Plateforme communautaire et participative de traduction espagnol / français ; français / espagnol – Université Paris Nanterre
mercredi 31 mars 2010
mardi 30 mars 2010
lundi 29 mars 2010
Références culturelles, 412 : Los Yaquis
En photo : El Yakecito, par Fano_Quiriego
http://obson.wordpress.com/2009/01/12/historia-de-los-yaquis/
http://obson.wordpress.com/2009/01/12/historia-de-los-yaquis/
dimanche 28 mars 2010
samedi 27 mars 2010
Le protagoniste de ma traduction longue, par Émeline
Le personnage principal du livre que j’ai entrepris de traduire en est l’auteur. Il s’agit de Ricardo Piglia lui-même, nous livrant quelques pages autobiographiques mais aussi quelques pages de réflexions personnelles sur la littérature. Malgré une apparence fragmentée, le narrateur nous parle de sa vie et de ses pensées, alternant récits, pages de journal, essais critiques, le tout avec pour fil conducteur la littérature. Celle-ci hante la vie de Piglia, elle est l’air indispensable grâce auquel il respire. Il partage cet air avec le lecteur, il le plonge dans son univers et sa pensée, comme offrant un accès à son laboratoire littéraire.
Libellés :
Billets des apprentis,
promo Aline Schulman,
Traductions longues
Résultats du sondage…
« L'obtention par un roman d'un "grand" prix littéraire national ou international est-il un critère important pour vous dans l'achat d'un livre ? »
Sur 15 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Oui = 2 voix (13%)
Non = 13 voix (86%)
Intéressant ! Et dire qu'on continue à faire des gorges chaudes du Goncourt et compagnie…
Sur 15 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Oui = 2 voix (13%)
Non = 13 voix (86%)
Intéressant ! Et dire qu'on continue à faire des gorges chaudes du Goncourt et compagnie…
Votre version de la semaine : pour le 2 avril
El rugido de un motor me devolvió a la realidad. Hoy era el primer día de clase, último curso por fin. Estaba preparándome en mi pequeña habitación, inmersa en mis pensamientos, cuando aquel sonido ensordecedor me sobresaltó. Corrí a la ventana de mi cuarto intentando vislumbrar quién había provocado semejante escándalo. Una moto de gran cilindrada, de un rojo intenso como sangre fresca, estaba parada frente a mi casa. Tenía un pie apoyado en el suelo, mientras con una mano sacaba un móvil del interior de su cazadora. El motor de aquella máquina seguía gruñendo, mientras yo lo miraba embobada desde mi ventana. No sabía porque, pero no podía dejar de mirar. La curiosidad me dominaba. Vi como alzaba su rostro hacia arriba, como si percibiera mi mirada. Me escondí tras las cortinas de forma instintiva, sorprendiéndome a mí misma. ¿Qué estaba haciendo? ¿Desde cuándo me dedicaba a fisgar detrás de las cortinas como mi abuela? Me sentía inquieta, ansiosa, volví a asomarme tímidamente a través de los visillos. ¿Quién era él? No conocía a nadie con semejante moto por aquí y eso era raro, porque en un pueblecito como el mío nos conocíamos casi todos. Habíamos pasado por distintas etapas, de la infancia a la adolescencia, en el mismo colegio, dentro del mismo pueblo. No es que las cosas por aquí hubieran cambiado mucho en los últimos tiempos.
Francine L. Zapater, Luna azul
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. C’était le premier jour de classe aujourd’hui, et le dernier cours de la journée, enfin. Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, lorsque ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de mon appartement pour essayer d’apercevoir la personne qui avait provoqué un tel tapage. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme le sang frais, stationnait devant chez moi. Il avait un pied posé par terre et, d’une main, il sortait un téléphone portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de ladite moto continuait à gronder, tandis que je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me dominait. Je remarquai la façon qu’il avait de tourner son visage vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même. Qu’est-ce que j’étais en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais inquiète, anxieuse ; timidement, je regardai de nouveau à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une moto pareille par ici, ce qui était bizarre, parce que dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions quasiment tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, au sein du même village. On ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. C’était le premier jour de classe aujourd’hui, et le dernier cours de la journée, enfin. Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, lorsque ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de mon appartement pour essayer d’apercevoir la personne qui avait provoqué un tel tapage. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme le sang frais, stationnait devant chez moi. Il avait un pied posé par terre et, d’une main, il sortait un téléphone portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de ladite moto continuait à gronder, tandis que je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me dominait. Je remarquai la façon qu’il avait de tourner son visage vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même. Qu’est-ce que j’étais en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais inquiète, anxieuse ; timidement, je regardai de nouveau à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une moto pareille par ici, ce qui était bizarre, parce que dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions quasiment tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, au sein du même village. On ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
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Laëtitia nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui c’était la rentrée des classes, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de ma chambre pour essayer de visualiser qui avait provoqué pareil vacarme. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée en face de chez moi. Il avait un pied appuyé par terre, tandis qu’avec une main il sortait un téléphone portable de la poche intérieure de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, pendant que moi je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas m’empêcher de le regarder. La curiosité me dominait. Je le vis relever son visage vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de manière instinctive, ce qui m’étonna moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand m’adonnais-je à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse, je m’avançai à nouveau timidement à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une telle moto par ici et c’était bizarre, parce que dans un petit village comme le mien nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Non, les choses n’avaient pas beaucoup changé par ici ces derniers temps.
***Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui c’était la rentrée des classes, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de ma chambre pour essayer de visualiser qui avait provoqué pareil vacarme. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée en face de chez moi. Il avait un pied appuyé par terre, tandis qu’avec une main il sortait un téléphone portable de la poche intérieure de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, pendant que moi je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas m’empêcher de le regarder. La curiosité me dominait. Je le vis relever son visage vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de manière instinctive, ce qui m’étonna moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand m’adonnais-je à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse, je m’avançai à nouveau timidement à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une telle moto par ici et c’était bizarre, parce que dans un petit village comme le mien nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Non, les choses n’avaient pas beaucoup changé par ici ces derniers temps.
Amélie nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui, c’était le premier jour de cours, dernière année, enfin ! Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, lorsque ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de la pièce pour essayer d’apercevoir qui était à l’origine d’un tel scandale. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge vif couleur sang frais, était garée en face de chez moi. Un pied sur le sol, le conducteur sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de ladite machine continuait de gronder, tandis que je le regardais depuis ma fenêtre, ébahie. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais détourner les yeux. La curiosité me dévorait. Je le vis relever la tête, comme s’il avait perçu mon regard. Je me dissimulai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même : qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais troublée et fébrile ; timidement, je regardai de nouveau à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne qui possédait une moto comme ça dans les environs, ce qui était étrange, car dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différents étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, au sein du même village. Et on ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup évolué ici ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui, c’était le premier jour de cours, dernière année, enfin ! Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, lorsque ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de la pièce pour essayer d’apercevoir qui était à l’origine d’un tel scandale. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge vif couleur sang frais, était garée en face de chez moi. Un pied sur le sol, le conducteur sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de ladite machine continuait de gronder, tandis que je le regardais depuis ma fenêtre, ébahie. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais détourner les yeux. La curiosité me dévorait. Je le vis relever la tête, comme s’il avait perçu mon regard. Je me dissimulai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même : qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais troublée et fébrile ; timidement, je regardai de nouveau à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne qui possédait une moto comme ça dans les environs, ce qui était étrange, car dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différents étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, au sein du même village. Et on ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup évolué ici ces derniers temps.
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Émeline nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui, c’était le premier jour de cours, début de la dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, perdue dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre, essayant d’apercevoir qui avait provoqué un tel tapage. Une moto, une grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant chez moi. Il avait un pied sur le sol, tandis que d’une main il sortait un portable de l’intérieur de sa veste. Le moteur de cette machine continuait de râler, et moi, je le regardais, fascinée, depuis la fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me possédait. Je le vis lever la tête, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai derrière les rideaux, instinctivement, me surprenant moi-même. Qu’est-ce que je faisais ? Depuis quand j’épiais derrière les rideaux comme le faisait ma grand-mère ? Je me sentais nerveuse, anxieuse. À nouveau, je me penchai timidement à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne ici avec une moto pareille et cela me semblait étrange, car, dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans la même école, dans le même village. Ce n’est pas comme si les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui, c’était le premier jour de cours, début de la dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, perdue dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre, essayant d’apercevoir qui avait provoqué un tel tapage. Une moto, une grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant chez moi. Il avait un pied sur le sol, tandis que d’une main il sortait un portable de l’intérieur de sa veste. Le moteur de cette machine continuait de râler, et moi, je le regardais, fascinée, depuis la fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me possédait. Je le vis lever la tête, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai derrière les rideaux, instinctivement, me surprenant moi-même. Qu’est-ce que je faisais ? Depuis quand j’épiais derrière les rideaux comme le faisait ma grand-mère ? Je me sentais nerveuse, anxieuse. À nouveau, je me penchai timidement à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne ici avec une moto pareille et cela me semblait étrange, car, dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans la même école, dans le même village. Ce n’est pas comme si les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
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Coralie nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. C’était le premier jour de classe, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus jusqu’à la fenêtre pour tenter d’entrevoir ce qui avait provoqué un tel tapage. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense, comme du sang frais, était garée en face de chez moi. Il avait un pied posé à terre et d’une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, alors que je le regardais, ébahie, depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas cesser de regarder. La curiosité me dominait. Je le vis tourner la tête vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de façon instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand guettais-je derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais inquiète, anxieuse, je me montrai de nouveau, timidement, à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une moto semblable par ici et c’était étrange, parce que dans un petit village comme le mien nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par les différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. On ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé ici ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. C’était le premier jour de classe, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus jusqu’à la fenêtre pour tenter d’entrevoir ce qui avait provoqué un tel tapage. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense, comme du sang frais, était garée en face de chez moi. Il avait un pied posé à terre et d’une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, alors que je le regardais, ébahie, depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas cesser de regarder. La curiosité me dominait. Je le vis tourner la tête vers le haut, comme s’il percevait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de façon instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand guettais-je derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais inquiète, anxieuse, je me montrai de nouveau, timidement, à travers les voilages. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une moto semblable par ici et c’était étrange, parce que dans un petit village comme le mien nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par les différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. On ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé ici ces derniers temps.
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Chloé nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui c’était le premier jour de cours, dernière année, enfin ! Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de ma chambre pour essayer d’entrevoir qui avait provoqué un tel vacarme. Une moto, une grosse cylindrée, d’un rouge intense comme le sang frais, était garée en face de chez moi. Le conducteur avait un pied au sol, et d’une main, il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, tandis que je le regardais, ébahie, depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais détacher mon regard. La curiosité me dominait. Je le vis relever la tête, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même : qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse, je regardai à nouveau timidement à travers les voilages. Qui c’était ? Je ne connaissais personne du coin qui possédait une moto semblable, ce qui était étrange, car dans un petit village comme le mien, presque tout le monde se connaissait. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Ici, les choses étaient loin d’avoir beaucoup changées ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me ramena à la réalité. Aujourd’hui c’était le premier jour de cours, dernière année, enfin ! Je me préparais dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de ma chambre pour essayer d’entrevoir qui avait provoqué un tel vacarme. Une moto, une grosse cylindrée, d’un rouge intense comme le sang frais, était garée en face de chez moi. Le conducteur avait un pied au sol, et d’une main, il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de gronder, tandis que je le regardais, ébahie, depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais détacher mon regard. La curiosité me dominait. Je le vis relever la tête, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai instinctivement derrière les rideaux, me surprenant moi-même : qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand passais-je mon temps à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse, je regardai à nouveau timidement à travers les voilages. Qui c’était ? Je ne connaissais personne du coin qui possédait une moto semblable, ce qui était étrange, car dans un petit village comme le mien, presque tout le monde se connaissait. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Ici, les choses étaient loin d’avoir beaucoup changées ces derniers temps.
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Pascaline nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me fit revenir à la réalité. Aujourd’hui était le premier jour de classe, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce son assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de ma chambre pour essayer d’apercevoir qui avait provoqué pareil scandale. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant ma maison. Il avait un pied posé à terre, tandis qu’avec une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait à grogner, tandis que je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas cesser de regarder. La curiosité me dominait. Je le vis lever son visage vers le haut, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de façon instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand me consacrais-je à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse ; timidement, je regardai de nouveau à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne dans le coin avec une telle moto et cela était étrange, car dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Et on ne peut pas dire que les choses ici eussent beaucoup changé ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me fit revenir à la réalité. Aujourd’hui était le premier jour de classe, dernière année, enfin. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, plongée dans mes pensées, quand ce son assourdissant me fit sursauter. Je me précipitai à la fenêtre de ma chambre pour essayer d’apercevoir qui avait provoqué pareil scandale. Une moto de grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant ma maison. Il avait un pied posé à terre, tandis qu’avec une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait à grogner, tandis que je le regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas cesser de regarder. La curiosité me dominait. Je le vis lever son visage vers le haut, comme s’il avait senti mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de façon instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand me consacrais-je à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? J’étais inquiète, anxieuse ; timidement, je regardai de nouveau à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne dans le coin avec une telle moto et cela était étrange, car dans un petit village comme le mien, nous nous connaissions presque tous. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Et on ne peut pas dire que les choses ici eussent beaucoup changé ces derniers temps.
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Sonita nous propose sa traduction :
Le rugissement d’un moteur me fit revenir à la réalité. Aujourd’hui c’était le premier jour de la rentrée, et enfin la dernière année. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, submergée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de ma chambre en essayant d’entrevoir qui avait provoqué un tel scandale. Une moto grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant chez moi. Il avait un pied posé à terre, tandis qu’avec une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de rugir, tandis que je regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me dominait. Je vis comment il levait son visage vers le haut, comme s’il sentait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de manière instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand je me consacrais à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais nerveuse, anxieuse, je regardais à nouveau, timidement, à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une telle moto dans le coin et ça c’était étrange, parce que dans un petit village comme le mien on se connaissait presque tous les uns les autres. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Et on ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
Le rugissement d’un moteur me fit revenir à la réalité. Aujourd’hui c’était le premier jour de la rentrée, et enfin la dernière année. J’étais en train de me préparer dans ma petite chambre, submergée dans mes pensées, quand ce bruit assourdissant me fit sursauter. Je courus à la fenêtre de ma chambre en essayant d’entrevoir qui avait provoqué un tel scandale. Une moto grosse cylindrée, d’un rouge intense comme du sang frais, était arrêtée devant chez moi. Il avait un pied posé à terre, tandis qu’avec une main il sortait un portable de l’intérieur de son blouson. Le moteur de cette machine continuait de rugir, tandis que je regardais ébahie depuis ma fenêtre. Je ne savais pas pourquoi, mais je ne pouvais pas arrêter de regarder. La curiosité me dominait. Je vis comment il levait son visage vers le haut, comme s’il sentait mon regard. Je me cachai derrière les rideaux de manière instinctive, me surprenant moi-même. Qu’étais-je en train de faire ? Depuis quand je me consacrais à épier derrière les rideaux comme ma grand-mère ? Je me sentais nerveuse, anxieuse, je regardais à nouveau, timidement, à travers les rideaux. Qui était-il ? Je ne connaissais personne avec une telle moto dans le coin et ça c’était étrange, parce que dans un petit village comme le mien on se connaissait presque tous les uns les autres. Nous étions passés par différentes étapes, de l’enfance à l’adolescence, dans le même collège, dans le même village. Et on ne peut pas dire que les choses avaient beaucoup changé par ici ces derniers temps.
La protagoniste de ma traduction longue, par Coralie
Violeta Dasinski est une architecte chilienne d’une quarantaine d’année. C’est une femme tourmentée et complexe, à la fois fragile et forte, que la vie n’a pas épargnée. D’abord abandonnée par sa mère puis par son premier mari, elle trouve du réconfort auprès d’Eduardo, écrivain en mal de succès, alcoolique et violent… Violeta s’enferme dans sa bulle, où se mêlent la naïveté, le rêve et la foi en l’humanité. Pour fuir son existence, elle se confie depuis l’enfance à sa meilleure amie Josefa et à ses journaux intimes, ses « trésors », qu’elle remplit notamment en périodes de crise : « Violeta n’a jamais autant écrit que lorsqu’elle vivait avec Eduardo ». Elle survit ainsi jusqu’au jour où, pour se sauver et sauver l’enfant qu’elle porte, elle commet l’irréparable, abandonnant à son tour sa fille adolescente…
Exercice d'écriture
En photo : London Grafitti 1 - June 2006, par ~ Meredith ~
Le sujet était : Graffiti
Des lignes, droites, courbes, sécantes, dans tous les sens, agressent, s’immiscent dans les yeux, dans le crâne et martèlent, la rébellion, la colère et la crainte, la déception face à ce monde conforme à rien, ces couleurs qui hurlent, qui crachent, qui accusent, condamnent et interpellent, exister un peu, au milieu du bitume, gris, triste, qui fait mal, emprisonne les rêves, annihile les ambitions, inhibe les sentiments, sur le mur, enfin, la rédemption, à portée de bombes, du balai, des mains, des bras, des jambes qui s’affairent, qui s’agitent, en mouvements cadencés au service du génie, il naît, puissant, indissoluble, inaltérable, là.
Coralie :
À cette heure, la rue est déserte. Condition idéale pour Yanis. Il jette un œil autour de lui pour s’assurer que la voie est libre. Personne. Ce mur, il l’a repéré depuis longtemps, il sait déjà ce qu’il va en faire. Le mur idéal, parfaitement bien placé, lisse, spacieux, un peu défraîchi… Il n’a donc aucune raison de se sentir coupable, il ne détériore rien, il embellit. Dans son sac à dos, ses bombes : du bleu, du vert, du noir, du rouge, de l’argenté. Avec ces couleurs, c’est sûr, il va réaliser sa plus belle œuvre. De toutes façons, il n’a pas le choix, il s’est déjà trop vanté de ses prouesses pour échouer. Toute la bande doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut tous les convaincre, surtout Tony, l’excellent, le génial Tony. S’il y arrive, il intègrera non seulement la bande mais il sortira de l’ombre : il ne sera plus un graffeur clandestin, il pourra enfin être reconnu. Vivre de son art, son rêve. Face à sa toile, bombe noire en main, un premier trait, un contour, puis un autre et encore un autre… La silhouette de quelques immeubles se dessine. Du gris pour les peindre. Du bleu pour l’horizon. Du vert pour le parc. Et du rouge, du rouge pour la violence qui réside dans ces tours. Non, il ne veut pas de beau… Il faut que ça parle, que ça choque, que ça fasse réfléchir. On ne peut pas, on ne doit pas rester passif, sans émotion, devant un graffiti. Lui, ce qu’il veut c’est que les petits bourgeois de ce quartier se rendent compte de la réalité qui est la sienne. Tout près d’ici, dans un autre monde.
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Laëtitia :
Des lignes, droites, courbes, sécantes, dans tous les sens, agressent, s’immiscent dans les yeux, dans le crâne et martèlent, la rébellion, la colère et la crainte, la déception face à ce monde conforme à rien, ces couleurs qui hurlent, qui crachent, qui accusent, condamnent et interpellent, exister un peu, au milieu du bitume, gris, triste, qui fait mal, emprisonne les rêves, annihile les ambitions, inhibe les sentiments, sur le mur, enfin, la rédemption, à portée de bombes, du balai, des mains, des bras, des jambes qui s’affairent, qui s’agitent, en mouvements cadencés au service du génie, il naît, puissant, indissoluble, inaltérable, là.
***
À cette heure, la rue est déserte. Condition idéale pour Yanis. Il jette un œil autour de lui pour s’assurer que la voie est libre. Personne. Ce mur, il l’a repéré depuis longtemps, il sait déjà ce qu’il va en faire. Le mur idéal, parfaitement bien placé, lisse, spacieux, un peu défraîchi… Il n’a donc aucune raison de se sentir coupable, il ne détériore rien, il embellit. Dans son sac à dos, ses bombes : du bleu, du vert, du noir, du rouge, de l’argenté. Avec ces couleurs, c’est sûr, il va réaliser sa plus belle œuvre. De toutes façons, il n’a pas le choix, il s’est déjà trop vanté de ses prouesses pour échouer. Toute la bande doit arriver d’une minute à l’autre. Il faut tous les convaincre, surtout Tony, l’excellent, le génial Tony. S’il y arrive, il intègrera non seulement la bande mais il sortira de l’ombre : il ne sera plus un graffeur clandestin, il pourra enfin être reconnu. Vivre de son art, son rêve. Face à sa toile, bombe noire en main, un premier trait, un contour, puis un autre et encore un autre… La silhouette de quelques immeubles se dessine. Du gris pour les peindre. Du bleu pour l’horizon. Du vert pour le parc. Et du rouge, du rouge pour la violence qui réside dans ces tours. Non, il ne veut pas de beau… Il faut que ça parle, que ça choque, que ça fasse réfléchir. On ne peut pas, on ne doit pas rester passif, sans émotion, devant un graffiti. Lui, ce qu’il veut c’est que les petits bourgeois de ce quartier se rendent compte de la réalité qui est la sienne. Tout près d’ici, dans un autre monde.
***
Grisaille. Les murs, les trottoirs, l’asphalte. Une enceinte, autour, un homme marche, l’autre tapi dans l’ombre, se cache. Plus personne. Il sort de l’ombre : sweat rouge, pantalon noir, large, baskets à trois bandes. Un sac plein à l’épaule. Il s’arrête. Devant lui le mur, triste, froid, uniforme. Coup d’œil à droite, à gauche. D’un geste prompt, il ouvre le sac. En sort trois bombes, les pose à terre, un masque blanc, le met sur son visage. Rouge, bleu, jaune. Il saisit la première, la dirige vers le mur, dessine un arc-de-cercle. La repose. Au tour du bleu. Trois taches çà et là. La rouge à nouveau. Le motif prend forme. Un instant, il s’immobilise, aux aguets. Coup d’œil à droite, à gauche. Toujours rien. Il reprend son ballet chorégraphique, alternant les couleurs, esquissant quatre lettres, sa signature sans doute. Du haut de ma fenêtre, je devine la passion qui l’anime. Ses gestes sont nerveux, précis, réfléchis. Soudain, il s’accroupit, jette les bombes dans son sac, pêle-mêle, retire le masque, reprend ses affaires et s’enfuit en courant. Au loin, je le vois sauter par-dessus un muret, lestement. Puis plus rien. Seule une sirène de police vient troubler le silence. Elle lui aura fait peur. Demain, à la même heure, il reviendra poursuivre son œuvre. Son unique moyen d’expression.
Amélie :
Grisaille. Les murs, les trottoirs, l’asphalte. Une enceinte, autour, un homme marche, l’autre tapi dans l’ombre, se cache. Plus personne. Il sort de l’ombre : sweat rouge, pantalon noir, large, baskets à trois bandes. Un sac plein à l’épaule. Il s’arrête. Devant lui le mur, triste, froid, uniforme. Coup d’œil à droite, à gauche. D’un geste prompt, il ouvre le sac. En sort trois bombes, les pose à terre, un masque blanc, le met sur son visage. Rouge, bleu, jaune. Il saisit la première, la dirige vers le mur, dessine un arc-de-cercle. La repose. Au tour du bleu. Trois taches çà et là. La rouge à nouveau. Le motif prend forme. Un instant, il s’immobilise, aux aguets. Coup d’œil à droite, à gauche. Toujours rien. Il reprend son ballet chorégraphique, alternant les couleurs, esquissant quatre lettres, sa signature sans doute. Du haut de ma fenêtre, je devine la passion qui l’anime. Ses gestes sont nerveux, précis, réfléchis. Soudain, il s’accroupit, jette les bombes dans son sac, pêle-mêle, retire le masque, reprend ses affaires et s’enfuit en courant. Au loin, je le vois sauter par-dessus un muret, lestement. Puis plus rien. Seule une sirène de police vient troubler le silence. Elle lui aura fait peur. Demain, à la même heure, il reviendra poursuivre son œuvre. Son unique moyen d’expression.
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Les protagonistes de la traduction longue, par Laëtitia
S’il est vrai que Las Interioridades est un recueil de nouvelles, et que par conséquent les personnages principaux sont différents, on peut néanmoins observer une unité. Le héros de chaque nouvelle est en proie à un désir de s’intégrer. Il évolue dans une réalité qui n’est pas la sienne. Seul, face à lui-même, il cherche sa place dans ce monde. La description du cheminement de sa pensée donne l’impression au lecteur de pénétrer son esprit et ce, même lorsque la narration est à la troisième personne. C’est d’ailleurs sur ce point que le titre du recueil trouve tout son à-propos. Il est également intéressant de considérer les métiers que ces personnages exercent : un traducteur, un pêcheur, un violoniste. Des métiers plutôt ancrés dans un univers de solitude, propice à l’introspection. Un clin d’œil pour nous, traducteurs en devenir, ou de ce qui nous attend de névroses et d’obsessions. Parfois, le protagoniste doit son intégration à une totale remise en cause de ses convictions, et d’autres fois, c’est au prix de lourds sacrifices qu’il gagne son appartenance à ce monde. Et, s’il échoue dans sa quête, c’est peut-être pour avoir refusé de se rebeller.
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vendredi 26 mars 2010
Découverte amusante et doutes…
Je viens de m'apercevoir qu'en anglais, Manolito Gafotas (le fameux personnage d'Elvira Lindo) s'appelle Manolito Four-Eyes… Je ne suis pas certaine de ce que j'en pense. Et vous ?
La protagoniste de Entre deux eaux, par Chloé
À quarante ans et des poussières, Cornelia Weber-Tejedor est commissaire à la criminelle dans la ville de Francfort et, bien que certains de ses collègues misogynes doutent de ses capacités, elle n’a plus à faire ses preuves. Si au premier abord, on rencontre une femme déterminée, calme et indépendante, on découvre au fil du roman qu’elle n’en est pas moins fragile et un peu névrosée. En effet, son mari l’a abandonnée pour pouvoir « se retrouver » en faisant le tour de l’Australie à moto, elle est obsédée par les maladies en tout genre et sa mère ne cesse de lui téléphoner au mauvais moment, ce qui l’empêche de regarder sa série préférée : Les Simpson.
Dans cette enquête, qui la plonge au cœur de la communauté espagnole et des problèmes liés à l’immigration, elle est finalement plus affectée qu’elle ne veut bien l’admettre, car même si elle ne renie pas ses racines espagnoles, elle leur a tout de même préféré la nationalité allemande. Ce conflit intérieur refait donc surface et l’ambivalence du personnage de Cornelia reflète alors parfaitement le titre du roman : Entre deux eaux.
Dans cette enquête, qui la plonge au cœur de la communauté espagnole et des problèmes liés à l’immigration, elle est finalement plus affectée qu’elle ne veut bien l’admettre, car même si elle ne renie pas ses racines espagnoles, elle leur a tout de même préféré la nationalité allemande. Ce conflit intérieur refait donc surface et l’ambivalence du personnage de Cornelia reflète alors parfaitement le titre du roman : Entre deux eaux.
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jeudi 25 mars 2010
Exercice pour dans 15 jours
Je vous l'avais annoncé, nous allons continuer à mener l'enquête sur vous traductions longues… Le terrain à défricher cette fois : présence/absence des descriptions. Y en a-t-il beaucoup, sont-elles longues, leur construction répond-elle à une logique interne… et enfin, quel rôle jouent-t-il dans l'élaboration du récit ?
À la conquête de ma traduction longue, par Amélie
Toujours pour leur permettre de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du texte qu'elles ont choisi de traduire, j'avais demandé aux apprenties traductrices de réfléchir à la manière dont le protagoniste de leur histoire était construit et le rôle qu'il jouait dans le récit.
Voici le produit des réflexions d'Amélie.
Le roman que je traduis étant une autobiographie, l’auteur est la narratrice ne sont qu’une seule et même personne.
Lorsqu’elle débarque à Utande pour la première fois, Juana Samper Ospina est une adolescente citadine et étrangère plutôt naïve –en apparence du moins–, pas du tout au fait de la vie à la campagne. Totalement fermée, au départ, aux découvertes et à un nouveau style de vie, cette première rencontre avec le moulin la transforme. Tant et si bien que quand elle y revient avec son mari et ses deux enfants, des années plus tard, elle est curieuse de tout apprendre –bien qu’elle méconnaisse toujours autant la nature. Tenace et optimiste, elle fait preuve d’une véritable envie d’avancer dans tout ce qu’elle entreprend : les cultures, l’achat du moulin, sa restauration, son intégration dans le village…Elle est d’ailleurs très observatrice, en témoigne la diversité et la précision des descriptions des personnes qu’elle rencontre. Le roman montre clairement que c’est quelqu’un de très cultivée, ou en tous les cas, de passionnée par sa région, tant elle y sème çà et là des références culturelles, en lien avec l’histoire
Cependant, vous allez me dire que ma narratrice n’a que des qualités. Effectivement, mais je doute qu’il en soit ainsi en vérité. Seulement, en faisant cet exercice, je me suis rendu compte qu’elle s’effaçait constamment derrière les anecdotes qu’elle livre au lecteur et derrière les multiples personnages qui en font partie. Mais alors, qui donne son unité au roman ?
Eh bien finalement, je pense que c’est le moulin. Chaque personnage, chaque épisode raconté dans ce livre est en relation directe avec le moulin. Ils partagent tous un lien avec un meunier, avec la fabrication de l’huile, ou avec quelqu’un qui a habité à cet endroit. C’est un lieu de vie, un lieu d’échange et de rencontre fondamental au sein du village d’Utande. Il a d’abord appartenu à un groupe de meuniers, puis à un couple espagnol, puis à Piero de Benedictis, célèbre chanteur argentin ; il a ensuite été « adopté » par le père de Juana, et enfin racheté par Juana elle-même. Il a traversé les époques et subi maintes transformations, jusqu’à la plus symbolique : la venue de l’électricité. Il semble agir comme un aimant : à la fois répulsif et attractif. Pour moi, le moulin n’est rien d’autre qu’une mise en abyme de ce que l’auteur nous dépeint ici : à l’état brut quand ils l’acquièrent, ils le réparent, le reconstruisent, l’enjolivent pour finir par y installer la plus simple marque de modernité, l’électricité. Il en est de même pour les villageois qui, s’ils paraissent rustres et énigmatiques pour commencer, ils s’avèrent finalement attachants au fil des rencontres et du partage, et finissent par apprendre au contact de la « modernité », tout comme ils enseignent leur mode de vie. Enfin, la transformation du moulin peut aussi s’apparenter à celle qui s’opère chez la narratrice au fil du roman.
Voici le produit des réflexions d'Amélie.
Le roman que je traduis étant une autobiographie, l’auteur est la narratrice ne sont qu’une seule et même personne.
Lorsqu’elle débarque à Utande pour la première fois, Juana Samper Ospina est une adolescente citadine et étrangère plutôt naïve –en apparence du moins–, pas du tout au fait de la vie à la campagne. Totalement fermée, au départ, aux découvertes et à un nouveau style de vie, cette première rencontre avec le moulin la transforme. Tant et si bien que quand elle y revient avec son mari et ses deux enfants, des années plus tard, elle est curieuse de tout apprendre –bien qu’elle méconnaisse toujours autant la nature. Tenace et optimiste, elle fait preuve d’une véritable envie d’avancer dans tout ce qu’elle entreprend : les cultures, l’achat du moulin, sa restauration, son intégration dans le village…Elle est d’ailleurs très observatrice, en témoigne la diversité et la précision des descriptions des personnes qu’elle rencontre. Le roman montre clairement que c’est quelqu’un de très cultivée, ou en tous les cas, de passionnée par sa région, tant elle y sème çà et là des références culturelles, en lien avec l’histoire
Cependant, vous allez me dire que ma narratrice n’a que des qualités. Effectivement, mais je doute qu’il en soit ainsi en vérité. Seulement, en faisant cet exercice, je me suis rendu compte qu’elle s’effaçait constamment derrière les anecdotes qu’elle livre au lecteur et derrière les multiples personnages qui en font partie. Mais alors, qui donne son unité au roman ?
Eh bien finalement, je pense que c’est le moulin. Chaque personnage, chaque épisode raconté dans ce livre est en relation directe avec le moulin. Ils partagent tous un lien avec un meunier, avec la fabrication de l’huile, ou avec quelqu’un qui a habité à cet endroit. C’est un lieu de vie, un lieu d’échange et de rencontre fondamental au sein du village d’Utande. Il a d’abord appartenu à un groupe de meuniers, puis à un couple espagnol, puis à Piero de Benedictis, célèbre chanteur argentin ; il a ensuite été « adopté » par le père de Juana, et enfin racheté par Juana elle-même. Il a traversé les époques et subi maintes transformations, jusqu’à la plus symbolique : la venue de l’électricité. Il semble agir comme un aimant : à la fois répulsif et attractif. Pour moi, le moulin n’est rien d’autre qu’une mise en abyme de ce que l’auteur nous dépeint ici : à l’état brut quand ils l’acquièrent, ils le réparent, le reconstruisent, l’enjolivent pour finir par y installer la plus simple marque de modernité, l’électricité. Il en est de même pour les villageois qui, s’ils paraissent rustres et énigmatiques pour commencer, ils s’avèrent finalement attachants au fil des rencontres et du partage, et finissent par apprendre au contact de la « modernité », tout comme ils enseignent leur mode de vie. Enfin, la transformation du moulin peut aussi s’apparenter à celle qui s’opère chez la narratrice au fil du roman.
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mercredi 24 mars 2010
mardi 23 mars 2010
lundi 22 mars 2010
dimanche 21 mars 2010
samedi 20 mars 2010
Exercice d'écriture
Le sujet de la semaine était : un personnage de cinéma que je garde en mémoire
***
Laëtitia Sw. :
Permettez-moi aujourd’hui de tricher un peu... En effet, le texte qui va suivre n’est pas le fruit d’un exercice d’invention et d’écriture personnelle comme d’habitude : il s’agit d’un extrait d’un court roman que j’ai lu d’une traite et pleine d’enthousiasme il y a quelques années. Dès que j’ai vu le sujet de la semaine, je n’ai plus eu qu’une idée en tête : retrouver ledit roman. Du coup, je l’ai cherché fébrilement dans ma bibliothèque (enfin... comme elle n’est pas encore totalement sur pied, plutôt dans le tas de poches et de cartons qui me servent de réserve, c’est dire le temps que ça m’a pris... mais bon, j’ai finalement mis la main dessus, fort satisfaite !). En le feuilletant, j’ai été de nouveau sous le même charme qu’à l’époque, et je me suis dit : oh la la, il cadre parfaitement avec le thème, je ne vais pas pouvoir penser à autre chose ! Donc pour cette fois, je m’effacerai exceptionnellement derrière ce petit roman aussi original que séduisant qu’est Stallone, d’Emmanuèle Bernheim. L’histoire débute dans une salle de cinéma où Lise, la narratrice, est venue assister à la projection du film Rocky III, l’Œil du Tigre de et avec Sylvester Stallone, lesquels (film, personnage et acteur) vont changer sa vie. Aimant moi aussi Stallone et quelques-uns de ses films (oui, pas tous, quand même...) mais me gardant bien de le crier sur tous les toits (difficile de trouver des arguments sérieux pour convaincre !), j’avais pensé après avoir lu le livre : géniale cette auteure (hmmm... j’ai encore du mal avec cette nouvelle orthographe : norme, quand tu nous tiens !), et/ou cette narratrice, qui décrit très bien les émotions qui, un jour, ont habité tous les fans de Rocky Balboa et/ou de Stallone. Alors, voilà, aujourd’hui, pas d’exercice d’écriture, juste un aveu de tocade cinématographique qui date de l’enfance (je vous entends déjà crier : bou, la honte !) et un clin d’œil à un très chouette roman !
« Quatre... Cinq... Six... Sept... Huit... Neuf... Dix...
Clubber Lang reste au sol.
L’arbitre se redresse.
« Clubber Lang est vaincu par knock-out. Le champion du monde des poids lourds est l’Étalon Italien : Rocky Balboa... »
Des spectateurs applaudirent. Pas Lise. Ses mains restèrent agrippées aux accoudoirs, tellement crispées que le velours lui piquait les paumes.
L’image se figea. Michel se leva. Il avait déjà sorti ses cigarettes et son briquet.
– Tu viens ?
... Risin’up, back on the street, did my time, took my chances...
Lise ne répondit pas. Elle écoutait la chanson.
... So many times, it happens too fast, you change your passion for glory...
– Je t’attends dehors.
... It’s the Eye of the Tiger, it’s the thrill of the fight...
Des spectateurs de sa rangée voulurent sortir, Lise ne se leva pas pour les laisser passer, elle ne se poussa même pas. Ils durent l’enjamber.
Elle ne bougeait pas.
C’était tout simple. Devenu champion du monde de boxe, Rocky Balboa se laisse aller et se ramollit. Un jour, Clubber Lang, un boxeur venu de la rue, le défie. Balboa l’affronte et perd son titre. Il reprend alors l’entraînement à la dure, comme à ses débuts, et retrouve la rage de vaincre, l’Œil du Tigre. Il bat Clubber Lang et regagne son titre. Et voilà.
Lise resta immobile jusqu’à la fin du générique. Elle fut la dernière à quitter la salle.
Michel discutait dehors avec un couple d’amis. Elle s’approcha. Ils critiquaient le film, ils préféraient tous Rocky I ou même Rocky II.
– Et toi ?
Elle n’avait vu ni l’un, ni l’autre.
Ils continuèrent à discuter. Lise n’avait pas envie de parler, et elle ne voulait plus les entendre.
– Je suis fatiguée. Je crois que je vais rentrer.
Elle embrassa Michel.
– À demain.
Elle descendit dans le métro. Arrivée au tourniquet, elle hésita. Non. Ce soir, elle avait envie de marcher.
... Don’t lose your grip on the dreams of the past, you must fight just to keep them alive...
Lise se retenait de chanter à tue-tête.
... It’s the Eye of the Tiger, it’s the thrill of the fight, rising up to the challenge of our rival...
Elle marchait de plus en plus vite.
... And the last known surivor stalks his prey in the night...
Elle se mit à courir.
... And he’s watchin’ us all in the Eye of the Tiger...
Elle sentait, à chaque foulée, les muscles de ses cuisses et ceux de ses mollets. Hanches, genoux, chevilles, chacune de ses articulations fonctionnait, et le trottoir, sous la plante de ses pieds, lui semblait presque élastique.
[...]
Désormais, elle irait voir tous les films de Stallone.
Tous. Elle n’en raterait aucun. Elle en faisait aujourd’hui le serment.
Et elle n’attendrait pas qu’ils passent à la télévision. Non. Elle irait les voir en salle, elle paierait sa place.
Elle lui devait bien cela. Car c’était grâce à lui que sa vie allait changer. »
Emmanuèle Bernheim, Stallone (Éditions Gallimard, Paris, 2002)
Permettez-moi aujourd’hui de tricher un peu... En effet, le texte qui va suivre n’est pas le fruit d’un exercice d’invention et d’écriture personnelle comme d’habitude : il s’agit d’un extrait d’un court roman que j’ai lu d’une traite et pleine d’enthousiasme il y a quelques années. Dès que j’ai vu le sujet de la semaine, je n’ai plus eu qu’une idée en tête : retrouver ledit roman. Du coup, je l’ai cherché fébrilement dans ma bibliothèque (enfin... comme elle n’est pas encore totalement sur pied, plutôt dans le tas de poches et de cartons qui me servent de réserve, c’est dire le temps que ça m’a pris... mais bon, j’ai finalement mis la main dessus, fort satisfaite !). En le feuilletant, j’ai été de nouveau sous le même charme qu’à l’époque, et je me suis dit : oh la la, il cadre parfaitement avec le thème, je ne vais pas pouvoir penser à autre chose ! Donc pour cette fois, je m’effacerai exceptionnellement derrière ce petit roman aussi original que séduisant qu’est Stallone, d’Emmanuèle Bernheim. L’histoire débute dans une salle de cinéma où Lise, la narratrice, est venue assister à la projection du film Rocky III, l’Œil du Tigre de et avec Sylvester Stallone, lesquels (film, personnage et acteur) vont changer sa vie. Aimant moi aussi Stallone et quelques-uns de ses films (oui, pas tous, quand même...) mais me gardant bien de le crier sur tous les toits (difficile de trouver des arguments sérieux pour convaincre !), j’avais pensé après avoir lu le livre : géniale cette auteure (hmmm... j’ai encore du mal avec cette nouvelle orthographe : norme, quand tu nous tiens !), et/ou cette narratrice, qui décrit très bien les émotions qui, un jour, ont habité tous les fans de Rocky Balboa et/ou de Stallone. Alors, voilà, aujourd’hui, pas d’exercice d’écriture, juste un aveu de tocade cinématographique qui date de l’enfance (je vous entends déjà crier : bou, la honte !) et un clin d’œil à un très chouette roman !
« Quatre... Cinq... Six... Sept... Huit... Neuf... Dix...
Clubber Lang reste au sol.
L’arbitre se redresse.
« Clubber Lang est vaincu par knock-out. Le champion du monde des poids lourds est l’Étalon Italien : Rocky Balboa... »
Des spectateurs applaudirent. Pas Lise. Ses mains restèrent agrippées aux accoudoirs, tellement crispées que le velours lui piquait les paumes.
L’image se figea. Michel se leva. Il avait déjà sorti ses cigarettes et son briquet.
– Tu viens ?
... Risin’up, back on the street, did my time, took my chances...
Lise ne répondit pas. Elle écoutait la chanson.
... So many times, it happens too fast, you change your passion for glory...
– Je t’attends dehors.
... It’s the Eye of the Tiger, it’s the thrill of the fight...
Des spectateurs de sa rangée voulurent sortir, Lise ne se leva pas pour les laisser passer, elle ne se poussa même pas. Ils durent l’enjamber.
Elle ne bougeait pas.
C’était tout simple. Devenu champion du monde de boxe, Rocky Balboa se laisse aller et se ramollit. Un jour, Clubber Lang, un boxeur venu de la rue, le défie. Balboa l’affronte et perd son titre. Il reprend alors l’entraînement à la dure, comme à ses débuts, et retrouve la rage de vaincre, l’Œil du Tigre. Il bat Clubber Lang et regagne son titre. Et voilà.
Lise resta immobile jusqu’à la fin du générique. Elle fut la dernière à quitter la salle.
Michel discutait dehors avec un couple d’amis. Elle s’approcha. Ils critiquaient le film, ils préféraient tous Rocky I ou même Rocky II.
– Et toi ?
Elle n’avait vu ni l’un, ni l’autre.
Ils continuèrent à discuter. Lise n’avait pas envie de parler, et elle ne voulait plus les entendre.
– Je suis fatiguée. Je crois que je vais rentrer.
Elle embrassa Michel.
– À demain.
Elle descendit dans le métro. Arrivée au tourniquet, elle hésita. Non. Ce soir, elle avait envie de marcher.
... Don’t lose your grip on the dreams of the past, you must fight just to keep them alive...
Lise se retenait de chanter à tue-tête.
... It’s the Eye of the Tiger, it’s the thrill of the fight, rising up to the challenge of our rival...
Elle marchait de plus en plus vite.
... And the last known surivor stalks his prey in the night...
Elle se mit à courir.
... And he’s watchin’ us all in the Eye of the Tiger...
Elle sentait, à chaque foulée, les muscles de ses cuisses et ceux de ses mollets. Hanches, genoux, chevilles, chacune de ses articulations fonctionnait, et le trottoir, sous la plante de ses pieds, lui semblait presque élastique.
[...]
Désormais, elle irait voir tous les films de Stallone.
Tous. Elle n’en raterait aucun. Elle en faisait aujourd’hui le serment.
Et elle n’attendrait pas qu’ils passent à la télévision. Non. Elle irait les voir en salle, elle paierait sa place.
Elle lui devait bien cela. Car c’était grâce à lui que sa vie allait changer. »
Emmanuèle Bernheim, Stallone (Éditions Gallimard, Paris, 2002)
***
Laëtitia :
Dans mon souvenir, Ma Sorcière Bien Aimée, faisait naître en moi de doux rêves sucrés de désirs exhaussés en remuant mon nez. Qu’en est-il aujourd’hui ? Samantha Stevens, jolie comme un cœur, au sens de l’humour tout en subtilité et son mari au physique ingrat où l’on n’a rien compris au principe des torchons et des serviettes, pourtant si cher à la télévision étasunienne. Non mais franchement, avec un menton d’un kilomètre de long, comment cet énergumène a-t-il réussi à conquérir le cœur de Samantha ?
Eh bien tout simplement comme cela se faisait il n’y a pas si longtemps : en offrant un mode de vie. Samantha ne voulait qu’une chose, allez savoir pourquoi : une vie normale d’être humain normal. Quoi de mieux que de partager celle d’un Américain moyen, dans une maison douillette de banlieue tranquille.
Mais n’est-il pas cher payé, ce rêve ? Se retrouver avec un homme qui est si conscient de sa médiocrité qu’il ne supporte pas la supériorité de sa femme et lui interdit formellement d’utiliser ses pouvoirs ? Bien sûr, il autorise des entorses à ses propres règles lorsqu’il s’agit de lui venir en aide. Car Jean-Pierre, Jean-Pitre ou Jean-Poire pour les intimes, ne se contente pas d’être laid, loin de là, il est également simplet et d’une incroyable incompétence dans son travail. Il doit sans cesse faire appel aux pouvoirs de sa femme mais aussi, le plus souvent, à son intelligence cent fois supérieure à la sienne, pour se tirer de mauvaises situations et sauver son emploi.
Interdire à Samantha d’utiliser ses pouvoirs, revient à lui faire renier son identité. C’est une façon d’augmenter son emprise sur elle. Jean-Poire a l’ascendant. De cette façon, au moins, Samantha ne se rend pas compte que toutes les choses que son mari ne peut pas lui offrir, ne tiennent, en réalité, qu’à un remuement de nez.
Comment peut-on vouloir troquer une vie où l’on peut tout avoir contre celle de bonne à tout faire où il faut savoir rester dans l’ombre de son mari et accepter d’être exhibée en tant que faire-valoir? N’est-il pas là, le message de la télévision américaine de l’époque ? Une femme n’est heureuse que si elle est à « sa place ».
On voudrait crier à Samantha de se rebeller. Rien n’y ferait, aussi convaincue qu’elle est que son bonheur est là : s’occuper de son mari d’abord, de ses enfants ensuite et, peut-être, loin derrière, d’elle même.
Voilà donc comment on façonne l’esprit de millions de petites filles alors si Barbie Femme au Foyer en rajoute une couche, nous sommes perdues !
Dans mon souvenir, Ma Sorcière Bien Aimée, faisait naître en moi de doux rêves sucrés de désirs exhaussés en remuant mon nez. Qu’en est-il aujourd’hui ? Samantha Stevens, jolie comme un cœur, au sens de l’humour tout en subtilité et son mari au physique ingrat où l’on n’a rien compris au principe des torchons et des serviettes, pourtant si cher à la télévision étasunienne. Non mais franchement, avec un menton d’un kilomètre de long, comment cet énergumène a-t-il réussi à conquérir le cœur de Samantha ?
Eh bien tout simplement comme cela se faisait il n’y a pas si longtemps : en offrant un mode de vie. Samantha ne voulait qu’une chose, allez savoir pourquoi : une vie normale d’être humain normal. Quoi de mieux que de partager celle d’un Américain moyen, dans une maison douillette de banlieue tranquille.
Mais n’est-il pas cher payé, ce rêve ? Se retrouver avec un homme qui est si conscient de sa médiocrité qu’il ne supporte pas la supériorité de sa femme et lui interdit formellement d’utiliser ses pouvoirs ? Bien sûr, il autorise des entorses à ses propres règles lorsqu’il s’agit de lui venir en aide. Car Jean-Pierre, Jean-Pitre ou Jean-Poire pour les intimes, ne se contente pas d’être laid, loin de là, il est également simplet et d’une incroyable incompétence dans son travail. Il doit sans cesse faire appel aux pouvoirs de sa femme mais aussi, le plus souvent, à son intelligence cent fois supérieure à la sienne, pour se tirer de mauvaises situations et sauver son emploi.
Interdire à Samantha d’utiliser ses pouvoirs, revient à lui faire renier son identité. C’est une façon d’augmenter son emprise sur elle. Jean-Poire a l’ascendant. De cette façon, au moins, Samantha ne se rend pas compte que toutes les choses que son mari ne peut pas lui offrir, ne tiennent, en réalité, qu’à un remuement de nez.
Comment peut-on vouloir troquer une vie où l’on peut tout avoir contre celle de bonne à tout faire où il faut savoir rester dans l’ombre de son mari et accepter d’être exhibée en tant que faire-valoir? N’est-il pas là, le message de la télévision américaine de l’époque ? Une femme n’est heureuse que si elle est à « sa place ».
On voudrait crier à Samantha de se rebeller. Rien n’y ferait, aussi convaincue qu’elle est que son bonheur est là : s’occuper de son mari d’abord, de ses enfants ensuite et, peut-être, loin derrière, d’elle même.
Voilà donc comment on façonne l’esprit de millions de petites filles alors si Barbie Femme au Foyer en rajoute une couche, nous sommes perdues !
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promo Aline Schulman
vendredi 19 mars 2010
Petit exercice lexical
Trouvez l'autre nom espagnol (plus courant) et la traduction française de ces fleurs : los doncenones…
Résultats du sondage : « Le plus souvent qu'est-ce qui préside au choix d'un livre que vous ne connaissiez pas ? »
Sur 19 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Le hasard = 7 voix (36%)
Lecture d'un critique = 5 voix (26%)
Le conseil d'un proche = 7 voix (36%)
Le conseil du libraire = 0 voix
Le hasard = 7 voix (36%)
Lecture d'un critique = 5 voix (26%)
Le conseil d'un proche = 7 voix (36%)
Le conseil du libraire = 0 voix
Votre version de la semaine : le sujet du CAPES externe de cette année (tombé hier, jeudi 18 mars)
Achispada como iba, con todos los sentidos embotados por el acohol y los reflejos considerablemente mermados, conducir a lo largo de la sinuosa y angosta carretera que llevaba a Sant Blai d'Escons fue una auténtica pesadilla. Estaba convencida de que iba a pegarme un tortazo en cualquier curva y que o bien me moriría, tras desangrarme lentamente entre el amasijo de hierros retorcidos y desgañitarme en vano pidiendo socorro durante toda la noche, o bien me quedaría inválida para el resto de mi vida. ¿Cabía mayor sarcasmo que el de morir en un lugar al que había ido huyendo de una contrariedad doméstica que en aquellos momentos la distancia tornaba ridícula? ¿No habría exagerado las molestias que me ocasionaban las obras?
Para acabar de arreglarlo todo, a mitad del camino empezo a caer una llovizna que en algunos momentos parecía aguanieve y hacía la pista muy resbaladiza. El pánico me agarrotaba las manos y, cuando, al salir de una curva, un conejo de monte cruzó de improviso la carretera a dos metros escasos de las ruedas del coche, di un brusco frenazo que me hizo perder el control. El coche resbaló, dio no sé si una o dos vueltas sobre su proprio eje a toda velocidad y, cuando yo ya pensaba que me estrellaba sin remedio contra alguno de los árboles que flanqueaban la carretera, se detuvo milagrosamente indemne, pero en el carril contrario y mirando a Bellvei, como si pretendiera regresar al lugar del que veníamos. Se me ocurrió que quizá se tratase de una señal con la que los hados pretendían advertirme de que algún desastre me aguardaba en Sant Blai o en el camino hacia allí. Y admito que, presa de un oscuro temor supersticioso, durante unos instantes estuve a punto de emprender el regreso a Bellvei e ingeniármelas como pudiera para pasar allí la noche.
Para acabar de arreglarlo todo, a mitad del camino empezo a caer una llovizna que en algunos momentos parecía aguanieve y hacía la pista muy resbaladiza. El pánico me agarrotaba las manos y, cuando, al salir de una curva, un conejo de monte cruzó de improviso la carretera a dos metros escasos de las ruedas del coche, di un brusco frenazo que me hizo perder el control. El coche resbaló, dio no sé si una o dos vueltas sobre su proprio eje a toda velocidad y, cuando yo ya pensaba que me estrellaba sin remedio contra alguno de los árboles que flanqueaban la carretera, se detuvo milagrosamente indemne, pero en el carril contrario y mirando a Bellvei, como si pretendiera regresar al lugar del que veníamos. Se me ocurrió que quizá se tratase de una señal con la que los hados pretendían advertirme de que algún desastre me aguardaba en Sant Blai o en el camino hacia allí. Y admito que, presa de un oscuro temor supersticioso, durante unos instantes estuve a punto de emprender el regreso a Bellvei e ingeniármelas como pudiera para pasar allí la noche.
Mercedes Abad, El vecino de abajo (2007)
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Laëtitia nous propose sa traduction :
Ivre comme je l’étais, tous les sens engourdis par l’alcool et les reflexes considérablement diminués, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un vrai cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me prendre une gamelle dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de taule froissée et m’être égosillée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en sortirais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il plus grande ironie que celle de mourir là où j’avais accouru pour fuir une contrariété domestique que la distance faisait paraître dérisoire en ce moment ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient les travaux ?
Par-dessus le marché, au milieu du trajet, il commença à tomber une bruine qui avait parfois l’air d’être de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa la route à l’improviste à deux mètres à peine des roues de la voiture, je freinai d’un coup sec ce qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, je ne sais si elle fit un tour ou deux sur son propre axe à toute vitesse et, quand je pensais déjà que j’allais à coup sûr m’écraser contre un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta miraculeusement indemne, mais sur la voie de circulation inverse et face à Bellevei, comme si elle était décidée à retourner à l’endroit d’où nous venions. Il m’est venu à l’esprit qu’il s’agissait peut-être d’un signe par lequel le destin voulait me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin dans sa direction. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le voyage retour à Bellevei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
Ivre comme je l’étais, tous les sens engourdis par l’alcool et les reflexes considérablement diminués, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un vrai cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me prendre une gamelle dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de taule froissée et m’être égosillée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en sortirais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il plus grande ironie que celle de mourir là où j’avais accouru pour fuir une contrariété domestique que la distance faisait paraître dérisoire en ce moment ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient les travaux ?
Par-dessus le marché, au milieu du trajet, il commença à tomber une bruine qui avait parfois l’air d’être de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa la route à l’improviste à deux mètres à peine des roues de la voiture, je freinai d’un coup sec ce qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, je ne sais si elle fit un tour ou deux sur son propre axe à toute vitesse et, quand je pensais déjà que j’allais à coup sûr m’écraser contre un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta miraculeusement indemne, mais sur la voie de circulation inverse et face à Bellevei, comme si elle était décidée à retourner à l’endroit d’où nous venions. Il m’est venu à l’esprit qu’il s’agissait peut-être d’un signe par lequel le destin voulait me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin dans sa direction. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le voyage retour à Bellevei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
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Coralie nous propose sa traduction :
Enivrée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu du ramassis de ferrailles tordues, et vainement égosillée en appelant à l’aide toute la nuit, soit je serais invalide pour le restant de ma vie. Existait-il un plus grand sarcasme que celui de mourir dans un lieu que j’avais peu à peu fuit à cause d’une contrariété domestique que dans ces moments-là la distance rendait ridicule ? N’aurais-je pas exagéré les troubles que m’occasionnaient les travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber, ressemblant par moments à de la neige fondue et rendant la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa à l’improviste la route à deux mètres à peine des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture glissa, je ne sais si elle fit un ou deux tours sur son propre axe à toute vitesse et, alors que je pensais déjà que j’allais forcément m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta comme par miracle, indemne, mais sur la voie inverse et regardant Bellvei, comme si elle prétendait retourner de là où nous venions. Il me vint à l’esprit qu’il s’agissait peut être d’un signe grâce auquel le destin voulait m’avertir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admis que, prisonnière d’une crainte superstitieuse et obscure, durant quelques instants je fus sur le point d’amorcer le retour à Bellvei et m’arranger comme je pouvais pour passer la nuit là-bas.
Enivrée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu du ramassis de ferrailles tordues, et vainement égosillée en appelant à l’aide toute la nuit, soit je serais invalide pour le restant de ma vie. Existait-il un plus grand sarcasme que celui de mourir dans un lieu que j’avais peu à peu fuit à cause d’une contrariété domestique que dans ces moments-là la distance rendait ridicule ? N’aurais-je pas exagéré les troubles que m’occasionnaient les travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber, ressemblant par moments à de la neige fondue et rendant la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa à l’improviste la route à deux mètres à peine des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture glissa, je ne sais si elle fit un ou deux tours sur son propre axe à toute vitesse et, alors que je pensais déjà que j’allais forcément m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta comme par miracle, indemne, mais sur la voie inverse et regardant Bellvei, comme si elle prétendait retourner de là où nous venions. Il me vint à l’esprit qu’il s’agissait peut être d’un signe grâce auquel le destin voulait m’avertir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admis que, prisonnière d’une crainte superstitieuse et obscure, durant quelques instants je fus sur le point d’amorcer le retour à Bellvei et m’arranger comme je pouvais pour passer la nuit là-bas.
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Chloé nous propose sa traduction :
Eméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me planter à n’importe quel virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang sous l’amas de tôle froissée et m’être époumonée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique rendue à présent dérisoire par la distance? N’aurais-je pas exagéré la gêne que je ressentais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine qui ressemblait parfois à de la neige fondue commença à tomber, ce qui rendait la chaussée glissante. Mes mains étaient crispées par la panique, quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa soudainement la route à deux mètres à peine des roues de la voiture : je freinai d’un coup sec, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, je ne sais pas si ce fut un ou deux tours qu’elle fit sur elle-même à toute vitesse et, alors que je pensais fatalement m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’immobilisa miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, regardant Bellvei, comme si elle tentait de repartir à l’endroit d’où on venait. Je pensai qu’il s’agissait peut-être là d’un signe du destin voulant me prévenir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai, ou sur le chemin y menant. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse incompréhensible, durant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
Eméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me planter à n’importe quel virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang sous l’amas de tôle froissée et m’être époumonée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique rendue à présent dérisoire par la distance? N’aurais-je pas exagéré la gêne que je ressentais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine qui ressemblait parfois à de la neige fondue commença à tomber, ce qui rendait la chaussée glissante. Mes mains étaient crispées par la panique, quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa soudainement la route à deux mètres à peine des roues de la voiture : je freinai d’un coup sec, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, je ne sais pas si ce fut un ou deux tours qu’elle fit sur elle-même à toute vitesse et, alors que je pensais fatalement m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’immobilisa miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, regardant Bellvei, comme si elle tentait de repartir à l’endroit d’où on venait. Je pensai qu’il s’agissait peut-être là d’un signe du destin voulant me prévenir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai, ou sur le chemin y menant. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse incompréhensible, durant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
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Amélie nous propose sa traduction :
Éméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route étroite et sinueuse qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais être victime d’un accident dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu de l’amas de tôle froissée et m’être égosillée en vain à force d’appeler au secours toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-t-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique que la distance rendait à présent dérisoire? N’aurais-je pas exagéré la gêne que j’éprouvais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber ; parfois semblable à de la neige fondue, cela rendait la chaussée très glissante. Mes mains étaient crispées par la panique quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa la route sans crier gare à deux mètres à peine des roues de ma voiture : je freinai brusquement, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, fit un tour ou deux –je ne sais pas– sur elle-même à une vitesse folle et, alors que je me voyais déjà m’écraser à coup sûr contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, dans la direction de Bellevei, comme si elle essayait de retourner à l’endroit d’où nous venions. Je me dis qu’il s’agissait peut-être d’un signe envoyé par le destin pour tenter de me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse obscure, pendant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de me débrouiller comme je pourrais pour y passer la nuit.
Éméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route étroite et sinueuse qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais être victime d’un accident dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu de l’amas de tôle froissée et m’être égosillée en vain à force d’appeler au secours toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-t-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique que la distance rendait à présent dérisoire? N’aurais-je pas exagéré la gêne que j’éprouvais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber ; parfois semblable à de la neige fondue, cela rendait la chaussée très glissante. Mes mains étaient crispées par la panique quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa la route sans crier gare à deux mètres à peine des roues de ma voiture : je freinai brusquement, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, fit un tour ou deux –je ne sais pas– sur elle-même à une vitesse folle et, alors que je me voyais déjà m’écraser à coup sûr contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, dans la direction de Bellevei, comme si elle essayait de retourner à l’endroit d’où nous venions. Je me dis qu’il s’agissait peut-être d’un signe envoyé par le destin pour tenter de me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse obscure, pendant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de me débrouiller comme je pourrais pour y passer la nuit.
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Éméchée comme je l’étais, les sens tous émoussés par l’alcool et les réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais partir dans le décor au premier virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de tôles froissées et m’être en vain égosillée à appeler au secours pendant toute la nuit, soit je resterais handicapée pour le restant de mes jours. Mourir dans un lieu que j’avais fui pour une contrariété domestique dont je mesurais à ce moment-là la distance ridicule ne relevait-il pas du plus grand sarcasme ? Est-ce que je n’aurais pas exagéré la gêne occasionnée par les travaux ?
Pour couronner le tout, il se mit à tomber, à mi-chemin, une pluie fine qui, à certains moments, semblait être de la neige fondue et rendait la chaussée très glissante. La panique m’engourdissait les mains et quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa tout à coup la route à deux mètres à peine devant les roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, fit à toute vitesse un ou deux tête-à-queue, je ne sais pas, et, alors que je pensais déjà que j’allais irrémédiablement m’écraser contre un des arbres bordant la route, elle s’immobilisa, miraculeusement indemne, sauf qu’elle était sur l’autre voie et en sens inverse, regardant vers Bellvei, comme si elle cherchait à retourner à l’endroit d’où nous venions. J’eus l’idée qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin en vue de m’avertir d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admets que, prisonnière d’une obscure peur superstitieuse, je fus, durant quelques instants, sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
Éméchée comme je l’étais, les sens tous émoussés par l’alcool et les réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais partir dans le décor au premier virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de tôles froissées et m’être en vain égosillée à appeler au secours pendant toute la nuit, soit je resterais handicapée pour le restant de mes jours. Mourir dans un lieu que j’avais fui pour une contrariété domestique dont je mesurais à ce moment-là la distance ridicule ne relevait-il pas du plus grand sarcasme ? Est-ce que je n’aurais pas exagéré la gêne occasionnée par les travaux ?
Pour couronner le tout, il se mit à tomber, à mi-chemin, une pluie fine qui, à certains moments, semblait être de la neige fondue et rendait la chaussée très glissante. La panique m’engourdissait les mains et quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa tout à coup la route à deux mètres à peine devant les roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, fit à toute vitesse un ou deux tête-à-queue, je ne sais pas, et, alors que je pensais déjà que j’allais irrémédiablement m’écraser contre un des arbres bordant la route, elle s’immobilisa, miraculeusement indemne, sauf qu’elle était sur l’autre voie et en sens inverse, regardant vers Bellvei, comme si elle cherchait à retourner à l’endroit d’où nous venions. J’eus l’idée qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin en vue de m’avertir d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admets que, prisonnière d’une obscure peur superstitieuse, je fus, durant quelques instants, sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.
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Émeline nous propose sa traduction :
Éméchée comme je l’étais, les sens engourdis et les réflexes considérablement diminués par l’alcool, conduire le long de l’étroite et sinueuse route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un authentique cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me foutre en l’air dans n’importe quel virage et que soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au beau milieu de l’enchevêtrement de tôle froissée et après avoir hurlé au secours en vain pendant toute la nuit, soit je resterais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il une ironie plus grande que de mourir dans un endroit où l’on était venu pour échapper à une contrariété domestique que la distance rendait ridicule en des moments pareils ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient ces travaux ? Pour couronner le tout, à mi-chemin une fine pluie se mit à tomber, qui ressemblait parfois à de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains sur le volant, et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa soudain la route à à peine deux mètres des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, tourna une ou deux fois sur elle-même à toute vitesse, et, alors que je pensais que j’allais inévitablement me fracasser contre une des arbres bordant la route, la voiture s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie contraire, regardant vers Bellvei, comme si elle voulait retourner là d’où nous venions. Je crus qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin qui cherchait à me protéger d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point de repartir à Bellvei et me débrouiller pour passer la nuit là-bas.
Éméchée comme je l’étais, les sens engourdis et les réflexes considérablement diminués par l’alcool, conduire le long de l’étroite et sinueuse route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un authentique cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me foutre en l’air dans n’importe quel virage et que soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au beau milieu de l’enchevêtrement de tôle froissée et après avoir hurlé au secours en vain pendant toute la nuit, soit je resterais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il une ironie plus grande que de mourir dans un endroit où l’on était venu pour échapper à une contrariété domestique que la distance rendait ridicule en des moments pareils ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient ces travaux ? Pour couronner le tout, à mi-chemin une fine pluie se mit à tomber, qui ressemblait parfois à de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains sur le volant, et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa soudain la route à à peine deux mètres des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, tourna une ou deux fois sur elle-même à toute vitesse, et, alors que je pensais que j’allais inévitablement me fracasser contre une des arbres bordant la route, la voiture s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie contraire, regardant vers Bellvei, comme si elle voulait retourner là d’où nous venions. Je crus qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin qui cherchait à me protéger d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point de repartir à Bellvei et me débrouiller pour passer la nuit là-bas.
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Sonita nous propose sa traduction :
Éméchée comme j’étais, avec tous les sens engourdis par l’alcool et les réflexes considérablement réduits, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d'Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un quelconque virage et que, ou bien je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang parmi le ramassis de fers déformés et m’époumoner en vain en train de crier au secours toute la nuit, ou alors je serais sur une chaise roulante le restant de mes jours. Y-avait-il un comble plus grand que celui de mourir là où j’avais fui à cause d’une contrariété domestique qu’à cet instant-là la distance rendait ridicule ? N’avais-je pas exagéré les ennuis que me causaient les travaux ?
Par-dessus le marché, à la moitié du chemin, une bruine commença à tomber et qui à certains moments paraissait de la neige fondue et rendait la route très glissante. La panique me serrait les mains très fort et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de montagne traversa à l’improviste la route à seulement deux mètres des roues de la voiture, je freinai si brusquement que j’en perdis le contrôle. La voiture glissa, fit un ou deux tours sur elle-même à toute vitesse, et, quand je pensai que j’allai m’écraser de toute façon contre l’un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta net indemne, mais sur la voie en sens contraire en direction de Bellvei, comme si elle avait l’intention de revenir là d’où nous venions. Il me vint à l’esprit que peut-être il s’agissait d’un signe avec lequel le destin prétendaient m’avertir qu’une quelconque catastrophe m’attendait à Sant Blai ou en chemin vers là-bas. Et j’admets que, prise d’une obscure peur superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et trouver une manière d’y passer la nuit.
Éméchée comme j’étais, avec tous les sens engourdis par l’alcool et les réflexes considérablement réduits, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d'Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un quelconque virage et que, ou bien je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang parmi le ramassis de fers déformés et m’époumoner en vain en train de crier au secours toute la nuit, ou alors je serais sur une chaise roulante le restant de mes jours. Y-avait-il un comble plus grand que celui de mourir là où j’avais fui à cause d’une contrariété domestique qu’à cet instant-là la distance rendait ridicule ? N’avais-je pas exagéré les ennuis que me causaient les travaux ?
Par-dessus le marché, à la moitié du chemin, une bruine commença à tomber et qui à certains moments paraissait de la neige fondue et rendait la route très glissante. La panique me serrait les mains très fort et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de montagne traversa à l’improviste la route à seulement deux mètres des roues de la voiture, je freinai si brusquement que j’en perdis le contrôle. La voiture glissa, fit un ou deux tours sur elle-même à toute vitesse, et, quand je pensai que j’allai m’écraser de toute façon contre l’un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta net indemne, mais sur la voie en sens contraire en direction de Bellvei, comme si elle avait l’intention de revenir là d’où nous venions. Il me vint à l’esprit que peut-être il s’agissait d’un signe avec lequel le destin prétendaient m’avertir qu’une quelconque catastrophe m’attendait à Sant Blai ou en chemin vers là-bas. Et j’admets que, prise d’une obscure peur superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et trouver une manière d’y passer la nuit.
jeudi 18 mars 2010
mercredi 17 mars 2010
Résultats du sondage : « Pour traduire pleinement le sens, faut-il au besoin aller à l'encontre de la norme (grammaticale, etc.) ? »
Sur 22 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Oui = 18 voix (81%)
Non = 4 voix (18%)
C'est Laëtitia, la fidèle gardienne du temple grammatical, qui doit être désespérée. Quoi que… il me semble qu'elle a un peu cédé du terrain là-dessus. Je me trompe ? Réponse exigée !
Oui = 18 voix (81%)
Non = 4 voix (18%)
C'est Laëtitia, la fidèle gardienne du temple grammatical, qui doit être désespérée. Quoi que… il me semble qu'elle a un peu cédé du terrain là-dessus. Je me trompe ? Réponse exigée !
« Plus auteur que l'auteur. Traduire comme exercice royal et aristocratique », par Fernando Bouza
Lors de notre déjeuner de vendredi dernier, Jean-Marie Saint-Lu nous a parlé d'un petit texte « éblouissant » (sur la traduction) qu'il est en train de traduire…
Généreusement, il nous en fait profiter. Merci à lui !
Bonne lecture à tous.
En 1646, Jacinto de Herrera y Sotomayor publicó en Madrid su traducción de las Mémoires de la reine Marguerite de Valois. El texto, que en español se tradujo como Memorias que escribió de sí Margarita de Francia, es de una extraordinaria belleza y calidad y en él, como dice Herrera, “la más ilustre princesa... se describió a sí misma para vivir con alma en sus retratos”. Preciosa figura ésta en la que las “memorias [escritas] de sí” por la propia Marguerite darían vida -animarían- a los retratos que guardaban otra memoria, la visual, de la reina. Sólo queda imaginar una escena en la que las memorias se leyeran en voz alta frente a un retrato de la que fue primera esposa de Enrique IV. Algo perfectamente posible si tenemos en cuenta algunos testimonios sobre cómo los aposentos elegidos para leer la correspondencia familiar eran, precisamente, las galerías de retratos.
El libro de Marguerite de Valois se publicó con una aprobación de Juan Ponce de León, quien aprovechó la ocasión que se le brindaba para escribir sobre las dificultades que suponía traducir y sobre cuál era exactamente el trabajo de un traductor. Dice el padre mínimo que:
“Entre los doctos se tiene por menos arduo escribir un libro de nuevo que traducirlo de su original a ajena lengua, porque el que escribe de nuevo corre por un campo muy dilatado en el que puede extenderse todo a su arbitrio y espaciarse a su voluntad. Pero el que fielmente traduce, va siempre teniendo enfrenada la elección, corregida la libertad, oprimido su dictado y mortificado el propio apetito, determinándole lo que ha de escoger y dejándole sola la facultad de una palabra o de otra, con tal limitación que, aún en esta poquedad de ejercicio, ha de guardar la ley de la proporción y de la correspondencia al original, de tal modo que los borrones de la traducción no vengan a oscurecerle, cuando el intento principal ha de ser ilustrarle”.
Las palabras de Ponce de León son de una enorme riqueza desde el punto de vista de un análisis cultural. Traducir es una operación compleja que pasa por enfrenar la elección y corregir la libertad personales, oprimir el dictado y mortificar el apetito propios. Es decir, para conseguir el objetivo último de guardar la proporción y la correspondencia con el original del que se está ocupando, el traductor tiene que controlar su propia capacidad creativa, tiene que dominar su voluntad de autor, tal y como ésta se expresaría eligiendo libremente de acuerdo a su propios dictado y apetito personales.
He aquí al Traductor como una muestra del autocontrol de las propias pasiones individuales por el que el Barroco mostró una especial predilección, como nos recordó Walter Benjamin en su Origine du drame baroque allemand. En su búsqueda de una obra proporcionada y correspondiente con el original al que sirve, el Traductor se mortifica, se oprime, se corrige y se enfrena a sí mismo para servir a una creación que no es suya, sino de otro. A la luz de esto, me atrevo a sugerir, que el Traductor podría ser un tercer ejemplo que añadir a los barrocos modelos clásicos del Santo y del Cortesano propuestos por Benjamin, pues, como ellos, se controla y autolimita para la obtención de su objetivo final. En su caso, éste no es ni la Santidad ni la Cortesía perfectas, sino la perfecta Traducción.
Santos y Cortesanos renuncian a sus apetitos, controlándose siempre. También lo hace el Traductor y, como decía Juan Ponce de León, se debería considerar más fácil escribir una obra nueva que tener que traducir la obra de otro. En ese sentido, el traductor es una figura de doble autor, un segundo autor más autor que el primer. Él nos permite conocer el original, realizando el enorme esfuerzo de negarse a sí mismo las alas de la invención. Para que su traducción sea excelente, como dice Ponce de León, él ha de ser fiel en el servicio que presta a los lectores y al autor.
Généreusement, il nous en fait profiter. Merci à lui !
Bonne lecture à tous.
En 1646, Jacinto de Herrera y Sotomayor publicó en Madrid su traducción de las Mémoires de la reine Marguerite de Valois. El texto, que en español se tradujo como Memorias que escribió de sí Margarita de Francia, es de una extraordinaria belleza y calidad y en él, como dice Herrera, “la más ilustre princesa... se describió a sí misma para vivir con alma en sus retratos”. Preciosa figura ésta en la que las “memorias [escritas] de sí” por la propia Marguerite darían vida -animarían- a los retratos que guardaban otra memoria, la visual, de la reina. Sólo queda imaginar una escena en la que las memorias se leyeran en voz alta frente a un retrato de la que fue primera esposa de Enrique IV. Algo perfectamente posible si tenemos en cuenta algunos testimonios sobre cómo los aposentos elegidos para leer la correspondencia familiar eran, precisamente, las galerías de retratos.
El libro de Marguerite de Valois se publicó con una aprobación de Juan Ponce de León, quien aprovechó la ocasión que se le brindaba para escribir sobre las dificultades que suponía traducir y sobre cuál era exactamente el trabajo de un traductor. Dice el padre mínimo que:
“Entre los doctos se tiene por menos arduo escribir un libro de nuevo que traducirlo de su original a ajena lengua, porque el que escribe de nuevo corre por un campo muy dilatado en el que puede extenderse todo a su arbitrio y espaciarse a su voluntad. Pero el que fielmente traduce, va siempre teniendo enfrenada la elección, corregida la libertad, oprimido su dictado y mortificado el propio apetito, determinándole lo que ha de escoger y dejándole sola la facultad de una palabra o de otra, con tal limitación que, aún en esta poquedad de ejercicio, ha de guardar la ley de la proporción y de la correspondencia al original, de tal modo que los borrones de la traducción no vengan a oscurecerle, cuando el intento principal ha de ser ilustrarle”.
Las palabras de Ponce de León son de una enorme riqueza desde el punto de vista de un análisis cultural. Traducir es una operación compleja que pasa por enfrenar la elección y corregir la libertad personales, oprimir el dictado y mortificar el apetito propios. Es decir, para conseguir el objetivo último de guardar la proporción y la correspondencia con el original del que se está ocupando, el traductor tiene que controlar su propia capacidad creativa, tiene que dominar su voluntad de autor, tal y como ésta se expresaría eligiendo libremente de acuerdo a su propios dictado y apetito personales.
He aquí al Traductor como una muestra del autocontrol de las propias pasiones individuales por el que el Barroco mostró una especial predilección, como nos recordó Walter Benjamin en su Origine du drame baroque allemand. En su búsqueda de una obra proporcionada y correspondiente con el original al que sirve, el Traductor se mortifica, se oprime, se corrige y se enfrena a sí mismo para servir a una creación que no es suya, sino de otro. A la luz de esto, me atrevo a sugerir, que el Traductor podría ser un tercer ejemplo que añadir a los barrocos modelos clásicos del Santo y del Cortesano propuestos por Benjamin, pues, como ellos, se controla y autolimita para la obtención de su objetivo final. En su caso, éste no es ni la Santidad ni la Cortesía perfectas, sino la perfecta Traducción.
Santos y Cortesanos renuncian a sus apetitos, controlándose siempre. También lo hace el Traductor y, como decía Juan Ponce de León, se debería considerar más fácil escribir una obra nueva que tener que traducir la obra de otro. En ese sentido, el traductor es una figura de doble autor, un segundo autor más autor que el primer. Él nos permite conocer el original, realizando el enorme esfuerzo de negarse a sí mismo las alas de la invención. Para que su traducción sea excelente, como dice Ponce de León, él ha de ser fiel en el servicio que presta a los lectores y al autor.
« Plus auteur que l'auteur. Traduire comme exercice royal et aristocratique », par Fernando Bouza, in Formes de l'écrit au Siècle d'Or espagnol, Collège de France, 2008-2009
mardi 16 mars 2010
Pas d'exercice de version…
Non, puisque j'ai annoncé hier que c'était le dernier de la série d'entraînement pour les étudiants de CAPES. Ben quel est le programme, alors ? (comme dirait Manolito Gafotas). Désormais, nous reprenons nos bonnes habitudes : une version par semaine… le vendredi.
lundi 15 mars 2010
Exercice d'écriture
Le sujet était : Une naissance
***
***
Laëtitia Sw. :
« Naissance des fantômes »
[en référence au roman Naissance des fantômes de Marie Darrieussecq, P.O.L. en 1996]
L’orage a cessé.
Il n’entend plus le doux tintement de la pluie ruisselant sur le toit.
Cette musique légère qui guidait son sommeil s’est tue ; il ne peut plus dormir.
Il sent son cœur battre à coups réguliers.
Pourquoi ce son profond l’oppresse-t-il ?
L’eau qui coulait l’apaisait, polissant son cœur brûlant.
Mais il ne l’entend plus.
Silence.
Oh, comme ce calme absolu sonne faux !
Il n’ose pas bouger.
Il voudrait sentir encore les gouttes divines laver les murs blancs et, portées par le vent, emplir son âme de leur vivifiant bruissement.
Mais le vide a envahi sa chambre.
Le noir et le vide sont là et glissent comme des ombres.
Aucun bruit.
Toujours cette présence impalpable.
Éveillé, il est au royaume angoissant des songes.
« Naissance des fantômes »
[en référence au roman Naissance des fantômes de Marie Darrieussecq, P.O.L. en 1996]
L’orage a cessé.
Il n’entend plus le doux tintement de la pluie ruisselant sur le toit.
Cette musique légère qui guidait son sommeil s’est tue ; il ne peut plus dormir.
Il sent son cœur battre à coups réguliers.
Pourquoi ce son profond l’oppresse-t-il ?
L’eau qui coulait l’apaisait, polissant son cœur brûlant.
Mais il ne l’entend plus.
Silence.
Oh, comme ce calme absolu sonne faux !
Il n’ose pas bouger.
Il voudrait sentir encore les gouttes divines laver les murs blancs et, portées par le vent, emplir son âme de leur vivifiant bruissement.
Mais le vide a envahi sa chambre.
Le noir et le vide sont là et glissent comme des ombres.
Aucun bruit.
Toujours cette présence impalpable.
Éveillé, il est au royaume angoissant des songes.
***
Coralie :
Neuvième mois.
Angoisse,
Inquiétude et irritation,
Souffrances imminentes.
Séduction, premiers regards,
Amour fusionnel,
Nuage de douceur,
Cadeau de la vie,
Éternel bouleversement…
Neuvième mois.
Angoisse,
Inquiétude et irritation,
Souffrances imminentes.
Séduction, premiers regards,
Amour fusionnel,
Nuage de douceur,
Cadeau de la vie,
Éternel bouleversement…
***
Amélie :
Derrière la vitre du train, les kilomètres défilent. Confortablement assis sur leurs sièges, les passagers désœuvrés embrassent du regard le paysage uniforme. Quai de gare fréquenté, quartiers habités, tunnel noir foncé, rase campagne cultivée, animaux hébétés, maisons désertées, retour à la vie civilisée, et ainsi de suite, le tout sous un ciel gris bleuté.
Seulement, non. Depuis quelque temps, Marie a vu son trajet quotidien se métamorphoser. En fin de semaine, il y a davantage de prétendants aux voyages en train, comme si les gens avaient soudainement fini d’hiberner. Quand elle passe devant les quartiers, elle discerne des conversations entre voisins, des séances de lecture sur chaise longue, des parties de foot endiablées au fond des jardins. Le tunnel, quant à lui, est toujours aussi sombre et interminable. Les champs se teintent de jaune et de vert, les arbres se recouvrent de bourgeons, et les talus se tapissent de petites fleurs de saison, jonquilles, violettes et autres primevères. Dans les pâturages, les nouveau-nés font leurs premiers pas hésitants. Çà et là, les maisons essaimées reprennent vie. Impossible à présent de les croire abandonnées : l’une a été repeinte, l’autre étrenne de nouveaux rideaux et la dernière une nouvelle barrière, le tout en vue d’accueillir leurs propriétaires lors des prochaines vacances.
Marie se surprend à rêver à ses futurs congés, au mois de juin ou de juillet, elle n’a pas encore décidé. Elle a déjà repéré deux ou trois tenues dans les nouvelles collections qui ont, depuis peu, remplacé les soldes d’hiver. Dans les haut-parleurs, une voix monocorde –toujours la même– annonce l’arrivée en gare de Plouaret-Tregor, terminus du train. Il est donc 18h57. En descendant du wagon, Marie respire l’air frais du soir, déjà chargé d’odeurs d’herbes coupées et de barbecue. Au-dessus de sa tête, le ciel bleu parsemé de nuages ne s’est pas encore assombri, et le soleil nargue la lune. Un rapide coup d’œil au panneau d’affichage confirme la nouvelle : mardi 21 mars. Jour du printemps.
Derrière la vitre du train, les kilomètres défilent. Confortablement assis sur leurs sièges, les passagers désœuvrés embrassent du regard le paysage uniforme. Quai de gare fréquenté, quartiers habités, tunnel noir foncé, rase campagne cultivée, animaux hébétés, maisons désertées, retour à la vie civilisée, et ainsi de suite, le tout sous un ciel gris bleuté.
Seulement, non. Depuis quelque temps, Marie a vu son trajet quotidien se métamorphoser. En fin de semaine, il y a davantage de prétendants aux voyages en train, comme si les gens avaient soudainement fini d’hiberner. Quand elle passe devant les quartiers, elle discerne des conversations entre voisins, des séances de lecture sur chaise longue, des parties de foot endiablées au fond des jardins. Le tunnel, quant à lui, est toujours aussi sombre et interminable. Les champs se teintent de jaune et de vert, les arbres se recouvrent de bourgeons, et les talus se tapissent de petites fleurs de saison, jonquilles, violettes et autres primevères. Dans les pâturages, les nouveau-nés font leurs premiers pas hésitants. Çà et là, les maisons essaimées reprennent vie. Impossible à présent de les croire abandonnées : l’une a été repeinte, l’autre étrenne de nouveaux rideaux et la dernière une nouvelle barrière, le tout en vue d’accueillir leurs propriétaires lors des prochaines vacances.
Marie se surprend à rêver à ses futurs congés, au mois de juin ou de juillet, elle n’a pas encore décidé. Elle a déjà repéré deux ou trois tenues dans les nouvelles collections qui ont, depuis peu, remplacé les soldes d’hiver. Dans les haut-parleurs, une voix monocorde –toujours la même– annonce l’arrivée en gare de Plouaret-Tregor, terminus du train. Il est donc 18h57. En descendant du wagon, Marie respire l’air frais du soir, déjà chargé d’odeurs d’herbes coupées et de barbecue. Au-dessus de sa tête, le ciel bleu parsemé de nuages ne s’est pas encore assombri, et le soleil nargue la lune. Un rapide coup d’œil au panneau d’affichage confirme la nouvelle : mardi 21 mars. Jour du printemps.
Libellés :
Billets des apprentis,
Exercices,
promo Aline Schulman
Exercice de version, 115
Une dernière version avant le grand jour !
Hay días en que me levanto con una esperanza demencial, momentos en los que siento que las posibilidades de una vida más humana están al alcance de nuestras manos. Éste es uno de esos días.
Y, entonces, me he puesto a escribir casi a tientas en la madrugada, con urgencia, como quien saliera a la calle a pedir ayuda ante la amenaza de un incendio, o como un barco que, a punto de desaparecer, hiciera una última y ferviente seña a un puerto que sabe cercano pero ensordecido por el ruido de la ciudad y por la cantidad de letreros que le enturbian la mirada.
Les pido que nos detengamos a pensar en la grandeza a la que todavía podemos aspirar si nos atrevemos a valorar la vida de otra manera. Nos pido ese coraje que nos sitúa en la verdadera dimensión del hombre. Todos, una y otra vez, nos doblegamos. Pero hay algo que no falla y es la convicción de que —únicamente— los valores del espíritu nos pueden salvar de este terremoto que amenaza la condición humana.
Hay días en que me levanto con una esperanza demencial, momentos en los que siento que las posibilidades de una vida más humana están al alcance de nuestras manos. Éste es uno de esos días.
Y, entonces, me he puesto a escribir casi a tientas en la madrugada, con urgencia, como quien saliera a la calle a pedir ayuda ante la amenaza de un incendio, o como un barco que, a punto de desaparecer, hiciera una última y ferviente seña a un puerto que sabe cercano pero ensordecido por el ruido de la ciudad y por la cantidad de letreros que le enturbian la mirada.
Les pido que nos detengamos a pensar en la grandeza a la que todavía podemos aspirar si nos atrevemos a valorar la vida de otra manera. Nos pido ese coraje que nos sitúa en la verdadera dimensión del hombre. Todos, una y otra vez, nos doblegamos. Pero hay algo que no falla y es la convicción de que —únicamente— los valores del espíritu nos pueden salvar de este terremoto que amenaza la condición humana.
Ernesto Sabato, La resistencia
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à notre portée. Aujourd’hui est un de ces jours.
Ainsi, à l’aube, je me suis mis à écrire presque à tâtons, avec urgence, comme quelqu’un qui sortirait dans la rue demander de l’aide devant la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier signe plein de ferveur à un port qu’il sait proche mais assourdi par le bruit de la ville et aveuglé par la quantité d’enseignes qui troublent son regard.
Je vous demande de considérer avec attention la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer si nous osons apprécier la vie d’une autre manière. Je nous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, maintes et maintes fois, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui ne faillit pas : c’est la conviction que — uniquement — les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine.
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à notre portée. Aujourd’hui est un de ces jours.
Ainsi, à l’aube, je me suis mis à écrire presque à tâtons, avec urgence, comme quelqu’un qui sortirait dans la rue demander de l’aide devant la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier signe plein de ferveur à un port qu’il sait proche mais assourdi par le bruit de la ville et aveuglé par la quantité d’enseignes qui troublent son regard.
Je vous demande de considérer avec attention la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer si nous osons apprécier la vie d’une autre manière. Je nous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, maintes et maintes fois, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui ne faillit pas : c’est la conviction que — uniquement — les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine.
***
Laëtitia nous propose sa traduction :
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Aujourd’hui est un de ces jours-là. C’est ainsi que je me suis mis à écrire, presque à tâtons, au petit matin, dans l’urgence, comme quelqu’un qui sortirait dans la rue pour demander de l’aide face à la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de sombrer, lancerait un ultime appel ardent à un port qu’il sait proche mais qui est assourdi par le bruit de la ville et aveuglé par la quantité d’enseignes qui lui troublent la vue. Je vous demande que nous prenions un moment pour penser à la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer si nous osons apprécier la vie d’une autre manière. Je nous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, à plusieurs reprises, nous fléchissons. Mais s’il y a quelque chose qui ne s’émousse pas, c’est bien la conviction que –seules- les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce séisme qui menace la condition humaine.
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Aujourd’hui est un de ces jours-là. C’est ainsi que je me suis mis à écrire, presque à tâtons, au petit matin, dans l’urgence, comme quelqu’un qui sortirait dans la rue pour demander de l’aide face à la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de sombrer, lancerait un ultime appel ardent à un port qu’il sait proche mais qui est assourdi par le bruit de la ville et aveuglé par la quantité d’enseignes qui lui troublent la vue. Je vous demande que nous prenions un moment pour penser à la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer si nous osons apprécier la vie d’une autre manière. Je nous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, à plusieurs reprises, nous fléchissons. Mais s’il y a quelque chose qui ne s’émousse pas, c’est bien la conviction que –seules- les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce séisme qui menace la condition humaine.
***
Chloé nous propose sa traduction :
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à portée de main. Aujourd’hui, c’est un de ces jours-là.
Il y a des jours où je me lève avec un espoir démentiel, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à portée de main. Aujourd’hui, c’est un de ces jours-là.
Ainsi à l’aube, je me suis mis à écrire presque à tâtons, dans l’urgence, comme quelqu’un qui sortirait dans la rue chercher de l’aide devant la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, lancerait un dernier et fervent signal à un port qu’il sait proche mais assourdi par le bruit de la ville et aveuglé par la quantité d’enseignes qui lui brouillent la vue.
Je vous demande de considérer avec attention la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer si nous osons apprécier la vie d’un autre manière. Je nous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, à maintes reprises, nous fléchissons. Il y a quelque chose cependant qui ne faillit pas : c’est la conviction que les valeurs de l’esprit – uniquement – peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine.***
Marie G. nous propose sa traduction :
Il y a des jours où je me lève avec un fol espoir, des moments où je sens que les possibilités d'une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Celui-ci est un de ces jours-là. Et je me mets alors à écrire, presque à tâtons, au petit matin, avec empressement, comme quelqu'un qui sortirait dans la rue pour demander de l'aide face à une menace d'incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier signe exalté à un port qu'il sait proche mais assourdi par le bruit de la ville et par la quantité d'enseignes qui troublent la vue.
Je vous demande que nous nous arrêtions pour penser à la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer, si nous osons évaluer la vie d'une autre manière. Je nous demande ce courage, nous situant dans la vraie dimension de l'homme. Tous, encore une fois, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui ne marche pas et c'est la conviction que -seulement- les valeurs de l'esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine.
Il y a des jours où je me lève avec un fol espoir, des moments où je sens que les possibilités d'une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Celui-ci est un de ces jours-là. Et je me mets alors à écrire, presque à tâtons, au petit matin, avec empressement, comme quelqu'un qui sortirait dans la rue pour demander de l'aide face à une menace d'incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier signe exalté à un port qu'il sait proche mais assourdi par le bruit de la ville et par la quantité d'enseignes qui troublent la vue.
Je vous demande que nous nous arrêtions pour penser à la grandeur à laquelle nous pouvons encore aspirer, si nous osons évaluer la vie d'une autre manière. Je nous demande ce courage, nous situant dans la vraie dimension de l'homme. Tous, encore une fois, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui ne marche pas et c'est la conviction que -seulement- les valeurs de l'esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine.
***
Morgane nous propose sa traduction :
Il y a des jours où je me lève avec une espérance démentielle, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Celui-ci est un de ces jours. Et, alors, je me suis mis à écrire presqu’à tâtons à l’aube, avec urgence, comme qui sortirait dans la rue pour demander de l’aide devant la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier geste fervent à un port qu’il sait proche mais abasourdit par le bruit de la ville et par la quantité d’écriteau qui lui gâchent la vue.
Je vous demande que nous pensions à la grandeur à laquelle nous pouvons encore espérer si nous nous aventurons à valoriser la vie d’une autre manière. Je vous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, à un moment donné, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui nous manque et c’est la conviction que – uniquement – les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine. Ernesto Sabato, La resistencia
Il y a des jours où je me lève avec une espérance démentielle, des moments où je sens que les possibilités d’une vie plus humaine sont à la portée de nos mains. Celui-ci est un de ces jours. Et, alors, je me suis mis à écrire presqu’à tâtons à l’aube, avec urgence, comme qui sortirait dans la rue pour demander de l’aide devant la menace d’un incendie, ou comme un bateau qui, sur le point de disparaître, ferait un dernier geste fervent à un port qu’il sait proche mais abasourdit par le bruit de la ville et par la quantité d’écriteau qui lui gâchent la vue.
Je vous demande que nous pensions à la grandeur à laquelle nous pouvons encore espérer si nous nous aventurons à valoriser la vie d’une autre manière. Je vous demande ce courage qui nous situe dans la véritable dimension de l’homme. Tous, à un moment donné, nous fléchissons. Mais il y a quelque chose qui nous manque et c’est la conviction que – uniquement – les valeurs de l’esprit peuvent nous sauver de ce tremblement de terre qui menace la condition humaine. Ernesto Sabato, La resistencia
dimanche 14 mars 2010
Résultats du sondage 2008-2009, 2e version : « Traduire la poésie, une entreprise en soi vouée à l'échec ? »
Sur 22 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Oui = 9 voix (40%)
Non = 13 voix (59%)
Un petit poème pour vous exercer…
Afrodita de Cristina Peri Rossi
Y está triste
como una silla abandonada
en la mitad del patio azul
Los pájaros la rodean
Cae una aguja
Las hojas resbalan
sin tocarla
Y está triste
en mitad del patio
con la mirada baja
los pechos alicaídos
dos palomas tardas
Y un collar
sin perro
en la mano
Como una silla ya vacía.
Oui = 9 voix (40%)
Non = 13 voix (59%)
Un petit poème pour vous exercer…
Afrodita de Cristina Peri Rossi
Y está triste
como una silla abandonada
en la mitad del patio azul
Los pájaros la rodean
Cae una aguja
Las hojas resbalan
sin tocarla
Y está triste
en mitad del patio
con la mirada baja
los pechos alicaídos
dos palomas tardas
Y un collar
sin perro
en la mano
Como una silla ya vacía.
Exercice de version, 114
Tres ventanas abiertas confirman que el mar existe. Y si él existe yo estoy sentada al borde de la cama, como cada mañana, bebiendo sorbito a sorbito un café retinto y amargo que hace unos minutos era polvo y ahora es líquido. ¿Cuánto hace que comencé esta ceremonia matinal? Beber café contemplando el mar, como si las olas fueran fragmentos de vida. El agua es una atracción lenta, una serenidad máxima, un espanto curioso que sosiega. Hace infinitos amaneceres que hago lo mismo, atravesar la espuma con la carne hierática mientras el alma me susurra que ella existe, como el mar. Como el mal del desequilibrio. Dentro de mí, igual que en cada sitio de la tierra, se hizo añicos el equilibrio. Nada me aterra y todo declara que el terror abunda. Debe de haber un secreto excepcional que los dioses escondieron bajo quién sabe qué banal forma exterior, obligándonos a creer en ellos y a pensar que somos instrumentos de exquisita utilidad para controlar la eterna búsqueda de una coherencia o perfecta armonía entre lo infinito y lo efímero. Para los dioses ser hombre es un don que regalaron demasiado aprisa. Y el gran misterio, ¿a quién entonces será confiado?
Zoé Valdés, La nada cotidiana
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***
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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, moi, je suis assise au bord du lit, comme chaque matin, buvant à petites gorgées un café noir et amer qui était il y a quelques minutes encore de la poudre et qui est maintenant liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café tout en m’absorbant dans la contemplation de la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur curieuse qui apaise. Il y a une infinité de jours qu’à l’aube, je fais la même chose : traverser l’écume avec la chair hiératique tandis que l’âme me murmure qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. À l’intérieur de moi, comme en chaque endroit de la terre, l’équilibre a été réduit en miettes. Rien ne me terrifie et pourtant tout indique que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché qui sait sous quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaire harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui alors sera-t-il confié ?
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, moi, je suis assise au bord du lit, comme chaque matin, buvant à petites gorgées un café noir et amer qui était il y a quelques minutes encore de la poudre et qui est maintenant liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café tout en m’absorbant dans la contemplation de la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur curieuse qui apaise. Il y a une infinité de jours qu’à l’aube, je fais la même chose : traverser l’écume avec la chair hiératique tandis que l’âme me murmure qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. À l’intérieur de moi, comme en chaque endroit de la terre, l’équilibre a été réduit en miettes. Rien ne me terrifie et pourtant tout indique que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché qui sait sous quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaire harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui alors sera-t-il confié ?
***
Coralie nous propose sa traduction :
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, moi je suis assise au bord de mon lit, buvant à petites gorgées un café noir et amer, en poudre encore il y a quelques minutes et liquide maintenant. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire mon café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une curieuse frayeur qui apaise. Je fais la même chose depuis une infinité de matinées, traverser l’écume avec ma chair hiératique tandis que mon âme me susurre qu’elle existe, comme la mer. Comme la mer du déséquilibre. À l’intérieur de moi-même, ainsi que dans chaque endroit de la terre, l’équilibre s’est brisé en morceaux. Rien ne me terrifie et tout indique que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché sous qui sait quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il alors confié ?
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, moi je suis assise au bord de mon lit, buvant à petites gorgées un café noir et amer, en poudre encore il y a quelques minutes et liquide maintenant. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire mon café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une curieuse frayeur qui apaise. Je fais la même chose depuis une infinité de matinées, traverser l’écume avec ma chair hiératique tandis que mon âme me susurre qu’elle existe, comme la mer. Comme la mer du déséquilibre. À l’intérieur de moi-même, ainsi que dans chaque endroit de la terre, l’équilibre s’est brisé en morceaux. Rien ne me terrifie et tout indique que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché sous qui sait quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il alors confié ?
***
Laëtitia nous propose sa traduction :
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle, elle existe moi je suis assise au bord du lit, comme tous les matins, buvant à petites gorgées un café bien noir et amer qui, il y a quelques minutes, était de la poudre et qui maintenant est du liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur étrange qui apaise. Cela fait une infinité de levers du jour que je fais la même chose, traverser l’écume avec la chair hiératique tandis que l’âme me murmure qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. A l’intérieur de moi, comme dans chaque endroit de la terre, l’équilibre a été réduit en miettes. Rien ne me terrifie pourtant tout clame que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché sous qui sait quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle quête d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il donc confié ?
***Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle, elle existe moi je suis assise au bord du lit, comme tous les matins, buvant à petites gorgées un café bien noir et amer qui, il y a quelques minutes, était de la poudre et qui maintenant est du liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des fragments de vie. L’eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur étrange qui apaise. Cela fait une infinité de levers du jour que je fais la même chose, traverser l’écume avec la chair hiératique tandis que l’âme me murmure qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. A l’intérieur de moi, comme dans chaque endroit de la terre, l’équilibre a été réduit en miettes. Rien ne me terrifie pourtant tout clame que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux ont caché sous qui sait quelle banale forme extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d’une exquise utilité pour contrôler l’éternelle quête d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils ont offert trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il donc confié ?
Marie G. nous propose sa traduction :
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, je suis assise au bord de mon lit, comme chaque matin, buvant gorgée par gorgée un café noir et amer qui était sous forme de poudre il y a quelques minutes et qui est maintenant liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des morceaux de vie. L'eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur curieuse qui rassure. Cela fait de nombreux levers du jour au cours desquels je fais la même chose, traverser l'écume, la chair hiératique tandis que mon âme me murmure qu'elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. À l'intérieur de moi, semblable à chaque lieu de la terre, l'équilibre s'est morcelé. Rien ne me fait peur et tout déclare que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux cachèrent sous qui sait quelle forme banale et extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d'une parfaite utilité pour contrôler l'éternelle recherche d'une cohérence ou l'absolue harmonie entre l'infini et l'éphémère. Pour les dieux, être un homme est un don qu'ils offrirent trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il confié ?
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, je suis assise au bord de mon lit, comme chaque matin, buvant gorgée par gorgée un café noir et amer qui était sous forme de poudre il y a quelques minutes et qui est maintenant liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des morceaux de vie. L'eau est une attraction lente, une sérénité maximale, une frayeur curieuse qui rassure. Cela fait de nombreux levers du jour au cours desquels je fais la même chose, traverser l'écume, la chair hiératique tandis que mon âme me murmure qu'elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. À l'intérieur de moi, semblable à chaque lieu de la terre, l'équilibre s'est morcelé. Rien ne me fait peur et tout déclare que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux cachèrent sous qui sait quelle forme banale et extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes des instruments d'une parfaite utilité pour contrôler l'éternelle recherche d'une cohérence ou l'absolue harmonie entre l'infini et l'éphémère. Pour les dieux, être un homme est un don qu'ils offrirent trop vite. Et le grand mystère, à qui sera-t-il confié ?
***
Morgane nous propose sa traduction :
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, je suis assise au bord du lit, comme chaque matin, buvant gorgée après gorgée un café très noir et amer qui, il y a quelques minutes, était poussière et à présent est liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des morceaux de vie. L’eau est une lente attraction, une sérénité maximum, un effroi curieux qui calme. Je fais la même chose depuis maints levers du jour : traverser l’écume avec la chaire hiératique tandis que l’âme me susurre qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. En moi-même, de même qu’en chaque recoin de la terre, l’équilibre fut mis en pièce. Rien ne me terrifie et tout déclare que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux cachèrent sous on ne sait quelle forme banale extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes les instruments de l’exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils offrirent avec trop d’empressement. Et le grand mystère, à qui, alors, sera-t-il confié ?
Trois fenêtres ouvertes confirment que la mer existe. Et si elle existe, je suis assise au bord du lit, comme chaque matin, buvant gorgée après gorgée un café très noir et amer qui, il y a quelques minutes, était poussière et à présent est liquide. Depuis combien de temps ai-je commencé cette cérémonie matinale ? Boire du café en contemplant la mer, comme si les vagues étaient des morceaux de vie. L’eau est une lente attraction, une sérénité maximum, un effroi curieux qui calme. Je fais la même chose depuis maints levers du jour : traverser l’écume avec la chaire hiératique tandis que l’âme me susurre qu’elle existe, comme la mer. Comme le mal du déséquilibre. En moi-même, de même qu’en chaque recoin de la terre, l’équilibre fut mis en pièce. Rien ne me terrifie et tout déclare que la terreur abonde. Il doit y avoir un secret exceptionnel que les dieux cachèrent sous on ne sait quelle forme banale extérieure, nous obligeant à croire en eux et à penser que nous sommes les instruments de l’exquise utilité pour contrôler l’éternelle recherche d’une cohérence ou d’une parfaite harmonie entre l’infini et l’éphémère. Pour les dieux, être homme est un don qu’ils offrirent avec trop d’empressement. Et le grand mystère, à qui, alors, sera-t-il confié ?
samedi 13 mars 2010
Résultats du sondage de Laëtitia : « Un prix attribué à un livre motive t-il votre achat ? »
Sur 21 votants, nous obtenons les résultats suivants :
Oui = 3 voix (14%)
Non = 8 voix (38%)
Ça dépend du prix = 10 voix (47%)
Du coup, cela demande à être précisé… Précisons !
Oui = 3 voix (14%)
Non = 8 voix (38%)
Ça dépend du prix = 10 voix (47%)
Du coup, cela demande à être précisé… Précisons !
« Mes ateliers de traduction avec Jean-Marie Saint-Lu », par Laëtitia Sworzil
Les dix commandements du traducteur littéraire
Je vous propose de découvrir à la suite les dix grands principes qui doivent (ou devraient) fonder le travail du traducteur littéraire et le guider dans une démarche réflexive sur son métier. Ceux-ci, exposés sous la forme de maximes (que nous pourrons entendre solennellement résonner !), sont le fruit (condensé) des interventions de Jean-Marie Saint-Lu qui vient régulièrement éclairer de ses lumières nos ateliers tutorés. D’ailleurs, profitons de l’occasion qui nous est donnée ici pour le remercier de ses précieux conseils et riches enseignements que nous retirons, séance après séance, lors de nos rendez-vous mensuels, du partage de son expérience.
1. Sans relâche tu liras.
Notons bien ce premier précepte : il n’y a pas de bon traducteur qui ne soit d’abord un grand lecteur ! Le maître mot est donc de lire, lire et lire encore ! Peaufiner sans cesse sa culture littéraire est le premier gage d’un travail de traduction qui se développera qualitativement au fil des années. Donc, tous à nos bouquins !
2. Constamment tu douteras.
Là encore, affirmons haut et fort le principe suivant : il s’impose de bannir de notre pratique tous les raccourcis, réflexes conditionnés, habitudes, tics, tentations diverses et variées de facilité que nous avons pu un jour contracter. Auquel cas, nous allons au devant de gros ennuis ! : répéter cette énième faute d’orthographe ou de grammaire que, décidément, on n’intégrera jamais, aller trop vite et passer à côté d’une nuance qui finalement se révèle capitale, renoncer à une vérification et verser dans le faux sens ou le contresens. Bref, vous l’aurez compris, le secret réside dans le doute systématique ! Vérifions donc à l’envi tout ce qui nous chiffonne ! Même de loin, imperceptiblement... Souvent, on est surpris (et soulagé) de constater notre erreur : « Ouf, heureusement que j’ai cherché, c’est incroyable tout de même, j’étais tellement sûr(e) de moi ! » Une des clefs pour résoudre le plus rapidement nos doutes (c’est-à-dire pour gagner du temps tout en restant efficace) est de se constituer une solide bibliothèque d’ouvrages et/ou de ressources électroniques pertinentes, recensant les difficultés de la langue française. Il y a de quoi faire !
3. Par une explication de texte, ta traduction obligatoirement tu commenceras.
Exercice pas évident au premier abord, voire vraiment difficile, en tous cas, souvent plus qu’il n’y paraît. Et pourtant, c’est à cette seule condition que le traducteur pourra prétendre posséder sur le bout des doigts son texte, s’y déplacer aisément, s’y repérer à coup sûr, suivre sans faille le fil de la narration. Cette consigne implique une lecture raisonnée et perfectionniste du texte, ce qui suppose pas mal d’entraînement, une grande capacité d’organisation, un esprit synthétique réfléchissant à plein régime et une bonne dose de persévérance ! Introduisons une petite requête au passage : nous en réclamons davantage dans nos cursus universitaires !
4. La musique du texte tu entendras.
Eh oui... chaque texte a une musique particulière que le traducteur doit entendre. C’est pourquoi, le travail du traducteur n’est pas tant de traduire une histoire mais une façon de raconter une histoire. Il faudra toujours veiller scrupuleusement à respecter cette identité du texte pour ne jamais trahir le style d’un auteur. Qui a dit que la traduction était à la longue un exercice monotone ? Loin de nous cette idée ! Pas de traduction uniforme s’il vous plaît !
5. Dans le travers de la réécriture, tu ne tomberas pas.
Ce point est en lien direct avec le précédent : on passe à côté de la musique du texte et du coup, on propose (même inconsciemment) la nôtre ! Un des grands risques auxquels peut s’exposer le traducteur est celui d’un texte final où on finirait par lire sa langue et non plus celle de l’auteur. En effet, quand le traducteur nourrit un goût très prononcé pour la langue française, il peut être tenté de vampiriser le texte de l’auteur. Le résultat : il pourra reformuler à sa manière ce qu’exprime l’auteur, voire, dans les cas extrêmes, écrire au détour d’une phrase ce que lui-même veut dire !
6. Jamais la langue étrangère tu ne franciseras.
Attention à ne pas franciser ce qui n’est pas français : la tentation de réécrire les textes pour faire de la belle langue est grande ! Pas question de lisser le texte par amour du beau ! Prenons-en de la graine ! Pour éviter de tomber dans cet écueil, il est fortement conseillé de garder la plus grande proximité possible avec la langue de départ tout en ne perdant jamais de vue la limite à ne pas franchir : un français incorrect.
7. Sans te décourager, les problèmes de compréhension tu éclairciras.
Il est parfois angoissant de constater que la signification de tel passage n’est pas claire. Néanmoins, il faut dédramatiser et savoir que l’on peut toujours résoudre les questions sur le sens dans le texte espagnol (dictionnaires spécialisés, connaissances hispanophones, mise au point avec l’auteur). En revanche, on ne rappellera jamais assez que le traducteur est toujours seul devant le français...
8. Les spécificités de la culture originale tu respecteras.
En aucun cas, il ne faut gommer les spécificités de la réalité qui nous est donnée à voir, à sentir, à entendre, à goûter, à toucher... Par exemple, les odeurs d’un plat, d’une fleur, etc... sont parfois délicates à transcrire car elle naissent souvent d’une réalité particulière, différente de la nôtre. La difficulté peut donc résider ici dans ce que le traducteur ne dispose pas forcément dans sa propre langue du vocabulaire adéquat pour rendre tel ou tel élément de cette réalité. L’écrivain, lui, possède une langue adaptée à sa réalité, celle qu’il décrit. D’ailleurs, elle change avec les pays, elle évolue en fonction des époques, elle se charge de nuances en fonction des milieux, des modes, des personnages... Tout l’enjeu pour le traducteur sera de traduire ces références culturelles. Plusieurs options se présentent : traduire littéralement, maintenir le terme en version originale en l’expliquant par une note de bas de page ou dans un glossaire, adapter, substituer, expliciter par une périphrase... À lui de décider au cas par cas de la solution à retenir. Un petit plus indispensable : se constituer des répertoires, bases de données, etc. de plus en plus exhaustifs au fil des années et éventuellement des spécialisations.
9. Avec tes lecteurs, le plaisir du texte tu partageras.
L’objectif du traducteur est aussi (et surtout !) de faire partager au lecteur français le plaisir qu’il a eu à lire le texte original. Même si, à la fin, il est fort probable que notre cher traducteur soit abreuvé de son texte, la fraîcheur du début doit toujours transparaître !
10. Sans relâche, tu te reliras.
En écho à la première règle : pas de bonne traduction, non seulement sans maintes lectures, mais aussi sans maintes relectures ! Et, qu’elles soient ciblées ou globales – à chacun ses stratégies mises en place au fur et à mesure des besoins –, celles-ci devront toujours faire l’objet de la plus grande attention. Comme nous l’avons dit en d’autres lieux, ce sont les « couches successives » qui garantissent une traduction réussie. Et pour terminer, n’oublions jamais qu’il n’existe pas de traduction parfaite car il n’y a pas de calque possible entre deux langues, deux cultures... Une note d’humilité à méditer !
Je vous propose de découvrir à la suite les dix grands principes qui doivent (ou devraient) fonder le travail du traducteur littéraire et le guider dans une démarche réflexive sur son métier. Ceux-ci, exposés sous la forme de maximes (que nous pourrons entendre solennellement résonner !), sont le fruit (condensé) des interventions de Jean-Marie Saint-Lu qui vient régulièrement éclairer de ses lumières nos ateliers tutorés. D’ailleurs, profitons de l’occasion qui nous est donnée ici pour le remercier de ses précieux conseils et riches enseignements que nous retirons, séance après séance, lors de nos rendez-vous mensuels, du partage de son expérience.
1. Sans relâche tu liras.
Notons bien ce premier précepte : il n’y a pas de bon traducteur qui ne soit d’abord un grand lecteur ! Le maître mot est donc de lire, lire et lire encore ! Peaufiner sans cesse sa culture littéraire est le premier gage d’un travail de traduction qui se développera qualitativement au fil des années. Donc, tous à nos bouquins !
2. Constamment tu douteras.
Là encore, affirmons haut et fort le principe suivant : il s’impose de bannir de notre pratique tous les raccourcis, réflexes conditionnés, habitudes, tics, tentations diverses et variées de facilité que nous avons pu un jour contracter. Auquel cas, nous allons au devant de gros ennuis ! : répéter cette énième faute d’orthographe ou de grammaire que, décidément, on n’intégrera jamais, aller trop vite et passer à côté d’une nuance qui finalement se révèle capitale, renoncer à une vérification et verser dans le faux sens ou le contresens. Bref, vous l’aurez compris, le secret réside dans le doute systématique ! Vérifions donc à l’envi tout ce qui nous chiffonne ! Même de loin, imperceptiblement... Souvent, on est surpris (et soulagé) de constater notre erreur : « Ouf, heureusement que j’ai cherché, c’est incroyable tout de même, j’étais tellement sûr(e) de moi ! » Une des clefs pour résoudre le plus rapidement nos doutes (c’est-à-dire pour gagner du temps tout en restant efficace) est de se constituer une solide bibliothèque d’ouvrages et/ou de ressources électroniques pertinentes, recensant les difficultés de la langue française. Il y a de quoi faire !
3. Par une explication de texte, ta traduction obligatoirement tu commenceras.
Exercice pas évident au premier abord, voire vraiment difficile, en tous cas, souvent plus qu’il n’y paraît. Et pourtant, c’est à cette seule condition que le traducteur pourra prétendre posséder sur le bout des doigts son texte, s’y déplacer aisément, s’y repérer à coup sûr, suivre sans faille le fil de la narration. Cette consigne implique une lecture raisonnée et perfectionniste du texte, ce qui suppose pas mal d’entraînement, une grande capacité d’organisation, un esprit synthétique réfléchissant à plein régime et une bonne dose de persévérance ! Introduisons une petite requête au passage : nous en réclamons davantage dans nos cursus universitaires !
4. La musique du texte tu entendras.
Eh oui... chaque texte a une musique particulière que le traducteur doit entendre. C’est pourquoi, le travail du traducteur n’est pas tant de traduire une histoire mais une façon de raconter une histoire. Il faudra toujours veiller scrupuleusement à respecter cette identité du texte pour ne jamais trahir le style d’un auteur. Qui a dit que la traduction était à la longue un exercice monotone ? Loin de nous cette idée ! Pas de traduction uniforme s’il vous plaît !
5. Dans le travers de la réécriture, tu ne tomberas pas.
Ce point est en lien direct avec le précédent : on passe à côté de la musique du texte et du coup, on propose (même inconsciemment) la nôtre ! Un des grands risques auxquels peut s’exposer le traducteur est celui d’un texte final où on finirait par lire sa langue et non plus celle de l’auteur. En effet, quand le traducteur nourrit un goût très prononcé pour la langue française, il peut être tenté de vampiriser le texte de l’auteur. Le résultat : il pourra reformuler à sa manière ce qu’exprime l’auteur, voire, dans les cas extrêmes, écrire au détour d’une phrase ce que lui-même veut dire !
6. Jamais la langue étrangère tu ne franciseras.
Attention à ne pas franciser ce qui n’est pas français : la tentation de réécrire les textes pour faire de la belle langue est grande ! Pas question de lisser le texte par amour du beau ! Prenons-en de la graine ! Pour éviter de tomber dans cet écueil, il est fortement conseillé de garder la plus grande proximité possible avec la langue de départ tout en ne perdant jamais de vue la limite à ne pas franchir : un français incorrect.
7. Sans te décourager, les problèmes de compréhension tu éclairciras.
Il est parfois angoissant de constater que la signification de tel passage n’est pas claire. Néanmoins, il faut dédramatiser et savoir que l’on peut toujours résoudre les questions sur le sens dans le texte espagnol (dictionnaires spécialisés, connaissances hispanophones, mise au point avec l’auteur). En revanche, on ne rappellera jamais assez que le traducteur est toujours seul devant le français...
8. Les spécificités de la culture originale tu respecteras.
En aucun cas, il ne faut gommer les spécificités de la réalité qui nous est donnée à voir, à sentir, à entendre, à goûter, à toucher... Par exemple, les odeurs d’un plat, d’une fleur, etc... sont parfois délicates à transcrire car elle naissent souvent d’une réalité particulière, différente de la nôtre. La difficulté peut donc résider ici dans ce que le traducteur ne dispose pas forcément dans sa propre langue du vocabulaire adéquat pour rendre tel ou tel élément de cette réalité. L’écrivain, lui, possède une langue adaptée à sa réalité, celle qu’il décrit. D’ailleurs, elle change avec les pays, elle évolue en fonction des époques, elle se charge de nuances en fonction des milieux, des modes, des personnages... Tout l’enjeu pour le traducteur sera de traduire ces références culturelles. Plusieurs options se présentent : traduire littéralement, maintenir le terme en version originale en l’expliquant par une note de bas de page ou dans un glossaire, adapter, substituer, expliciter par une périphrase... À lui de décider au cas par cas de la solution à retenir. Un petit plus indispensable : se constituer des répertoires, bases de données, etc. de plus en plus exhaustifs au fil des années et éventuellement des spécialisations.
9. Avec tes lecteurs, le plaisir du texte tu partageras.
L’objectif du traducteur est aussi (et surtout !) de faire partager au lecteur français le plaisir qu’il a eu à lire le texte original. Même si, à la fin, il est fort probable que notre cher traducteur soit abreuvé de son texte, la fraîcheur du début doit toujours transparaître !
10. Sans relâche, tu te reliras.
En écho à la première règle : pas de bonne traduction, non seulement sans maintes lectures, mais aussi sans maintes relectures ! Et, qu’elles soient ciblées ou globales – à chacun ses stratégies mises en place au fur et à mesure des besoins –, celles-ci devront toujours faire l’objet de la plus grande attention. Comme nous l’avons dit en d’autres lieux, ce sont les « couches successives » qui garantissent une traduction réussie. Et pour terminer, n’oublions jamais qu’il n’existe pas de traduction parfaite car il n’y a pas de calque possible entre deux langues, deux cultures... Une note d’humilité à méditer !
Libellés :
Billets des apprentis,
Lectures,
promo Aline Schulman
Les apprenties traductrices s'essaient à la rédaction d'une quatrième de couverture, Chloé
La police de Francfort découvre le cadavre de Marcelino Soto, un membre très apprécié de la communauté espagnole et c’est le commissaire Cornelia Weber-Tejedor, elle même germano-espagnole, qui est chargée d’élucider ce meurtre. Mais entre les pressions constantes de son chef, sa mère qui ne cesse de lui rappeler son appartenance à la communauté et un coéquipier qui multiplie les absences inexpliquées, la résolution de l’enquête s’avère difficile.
En fouillant le passé de la victime à la recherche d’indices, elle se heurte à une période complètement glorifiée par les émigrés. La clé du mystère se cacherait-elle derrière une de ces histoires maquillées ?
Avec Entre deux eaux, qui a remporté le Premio Brigada 21 du meilleur premier roman noir de l’année 2007, Rosa Ribas nous transporte à Francfort, ville multiculturelle par excellence, pleine de contradictions, à l’image du commissaire Cornelia Weber-Tejedor. Ce roman nous tient en haleine, avec une trame d’une intensité croissante, des rebondissements inattendus, et une palette de personnages inoubliables.
La quatrième de couverture originale :
La comisaria Cornelia Weber-Tejedor, de padre alemán y madre española, investiga la muerte de Marcelino Soto. Todos en la comunidad española de Frankfurt afirman sin vacilar un segundo que era una bellísima persona. Entonces, ¿quién podría haber arrojado su cuerpo al río después de asesinarlo? Cornelia Weber-Tejedor se mueve en este caso entre su deber de policía alemana y la lealtad a la comunidad emigrante que le reclama su madre. Una comunidad en la que todos están dispuestos a contar del pasado mitificado de la emigración y, sin embargo, no lo dicen todo. ¿Se encuentra entre alguna de estas historias la clave de la muerte de Marcelino Soto?
Pero la comisaria no sólo se enfrenta a un caso muy complicado, sino que se ve sometida a la presión constante de su jefe, que, por oscuros motivos, la obliga a investigar otro caso en secreto. Nada fácil, sobre todo cuando, además, su equipo no parece funcionar muy bien.
En esta novela Rosa Ribas nos traslada a Frankfurt, la ciudad alemana multicultural por excelencia, con todas sus sombras y contradicciones, como la propia comisaria Cornelia Weber-Tejedor, en una novela de lectura absorbente, una trama de creciente intensidad, con giros inesperados y personajes inolvidables.
“ - Esta es la colega que lleva el caso, la Hauptkommissarin Weber.
- Weber-Tejedor, si no me equivoco, la hija de Celsa y Horst.
¿Es que todo Fráncfort, o por lo menos toda la comunidad española de Fráncfort, tenía que saber de quién era hija?”
Avec Entre deux eaux, qui a remporté le Premio Brigada 21 du meilleur premier roman noir de l’année 2007, Rosa Ribas nous transporte à Francfort, ville multiculturelle par excellence, pleine de contradictions, à l’image du commissaire Cornelia Weber-Tejedor. Ce roman nous tient en haleine, avec une trame d’une intensité croissante, des rebondissements inattendus, et une palette de personnages inoubliables.
La quatrième de couverture originale :
La comisaria Cornelia Weber-Tejedor, de padre alemán y madre española, investiga la muerte de Marcelino Soto. Todos en la comunidad española de Frankfurt afirman sin vacilar un segundo que era una bellísima persona. Entonces, ¿quién podría haber arrojado su cuerpo al río después de asesinarlo? Cornelia Weber-Tejedor se mueve en este caso entre su deber de policía alemana y la lealtad a la comunidad emigrante que le reclama su madre. Una comunidad en la que todos están dispuestos a contar del pasado mitificado de la emigración y, sin embargo, no lo dicen todo. ¿Se encuentra entre alguna de estas historias la clave de la muerte de Marcelino Soto?
Pero la comisaria no sólo se enfrenta a un caso muy complicado, sino que se ve sometida a la presión constante de su jefe, que, por oscuros motivos, la obliga a investigar otro caso en secreto. Nada fácil, sobre todo cuando, además, su equipo no parece funcionar muy bien.
En esta novela Rosa Ribas nos traslada a Frankfurt, la ciudad alemana multicultural por excelencia, con todas sus sombras y contradicciones, como la propia comisaria Cornelia Weber-Tejedor, en una novela de lectura absorbente, una trama de creciente intensidad, con giros inesperados y personajes inolvidables.
“ - Esta es la colega que lleva el caso, la Hauptkommissarin Weber.
- Weber-Tejedor, si no me equivoco, la hija de Celsa y Horst.
¿Es que todo Fráncfort, o por lo menos toda la comunidad española de Fráncfort, tenía que saber de quién era hija?”
Libellés :
Billets des apprentis,
promo Aline Schulman,
Traductions longues
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