Charles et Monique Mérigot sont éditeurs à Paris. Leur maison d’édition, La Ramonda, a été créée en 2006.
J’avais rencontré Charles Mérigot au Salon du Livre de Paris en mars 2010 et nous avions discuté sur le stand. Il m’avait conseillé un livre (que j’ai adoré et que je vous conseille : Esperando el Cierzo de Ánchel Conte) et m’avait demandé de lui dire ce que j’en pensais après ma lecture.
Nous avions donc échangé quelques mails pour parler du livre et je me suis tournée naturellement vers lui pour cet entretien…
1) Bonjour, j'aimerais d'abord que vous me présentiez la maison d'édition, son origine. Quand a-t-elle été créée, par qui, où se trouve-telle ?
Les éditions de la Ramonda ont été fondées en novembre 2006, par Charles et Monique Mérigot et un autre associé sous forme d’une SARL, avec un capital de 1500 euros. Auparavant, Charles Mérigot avait écrit un livre édité par la Ramonda en cours de constitution et vendu en régime de « couveuses d’entreprise ». Ce livre Le dit de la cymbalaire, vendu au départ en souscription, a permis de comprendre les diverses techniques de maquette, corrections, ventes et promotion d’un ouvrage. Aujourd’hui, ce livre en est à 1600 exemplaires. L’idée des fondateurs était d’éditer des textes principalement (ou au départ) dans deux domaines :
a) les récits de vie et témoignages
b) la littérature ibérique et au départ, les ouvrages d’auteurs aragonais
L’entreprise est implantée à Paris, dans le 20e arrondissement. En 2009, plusieurs personnes m’ayant demandé si elles pouvaient nous aider, nous avons procédé à une augmentation de capital, qui est maintenant de 30 000 euros et nous sommes 11 associés. Ce qui, bien sûr, nous permet de nous développer.
Nous avons décidé d’ajouter à cette activité d’édition une activité de librairie de livres en espagnol ou dans les langues d’Espagne. (Nous vendons donc les livres que nous aimons en espagnol et en français). Nous vendons des livres en aragonais aussi et demain sans doute en catalan et galicien.
2) Quelle sorte de livres vendez-vous ?
Pour le moment nous éditons les deux types de livres ci-dessus (témoignages sans lien particulier avec l’Espagne – récits traduits de l’espagnol) et nous vendons une troisième type de livres : ceux de nos amis éditeurs espagnols.
3) Comment êtes vous devenu éditeur ?
En devenant d’abord auteur d’un livre, suite à une intervention remarquée (parue dans la revue Esprit de juin 2005 et reprise dans plusieurs journaux ou revues). Ensuite l’envie de faire connaitre des textes et des auteurs que nous aimons et qui sont moins connus que d’autres du fait de l’étroitesse des manies littéraires des « prescripteurs ». En clair nous pensons que de nombreux excellents textes passent inaperçus du fait du système actuel de promotion du livre.
4) Lorsque nous avions discuté au Salon du Livre, vous m'aviez dit que les livres provenaient d'auteurs venant d'Aragon. Pourquoi cette région en particulier ?
Par passion (nous aimons la richesse culturelle de cette région que nous connaissons bien (ou que nous apprenons à connaitre). D’autre part les auteurs aragonais éloignés du « pouvoir des prescripteurs » sont de ce fait excellents, ils ont des choses à dire et les disent bien. Ils apprécient de travailler avec nous et c’est réciproque. Les éditeurs aragonais sont enchantés de même.
5) Vous voyagez souvent en Espagne pour votre travail il me semble. Quel est le lien que vous entretenez avec les auteurs ?
Les auteurs que nous publions deviennent nos amis. Nos relations sont il me semble excellentes.
6) Vous traduisez vous-même, non ? Quel est votre rapport aux traducteurs, comment travaillez-vous avec eux ?
Pour le moment, sur les trois livres traduits les deux premiers ont été traduits par une traductrice et corrigés par moi, le troisième a été traduit par la même traductrice et moi-même. Les deux suivants en cours le sont par moi-même. Enfin un autre livre a été traduit du français vers l’espagnol par un traducteur d’origine espagnole. Les relations avec les traducteurs : nous nous envoyons les textes par mail et faisons de nombreuses relectures successives. Monique Mérigot relit ensuite les traductions finales et cela entraine ensuite d’autres relectures de la part des traducteurs.
7) Vos livres sont disponibles sur internet : vous avez en quelque sorte votre propre librairie. Travaillez-vous tout de même avec d'autres libraires ? Si oui, quel est votre rapport avec eux ?
Oui, nous travaillons avec tous les libraires qui le souhaitent. (nous sommes notre propre diffuseur). Depuis 4 ans nous avons reçus des commandes d’environ 250 à 300 libraires différents dans plusieurs pays : surtout France bien sur, mais aussi Espagne, Suisse, Canada, Belgique… Mais nous cherchons surtout à monter un réseau de libraires de qualité qui s’intéressent à nos livres. Nous en avons quelques uns et ceux la vendent très bien nos livres. Le Bouquetiniste à Val d’Isère a vendu plus de 1000 ex du même roman aragonais. La librairie de Deauville en a vendu plus de 500…
Nos relations sont ce qu’en font les libraires : très chaleureuses ou amicales avec ceux qui trouvent le temps de lire les livres, elles sont commerciales avec ceux qui vendent des livres en les considérant comme des marchandises (ces libraires là sont rares). Elles sont difficiles dans certains cas : lorsque le libraire croit que les livres en vogue sont forcément les meilleurs ou sont ceux que le « public demande ». Ceux qui confondent la mode littéraire et le bon goût littéraire.
8) Combien de livres vendez-vous par an environ ?
Heureusement, le nombre augmente.
Environ 800 en 2006. Environ 1500 en 2007. Environ 2200 en 2008. Environ 4000 en 2009. Environ 5500 sans doute en 2010
9) Comment choisissez-vous ces livres ?
En les lisant !!
10) Vous m'avez dit être une petite maison d'édition "atypique". En quoi l'êtes-vous ?
Cette expression « maison d’édition atypique » m’a un peu échappé. Je crois qu’une maison d’édition qui n’est pas « atypique » n’a pas beaucoup de chances de survivre. Je crois d’ailleurs que c’est le rôle d’une maison d’édition d’être atypique. Nous le sommes parce que nous nous positionnons sur des créneaux dont on nous dit qu’ils ne « peuvent pas marcher ». Parce que par exemple, pour nous, un auteur espagnol ne vit pas forcément à Madrid ou à Barcelone. Nous essayons d’éditer de bons textes qui diffèrent des tartes-à-la-crème consensuelles dans tel ou tel cercle. Nous essayons de donner la parole à des auteurs qui parlent un peu moins d’eux et un peu plus des autres et du monde tel qu’il est. Nous croyons très fort à la parole de Michel Torga « l’universel c’est le local moins les murs » et pour cela nous refusons l’étiquette « régionaliste ».
Bref plus qu’atypique nous sommes surtout à contre-courant. Si j’osais je reprendrai assez volontiers ce mot de Molière « l’essentiel est de plaire ». Il se trouve que de plus, souvent, ce qui plait à tout un chacun est aussi ce qu’il y a de beau. (j’exclus bien sûr les goûts formatés). Des Exemples : en 4e de couverture du « givre sur les épaules » j’ai eu la « mauvaise idée » de mettre le mot «berger » (il s’agit d’un roman dont le héros est un berger aragonais). Ce seul mot fait fuir : beaucoup de libraires, de journalistes à la mode, de profs…
Mais il se trouve que nous vendons très bien ce livre, et qu’il est apprécié aussi bien de grands intellectuels que de personnes qui lisent peu. Nous l’avons traduit en français et venons de signer un contrat avec une grande maison d’édition pour qu’il le soit en italien et en anglais. Il sera édité à New-York prochainement et distribué par Penguin.
11) Quel regard portez-vous sur le monde de l'édition ? Il n’y a pas de monde de l’édition. Quelques cinq ou six maisons d’éditions industrielles peuvent, à la rigueur, parce qu’elles industrialisent la production et la vente de livres croient qu’elles constituent « le monde de l’édition » (pour combien de temps en feront-elles partie face aux deux grands groupes mondiaux d’informatique ?). Le reste, en France est constitué d’éditeurs, des artisans, souvent passionnés, et qui cherchent les lecteurs de leurs textes. Ce sont des gens forts sympathiques, bizarres souvent. Je déplore beaucoup en revanche le manque de goût littéraire de quelques uns. J’essaie surtout de repenser aux Humanistes : auteurs, un peu éditeurs-libraires, des réformateurs ou des révolutionnaires qui se sont permis de revisiter la pensée des anciens, en ont découverts les merveilles et par là, ont à leur tour écrit des chefs-d’œuvre. À l’heure où les « machines multimédias », les logiciels… nous donnent la possibilité de « faire » un livre du texte à l’objet fini, je crois que c’est vers eux qu’il faut regarder. Cela est peut-être peu clair. Je voulais dire que puisque nous disposons aujourd’hui de merveilleuses machines qui nous permettent de presque tout faire nous-mêmes, il faut revenir à un travail à taille humaine où l'éditeur, comme à la Renaissance peut maquetter, dessiner, illustrer, composer… bref, faire un livre de A à Z (ou presque). Dans ce domaine encore plus que dans les autres, la spécialisation à outrance me permet dommageable à la qualité du livre contrairement à ce que j’entends affirmer souvent. Grâce à ces machines (les ordinateurs) on peut retrouver le « sens » du travail sur le livre puisque l’on peut en voir la fabrication entière (ou presque). Bien sur on peut améliorer l’aspect du livre-objet en utilisant des techniciens ou des spécialistes pointus, mais sans oublier que le livre c’est d’abord un texte ! Le Quichotte est un « bon livre » même sur du papier d’emballage ! Et quoiqu’on dise c’est le texte (et les illustrations bien sur) qui nous fait rêver ! Aujourd’hui aussi des auteurs écrivent de bons textes, c’est ceux-là qu’il faut faire connaître.
12) Enfin, comment voyez-vous l'évolution de votre propre maison d'édition ?
Je n’en sais rien. Je crois qu’il nous faut dégager des moyens pour poursuivre cette quête de bons textes. J’aimerais étendre notre recherche à tout le monde ibérique (au portugais aussi donc, catalan, galicien) puis au monde latin (français, occitan et italien). Mais je crois surtout qu’en allant à contre-courant (raisonnablement) nous sommes dans la bonne voie car les lecteurs nous attendent. Si je regarde le chemin parcouru en quatre ans, j’ai bon espoir dans l’avenir, mais comme je ne le connais pas, je fais ce que je crois devoir être fait. Après cela ne dépend pas de moi.
Pour plus d’infos : http://www.laramonda.com
Nous avions donc échangé quelques mails pour parler du livre et je me suis tournée naturellement vers lui pour cet entretien…
1) Bonjour, j'aimerais d'abord que vous me présentiez la maison d'édition, son origine. Quand a-t-elle été créée, par qui, où se trouve-telle ?
Les éditions de la Ramonda ont été fondées en novembre 2006, par Charles et Monique Mérigot et un autre associé sous forme d’une SARL, avec un capital de 1500 euros. Auparavant, Charles Mérigot avait écrit un livre édité par la Ramonda en cours de constitution et vendu en régime de « couveuses d’entreprise ». Ce livre Le dit de la cymbalaire, vendu au départ en souscription, a permis de comprendre les diverses techniques de maquette, corrections, ventes et promotion d’un ouvrage. Aujourd’hui, ce livre en est à 1600 exemplaires. L’idée des fondateurs était d’éditer des textes principalement (ou au départ) dans deux domaines :
a) les récits de vie et témoignages
b) la littérature ibérique et au départ, les ouvrages d’auteurs aragonais
L’entreprise est implantée à Paris, dans le 20e arrondissement. En 2009, plusieurs personnes m’ayant demandé si elles pouvaient nous aider, nous avons procédé à une augmentation de capital, qui est maintenant de 30 000 euros et nous sommes 11 associés. Ce qui, bien sûr, nous permet de nous développer.
Nous avons décidé d’ajouter à cette activité d’édition une activité de librairie de livres en espagnol ou dans les langues d’Espagne. (Nous vendons donc les livres que nous aimons en espagnol et en français). Nous vendons des livres en aragonais aussi et demain sans doute en catalan et galicien.
2) Quelle sorte de livres vendez-vous ?
Pour le moment nous éditons les deux types de livres ci-dessus (témoignages sans lien particulier avec l’Espagne – récits traduits de l’espagnol) et nous vendons une troisième type de livres : ceux de nos amis éditeurs espagnols.
3) Comment êtes vous devenu éditeur ?
En devenant d’abord auteur d’un livre, suite à une intervention remarquée (parue dans la revue Esprit de juin 2005 et reprise dans plusieurs journaux ou revues). Ensuite l’envie de faire connaitre des textes et des auteurs que nous aimons et qui sont moins connus que d’autres du fait de l’étroitesse des manies littéraires des « prescripteurs ». En clair nous pensons que de nombreux excellents textes passent inaperçus du fait du système actuel de promotion du livre.
4) Lorsque nous avions discuté au Salon du Livre, vous m'aviez dit que les livres provenaient d'auteurs venant d'Aragon. Pourquoi cette région en particulier ?
Par passion (nous aimons la richesse culturelle de cette région que nous connaissons bien (ou que nous apprenons à connaitre). D’autre part les auteurs aragonais éloignés du « pouvoir des prescripteurs » sont de ce fait excellents, ils ont des choses à dire et les disent bien. Ils apprécient de travailler avec nous et c’est réciproque. Les éditeurs aragonais sont enchantés de même.
5) Vous voyagez souvent en Espagne pour votre travail il me semble. Quel est le lien que vous entretenez avec les auteurs ?
Les auteurs que nous publions deviennent nos amis. Nos relations sont il me semble excellentes.
6) Vous traduisez vous-même, non ? Quel est votre rapport aux traducteurs, comment travaillez-vous avec eux ?
Pour le moment, sur les trois livres traduits les deux premiers ont été traduits par une traductrice et corrigés par moi, le troisième a été traduit par la même traductrice et moi-même. Les deux suivants en cours le sont par moi-même. Enfin un autre livre a été traduit du français vers l’espagnol par un traducteur d’origine espagnole. Les relations avec les traducteurs : nous nous envoyons les textes par mail et faisons de nombreuses relectures successives. Monique Mérigot relit ensuite les traductions finales et cela entraine ensuite d’autres relectures de la part des traducteurs.
7) Vos livres sont disponibles sur internet : vous avez en quelque sorte votre propre librairie. Travaillez-vous tout de même avec d'autres libraires ? Si oui, quel est votre rapport avec eux ?
Oui, nous travaillons avec tous les libraires qui le souhaitent. (nous sommes notre propre diffuseur). Depuis 4 ans nous avons reçus des commandes d’environ 250 à 300 libraires différents dans plusieurs pays : surtout France bien sur, mais aussi Espagne, Suisse, Canada, Belgique… Mais nous cherchons surtout à monter un réseau de libraires de qualité qui s’intéressent à nos livres. Nous en avons quelques uns et ceux la vendent très bien nos livres. Le Bouquetiniste à Val d’Isère a vendu plus de 1000 ex du même roman aragonais. La librairie de Deauville en a vendu plus de 500…
Nos relations sont ce qu’en font les libraires : très chaleureuses ou amicales avec ceux qui trouvent le temps de lire les livres, elles sont commerciales avec ceux qui vendent des livres en les considérant comme des marchandises (ces libraires là sont rares). Elles sont difficiles dans certains cas : lorsque le libraire croit que les livres en vogue sont forcément les meilleurs ou sont ceux que le « public demande ». Ceux qui confondent la mode littéraire et le bon goût littéraire.
8) Combien de livres vendez-vous par an environ ?
Heureusement, le nombre augmente.
Environ 800 en 2006. Environ 1500 en 2007. Environ 2200 en 2008. Environ 4000 en 2009. Environ 5500 sans doute en 2010
9) Comment choisissez-vous ces livres ?
En les lisant !!
10) Vous m'avez dit être une petite maison d'édition "atypique". En quoi l'êtes-vous ?
Cette expression « maison d’édition atypique » m’a un peu échappé. Je crois qu’une maison d’édition qui n’est pas « atypique » n’a pas beaucoup de chances de survivre. Je crois d’ailleurs que c’est le rôle d’une maison d’édition d’être atypique. Nous le sommes parce que nous nous positionnons sur des créneaux dont on nous dit qu’ils ne « peuvent pas marcher ». Parce que par exemple, pour nous, un auteur espagnol ne vit pas forcément à Madrid ou à Barcelone. Nous essayons d’éditer de bons textes qui diffèrent des tartes-à-la-crème consensuelles dans tel ou tel cercle. Nous essayons de donner la parole à des auteurs qui parlent un peu moins d’eux et un peu plus des autres et du monde tel qu’il est. Nous croyons très fort à la parole de Michel Torga « l’universel c’est le local moins les murs » et pour cela nous refusons l’étiquette « régionaliste ».
Bref plus qu’atypique nous sommes surtout à contre-courant. Si j’osais je reprendrai assez volontiers ce mot de Molière « l’essentiel est de plaire ». Il se trouve que de plus, souvent, ce qui plait à tout un chacun est aussi ce qu’il y a de beau. (j’exclus bien sûr les goûts formatés). Des Exemples : en 4e de couverture du « givre sur les épaules » j’ai eu la « mauvaise idée » de mettre le mot «berger » (il s’agit d’un roman dont le héros est un berger aragonais). Ce seul mot fait fuir : beaucoup de libraires, de journalistes à la mode, de profs…
Mais il se trouve que nous vendons très bien ce livre, et qu’il est apprécié aussi bien de grands intellectuels que de personnes qui lisent peu. Nous l’avons traduit en français et venons de signer un contrat avec une grande maison d’édition pour qu’il le soit en italien et en anglais. Il sera édité à New-York prochainement et distribué par Penguin.
11) Quel regard portez-vous sur le monde de l'édition ? Il n’y a pas de monde de l’édition. Quelques cinq ou six maisons d’éditions industrielles peuvent, à la rigueur, parce qu’elles industrialisent la production et la vente de livres croient qu’elles constituent « le monde de l’édition » (pour combien de temps en feront-elles partie face aux deux grands groupes mondiaux d’informatique ?). Le reste, en France est constitué d’éditeurs, des artisans, souvent passionnés, et qui cherchent les lecteurs de leurs textes. Ce sont des gens forts sympathiques, bizarres souvent. Je déplore beaucoup en revanche le manque de goût littéraire de quelques uns. J’essaie surtout de repenser aux Humanistes : auteurs, un peu éditeurs-libraires, des réformateurs ou des révolutionnaires qui se sont permis de revisiter la pensée des anciens, en ont découverts les merveilles et par là, ont à leur tour écrit des chefs-d’œuvre. À l’heure où les « machines multimédias », les logiciels… nous donnent la possibilité de « faire » un livre du texte à l’objet fini, je crois que c’est vers eux qu’il faut regarder. Cela est peut-être peu clair. Je voulais dire que puisque nous disposons aujourd’hui de merveilleuses machines qui nous permettent de presque tout faire nous-mêmes, il faut revenir à un travail à taille humaine où l'éditeur, comme à la Renaissance peut maquetter, dessiner, illustrer, composer… bref, faire un livre de A à Z (ou presque). Dans ce domaine encore plus que dans les autres, la spécialisation à outrance me permet dommageable à la qualité du livre contrairement à ce que j’entends affirmer souvent. Grâce à ces machines (les ordinateurs) on peut retrouver le « sens » du travail sur le livre puisque l’on peut en voir la fabrication entière (ou presque). Bien sur on peut améliorer l’aspect du livre-objet en utilisant des techniciens ou des spécialistes pointus, mais sans oublier que le livre c’est d’abord un texte ! Le Quichotte est un « bon livre » même sur du papier d’emballage ! Et quoiqu’on dise c’est le texte (et les illustrations bien sur) qui nous fait rêver ! Aujourd’hui aussi des auteurs écrivent de bons textes, c’est ceux-là qu’il faut faire connaître.
12) Enfin, comment voyez-vous l'évolution de votre propre maison d'édition ?
Je n’en sais rien. Je crois qu’il nous faut dégager des moyens pour poursuivre cette quête de bons textes. J’aimerais étendre notre recherche à tout le monde ibérique (au portugais aussi donc, catalan, galicien) puis au monde latin (français, occitan et italien). Mais je crois surtout qu’en allant à contre-courant (raisonnablement) nous sommes dans la bonne voie car les lecteurs nous attendent. Si je regarde le chemin parcouru en quatre ans, j’ai bon espoir dans l’avenir, mais comme je ne le connais pas, je fais ce que je crois devoir être fait. Après cela ne dépend pas de moi.
Pour plus d’infos : http://www.laramonda.com
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