Internet, ainsi que 26% des retraités et 34% des personnes à faible revenu. L’article si je me souviens bien, indiquait un site pour améliorer « l’e-inclusion » : creatif-public.net. Il existe donc des solutions y compris pour apprendre à se servir d’internet ; un récent échange avec Laetitia à ce sujet tendait à montrer que les élèves, s’ils avaient accès au net, ne savaient pas pour autant faire des recherches constructives sur la toile. Vastes problèmes donc que ceux liés à la culture numérique. Je me suis dit que la personne ressource par excellence pour éclairer ma (nôtre) lanterne était Raphaël ESTÈVE, notre intervenant en informatique. Il a bien voulu accepter cet échange, je lui laisse donc la parole :
« On peut restreindre ici le web, qui est bien entendu beaucoup plus que cela, à ce qui nous a occupé cette année : la langue.
Du point de vue du traducteur, il serait amusant pour aborder le problème de la « norme » d’une langue donnée, ou pour le dire en des termes plus polémiques, de sa « correction » de rebondir sur le néologisme « illectronisme ». Car Internet, entendu comme banque presque intarissable de données linguistiques présente un inconvénient bien connu : celui de la langue « fautive ». Avant le Web, notre rapport à l’écrit relevait presque exclusivement d’une autorité éditoriale. Hors correspondance épistolaire privée (ce qui était loin de concerner tout le monde), le lecteur n’avait accès qu’à des émanations publiques officielles de la langue. Autrement dit à des productions qui en respectaient la norme idiomatique et orthographique : Livres, journaux, etc. La langue publique incorrecte est donc une nouveauté liée à Internet. Mais elle est par là même également indicatrice du fait que le web a entrainé une forme de développement de la communication écrite. Si on prend le cas du français, il n’est donc pas certain (même si on ne peut l’exclure tout à fait) que les gens le parlent moins bien qu’il y a quelques décennies. Ils semblent certes mal l’écrire. Mais ce constat peut appeler plusieurs commentaires. Tout d’abord, il n’est pas impossible qu’on ne fasse qu’enfin mesurer du fait du développement de la pratique de la communication écrite un phénomène ayant toujours existé du fait de la difficulté de la langue française : il n’était tout simplement pas apparent (les pays affichant les plus fort taux de criminalité sont souvent beaucoup moins dangereux que ceux où les enquêtes n’ont même pas le loisir d’être réalisées). Ensuite le type de communication promu par internet, s’il passe par l’écrit, ne correspond pas forcément au degré de formalité et de solennité que les pratiques écrites antérieures impliquaient. Ils ne font la plupart du temps que véhiculer une informalité beaucoup proche de l’oral. D’où l’inadéquation du medium. D’où enfin, la notification peut-être salutaire du fait que notre langue présente un décalage trop important avec sa norme écrite, situation à laquelle la démultiplication électronique de l’écrit va peut être remédier d’elle-même. Ce qui vient d’être dit ne vaut bien sûr que pour l’orthographe. »
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