par Emmanuel LATTES
Comme tous les jours depuis déjà plusieurs mois, elle faisait sa crise existentielle. Que fais-je là, dans cette cuisine qui me sort par les narines ? Elle ouvrit le placard se trouvant sous l’évier et en sortit quoi ? Un sac de pommes-de-terre tout vide. Plus rien à manger. Rien dans le frigo. Rien dans les placards. Là, c’en était trop! Piquée d’une crise de nerf, elle se mit à rire nerveusement et à faire des choses étranges. Son désir était de s’évader, mais tout était fermé. Devant ses yeux, dans ses mains, un filet troué, orange, en plastique, insignifiant, qui se transforma en peu de temps en un objet défouloir.
Entre les mailles du filet, elle glissa ses doigts abimés et tira de toutes ses forces jusqu’à se faire mal. Sous la pression de sa force colérique, le filet ne lâcha pas. Il était solide, tout comme l’étaient les barreaux qui bloquaient toutes les ouvertures sur l’extérieur. Après avoir versé une première larme, elle reprit un souffle plus serein. Elle ferma ses yeux humides tout en faisant bouger entre les paumes de ses mains desséchées le filet, dont le frottement des fils en plastique les uns contre les autres faisait penser au doux murmure des allées et venues de vagues d’une mer tantôt calme, tantôt agitée. Cela était doux à son oreille. Elle sentait la tension retomber en même temps que le rythme de sa respiration épousait les différentes modulations musicales. Elle esquissa un sourire béat avant de s’emparer des ciseaux et d’élargir le trou par lequel étaient sorties les pommes de terre des repas précédents. Après ce faire, elle y enfila sa tête. Elle alla se poser sur le canapé, mit les pieds sur la table et resta ainsi pendant des heures jusqu’à perdre connaissance…
Quand son mari rentra et qu’il vit sa tête saucissonnée de la sorte, il se dépêcha de sortir son couteau laguiole pour libérer sa chair tendre. Pour la première fois, il prépara lui-même le repas…
Le lendemain, il se réveilla avec une douleur intense à l’estomac. Par terre, dans le salon, il y avait le filet dont les fils orange étaient teintés d’une couleur marron-rouge. C’était du sang séché.
Entre les mailles du filet, elle glissa ses doigts abimés et tira de toutes ses forces jusqu’à se faire mal. Sous la pression de sa force colérique, le filet ne lâcha pas. Il était solide, tout comme l’étaient les barreaux qui bloquaient toutes les ouvertures sur l’extérieur. Après avoir versé une première larme, elle reprit un souffle plus serein. Elle ferma ses yeux humides tout en faisant bouger entre les paumes de ses mains desséchées le filet, dont le frottement des fils en plastique les uns contre les autres faisait penser au doux murmure des allées et venues de vagues d’une mer tantôt calme, tantôt agitée. Cela était doux à son oreille. Elle sentait la tension retomber en même temps que le rythme de sa respiration épousait les différentes modulations musicales. Elle esquissa un sourire béat avant de s’emparer des ciseaux et d’élargir le trou par lequel étaient sorties les pommes de terre des repas précédents. Après ce faire, elle y enfila sa tête. Elle alla se poser sur le canapé, mit les pieds sur la table et resta ainsi pendant des heures jusqu’à perdre connaissance…
Quand son mari rentra et qu’il vit sa tête saucissonnée de la sorte, il se dépêcha de sortir son couteau laguiole pour libérer sa chair tendre. Pour la première fois, il prépara lui-même le repas…
Le lendemain, il se réveilla avec une douleur intense à l’estomac. Par terre, dans le salon, il y avait le filet dont les fils orange étaient teintés d’une couleur marron-rouge. C’était du sang séché.
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