Sprenger dit (avant 1500) : « Il faut dire l’hérésie des sorcières, et non des sorciers ; ceux-ci sont peu de chose. » — Et un autre sous Louis XIII : « Pour un sorcier dix mille sorcières. »
« Nature les a fait sorcières. » — C’est le génie propre à la Femme et son tempérament. Elle naît Fée. Par le retour régulier de l’exaltation, elle est Sibylle. Par l’amour, elle est Magicienne. Par sa finesse, sa malice (souvent fantasque et bienfaisante), elle est Sorcière, et fait le sort, du moins endort, trompe les maux.
Tout peuple primitif a même début ; nous le voyons par les Voyages. L’homme chasse et combat. La femme s’ingénie, imagine ; elle enfante des songes et des dieux. Elle est voyante à certains jours ; elle a l’aile infinie du désir et du rêve. Pour mieux compter les temps, elle observe le ciel. Mais la terre n’a pas moins son cœur. Les yeux baissés sur les fleurs amoureuses, jeune et fleur elle-même, elle fait avec elles connaissance personnelle. Femme, elle leur demande de guérir ceux qu’elle aime.
Simple et touchant commencement des religions et des sciences ! Plus tard, tout se divisera ; on verra commencer l’homme spécial, jongleur, astrologue ou prophète, nécromancien, prêtre, médecin. Mais au début, la Femme est tout.
Une religion forte et vivace, comme fut le paganisme grec, commence par la sibylle, finit par la sorcière. La première, belle vierge, en pleine lumière, le berça, lui donna le charme et l’auréole. Plus tard, déchu, malade, aux ténèbres du moyen âge, aux landes et aux forêts, il fut caché par la sorcière ; sa pitié intrépide le nourrit, le fit vivre encore. Ainsi, pour les religions, la Femme est mère, tendre gardienne et nourrice fidèle. Les dieux sont comme les hommes ; ils naissent et meurent sur son sein.
Que sa fidélité lui coûte !... Reines, mages de la Perse, ravissante Circé ! sublime Sibylle, hélas ! qu’êtes-vous devenues ? et quelle barbare transformation !... Celle qui, du trône d’Orient, enseigna les vertus des plantes et le voyage des étoiles, celle qui, au trépied de Delphes, rayonnante du dieu de lumière, donnait ses oracles au monde à genoux, — c’est elle, mille ans après, qu’on chasse comme une bête sauvage, qu’on poursuit aux carrefours, honnie, tiraillée, lapidée, assise sur les charbons ardents !...
Le clergé n’a pas assez de bûchers, le peuple assez d’injures, l’enfant assez de pierres contre l’infortunée. Le poète (aussi enfant) lui lance une autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement, qu’elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les affreuses vieilles de Macbeth. Mais leurs cruels procès apprennent le contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu’elles étaient jeunes et belles.
La Sibylle prédisait le sort. Et la Sorcière le fait. C’est la grande, la vraie différence. Elle évoque, elle conjure, opère la destinée. Ce n’est pas la Cassandre antique qui voyait si bien l’avenir, le déplorait, l’attendait. Celle-ci crée cet avenir. Plus que Circé, plus que Médée, elle a en main la baguette du miracle naturel, et pour aide et sœur la Nature. Elle a déjà des traits du Prométhée moderne. En elle commence l’industrie, surtout l’industrie souveraine qui guérit, refait l’homme. Au rebours de la Sibylle, qui semblait regarder l’aurore, elle regarde le couchant ; mais justement ce couchant sombre donne, longtemps avant l’aurore (comme il arrive aux pics des Alpes), une aube anticipée du jour.
Le prêtre entrevoit bien que le péril, l’ennemie, la rivalité redoutable est dans celle qu il fait semblant de mépriser, la prêtresse de la Nature. Des dieux anciens, elle a conçu des dieux. Auprès du Satan du passé, on voit en elle poindre un Satan de l’avenir.
« Nature les a fait sorcières. » — C’est le génie propre à la Femme et son tempérament. Elle naît Fée. Par le retour régulier de l’exaltation, elle est Sibylle. Par l’amour, elle est Magicienne. Par sa finesse, sa malice (souvent fantasque et bienfaisante), elle est Sorcière, et fait le sort, du moins endort, trompe les maux.
Tout peuple primitif a même début ; nous le voyons par les Voyages. L’homme chasse et combat. La femme s’ingénie, imagine ; elle enfante des songes et des dieux. Elle est voyante à certains jours ; elle a l’aile infinie du désir et du rêve. Pour mieux compter les temps, elle observe le ciel. Mais la terre n’a pas moins son cœur. Les yeux baissés sur les fleurs amoureuses, jeune et fleur elle-même, elle fait avec elles connaissance personnelle. Femme, elle leur demande de guérir ceux qu’elle aime.
Simple et touchant commencement des religions et des sciences ! Plus tard, tout se divisera ; on verra commencer l’homme spécial, jongleur, astrologue ou prophète, nécromancien, prêtre, médecin. Mais au début, la Femme est tout.
Une religion forte et vivace, comme fut le paganisme grec, commence par la sibylle, finit par la sorcière. La première, belle vierge, en pleine lumière, le berça, lui donna le charme et l’auréole. Plus tard, déchu, malade, aux ténèbres du moyen âge, aux landes et aux forêts, il fut caché par la sorcière ; sa pitié intrépide le nourrit, le fit vivre encore. Ainsi, pour les religions, la Femme est mère, tendre gardienne et nourrice fidèle. Les dieux sont comme les hommes ; ils naissent et meurent sur son sein.
Que sa fidélité lui coûte !... Reines, mages de la Perse, ravissante Circé ! sublime Sibylle, hélas ! qu’êtes-vous devenues ? et quelle barbare transformation !... Celle qui, du trône d’Orient, enseigna les vertus des plantes et le voyage des étoiles, celle qui, au trépied de Delphes, rayonnante du dieu de lumière, donnait ses oracles au monde à genoux, — c’est elle, mille ans après, qu’on chasse comme une bête sauvage, qu’on poursuit aux carrefours, honnie, tiraillée, lapidée, assise sur les charbons ardents !...
Le clergé n’a pas assez de bûchers, le peuple assez d’injures, l’enfant assez de pierres contre l’infortunée. Le poète (aussi enfant) lui lance une autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement, qu’elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les affreuses vieilles de Macbeth. Mais leurs cruels procès apprennent le contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu’elles étaient jeunes et belles.
La Sibylle prédisait le sort. Et la Sorcière le fait. C’est la grande, la vraie différence. Elle évoque, elle conjure, opère la destinée. Ce n’est pas la Cassandre antique qui voyait si bien l’avenir, le déplorait, l’attendait. Celle-ci crée cet avenir. Plus que Circé, plus que Médée, elle a en main la baguette du miracle naturel, et pour aide et sœur la Nature. Elle a déjà des traits du Prométhée moderne. En elle commence l’industrie, surtout l’industrie souveraine qui guérit, refait l’homme. Au rebours de la Sibylle, qui semblait regarder l’aurore, elle regarde le couchant ; mais justement ce couchant sombre donne, longtemps avant l’aurore (comme il arrive aux pics des Alpes), une aube anticipée du jour.
Le prêtre entrevoit bien que le péril, l’ennemie, la rivalité redoutable est dans celle qu il fait semblant de mépriser, la prêtresse de la Nature. Des dieux anciens, elle a conçu des dieux. Auprès du Satan du passé, on voit en elle poindre un Satan de l’avenir.
Jules Michelet, La Sorcière, 1862.
***
Barbara nous propose sa traduction :
Dijo Sprenger (antes de 1550): « Hay que denunciar la herejía de las brujas, y no de los brujos; éstos son poca cosa. » – Y otro, bajo el reinado de Luis XIII: « Por cada brujo, diez mil brujas. » « La Naturaleza les ha hecho brujas. » – Es el talento propio de la Mujer y de su temperamento. Nace Hada. Por la vuelta regular de la exaltación, es Sibila. Por el amor, es Maga. Por su sutileza, su malicia (a menudo extravagante y beneficiosa), es Bruja, y conduce el sino, por lo menos endormece, engaña los males. Todo pueblo primitivo tiene el mismo origen; lo podemos ver con los Viajes. El hombre caza y combate. La mujer se las ingenia, imagina; da a luz sueños y dioses. Es vidente unos días, posee el ala infinita del deseo y del sueño. Para calcular mejor los tiempos, observa el cielo. Pero no por eso la tierra deja de tener su corazón. Inclinada la mirada hacia las flores enamoradas, joven y floral elle misma, inicia el contacto con ellas personalmente. Como mujer, les pide curar a los que quiere. ¡Qué inicio más sencillo y tierno de las religiones y de las ciencias! Más adelante, todo se dividirá ; asistiremos al nacimiento del hombre especial, malabarista, astrólogo o profeta, nigromante, sacerdote, médico. Pero al principio, la Mujer lo es todo. Una religión fuerte y vivaz, como lo fue el paganismo griego, comienza con la sibila y acaba con la bruja. Aquélla, virgen hermosa, a plena luz, le acunó, le dio el encanto y la aureola. Más adelante, caído, enfermizo, en las tinieblas de la Edad Media, en las landas y los bosques, lo escondió la bruja ; lo nutrió su intrépida piedad, le permitió seguir viviendo. Así, para las religiones, la Mujer es madre, tierna guardiana y fiel nodriza. Los dioses son como los hombres; nacen y mueren en su pecho. ¡Cuánto le cuesta su fidelidad!... Reinas, magas de Persia, ¡encantadora Circe! Sublime Sibila ¡Ay! ¿qué es de vosotras? y ¡qué metamorfosis más bárbara!... La que, desde el trono de Oriente, enseñó las virtudes de las plantas y el viaje de las estrellas, la que, en el trípode de Delfos, radiante por el dios de la luz, daba sus oráculos al mundo arrodillado, – es ella, mil años después, a la que cazan como una fiera, a la que persiguen por las encrucijadas, ¡deshonrada, atormentada, lapidada, sentada sobre carbones ardientes!... El clero no tiene bastantes hogueras, el pueblo bastantes insultos, el niño bastantes piedras contra la desdichada. El poeta (también niño) le tira otra piedra, más cruel para una mujer. Supone, gratuitamente, que siempre era fea y vieja. Al oír la palabra Bruja, se nos aparecen las horrorosas viejas de Macbeth. Pero sus crueles juicios nos muestran lo contrario. Muchas murieron precisamente porque eran jóvenes y hermosas. La Sibila predecía el sino. Y la Bruja lo realiza. Es la gran, la verdadera diferencia. Evoca, conjura, opera el destino. No es la Casandra antigua que veía tan bien el porvenir, lo deploraba, lo esperaba. Aquélla crea este porvenir. Más que Circe, más que Medea, porta en mano la varilla del milagro natural, y tiene como ayuda y hermana a la Naturaleza. Ya tiene los rasgos del Prometeo moderno. En ella empieza la industria, sobre todo la industria soberana que cura, rehace al hombre. A contracorriente de la Sibila, que parecía mirar la aurora, mira el ocaso ; pero justamente este ocaso sombrío da, mucho antes que la aurora (como les ocurre a los picos de los Alpes), un alba anticipada del día. El sacerdote entreve ya que el peligro, la enemiga, la rivalidad temida se encuentra en aquélla a quien finge despreciar, la sacerdotiza de la Naturaleza. De los dioses antiguos, concibió dioses. Junto al Satán del pasado, se ve en ella despuntar un Satán del porvenir.
Dijo Sprenger (antes de 1550): « Hay que denunciar la herejía de las brujas, y no de los brujos; éstos son poca cosa. » – Y otro, bajo el reinado de Luis XIII: « Por cada brujo, diez mil brujas. » « La Naturaleza les ha hecho brujas. » – Es el talento propio de la Mujer y de su temperamento. Nace Hada. Por la vuelta regular de la exaltación, es Sibila. Por el amor, es Maga. Por su sutileza, su malicia (a menudo extravagante y beneficiosa), es Bruja, y conduce el sino, por lo menos endormece, engaña los males. Todo pueblo primitivo tiene el mismo origen; lo podemos ver con los Viajes. El hombre caza y combate. La mujer se las ingenia, imagina; da a luz sueños y dioses. Es vidente unos días, posee el ala infinita del deseo y del sueño. Para calcular mejor los tiempos, observa el cielo. Pero no por eso la tierra deja de tener su corazón. Inclinada la mirada hacia las flores enamoradas, joven y floral elle misma, inicia el contacto con ellas personalmente. Como mujer, les pide curar a los que quiere. ¡Qué inicio más sencillo y tierno de las religiones y de las ciencias! Más adelante, todo se dividirá ; asistiremos al nacimiento del hombre especial, malabarista, astrólogo o profeta, nigromante, sacerdote, médico. Pero al principio, la Mujer lo es todo. Una religión fuerte y vivaz, como lo fue el paganismo griego, comienza con la sibila y acaba con la bruja. Aquélla, virgen hermosa, a plena luz, le acunó, le dio el encanto y la aureola. Más adelante, caído, enfermizo, en las tinieblas de la Edad Media, en las landas y los bosques, lo escondió la bruja ; lo nutrió su intrépida piedad, le permitió seguir viviendo. Así, para las religiones, la Mujer es madre, tierna guardiana y fiel nodriza. Los dioses son como los hombres; nacen y mueren en su pecho. ¡Cuánto le cuesta su fidelidad!... Reinas, magas de Persia, ¡encantadora Circe! Sublime Sibila ¡Ay! ¿qué es de vosotras? y ¡qué metamorfosis más bárbara!... La que, desde el trono de Oriente, enseñó las virtudes de las plantas y el viaje de las estrellas, la que, en el trípode de Delfos, radiante por el dios de la luz, daba sus oráculos al mundo arrodillado, – es ella, mil años después, a la que cazan como una fiera, a la que persiguen por las encrucijadas, ¡deshonrada, atormentada, lapidada, sentada sobre carbones ardientes!... El clero no tiene bastantes hogueras, el pueblo bastantes insultos, el niño bastantes piedras contra la desdichada. El poeta (también niño) le tira otra piedra, más cruel para una mujer. Supone, gratuitamente, que siempre era fea y vieja. Al oír la palabra Bruja, se nos aparecen las horrorosas viejas de Macbeth. Pero sus crueles juicios nos muestran lo contrario. Muchas murieron precisamente porque eran jóvenes y hermosas. La Sibila predecía el sino. Y la Bruja lo realiza. Es la gran, la verdadera diferencia. Evoca, conjura, opera el destino. No es la Casandra antigua que veía tan bien el porvenir, lo deploraba, lo esperaba. Aquélla crea este porvenir. Más que Circe, más que Medea, porta en mano la varilla del milagro natural, y tiene como ayuda y hermana a la Naturaleza. Ya tiene los rasgos del Prometeo moderno. En ella empieza la industria, sobre todo la industria soberana que cura, rehace al hombre. A contracorriente de la Sibila, que parecía mirar la aurora, mira el ocaso ; pero justamente este ocaso sombrío da, mucho antes que la aurora (como les ocurre a los picos de los Alpes), un alba anticipada del día. El sacerdote entreve ya que el peligro, la enemiga, la rivalidad temida se encuentra en aquélla a quien finge despreciar, la sacerdotiza de la Naturaleza. De los dioses antiguos, concibió dioses. Junto al Satán del pasado, se ve en ella despuntar un Satán del porvenir.
***
Brigitte nous propose sa traduction :
THEME – MICHELET – LA SORCIERE
Dice Sprenger (antes de 1500) : « Hay que hablar de herejía de las brujas, y no de los brujos ; ellos son poca cosa. » - Y otro, bajo el reinado de Luis XIII : « Por un brujo, diez mil brujas ».
« Naturaleza las hizo brujas » - Es el genio propio de la Mujer y de su temperamento. Ella nace Hada. Por la vuelta regular de la exaltación, ella es Sibila. Por el amor, es Maga. Por su sutileza, su malicia (a menudo extravagante y beneficiosa), es Bruja, decide el destino, por lo menos adormece, engaña los males.
Todo pueblo primitivo tiene el mismo principio; lo comprobamos con los Viajes. El hombre caza y combate. La mujer se las ingenia, imagina ; elle da a luz a sueños y dioses. Ciertos días, es profeta ; tiene el ala infinita del deseo y del sueño. Para mejor calcular los tiempos, observa el cielo. Pero no por ello la tierra está menos en su corazón. La mirada inclinada hacia las flores enamoradas, joven y flor ella misma, entraba relación personal con ellas. Mujer, les pide curar a los que quiere.
¡ Comienzo sencillo y conmovedor de las religiones y de las ciencias !
Más adelante, todo se dividirá ; veremos empezar al hombre especial, juglar, astrólogo o profeta, nigromante, sacerdote, médico. Pero al principio, la Mujer lo es todo.
Una religión fuerte y vivaz, como el paganismo griego, empieza con la sibila, acaba con la bruja. La primera, hermosa virgen, a plena luz, le dio cuna, le otorgó el encanto y la corona. Más tarde, decaído, enfermizo, en las tinieblas de la Edad Media, en las landas y los bosques, fue ocultado por la bruja ; su piedad intrépida lo alimentó, le permitió seguir viviendo.
Así pues, para las religiones, la Mujer es madre, tierna guardiana y fiel nodriza. Los dioses son como los hombres ; nacen y mueren en su pecho.
¡ Cuánto les cuesta su fidelidad ! …¡ Reinas, magas de Persia, encantadora Circe ! ¡ Sublime Sibila ! ¡ Ay ! ¿ Qué fue de vosotras ? Y ¡ Qué cambio más bárbaro !…La que, desde el trono de Oriente, enseñó las virtudes de las plantas y el viaje de las estrellas, la que, en el trípode de Delfos, radiante del dios luz, daba oráculos al mundo entero arrodillado a sus pies, - a ella misma, mil años después, la cazan como a una fiera, la persiguen en las encrucijadas, deshonrada, acribillada, lapidada, tenida en ascuas !...
El clero no tiene bastantes hogueras, ni el pueblo bastantes injurias, ni el niño bastantes piedras para la desdichada. El poeta (también infantil) le tira otra piedra, más cruel aún para una mujer. El supone, gratuitamente, que siempre es fea y vieja. Al oír la palabra Bruja, vemos a las espantosas ancianas de Macbeth. Pero sus crueles juicios revelan lo contrario. Muchas perecieron precisamente por ser jóvenes y bellas.
La sibila predecía el destino. Y la bruja lo realiza. Es la gran diferencia, la verdadadera. Evoca, conjura, opera la suerte. No es la Casandra antigua que tan bien veía el porvenir, lo deploraba, lo esperaba. Aquélla crea dicho porvenir. Más que Circe, más que Medea, ella detiene entre sus manos la varilla del milagro natural y, como ayuda y hermana, a la Naturaleza. Tiene los rasgos de un Prometeo moderno. Con ella empieza la indutria, sobre todo la industria soberana que cura, rehace al hombre. A la inversa de la Sibila, que parecía mirar la aurora, ella mira el poniente ; pero precisamente, este poniente oscuro da, mucho tiempo antes de la aurora (como ocurre en los picos de los Alpes), un alba anticipada del día.
El sacerdote entreve que el peligro, la enemiga, la rivalidad temida está /estriba en aquélla a quien finge menospreciar, la sacerdotisa de la Naturaleza. A partir de/De los dioses antiguos, ella concibió dioses. Junto al Satán del pasado, vemos aparecer en ella a un Satán del futuro.
THEME – MICHELET – LA SORCIERE
Dice Sprenger (antes de 1500) : « Hay que hablar de herejía de las brujas, y no de los brujos ; ellos son poca cosa. » - Y otro, bajo el reinado de Luis XIII : « Por un brujo, diez mil brujas ».
« Naturaleza las hizo brujas » - Es el genio propio de la Mujer y de su temperamento. Ella nace Hada. Por la vuelta regular de la exaltación, ella es Sibila. Por el amor, es Maga. Por su sutileza, su malicia (a menudo extravagante y beneficiosa), es Bruja, decide el destino, por lo menos adormece, engaña los males.
Todo pueblo primitivo tiene el mismo principio; lo comprobamos con los Viajes. El hombre caza y combate. La mujer se las ingenia, imagina ; elle da a luz a sueños y dioses. Ciertos días, es profeta ; tiene el ala infinita del deseo y del sueño. Para mejor calcular los tiempos, observa el cielo. Pero no por ello la tierra está menos en su corazón. La mirada inclinada hacia las flores enamoradas, joven y flor ella misma, entraba relación personal con ellas. Mujer, les pide curar a los que quiere.
¡ Comienzo sencillo y conmovedor de las religiones y de las ciencias !
Más adelante, todo se dividirá ; veremos empezar al hombre especial, juglar, astrólogo o profeta, nigromante, sacerdote, médico. Pero al principio, la Mujer lo es todo.
Una religión fuerte y vivaz, como el paganismo griego, empieza con la sibila, acaba con la bruja. La primera, hermosa virgen, a plena luz, le dio cuna, le otorgó el encanto y la corona. Más tarde, decaído, enfermizo, en las tinieblas de la Edad Media, en las landas y los bosques, fue ocultado por la bruja ; su piedad intrépida lo alimentó, le permitió seguir viviendo.
Así pues, para las religiones, la Mujer es madre, tierna guardiana y fiel nodriza. Los dioses son como los hombres ; nacen y mueren en su pecho.
¡ Cuánto les cuesta su fidelidad ! …¡ Reinas, magas de Persia, encantadora Circe ! ¡ Sublime Sibila ! ¡ Ay ! ¿ Qué fue de vosotras ? Y ¡ Qué cambio más bárbaro !…La que, desde el trono de Oriente, enseñó las virtudes de las plantas y el viaje de las estrellas, la que, en el trípode de Delfos, radiante del dios luz, daba oráculos al mundo entero arrodillado a sus pies, - a ella misma, mil años después, la cazan como a una fiera, la persiguen en las encrucijadas, deshonrada, acribillada, lapidada, tenida en ascuas !...
El clero no tiene bastantes hogueras, ni el pueblo bastantes injurias, ni el niño bastantes piedras para la desdichada. El poeta (también infantil) le tira otra piedra, más cruel aún para una mujer. El supone, gratuitamente, que siempre es fea y vieja. Al oír la palabra Bruja, vemos a las espantosas ancianas de Macbeth. Pero sus crueles juicios revelan lo contrario. Muchas perecieron precisamente por ser jóvenes y bellas.
La sibila predecía el destino. Y la bruja lo realiza. Es la gran diferencia, la verdadadera. Evoca, conjura, opera la suerte. No es la Casandra antigua que tan bien veía el porvenir, lo deploraba, lo esperaba. Aquélla crea dicho porvenir. Más que Circe, más que Medea, ella detiene entre sus manos la varilla del milagro natural y, como ayuda y hermana, a la Naturaleza. Tiene los rasgos de un Prometeo moderno. Con ella empieza la indutria, sobre todo la industria soberana que cura, rehace al hombre. A la inversa de la Sibila, que parecía mirar la aurora, ella mira el poniente ; pero precisamente, este poniente oscuro da, mucho tiempo antes de la aurora (como ocurre en los picos de los Alpes), un alba anticipada del día.
El sacerdote entreve que el peligro, la enemiga, la rivalidad temida está /estriba en aquélla a quien finge menospreciar, la sacerdotisa de la Naturaleza. A partir de/De los dioses antiguos, ella concibió dioses. Junto al Satán del pasado, vemos aparecer en ella a un Satán del futuro.
4 commentaires:
Bonjour Barbara !
Une fois n'est pas coutume, je n'avais pas eu le temps de peaufiner et d'envoyer le thème de la semaine...mais La Capitaine "veille au grain" ...mon absence n'a pas échappé à sa haute vigilance !
Caroline m'a donc gentiment suggéré d'entamer la discussion au sujet de ta traduction via les commentaires.
Bien sûr, il n'est pas question pour moi de "démonter" ta traduction mais simplement d'en débattre, et les remarques que je pourrai faire ne seront en aucune manière des vérités ou des critiques, simplement des interrogations ou des suggestions.
Nous aborderons donc le texte point par point,si tu le veux bien, au fil des heures ou des jours, nous avons tout le temps pour en venir à bout !
1. Le premier verbe du texte m'arrête déjà (Désolée !):
Penses-tu que "Dijo" (passé simple) soit forcément nécessaire ici ? Pour ma part, j'avais gardé un présent de l'indicatif. Les essais et les textes philosophiques sont souvent rédigés au présent. De même, les citations, assertions, vérités générales ou considérées comme telles sont au présent de l'indicatif.
Par ailleurs, tout le reste du texte est également au présent de l'indicatif. Et Si Michelet avait écrit "Sprengler a dit...", j'aurais traduit par "dijo".
2. "Il faut dire l'hérésie des sorcières, et non des sorciers" : Ici, la traduction du verbe "dire" par le verbe "denunciar" me gêne. Je pense que l'auteur met simplement l'accent sur l'emploi du genre féminin, puisqu'on a toujours davantage parlé dans l'histoire de "sorcières" que de "sorciers".
J'avais donc opté pour le verbe "hablar" afin de ne pas employer deux fois dans la même phrase le verbe "dire".
Voilà pour commencer ...
N'hésitez-pas, tous et toutes, à mettre votre grain de sel avisé !
Un très très très grand merci à Brigitte d'accepter de jouer le jeu. Si j'avais le temps, j'adorerais le faire pour tous les textes… (c'est enrichissant pour tout le monde) et là, je me dis que ça serait pas mal si ce n'est de le faire collectivement, du moins par binômes.
Allez, Barbara et Brigitte… au charbon sur les sorcières !
Bonjour Brigitte!
Merci tout d' abord d' avoir pris le temps de lire ma traduction et de proposer des corrections.
1. J' ai hésité entre le présent et le passé simple. La parenthèse qui insistait sur la date m' a poussée vers un temps du passé, mais les arguments que tu avances me mèneraient, maintenant, à préférer le présent.
2.L'auteur de la citation insiste sur le genre féminin, à cause du grand nombre de prêtresses de Satan. Mais n' est-ce pas aussi parce que les sorciers n' étaient pas considérés comme une menace, et par conséquent n' étaient pas persécutés, à l' inverse des sorcières? J' avais donc compris la phrase comme "il faut proclamer l'hérésie des sorcières", c' est pourquoi j' ai choisi le verbe "denunciar" (noticiar, avisar, publicar).
Je pense qu'il serait intéressant que ton thème soit lui aussi publié, pour que je puisse en prendre connaissance dans sa totalité, et ainsi réfléchir à tes solutions. Qu'en penses-tu?
Caroline l'a publié je crois !
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