par Timothée R.
C’était la première fois que le petit Arthur allait passer un séjour en colonie de vacances, et cela le rendait un peu nerveux. Etant de nature timide, ses parents avaient décidé de l’envoyer s’épanouir au sein d’un groupe d’enfants, avec l’espoir de le voir revenir heureux et grandi.
Le jour du départ, ils déposèrent Arthur au car. Ce dernier y monta, en saluant le chauffeur d’un signe de la main, et pris place à l’avant, en prenant soin de vérifier que le siège d’à côté était libre afin d’être seul. Mais deux minutes plus tard, un garçon vint s’asseoir à ses côtés et lui dit :
« Salut ! Je m’appelle Léo, j’ai six ans, et toi ?
— Je m’appelle Arthur et j’ai six ans aussi.
— Oh, tiens, c’est marrant ça ! Moi je suis né le quatorze février, le jour des amoureux, et toi?
— Moi le quinze.
— On est presque jumeaux alors ! ».
C’est ainsi que commença leur amitié. Léo, contrairement à Arthur, était très sociable et lui posait un tas de questions. Arthur se sentait un peu gêné au début, puis il se rendit vite compte qu’il avait beaucoup de points communs avec son nouvel ami, ce qui le mit rapidement plus à l’aise. Tout au long du trajet qui les menait à la grande bâtisse en pierre où ils allaient séjourner, ils parlèrent de leur vie, de ce qu’ils aimaient faire, ils échangèrent des blagues, des devinettes… Une belle complicité naissait peu à peu.
Après trois heures de trajet, ils arrivèrent enfin au centre de vacances où le directeur, M. Jean, les attendait. Il expliqua les règles principales à respecter lors du séjour, et insista tout particulièrement sur une interdiction formelle : ne jamais s’approcher de la clôture qui se trouvait tout au fond du parc. Une petite fille interrogea M. Jean sur la raison de cette prohibition ; ce dernier prit un ton qui se voulait effrayant et déclara :
« Il y a fort longtemps, dans la grande demeure que l’on peut apercevoir derrière cette barrière, vivait une famille nombreuse. Les quatre enfants étaient d’adorables petits anges en apparence, mais causaient continuellement des ennuis à leurs parents. Ces derniers les mettaient très souvent en garde et tentaient de les apeurer en leur racontant que le Père Fouettard viendrait à Noël prochain. Mais chaque année, ils trouvaient les cadeaux au pied du sapin intacts, et se moquaient ainsi des menaces de leurs parents. C’est alors qu’une année, au matin du vingt-cinq décembre, lorsque les enfants se réveillèrent pour aller ouvrir leurs cadeaux, ils découvrirent stupéfaits qu’ils avaient tous disparu, et qu’un homme tout de noir vêtu était planté au milieu du salon, face à la cheminée, un fouet à la main et un sourire malicieux sur les lèvres. Les quatre terreurs comprirent immédiatement qu’il s’agissait du Père Fouettard et déguerpirent à vive allure, suivis de leurs géniteurs qui étaient aussi affolés qu’eux. Depuis ce jour, le Père Fouettard vit dans cette maison. Il a horreur de voir des enfants s’approcher, et sait tout de suite repérer les vilains petits garnements qu’il prend soin de punir à Noël ».
Un grand silence suivit son discours. Les colons restaient bouche bée, encore sous le choc de cette révélation.
Les jours suivants, tout se déroula à merveille. Les enfants oublièrent très rapidement cette histoire effrayante et ne pensaient plus qu’à s’amuser.
Mais un beau matin, alors qu’une grande partie de cache-cache était engagée, Arthur et Léo allèrent inconsciemment se cacher derrière un buisson tout près de la palissade interdite. C’est seulement au bout de cinq minutes que Léo se retourna et remarqua où ils se trouvaient. Il indiqua la clôture à son compagnon. Arthur s’approcha, observa de plus près le bois peint en vert, haut de plus de trois mètres, et décela alors une petite entaille qui permettait de voir de l’autre côté. Il aperçut la fameuse bâtisse dont le directeur avait parlé, bien différente de celle qu’il avait imaginée. Elle était minuscule, en crépit beige, les bords de fenêtres ornés de géraniums rouge et rose fuchsia. Son regard se posa ensuite sur la droite de la demeure, où il découvrit un petit jardin très bien entretenu, peuplé de rosiers jaune et pourpre, de lilas mauve, de lys blanc et de tulipes un peu fanées en cette saison. Arthur laissa voir quelques instants à son ami ce petit coin de paradis, et reprit son poste d’observation. C’est alors qu’il le vit. Un petit homme tout trapu sortit de la maison, un béret sur la tête et un arrosoir à la main. Il se dirigea à grand peine vers le rosier blanc et ôta quelques feuilles devenues jaunâtres. Léo regarda à son tour, et déclara :
« En fait le Père Fouettard est quelqu’un de très gentil. Il doit se sentir très seul le pauvre ! Nous devrions lui rendre visite, qu’en penses-tu ? ».
Avant qu’Arthur ne puisse répondre, ils entendirent des pas s’approcher. Le directeur arrivait en trombe, essoufflé et en sueur. En apercevant au loin les deux petits garçons espionnant le voisin, il avait traversé le parc en courant. Il les réprimanda en premier lieu, puis s’adoucit et leur expliqua qu’en réalité, le Père Fouettard n’existait pas. Il avait inventé cette histoire effroyable pour dissuader les enfants de s’approcher de la maison voisine, habitée par un très vieux monsieur qui avait besoin de tranquillité.
« Ce sera notre petit secret, les garçons – chuchota M. Jean. Surtout n’en parlez à personne, je vous fais confiance ».
Les deux amis se regardèrent et se sourirent mutuellement, très fiers d’entrer dans la confidence et d’être les seuls détenteurs de ce secret jusqu’à la fin du séjour.
Le jour du départ, ils déposèrent Arthur au car. Ce dernier y monta, en saluant le chauffeur d’un signe de la main, et pris place à l’avant, en prenant soin de vérifier que le siège d’à côté était libre afin d’être seul. Mais deux minutes plus tard, un garçon vint s’asseoir à ses côtés et lui dit :
« Salut ! Je m’appelle Léo, j’ai six ans, et toi ?
— Je m’appelle Arthur et j’ai six ans aussi.
— Oh, tiens, c’est marrant ça ! Moi je suis né le quatorze février, le jour des amoureux, et toi?
— Moi le quinze.
— On est presque jumeaux alors ! ».
C’est ainsi que commença leur amitié. Léo, contrairement à Arthur, était très sociable et lui posait un tas de questions. Arthur se sentait un peu gêné au début, puis il se rendit vite compte qu’il avait beaucoup de points communs avec son nouvel ami, ce qui le mit rapidement plus à l’aise. Tout au long du trajet qui les menait à la grande bâtisse en pierre où ils allaient séjourner, ils parlèrent de leur vie, de ce qu’ils aimaient faire, ils échangèrent des blagues, des devinettes… Une belle complicité naissait peu à peu.
Après trois heures de trajet, ils arrivèrent enfin au centre de vacances où le directeur, M. Jean, les attendait. Il expliqua les règles principales à respecter lors du séjour, et insista tout particulièrement sur une interdiction formelle : ne jamais s’approcher de la clôture qui se trouvait tout au fond du parc. Une petite fille interrogea M. Jean sur la raison de cette prohibition ; ce dernier prit un ton qui se voulait effrayant et déclara :
« Il y a fort longtemps, dans la grande demeure que l’on peut apercevoir derrière cette barrière, vivait une famille nombreuse. Les quatre enfants étaient d’adorables petits anges en apparence, mais causaient continuellement des ennuis à leurs parents. Ces derniers les mettaient très souvent en garde et tentaient de les apeurer en leur racontant que le Père Fouettard viendrait à Noël prochain. Mais chaque année, ils trouvaient les cadeaux au pied du sapin intacts, et se moquaient ainsi des menaces de leurs parents. C’est alors qu’une année, au matin du vingt-cinq décembre, lorsque les enfants se réveillèrent pour aller ouvrir leurs cadeaux, ils découvrirent stupéfaits qu’ils avaient tous disparu, et qu’un homme tout de noir vêtu était planté au milieu du salon, face à la cheminée, un fouet à la main et un sourire malicieux sur les lèvres. Les quatre terreurs comprirent immédiatement qu’il s’agissait du Père Fouettard et déguerpirent à vive allure, suivis de leurs géniteurs qui étaient aussi affolés qu’eux. Depuis ce jour, le Père Fouettard vit dans cette maison. Il a horreur de voir des enfants s’approcher, et sait tout de suite repérer les vilains petits garnements qu’il prend soin de punir à Noël ».
Un grand silence suivit son discours. Les colons restaient bouche bée, encore sous le choc de cette révélation.
Les jours suivants, tout se déroula à merveille. Les enfants oublièrent très rapidement cette histoire effrayante et ne pensaient plus qu’à s’amuser.
Mais un beau matin, alors qu’une grande partie de cache-cache était engagée, Arthur et Léo allèrent inconsciemment se cacher derrière un buisson tout près de la palissade interdite. C’est seulement au bout de cinq minutes que Léo se retourna et remarqua où ils se trouvaient. Il indiqua la clôture à son compagnon. Arthur s’approcha, observa de plus près le bois peint en vert, haut de plus de trois mètres, et décela alors une petite entaille qui permettait de voir de l’autre côté. Il aperçut la fameuse bâtisse dont le directeur avait parlé, bien différente de celle qu’il avait imaginée. Elle était minuscule, en crépit beige, les bords de fenêtres ornés de géraniums rouge et rose fuchsia. Son regard se posa ensuite sur la droite de la demeure, où il découvrit un petit jardin très bien entretenu, peuplé de rosiers jaune et pourpre, de lilas mauve, de lys blanc et de tulipes un peu fanées en cette saison. Arthur laissa voir quelques instants à son ami ce petit coin de paradis, et reprit son poste d’observation. C’est alors qu’il le vit. Un petit homme tout trapu sortit de la maison, un béret sur la tête et un arrosoir à la main. Il se dirigea à grand peine vers le rosier blanc et ôta quelques feuilles devenues jaunâtres. Léo regarda à son tour, et déclara :
« En fait le Père Fouettard est quelqu’un de très gentil. Il doit se sentir très seul le pauvre ! Nous devrions lui rendre visite, qu’en penses-tu ? ».
Avant qu’Arthur ne puisse répondre, ils entendirent des pas s’approcher. Le directeur arrivait en trombe, essoufflé et en sueur. En apercevant au loin les deux petits garçons espionnant le voisin, il avait traversé le parc en courant. Il les réprimanda en premier lieu, puis s’adoucit et leur expliqua qu’en réalité, le Père Fouettard n’existait pas. Il avait inventé cette histoire effroyable pour dissuader les enfants de s’approcher de la maison voisine, habitée par un très vieux monsieur qui avait besoin de tranquillité.
« Ce sera notre petit secret, les garçons – chuchota M. Jean. Surtout n’en parlez à personne, je vous fais confiance ».
Les deux amis se regardèrent et se sourirent mutuellement, très fiers d’entrer dans la confidence et d’être les seuls détenteurs de ce secret jusqu’à la fin du séjour.
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