dimanche 31 octobre 2010

Références culturelles, 628 : Antonio Gamoneda

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/gamoneda

Miro Mi Desnudez...


Miro mi desnudez. Contemplo
la aparición de las heridas blancas.
Envuelto en sábanas mortales,
bebo en las aguas femeninas
la dulzura y la sombra.

La version à rendre pour le 30 novembre : les traductions

Había sido educado para vivir aquí, en el pueblo. Para dirigir prosaicamente la fábrica de quesos y mantequilla que tenía su padre, y cuidar de sus tierras. Tenía un título de ingeniero industrial. Le gustaba el campo... Había sido educado también para vivir con una gran comodidad y con todas las satisfacciones materiales que su familia exigía a la vida. Y se le había dotado de muchas cosas más. Tenía una enorme fuerza física y la cultivó. Le gustaba vivir bien, pero desde muchacho había sido cazador y excursionista y sabía soportar penalidades y hacer frente a muchas situaciones... La guerra le lanzó fuera del pueblo y luego fuera de España. Cuando su hijo Miguel iba a nacer, al terminarse la guerra civil, tuvo que dejar a Paulina en Barcelona, casi abandonada a su suerte... Y aunque pensaba volver en seguida a España, las cosas se arreglaron de tal manera que embarcó hacia América Central, y no hacía ni año y medio que estaba otra vez en su país. Recordó cómo había tenido ocasión de enriquecerse en dos o tres momentos, y no lo logró por algo, una especie de destino extraño que acababa desbaratando todos sus planes ambiciosos. Podía recordar el peor de aquellos momentos, aquella ocasión en que pensó divorciarse en Méjico aprovechando ciertas leyes arbitrarias, para poder casarse con una millonada histérica. Con este matrimonio le parecía que hubiese llegado a una cumbre de poder económico fabuloso... La millonaria se aburrió de él antes de que hubiese terminado de decidir tal proyecto. Paulina no lo supo nunca... Las mujeres no habían sido factor muy fuerte en el destino de Eulogio. Sólo aquel afán de triunfo, de hacer cosas, de moldear la vida. Y es claro, siempre recordaba que tenía un hijo. Él era un hombre muy viril, con un profundo instinto paternal. Al fin creyó que era necesario encontrar otra vez el hogar y el hijo... Pero aún después de su regreso estuvo más de un año empeñado, con aquella ambición de siempre, en una lucha áspera en Madrid, metidos él y la familia en un piso modesto, alquilado con muebles, aguardando la gran ocasión de llegar a dirigir las Empresas Comerciales Nives, en las que trabajaba. Fue un año de dureza, de mal humor, de exigencias con Paulina, que tenía que vivir adaptándose a un sueldo pequeño y que estaba enferma... Un año durante el que se hizo el sordo a las llamadas, a las visitas y a las cartas de su madre... Al fin, cuando Paulina se vino a Villa de Robre, casi secuestrada por Mariana, y le nació aquí un hijo prematuro y muerto, él consintió en venir por obligación... Y solamente darle el olor del valle en la nariz, oír el habla especial de las gentes, encontrar los cómodos sillones de Mariana y ver la chimenea de ladrillos que sobresalía del edificio de la fábrica, supo que aquello era su destino. El destino que desde siempre le estaba aguardando. Y... se quedaba. Ahora mismo, esta tarde, había decidido quedarse. Mariana había tenido razón desde el primer día. Era lógico que al terminar el plazo de arrendamiento de la fábrica el la tomase en sus manos. Tenía que levantar lo que era suyo. Cuidar de aquellas tierras y de la ganadería. Y hasta, ¿por qué no?, sus grandes y emocionantes bosques de Las Duras podían ser una aventura más grande que ninguna de las que le pudieran haber sucedido por el mundo. Su verdadera finalidad estaba en el trabajo que le gustaba y quería hacer. En ese olor de la lluvia de tempestad, en todas estas ramas agitadas encontraba un sentido, nuevo y viejo. Había cosas que empezaron sus abuelos y él tenía que continuar, y cosas que podía empezar a hacer él mismo, allí en su propia tierra, y que sus hijos continuarían...

Carmen Laforet, La mujer nueva

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Auréba nous propose sa traduction :

Il avait été élevé pour vivre ici, au village. Pour diriger prosaïquement la fabrique de fromages et de beurre qu’avait son père, et s’occuper de ses terres. Il avait un diplôme d’ingénieur industriel. Il aimait la campagne…Il avait été aussi élevé pour vivre dans le confort et avec toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. Et il avait été pourvu de beaucoup d’autres choses. Il était doté d’une énorme force physique, qu’il a bien conservée. Il aimait vivre à l’aise, mais depuis qu’il était enfant, il était allé chasser et avait fait des excursions et il savait endurer des souffrances et affronter de nombreuses situations. La guerre le projeta hors du village, puis hors d’Espagne. Alors que son fils Miguel allait naître, à la fin de la guerre civile, il avait dû laisser Paulina à Barcelone, l’abandonnant presque à son sort…Et bien qu’il envisageait de revenir aussitôt en Espagne, les choses se passèrent de telle façon qu’il embarqua pour l’Amérique centrale, et un an et demi ne s’était pas écoulé qu’il était à nouveau dans son pays. Il se rappela cmment il avait eu l’occasion de s’enrichir à deux ou trois reprises, et n’y est pas parvenu pour une raison, une sorte de destin étrange qui finissait par démonter tous ses plans ambitieux. Il pouvait se souvenir du pire de ces moments-là, cette fois où il avait pensé divorcer au Mexique en profitant de certaines lois arbitraires, pour pouvoir se marier avec une millionnaire hystérique. Avec ce mariage, il avait l’impression qu’il allait arriver à l’apogée d’un pouvoir économique fabuleux…La millionnaire s’était lassée de lui avant qu’il ne se fût décidé à mettre en oeuvre un tel projet. Paulina n’en sut jamais rien…Les femmes n’avaient pas été un facteur important dans le destin d’Eulogio. Il n’y avait que cette soif de réussite, de faire des choses, de diriger sa vie. Et c’est sûr, il se rappelait toujours qu’il avait un fils. C’était un homme très viril, doté d’un profond instinct paternel. Finalement, il crut qu’il était nécessaire de rejoindre son foyer et son fils…Mais, même après son retour, il fut engagé, pendant plus d’un an, avec cette éternelle ambition, dans une âpre lutte à Madrid, logés lui et sa famille dans un appartement modeste, loué meublé, en attendant la grande opportunité d’arriver à diriger les Entreprises commerciales Nives où il travaillait. Ce fut une année de dureté, de mauvaise humeur, d’exigences envers Paulina, qui devait vivre en s’adaptant à un petit salaire et qui était malade…Une année durant laquelle il fit la sourde oreille aux appels téléphoniques, aux visites et aux lettres de sa mère…Finalement, quand Paulina se rendit à Villa de Robre, presque séquestrée par Mariana, et qu’il y naquit un enfant mort prématurément, il accepta de venir par obligation…Et il lui avait suffi d’avoir l’odeur de la vallée dans les narines, d’entendre le parler spécial des gens, de retrouver les confortables fauteuils de Mariana et de voir la grosse cheminée en briques dans la fabrique, pour savoir quel était son destin. Le destin qui l’attendait depuis toujours. Et…il restait. À ce moment-même, cet-après-midi-là, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison depuis le premier jour. Il était logique qu’une fois achevé le paiement de la rente de la fabrique, il allait la prendre en mains. Il devait faire prospérer ce qui était à lui. S’occuper de ses terres et de l’élevage. Et même que, pourquoi pas, ces grands bois émouvants de Las Duras pouvaient représenter une plus grande aventure qu’aucune de celles qu’il aurait pu y avoir partout dans le monde. Sa véritable finalité se trouvait dans le travail qu’il aimait et qu’il voulait faire. Dans cette odeur de la pluie de tempête, dans toutes ces branches agitées, il trouvait un sens, neuf ou vieux. Il y avait des choses que ses grands-parents avaient commencées, et qu’il devait continuer, et des choses qu’il pouvait commencer à faire lui-même, là-bas, sur son propre terrain, et que ses fils allaient poursuivre.

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Perrine nous propose sa traduction :

Il avait été élevé dans l’intention de grandir ici, dans le village, de diriger de façon prosaïque l’entreprise de fromages et de beurre que possédait son père, et de s’occuper de ses terres. Il détenait un titre d’ingénieur industriel. Il affectionnait la campagne… Il avait également été élevé afin de vivre dans l’aisance, entouré de toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. Et il disposait de bien d’autres ressources : il jouissait d’une énorme force physique, qu’il cultiva. Il aimait profiter de la vie, bien que tout petit, il eût été chasseur et excursionniste, circonstance qui lui permettait de supporter des peines et faire face à quantité de situations. La guerre le conduisit hors du village, puis hors de l’Espagne. Lorsque son fils Miguel était sur le point de voir le jour, à la fin de la guerre civile, il fut contraint de laisser Paulina à Barcelone, presque abandonnée à son propre sort… Alors qu’il pensait revenir immédiatement en Espagne, les choses prirent une autre tournure : il embarqua pour l’Amérique Centrale, et ne rentra dans son pays qu’un an et demi plus tard. Il se rappela comme il avait eu la possibilité de s’enrichir à deux ou trois reprises, opportunité qui tomba complètement à l’eau, comme si une sorte d’étrange fatalité finissait par détruire tous ses plans ambitieux. Il pouvait se remémorer le pire de ces instants, cette occasion au cours de laquelle il avait songé à divorcer au Mexique, profitant de certaines lois arbitraires, en vue de pouvoir épouser une richissime femme hystérique. Grâce à ce mariage, il avait l’impression d’avoir atteint le sommet d’un pouvoir économique prestigieux… Mais la millionnaire se lassa de lui avant qu’il n’ait terminé de mener à bien ce projet. Paulina n’en sut jamais rien. Les femmes n’avaient pas représenté un facteur très fort quant au destin d’Eulogio ; seul comptait ce désir de triompher, de réaliser de grandes choses, de façonner le monde. Ce qui était certain, c’est qu’il se souvenait d’avoir un fils. C’était un homme très viril, doté d’un instinct paternel profond. Finalement, il jugea nécessaire de retrouver à nouveau son foyer et son enfant… Mais même après son retour, il s’engagea pendant plus d’un an dans une bataille âpre à Madrid, avec cette ambition qu’il avait toujours eu, résidant, sa famille et lui, dans un appartement modeste, loué meublé, attendant avec impatience que le grand moment de gérer les Entreprises Commerciales Nives, dans lesquelles il travaillait, arrive enfin. Ce fut une année de fermeté, de mauvaise humeur, d’exigences envers Paulina, qui devait vivre en s’adaptant à un maigre salaire, en plus d’être malade… Une année au cours de laquelle il fit la sourde oreille aux appels, aux visites et aux lettres de sa mère… En fin de compte, quand Paulina se rendit à Villa de Robre, presque séquestrée par Mariana, et qu’elle accoucha d’un enfant prématuré et mort, il accepta de venir par obligation… Et le seul fait de sentir l’odeur de la vallée chatouiller son nez, d’entendre le langage particulier des gens, de s’installer dans les fauteuils confortables de Mariana et d’apercevoir la cheminée en briques qui dépassait du bâtiment de l’usine le fit réaliser que ça, c’était son destin. Le destin qui lui était réservé depuis toujours. Alors…il restait. À cet instant précis, cet après-midi-là, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison depuis le premier jour. Il était normal qu’une fois le crédit de la location de la fabrique remboursé, il en prenne les commandes. Il fallait qu’il récupère ce qui lui appartenait, qu’il prenne soin de cette propriété, de l’élevage, et pourquoi pas qu’il aille même jusqu’à faire de ses grandes forêts frémissantes de Las Duras une aventure plus extraordinaire que toutes celles qui auraient pu lui arriver dans le monde. Sa vraie finalité résidait dans le travail qu’il aimait et voulait faire. Dans cette senteur de pluie de tempête, dans toutes ces branches agitées, il trouvait un sens à la fois nouveau et archaïque. Il y avait certaines choses que ses grands-parents avaient entamées, et que lui devait perpétuer, et certaines choses qu’il pouvait entamer lui-même, là, sur son propre domaine, et que ses enfants perpétueraient…

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Julie nous propose sa traduction :

Il avait été élevé pour vivre ici, au village. Juste pour diriger la fabrique de fromages et de beurre que possédait son père et s’occuper de ses terres. Il avait un diplôme d’ingénieur industriel. Il appréciait la campagne… Il avait également été élevé pour vivre dans un grand confort et avec toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. Il avait aussi hérité de beaucoup d’autres choses. Il avait une énorme force physique qu’il cultiva. Il aimait vivre aisément, mais depuis son adolescence, il avait été chasseur et randonneur et il savait supporter des contraintes et faire face à de nombreuses situations… La guerre l’expulsa hors du village et ensuite, hors d’Espagne. Quand son fils Miguel allait naître, à la fin de la Guerre Civile, il dut laisser Paulina à Barcelone, presque abandonnée à son sort… Et bien qu’il pensât revenir de suite en Espagne, les choses s’organisèrent de telle sorte qu’il embarqua pour l’Amérique Centrale, alors que ça ne faisait pas encore un an et demi qu’il était de nouveau dans son pays. Il se rappela comment il avait eu l’occasion de s’enrichir à deux ou trois reprises, sauf qu’il n’y parvint pas, pour une raison bien précise : une espèce de destin étrange qui finissait par bouleverser tous ses plans ambitieux. Il pouvait se souvenir du pire de ces moments : cette fois où il pensa divorcer au Mexique en profitant de certaines lois arbitraires, afin de pouvoir se marier avec une millionnaire hystérique. Grâce à ce mariage, il lui semblait qu’il aurait atteint le sommet d’une puissance économique fabuleuse… La millionnaire se lassa de lui avant qu’il n’eût pris la décision de réaliser un tel projet. Paulina ne le sut jamais… Les femmes n’avaient pas été un facteur très déterminant du destin d’Eulogio. Il y avait uniquement cette soif de triomphe, d’accomplir des choses, de modeler sa vie. Ce qui est sûr, c’est qu’il se rappelait tout le temps qu’il avait un fils. C’était un homme très viril, doté d’un fort instinct paternel. Tout compte fait, il pensa qu’il lui fallait retrouver son foyer et son fils… Néanmoins, même après son retour, il s’engagea pendant plus d’un an, avec cette ambition éternelle, dans une lutte acharnée à Madrid, coincé avec sa famille dans un modeste appartement meublé, attendant l’opportunité de pouvoir diriger les Entreprises Commerciales Nives, où il travaillait. Ce fut une année faite de dureté, de mauvaise humeur, d’exigences envers Paulina, qui devait vivre en s’adaptant à un bas salaire et qui était malade… Une année durant laquelle il fit la sourde oreille face aux appels, aux visites et aux lettres de sa mère. Finalement, quand Paulina alla vivre à la Villa de Robre, quasiment séquestrée par Mariana et que ce fut ici qu’elle mit au monde prématurément un enfant mort-né, il consentit à venir par obligation… C’est seulement au contact de l’air de la montagne avec son nez, en entendant le parler particulier des gens, en retrouvant les fauteuils douillets de Mariana et en voyant la cheminée en briques qui se dressait sur le bâtiment de la fabrique, qu’il sut que tout ceci, c’était son destin. Le destin qui l’attendait depuis toujours. Ainsi donc…il restait. Maintenant, cet après-midi, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison dès le premier jour. Il était logique qu’à la fin du crédit de location de la fabrique, ce soit lui qui la reprenne. Il devait faire fructifier ce qui était à lui. S’occuper de ses terres et du bétail. Et ses grands et touchants bois des Duras pouvaient même, pourquoi pas, représenter une aventure plus importante que toutes celles qui auraient pu lui arriver en ce monde. Son véritable but résidait dans le travail qu’il aimait et qu’il voulait faire. Dans cette odeur de la pluie d’orage, dans toutes ces branches agitées il trouvait un sens, à la fois neuf et ancien. Il y avait des choses que ses grands-parents avaient commencé et qu’il devait poursuivre, ainsi que des choses que lui-même pouvait commencer à faire, là-bas sur ses propres terres et que ses fils poursuivraient.

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Stéphanie nous propose sa traduction :

Il avait été éduqué pour vivre ici, au village, pour diriger simplement l'usine de fromages et de beurre que possédait son père ainsi que pour s'occuper de ses terres. Il avait un diplôme d'ingénieur industriel. Il aimait la campagne... Il avait aussi été éduqué pour vivre dans un grand confort et avec toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. En outre, il était doté de beaucoup d'autres qualités. Il possédait une force physique colossale et l'avait cultivée. Il aimait vivre tranquillement, mais depuis qu'il était gamin, il était chasseur et excursionniste, de ce fait, il savait endurer les besognes et affronter de nombreuses situations... La guerre le conduisit hors du village, puis hors d'Espagne : lorsque son fils Miguel fut sur le point de naître à la fin de la guerre civile, il dut abandonner Paulina à Barcelone, presque livrée à elle-même... Et alors qu'il pensait rentrer aussitôt en Espagne, les événements s'étaient déroulés de telle sorte qu'il embarquât vers l'Amérique Centrale. À ce jour, ça ne faisait pas encore un an et demi qu'il avait regagné son pays. Il se rappela comment il avait eu l'occasion de s'enrichir à deux ou trois reprises, cependant quelque chose, une espèce de destin étrange qui finissait par ruiner tous ses plans ambitieux l'en empêcha. Il se souvenait encore du pire de ces moments, cette occasion où il voulut divorcer au Mexique profitant de certaines lois arbitraires, afin de pouvoir se marier à une nabab hystérique. Avec ce mariage, il lui semblait qu'il aurait atteint un sommet d'opulence fabuleux. La millionnaire se lassa de lui avant d'avoir adopté un tel projet. Paulina ne l'apprit jamais... Les femmes n'avaient pas été un facteur très influent dans le destin d'Eulogio ; seul ce désir de triompher, d'accomplir des choses, de modeler la vie avait compté. Et bien sûr, il avait constamment en tête qu'il avait un fils. C'était un homme très viril, doué d'un très fort instinct paternel.
Finalement, il crut nécessaire de retrouver son foyer et son fils... Or, même après son retour, il resta plus d'un an acharné, avec la même ambition de toujours, dans une lutte obstinée à Madrid, installés lui et sa famille dans un modeste appartement meublé, où il attendait la grande occasion de prendre la tête des Entreprises Commerciales Nives, dans lesquelles il travaillait. Ce fut une année de rigueur, de mauvaise humeur, d'exigences envers Paulina, malade, qui devait apprendre à vivre avec un maigre salaire. Une année durant laquelle il fit la sourde oreille aux appels, aux visites et aux lettres de sa mère... Enfin, quand Paulina rejoignit Villa de Robre, pratiquement séquestrée par Mariana, où elle donna le jour à un enfant prématuré et mort, il consentit à venir à contrecœur... Toutefois, à peine l'odeur de la vallée lui avait-elle effleurée les narines, à peine avait-il entendu le parler singulier des habitants, à peine avait-il retrouvé les confortables fauteuils de Marina et avait-il vu la cheminée de brique qui faisait saillie des bâtiments de l'usine, qu'il sut que c'était son destin. Le destin qui depuis toujours l'avait attendu. Et... il restait. À cet instant, cet après-midi là, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison depuis le premier jour. Il était logique qu'au terme de la location de l'usine, il la prît en main. Il devait faire fructifier ce qui lui appartenait. S'occuper de ses terres et du bétail. Et même, pourquoi pas, ses vastes et émouvantes forêts de Las Duras pouvaient représenter une aventure plus grande qu'aucune de celles qui pouvaient lui avoir été donner de vivre. Son véritable objectif dans le travail qu'il aimait et souhaitait réaliser. Dans cette odeur de pluie de tempête, dans toutes ces branches agitées, il trouvait un sens, nouveau et ancien. Il y avait des œuvres qu'avaient commencé ses grands-parents et qu'il devait continuer, et des œuvres qu'il pouvait commencer à faire lui-même, là, sur sa propre terre et que ses enfants continueraient.

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Olivier nous propose sa traduction :

Il avait été élevé pour vivre ici, dans le village. Pour diriger prosaïquement la fabrique de fromage et de beurre que tenait son père et s'occuper des terres. Il possédait un diplôme d'ingénieur industriel. Il aimait la campagne … Il avait aussi été élevé pour vivre dans le confort, avec toutes les commodités matérielles que sa famille exigeait de la vie. Et il avait été pourvu de bien d'autres qualités. Il était doté d'une énorme force physique et il l'entretint. Il aimait la belle vie mais, depuis son plus jeune âge, il avait été chasseur et excursionniste : il savait donc endurer les difficultés et faire face à de nombreuses situations … La guerre l'envoya hors du village et, plus tard, hors d'Espagne. Lorsque son fils Miguel était sur le point de naître, à la fin de la guerre civile, il dut abandonner Paulina à Barcelone, presque livrée à son sort. Et bien qu'il pensât revenir aussitôt en Espagne, les événements s'enchaînèrent de telle sorte qu'il embarqua à destination de l'Amérique Centrale, un an et demi à peine après avoir retrouvé son pays. Il se rappela qu'il avait eu l'opportunité de s'enrichir à deux ou trois reprises, mais que quelque chose l'en avait empêché, une espèce d'étrange destin qui finissait par faire échouer tous ses plans ambitieux. Il pouvait se souvenir du pire de ces moments : cette occasion où, au Mexique, profitant de certaines lois arbitraires, il songea à divorcer afin de se marier à une millionnaire hystérique. Avec cette union, il lui avait semblé qu'il aurait atteint un fabuleux sommet du pouvoir économique … La millionnaire s'ennuya de lui avant que ne fut prise la décision concernant un tel projet. Paulina ne l'apprit jamais. Les femmes n'avait pas été un facteur décisionnel dans le destin d'Eulogio. Rien de plus que cette soif de triomphe, d'agir, de modeler la vie. Bien évidemment, il n'oublia jamais qu'il avait un fils. C'était un homme très viril, doté d'un profond instinct paternel. Il finit par penser qu'il devait rentrer à la maison, auprès de son enfant … Mais même après son retour, il fut pendant plus d'un an retenu dans un âpre conflit à Madrid, obsédé par cette ambition de toujours. Installés, lui et sa famille, dans un modeste appartement qu'ils avaient loué meublé, il attendait que se présente le grand moment où il prendrait la direction des entreprises Nives, là où il travaillait. Ce fut une année de difficultés, de mauvaise humeur, d'exigences envers Paulina qui, souffrante, devait s'habituer à vivre avec un petit salaire … Une année pendant laquelle il fit la sourde oreille aux appels de sa mère, ignorant ses visites et ses lettres … Enfin, lorsque Paulina s'en fut à Villa de Robre, presque emmenée de force par Mariana, et qu'elle donna naissance à un enfant prématuré mort-né, il consentit à y aller, par obligation … Et juste en respirant l'odeur si particulière de la vallée, en entendant cet accent si typique des gens du pays, en retrouvant les confortables fauteuils de Mariana et en voyant la cheminée de briques accolée à l'entreprise, il sut que c'était cela son destin. Ce que depuis toujours la vie lui réservait. Et … il allait rester. En cet instant, cette après-midi là, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison depuis le premier jour. Il était normal que, le remboursement du prêt terminé, il prenne en main la fabrique. Il lui fallait porter à bout de bras ce qui lui appartenait. Se charger de ces terres et de l'élevage. Et s'occuper de ces grands et captivants bois de Las Duras, cela pouvait être, pourquoi pas, une aventures plus excitante que toutes celles qui auraient pu lui arriver de par le monde. La vrai finalité de sa vie, c'était ce travail qu'il aimait et qu'il voulait accomplir. Dans cette odeur de pluie d'orage, dans toutes ces branches agitées, il trouvait un sens à la vie, à la fois ancien et nouveau. Il y avait certaines choses que ses grands parents avaient commencé et que lui devait perpétuer, et des choses qu'il pouvait lui même construire, là, sur sa terre, et que ses enfants continueraient...

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Alexis nous propose sa traduction :

Il avait été éduqué pour vivre ici, au village. Pour diriger, comme prévu, la fabrique de fromage et de beurre que possédait son père, et prendre soin de ses terres. Il avait un diplôme d'ingénieur en industrie. Il aimait la campagne… Il avait également été éduqué pour vivre avec grande commodité et avec toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. Mais il avait été doté de bien d'autres choses. Il avait une grande force physique qu’il avait cultivée. Il aimait bien vivre, mais depuis son enfance il avait été chasseur et aventurier, savait supporter les pénibilités et faire front à de nombreuses situations... La guerre l'envoya hors du village et ensuite hors d'Espagne. Quand son fils Miguel allait naître, alors que se terminait la guerre civile, il dût laisser Paulina à Barcelone, comme abandonnée à son sort... Et alors qu'il pensait revenir rapidement en Espagne, les choses s'arrangèrent de telle manière qu'il embarqua pour l'Amérique Centrale, or même pas un an et demi après, il était revenu dans son pays. Il se remémora les occasions qu'il avait eu de s'enrichir à deux ou trois reprises, sans pouvoir y arriver, à cause d'une sorte d'étrange destin qui finissait par déjouer tous ses plans ambitieux. Il se souvenait du pire de ces moments, cette occasion où il pensa divorcer au Mexique en profitant de certaines lois arbitraires, pour pouvoir se marier avec une millionnaire hystérique. Avec ce mariage il se disait qu'il serait arrivé au sommet d'un fabuleux pouvoir économique... Mais la millionnaire se lassa de lui avant même qu'il n'eût terminé de prendre sa décision. Paulina ne le sut jamais. Les femmes n'avaient pas été un facteur important dans le destin d'Eulogio à la différence de cette soif inépuisable de triomphe, de réaliser des choses, de modeler la vie. En tout cas, il se souvenait toujours qu'il avait un fils. C'était un homme très viril, avec un profond instinct paternel. Plus tard il sentit qu'il était nécessaire de retrouver le foyer et son fils... Mais même après son retour, il fut engagé pendant plus d'un an, avec cette même ambition qui lui était propre, dans une lutte sans merci à Madrid, lui et sa famille casés dans un appartement modeste, loué meublé, en attendant le grand moment où il parviendrait à diriger les Entreprises Commerciales Nives, où il travaillait. Ce fut une année difficile, d'irritabilité, d'exigences avec Paulina, que devait vivre en s'adaptant au petit revenu et qui était malade... Une année durant laquelle il fit la sourde oreille aux appels, aux visites et aux lettres de sa mère... Ensuite, quand Paulina rejoint Villa de Robre, quasiment séquestrée par Mariana, et que naquit là un fils prématuré et mort, alors il consentit à venir par obligation... Or rien que de sentir l'odeur de la campagne qui s'engouffrait dans ses narines, d’entendre le parler spécial des gens, de retrouver les fauteuils confortables de Mariana et de voir la cheminée de briques qui dépassait du bâtiment de l'usine, il sut que tout cela était son destin. Le destin qui l'attendait depuis toujours. Puis… il restait. A ce moment là, ce soir là, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison depuis le premier jour. Il était logique qu'une fois la location de l'usine terminée il la prendrait en main. Il devait construire ce qui était à lui. S'occuper de ces terres et du bétail. Car, qui sait, même ses grandes et émouvantes forêts de Las Duras pouvaient être une aventure plus grande que toutes celles qui pourraient se passer dans le monde. Son véritable but était de faire le travail qui lui plaisait et qu'il voulait exercer. Dans cette odeur de pluie de tempête, au milieu de toutes ces branches agitées il trouvait un sens, nouveau et vieux. Il y avait des choses que commencèrent ses grands-parents et qu'il se devait de continuer, et des choses qu'il pouvait entreprendre lui-même, là sur sa propre terre, et que ses enfants continueraient...

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Vanessa nous propose sa traduction :

Il avait été élevé pour vivre ici, au village. Pour prendre banalement la direction de l'usine de fromages et de beurre de son père, et pour s'occuper de ses terres. Il avait un diplôme d'ingénieur industriel. Il aimait la campagne. On l'avait aussi habitué à une existence très confortable, accompagnée de toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. En outre, il possédait quantité d'autres atouts : sa force physique, qu'il cultivait, était considérable ; même s'il aimait vivre à son aise, il était chasseur et marcheur depuis petit, et, endurci, il savait affronter nombre de situations... La guerre le précipita hors du village, puis hors d'Espagne. Alors que son fils Miguel était sur le point de naître, au sortir de la guerre civile, il fut obligé de laisser Paulina à Barcelone, presque abandonnée à son sort. Et bien qu'il eût prévu de retourner aussitôt après en Espagne, les choses se passèrent de telle manière qu'il s'embarqua pour l'Amérique Centrale, alors qu'il n'était rentré au pays que moins d'un an et demi auparavant. Il se rappela dans quelles circonstances il avait eu la possibilité de s'enrichir, à deux ou trois reprises, et de quelle façon il n'y parvint pas, pour pas grand-chose, une espèce de destin étrange qui finissait toujours par faire échouer ses plans ambitieux. Il pouvait se souvenir du pire de ces moments, de cette fois où il avait pensé divorcer, profitant de certaines lois arbitraires du Mexique, pour se marier avec une millionnaire hystérique. Par ce mariage, il lui semblait qu'il allait parvenir au sommet d'un pouvoir économique colossal. Mais la millionnaire se lassa de lui avant qu'il ait pu décider d'un tel projet. Paulina ne le sut jamais. Les femmes n'avaient jamais constitué un facteur très solide dans l'existence de Eulogio ; seule l'était cette soif de triomphe, d'entreprendre, de mordre la vie à pleines dents. Bien sûr, il gardait toujours à l'esprit qu'il avait un fils. C'était un homme très viril, au profond instinct paternel. Finalement, il crut nécessaire de rentrer chez lui, retrouvant foyer et enfant...
Pourtant, même après son retour, il resta endetté plus d'un an, avec cette même ambition de toujours, luttant péniblement à Madrid, là où sa famille et lui, logés dans un piteux appartement meublé, attendaient le grand moment, celui de diriger les Entreprises Commerciales Nives pour lesquelles il travaillait. Ce fut une année de rigueur, de mauvaise humeur, d'exigences envers Paulina, qui devait vivre en s'adaptant au faible salaire, alors qu'elle était malade. Une année durant laquelle il fit la sourde oreille, ignorant les appels, les visites, les lettres de sa mère... À la fin, quand Paulina vint à Villa de Robre, presque séquestrée par Mariana, et qu'elle mit prématurément au monde un enfant mort-né, il accepta de revenir, par obligation. Mais, sentir l'odeur de la vallée, entendre parler les gens d'ici, retrouver les fauteuils confortables de Mariana et voir la cheminée de briques au-dessus du bâtiment de l'usine, tout cela lui fit comprendre que c'était là qu'était son destin. Le destin qu'il avait attendu depuis toujours. Et puis... il restait. À cet instant, cet après-midi même, il avait décidé de rester. Mariana avait raison depuis le premier jour. Il était logique, une fois le bail de location de l'usine terminé, qu'il la prenne en charge lui-même. Il devait redresser ce qui lui appartenait. S'occuper de ces terres, de l'élevage. Et, - pourquoi pas ? -, ses grandes et émouvantes forêts de Las Duras pouvaient former une aventure plus importante qu'aucune autre de celles qu'il aurait pu vivre à travers le monde. Sa véritable finalité résidait dans le travail qui lui plaisait et qu'il voulait exercer. Dans cette odeur des tempêtes de pluie, dans chacune de ces branches qui s'agitaient, il décelait un sens, nouveau et vieux à la fois. Ses grands-parents avaient commencé quelque chose, et c'était à lui de continuer, de commencer lui-même à faire d'autres choses, là, sur sa propre terre, d'autres choses que ses enfants continueraient...

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Benoît nous propose sa traduction :

Il avait été éduqué pour vivre ici, au village. Dans le but de diriger prosaïquement la fabrique de fromage et de beurre que possédait son père et de s'occuper de ses terres. Il avait un diplôme d'ingénieur industriel. Il aimait la campagne ... Il avait aussi été éduqué afin de vivre dans un grand confort et avec toutes les commodités matérielles que sa famille exigeait de la vie. Et il avait été doté de nombreux autres atouts. Il avait une énorme force physique, qu'il cultiva. Il aimait vivre bien, mais depuis tout jeune, il avait été chasseur et explorateur et il savait supporter les peines et faire face à diverses situations ... La guerre l'envoya hors du village, et ensuite hors d'Espagne. Quand son fils Miguel allait naitre, à la fin de la guerre de civile, il dut laisser Paulina à Barcelone, presque abandonné à son sort. Et bien qu'il pensât revenir ensuite en Espagne, les choses s'organisèrent de telle sorte qu'il embarqua pour l'Amérique Centrale, et cela ne faisait même pas un an et demi qu'il était de nouveau dans son pays. Il se souvint comment il avait eu l'occasion de s'enrichir à deux ou trois reprises, et il n'y arriva pas pour une raison, une espèce de destin étrange qui finissait par bouleverser tout ses plans ambitieux. Il pouvait se remémorer le pire de ces moments, cette fois où il pensait divorcer à Mexico, profitant de certaines lois arbitraires, pour pouvoir se marier avec une hystérique pesant près d'un million. Avec ce mariage, il lui semblait qu'il aurait pu atteindre le sommet d'un fabuleux pouvoir économique ... La millionnaire se lassa de lui avant qu'il ne pût finir de mettre en place un tel projet. Paulina n'en sut jamais rien ... Les femmes n'ont jamais été un facteur très important dans le destin de Eulogio. Uniquement cette soif de triomphe, de faire des choses, de moduler sa vie. Et c'est clair, il se souvenait toujours qu'il avait un fils. C'était un homme très viril, avec un fort instinct paternel. Finalement, il crut qu'il était nécessaire de retrouver une fois encore son foyer et son fils. Mais même après son retour, il fut engagé plus d'un an, avec cette même ambition de toujours, dans une rude lutte à Madrid, logés lui et sa famille dans un appartement modeste, loué avec ses meubles, attendant la grande opportunité d'arriver à diriger les Entreprises Commerciales Nives, dans lesquelles il travaillait.
Ce fut une année de dureté, de mauvaise humeur, d'exigences envers Paulina, qui devait vivre en s'adaptant à un maigre salaire et qui était malade ... Une année durant laquelle il fit la sourde oreille aux appels, aux visites et aux cartes de sa mère ... En fin de compte, quand Paulina vint à Villa de Robre, presque séquestrée par Mariana et qu'elle y mit au monde un enfant mort-né, il consentit à s'y rendre par obligation ... Et le simple fait de sentir l'odeur de la vallée, d'entendre le parler particulier des gens, de retrouver les confortables fauteuils de Mariana et de voir la cheminée de briques qui dépassait du bâtiment de la fabrique, il sut que cela faisait partie de sa destinée. Le destin qui depuis toujours était en train de l'attendre. Et ... il y restait. À cet instant, cet après-midi, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison dès le premier jour. Il apparaissait logique qu'au terme du délai de location de la fabrique, il la prendrait entre ses mains. Il devait élever ce qui était sien. Prendre soin de ses terres et du bétail. Et même, pourquoi pas, ses grandes et émouvantes forêts de Las Duras pouvaient être une aventure plus grande qu'aucune de celles qui auraient pu lui arriver en ce monde. Sa véritable finalité résidait dans le travail qu'il aimait et qu'il voulait faire. À cette odeur de pluie de tempête, à toutes ces branches agitées, il trouvait un sens, nouveau et ancien. Il y avait des choses que commencèrent ses aïeux et que lui, devait continuer, et des choses qu'il pouvait commencer à faire lui même, ici, sur ces propres terres, et que ses enfants continueraient...

Le programme de version pour les Master 2 cette semaine

Jusqu'à dimanche prochain, vous ferez au moins une version des CAPES tous les deux jours : lundi-mercredi-vendredi-dimanche

Version de CAPES, 40

El Espectro, 1
Todas las noches, en el Grand Splendid de Santa Fe, Enid y yo asistimos a los estrenos cinematográficos. Ni borrascas ni noches de hielo nos han impedido introducirnos, a las diez en punto, en la tibia penumbra del teatro. Allí, desde uno u otro palco, seguimos las historias del film con un mutismo y un interés tales, que podrían llamar sobre nosotros la atención, de ser otras las circunstancias en que actuamos.
Desde uno u otro palco, he dicho; pues su ubicación nos es indiferente. Y aunque la misma localidad llegue a faltarnos alguna noche, por estar el Splendid en pleno, nos instalamos, mudos y atentos siempre a la representación, en un palco cualquiera ya ocupado. No estorbamos, creo; o, por lo menos, de un modo sensible. Desde el fondo del palco, o entre la chica del antepecho y el novio adherido a su nuca, Enid y yo, aparte del mundo que nos rodea, somos todo ojos hacia la pantalla. Y si en verdad alguno, con escalofríos de inquietud cuyo origen no alcanza a comprender, vuelve a veces la cabeza para ver lo que no puede, o siente un soplo helado que no se explica en la cálida atmósfera, nuestra presencia de intrusos no es nunca notada; pues preciso es advertir ahora que Enid y yo estamos muertos.

Horacio Quiroga

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Toutes les nuits, au Grand Splendid de Santa Fe, Enid et moi assistons aux premières cinématographiques. Ni les tempêtes, ni les nuits glaciales ne nous ont jamais empêchés de nous introduire, à dix heures pile, dans la pénombre tiède du théâtre. Là, depuis une loge, ou depuis une autre, nous suivons les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu'ils pourraient attirer l'attention sur nous, tellement les circonstances dans lesquelles nous agissons sont particulières.
Depuis une loge ou depuis une autre, je disais ; car son emplacement nous est indifférent. Que la même place vienne à nous manquer un soir, lorsque le Splendid est plein, nous nous installons toutefois, toujours muets et attentifs à la représentation, dans n'importe quelle loge déjà occupée. Nous ne dérangeons pas, je crois ; ou du moins, de manière subtile. Depuis le fond de la loge, ou entre la fille de la balustrade et le fiancé pendu à son cou, Enid et moi, hors du monde qui nous entoure, nous n'avons d'yeux que pour l'écran. Et si en vérité quelqu'un, secoué par des frissons d'inquiétude dont il ne parvient pas à comprendre l'origine, tourne parfois la tête pour voir ce qu'il ne peut pas voir, ou qu'il sent un souffle glacé qu'il ne s'explique pas dans cette atmosphère chaude, notre présence d'intrus n'est jamais remarquée ; tout compte fait, il faut signaler maintenant qu'Enid et moi sommes morts.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le Spectre, 1
Toutes les nuits, dans le Grand Splendid de Santa Fe, Enid et moi assistions aux avant-premières cinématographiques. Ni les tempêtes, ni les nuits gelées nous ont empêché d’entrer, à dix heures pile, dans la pénombre tiède du théâtre. Ici, depuis l’une ou l’autre des loges, nous suivions les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu’ils pourraient attirer l’attention sur nous, que les circonstances dans lesquelles nous jouions soient différentes. Depuis l’une ou l’autre des loges, ai-je dit ; car l’endroit nous est indifférent. Et même si le même endroit en arriverait à nous manquer certaines nuits, pour être le Splendid tout entier, nous nous installions, muets et toujours attentifs à la représentation, dans n’importe quelle loge déjà occupée. Nous ne gênions pas je crois ; ou, du moins, de manière très faible. Depuis le fond de la loge, ou entre la fille du parapet et le mari collé à sa nuque, Enid et moi, en dehors du monde qui nous entoure, nous avons les yeux rivés sur l’écran. Et si en vrai quelqu’un, avec des frissons d’inquiétude dont l’origine n’arrive pas à être comprise, il tourne la tête parfois pour voir ce qu’il ne peut voir, ou il sent un souffle glacé qui ne s’explique pas par l’atmosphère chaude, notre présence d’intrus n’est jamais remarquée ; car il faut prévenir désormais que Enid et moi, nous sommes morts.

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Jean-Nicolas nous propose sa traduction :

Tous les soirs, au Grand Splendide de Santa Fe, Enid et moi assistions aux sorties cinéma. Les tempêtes et le verglas ne nous ont jamais empêché de prendre place dans la tiède pénombre du théâtre à dix heures sonnantes. Là bas, depuis une loge ou une autre, nous ne perdions pas une miette des scènes du film. Nous faisions preuve d’un mutisme et d’un intérêt tels qu’ils pourraient porter l’attention sur nous puisque les circonstances dans lesquelles nous agissions étaient toutes autres.
Depuis n’importe quelle loge, ai-je déjà dit, car le placement nous est égal. Et même si notre place habituelle était prise le temps d’une soirée, le Splendide faisant salle comble ; nous nous installions sans mot dire et toujours attentif à la représentation en direct d’une loge déjà occupée. Nous ne gênions pas, je pense ou, du moins, que très légèrement. Au fond de la loge ou entre la fille se trouvant sur le rebord avec son copain collé à sa nuque , Enid et moi, mis à part le monde qui nous entoure, avons les yeux rivés sur l’écran. Et si, en réalité, en proie à des frissons d’inquiétude dont l’origine reste inconnue, il tourne parfois la tête pour voir ce qu’il ne peut pas ou ressent un souffle glacial inexplicable dans cette atmosphère bouillante, notre présence en tant qu’intrus n’est jamais remarquée car il est indispensable de noter qu’à ce moment, Enid et moi sommes morts.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Le Spectre, 1 :

Tous les soirs, au Grand Splendide de Santa Fe, Enid et moi assistions aux avant-premières des films. Ni les tempêtes ni les nuits de gel ne nous ont empêchés de nous introduire, sur les coups de dix heures, dans la tiède pénombre du théâtre. Là-bas, de n’importe quelle loge, nous suivons les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu’ils pourraient nous faire remarquer puisque les circonstances dans lesquelles nous agissions étaient toutes autres.
De n’importe quelle loge, ai-je dit : car son emplacement nous est indifférent. Et même si cette dite place venait à être occupée un soir, parce que le Splendide a fait le plein, nous nous installions, toujours muets et attentifs à la représentation dans n’importe quelle loge déjà occupée. Nous ne gênions pas, je crois ; ou, du moins, pas de manière sensible. Au fond de la loge, ou entre la fille de l’accoudoir et son fiancé accroché à son cou, Enid et moi, mis à part le monde qui nous entoure, nous sommes rivés sur l’écran. Et si en vérité quelqu’un, pris de tremblements d’inquiétude dont il ne parvient pas à comprendre l’origine, tourne la tête parfois pour voir ce qu’il ne peut pas voir ou qu’il sent un souffle glacial qui ne s’explique pas dans l’atmosphère étouffante, notre présence en tant qu’intrus n’est jamais remarquée ; car il est nécessaire de préciser qu’à cet instant Enid et moi sommes morts.

samedi 30 octobre 2010

Contradiction ?

En photo : Contradictorios
par Nekanaiz

Lors du sondage « Pensez-vous que les éditions bilingues mettent le traducteur en danger ? », nous avons obtenu les résultats suivants (sur 36 votants) :
Oui = 9 voix (25%)
Non = 27 voix (75%)
Or à la question « Quand vous lisez des éditions bilingues, vous cherchez les erreurs de traduction », nous répondons (sur 49 votants) :
Oui = 35 voix (71%)
Non = 14 voix (28%)
Je veux bien admettre l'argument que ce sont les 13 votants supplémentaires qui ont en grande partie fait la différence…, mais tout de même ; comment considérer qu'un traducteur publiant en bilingue n'est pas en danger alors qu'une très grosse majorité de ceux qui lisent son travail prend un plaisir pervers à essayer de repérer ces faux pas ?
À ce propos, j'en viens à penser que loin d'accentuer le plaisir de la lecture et de favoriser l'accès au sens, ces éditions bilingues constituent une entrave, concentrés que nous sommes apparemment sur bien autre chose que le texte et le projet littéraire d'un auteur.
Serions-nous dans la contradiction, chers amis tradabordiens ?

Celle-ci, elle est pour Stéphanie

En photo : Fly - Mouche
par dominikfoto









Il me semble que dans la distribution des petites activités annexes, elle s'en est bien sortie jusque-là ; voici de quoi l'occuper quelques minutes ;-)

Sens, origine et traduction de :
Aux chevaux maigres vont les mouches.

Exercice d'écriture : « Rebondissement », par Olivier Marchand

En photo : coquecigruechimerecrayon essai 02
par COQUE6GRUE

Il n'était pas de ces sybarites qui, faisant fi des préceptes religieux, coqueliquaient à tout-va, s'adonnaient à la paillardise et jouaient allègrement avec leur vit. Sans toutefois ressentir de l'aversion ou quelconque forme de dégoût pour ces hommes à l'esprit primesautier et aux mœurs légers, il ne savait, quant à lui, succomber aux formes, si généreuses soient-elles, de la première caillette venue.
Vivre à la cour en appliquant à la lettre la morale qui était la sienne et que certains hommes d'Église, baignant dans l'ignorance, auraient jugé exemplaire, n'était pourtant pas simple. Cette conduite, qu'on tiendrait bien volontiers pour honorable, engendrait quantité de caquetades et de clabauderies : des pelotes de mensonges, roulées par les dames de la Cour, rebondissaient jusque dans les faubourgs de Paris où le rouet des soubrettes, des alberguières et autres drolettes les grossissaient tant et tant. On trouvait, entremêlées dans les fibres de ces mensonges, nombre de coquecigrues et de billes vezées qui ébaudissaient aussi bien les grands nobles que les petites gens.
Il est vrai que l'homme était une source intarissable de commérages, tant pour les chattemites du Louvre que pour le peuple de la belle Paris. Son physique, que bien des muguets de cour lui enviaient, déclenchait dans les cœurs du gentil sesso d'ardentes passions que son indifférence n'était pas à même d'éteindre. Ses yeux vifs, d'un vert profond, sa bouche enfantine aux lèvres vermeil, son nez bourbonien et ses cheveux blonds bouclés, quotidiennement testonnés avec soin par sa fidèle chambrière, faisaient chavirer le cœur des garces. Mais peu chalaient au jeune homme les regards féminins qui se posaient sur lui.
En ses vertes années, il n'avait pourtant pas été sans baisser la garde une ou deux fois devant les œillades que les demoiselles du Louvre, assurées de leurs charmes, lancent à la dérobée. Toutefois, il se ramentevait que le temps avait amati l'éclat de ces yeux et avait recouvert du voile de la banalité ces doux visages. Aussi vivement que sûrement, il avait alors délaissé la mignotte et s'en était retourné en ses appartements.
Il s'apprêtait aujourd'hui à effectuer le voyage que tout homme se voit contraint, un jour, d'accomplir. La date de son département avait été avancé : les déguisements sous lesquels il se dissimulait, de la pique du jour à la tombée de la nuit, avaient fini par choir et le monde l'avait alors découvert tel qu'il était. Princes et ribaudes, harenguiers et pastourelles, tous l'avaient alors conspué et voué aux gémonies. Le lendemain de cette découverte, une demi douzaine d'archers avaient forcé l'entrée de ses appartements, l'avaient violemment extirpé des bras de Morphée et après l'avoir traîné, non sans un malin plaisir, dans les rues de la capitale, l'avaient embastillé. Sa condition de noble avait quelque peu assoupli le châtiment qui devait lui être infligé : certes, il échapperait à la hart, mais il ne pouvait point cependant se soustraire au sort que l'Église catholique réservait aux bougres.
Et alors que les flammes rougeoyantes dévoraient avidement le bûcher de bois sur lequel on l'avait placé, il enfouit dans la gibecière de sa mémoire l'image de ce jeune fol qu'il avait passionément aimé.

Rappel…

… vous avez une version à ma rendre aujourd'hui – le texte de Carmen Laforet.

Exercice d'écriture : « Rebondissement », par Vanessa Canavesi

En photo : cxl_screenshot_abou dabi_15
par ruok4y2k

Les rayons du soleil transperçaient les parois vitrées de l'immense salle de l'aéroport, se mêlant au flot d'usagers qui déferlait par les portes coulissantes de l'entrée principale. Sur les pistes, les travailleurs, habitués à la fournaise des mois de juillet, ne songeaient qu'à alléger leur besogne, remuant le moins possible. Comme pour rappeler que le désert n'était pas loin, à la mi-journée, la température avoisinait les 51 ºC à Abou Dabi.
À la cinquième rangée de bancs, une famille nombreuse s'apprêtait à embarquer : les parents chargeaient un chariot avec les bagages, valises démesurées et paquets en tout genre, tandis que les enfants couraient dans les allées, bousculant les voyageurs, et que les plus jeunes voulaient grimper sur le caddie. Une jeune femme assise à côté, élégante dans son tailleur gris, une femme d'affaires sans doute, observait leur manège avec un certain amusement. Ce petit monde parti, elle tourna à nouveau la tête vers lui, un sourire toujours au coin des lèvres, et l'invita du regard, avenante, à venir prendre place sur le siège voisin resté libre. Merlin, qui patientait debout depuis de longues minutes, n'hésita pas un instant, quoiqu'un brin gauche au moment de s'asseoir. Il la remercia d'un hochement de tête hâtif, sans toutefois rencontrer ses yeux malicieux. Son ordinateur portable fermé installé sur ses genoux, il entreprit de tapoter consciencieusement l'accoudoir métallique qu'il ne partageait pas avec la demoiselle, quitte à sérieusement irriter le quidam d'en face. Elle lisait un magazine rédigé en anglais, comme il put en juger par la couverture, qu'il scrutait à la dérobée, ce qui lui donnait une mine sournoise inaccoutumée. De la même façon, sans qu'il s'en soit aperçu, ladite femme d'affaires, tout étonnée de son propre aplomb, épiait sa charmante proie ; et ce jeu entre eux dura quelque dix minutes. Enfin Merlin, finissant par se lasser, se mit à chercher une occupation plus sérieuse, même s'il brûlait d'envie d'adresser la parole à sa voisine. Au lieu de cela, il se tut, ouvrit l'ordinateur, et se plongea dans les données rébarbatives du site internet de la Bourse de Paris.
— Tenez, lança-t-elle.
Merlin fixa le magazine qu'elle lui tendait, puis la dévisagea pour la première fois : elle devait avoir vingt-cinq ans tout au plus, les traits fins, les cheveux foncés. « Et elle parle français, » remarqua-t-il pour lui-même.
— Vous vous ennuyez à mourir, ça crève les yeux. Et je l'ai déjà lu deux fois. Cet article-là, surtout. Vous allez à... ?
— Pékin...
— Évidemment.
Le titre intriguant de l'article, « Retour aux sources », attira l'attention de Merlin, non moins content de pouvoir raccrocher son regard à un support neutre. Il s'agissait du Journal Économique Indien, où un de ces journalistes à la plume acérée traitait, dans son énième article sur le sujet, de la chute de l'Europe. Après la grande récession qui avait frappé l'Union du vieux continent au début du siècle, les marchés grandissant, loin de sombrer dans la crise, s'étaient hissés au rang de puissances mondiales sans grande surprise, à une vitesse inattendue néanmoins. Mais rares étaient les spécialistes qui avaient pu prévenir le rebondissement survenu quelques années plus tard. Les plus âgés se souvenaient encore de ce lundi noir des années 30, où le président de la Banque Centrale Européenne avait annoncé la fin de l'euro. Esseulée, la France avait jeté toutes ses forces dans la bataille, s'agrippant à chaque bouée de sauvetage qu'on lui jetait. Placée sous la tutelle monétaire du Brésil, la Bourse de Paris fonctionnait toujours, dernier bastion d'un système suranné. Merlin travaillait pour cette institution, veillant à l'état du nouveau franc ; en revanche, et comme tous ses congénères résignés, il ne se rendait jamais dans le pays. Lire ce genre de papier le rendait nostalgique, mais la situation déjà fort originale le poussa à poursuivre. Ce sujet de discussion, quoique banal et stéréotypé, ne serait pas de trop à l'heure d'engager une conversation sérieuse avec la jeune femme.

Exercice d'écriture : « Rebondissement », par Auréba Sadouni

« Pour rebondir sur vos propos, et pour ma défense, je vous dirai que mon problème, c’est que j’ai eu une vie pleine de rebondissements…
Tiens, j’ai un exemple. L’autre fois, j’étais tranquillement assis sur mon arrière train, dans un parc de la ville où mon maître avait pour habitude de m’emmener afin que je puisse me défouler et renifler les effluves chocolatées de mes congénères – pendant que lui profitait d’un moment de tranquillité, loin de sa casse-pied de femme, qui ne lui servait vraiment à rien, à part lui briser les bu… Écoutez-moi bien, mes frères, parce que c’est là que ça devient intéressant. Wouf ! Comme je vous disais, j’étais pépère. Il faisait un temps tout à fait agréable, les oiseaux chantaient. Il y avait des jolis p’tits culs qui s’baladaient. C’était le cadre idéal pour vivre de belles amourettes sur la pelouse. Sauf qu’en voyant l’abominable scène d’un pauvre ballon se faisant éclater la face contre le bitume par une bande de gars sans pitié, j’en ai eu l’estomac tout retourné. Et pas la peine de vous dire que c’est là que mes emmerdes ont commencé, car, comme vous avez pu le constater, quand il faut foncer dans le tas, moi, j’y vais la tête la première !
« Aaaah ! » s’est écrié longuement le gros naze » ; car il faut dire que je les lui avais planté bien profond, à c’connard ! Tandis que je me cramponnais à sa jambe, il me secouait dans tous les sens. Ça me donnait la nausée ! «Casse toi, sale clebs !, m’a-t-il balancé ; ce après quoi, une fois remis sur pattes, je lui ai rétorqué « Rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! ». Un Rrrrrr méchant ! Vous savez ! Celui pour lequel on prend soin de remonter assez haut les lèvres supérieures pour montrer à l’ennemi qu’on en a, des jolis crocs bien implantés ! Ouai ouai ! Comme ça ! Tout à fait, mon gros! Ben dis donc, mon vieux, t’as d’sacrés chicots ! Attends, toi, fais voir! Nan, nan ! Pas si près ! Pas la peine de te demander si t’es passé par les poubelles ! Mais dis donc, tu ne souffrirais pas d’halitose, par hasard ! J’ai un conseil infaillible pour ça. Ah bon ! Tu n’sais pas c’que c’est ! Ben c’est d’ fermer ta gueule ! Ouaf ouaf ouaf ! Oh ! Ça va ! J’te taquine ! En même temps, vaut mieux rire que pleurer ! Faut rigoler ! Faut rigoler ! Avant qu’le ciel nous tombe sur la tête !
Bon, trêve de plaisanteries. Ça s’est mal terminé, tout ça. L’union faisant la force, en considérant qu’ils étaient bien plus de dix, je me suis retrouvé à jouer le rôle du souffre-douleur ; et vas-y que j’t’éclate la gueule par terre et que j’te fais rebondir, encore et encore ! J’en garde de lourdes séquelles.
À la suite de cette cascade de coups et morsures, j’étais complètement sonné. Je me suis même retrouvé devant Chien Pierre, qui ne voulait pas me laisser entrer, sous prétexte que je n’ai jamais voulu partagé mon os et que j’ai trop un caractère de chien pour être accepté parmi les bons toutous à sa môman. Et eux, ce ne sont pas des chiens, peut-être ! Non ! Ce sont des toutous ! Nuance ! Des toutous à sa mémère ! La crème de la lèche ! J’ai dû me justifier, faire appel à des témoins, qu’il ne m’a pas été facile de trouver. En fait, je crois que j’ai été victime de discrimination raciale, parce qu’on m’a dit que Chien Pierre, si ta gueule ne lui revient pas, il te refuse. Alors j’ai joué des pieds et des mains pour obtenir la permission de pénétrer ce paradis canin. J’ai donc pu arriver à mes fins, quand soudain, mon cœur a fait un bond, et je me suis retrouvé dans un lieu moche et sale. J’ai été ramené à la vie, ouai ! À cette chienne de vie !
Allongé par terre, paralysé, je voyais mon maitre qui dormait. Il ne s’était rendu compte de rien car, comme toujours, vu qu’il était narcoleptique, il avait rejoint les bras de Morphée, une personne qu’il appréciait particulièrement car il lui rendait visite très souvent. Quand il s’est réveillé, moi, je n’étais plus là. On m’avait embarqué et emprisonné. Lui aussi, il s’est retrouvé dans une cage, à c’que j’ai pu comprendre, mais pas pour la raison que vous croyez. Pas pour avoir laissé en liberté un chien enragé, non. Pendant que lui dormait paisiblement sur le banc, on lui avait glissé dans la poche des petites pilules roses que les chiens qui bossaient pour la police ont repérées. Mais quels batards, j’te jure ! Ils n’auraient pas pu la fermer ! Mais non ! Ceux-là, j’les connais bien ! En plus de fourrer leur pif partout, Il faut toujours qu’ils fassent de la lèche ! Vous êtes bien d’accord avec moi !?
Eh ben à cause d’eux, maintenant, chuis bien dans la merde ! Suite à la décision du juge de me faire piquer, mon maitre a eu une attaque de crise cardiaque. Il est tombé dans les pommes, l’audience a été reportée à plus tard, mais seulement, quand il a appris que la décision avait changé, que j’allais rester en vie, et qu’on avait arrêté les gars des pilules roses parce qu’ils avaient été repérés grâce aux caméras (parce qu’aujourd’hui, il y a des caméras partout), son cœur a bondi de joie, et il a eu une autre crise cardiaque. Il est mort sur le coup, dans les bras de son avocat. Si ce n’est pas une affaire à rebondissement, ça !
En tout cas, moi, chuis bien dans la mouise ! Sa femme m’a viré et aujourd’hui, comme vous tous, j’erre, affamé, dans ces rues malfamées. J’espère pouvoir rebondir et retomber sur mes pattes, mais je n’y crois plus trop. Qui voudrait d’un pauvre déchet d’la société comme moi ! Hein !?
J’vais vous dire! Franchement ! Moi, cette vie de merde ! Je m’en serais bien passé ! Et attendez d’voir ! Là, ici, on joue au trampoline ! Attendez d’voir, là haut, comment ça s’passe ! Faut pas croire ! Comme ici-bas, là haut, il y a des bas et des hauts, mais surtout des hauts et des bas ! Une fois que t’es arrivé au sommet, il y a toujours une main invisible qui te ramène à l’endroit d’où tu viens !
Bon, c’est bien joli d’pleurer sur mon sort, mais là, j’ai les crocs! Pas vous ? Ça ne vous dirait pas, d’faire un p’tit tour à la benne ? »

Version de CAPES, 39

Mi madre cerró el libro dando un suspiro, y de nuevo llamó a las niñas. Vi pasar sus sombras blancas a través del presbiterio y columbré que se arrodillaban a los lados de mi madre. La luz de la lámpara temblaba con un débil resplandor sobre las manos que volvían a sostener abierto el libro. En el silencio la voz leía piadosa y lenta. Las niñas escuchaban. y adiviné sus cabelleras sueltas sobre la albura del ropaje y cayendo a los lados del rostro iguales, tristes, nazarenas. Habíame adormecido, y de pronto me sobresaltaron los gritos de mis hermanas. Miré y las vi en medio del presbiterio abrazadas a mi madre. Gritaban despavoridas. Mi madre las asió de la mano y huyeron las tres. Bajé presuroso. Iba a seguirlas y quedé sobrecogido de terror. En el sepulcro del guerrero se entrechocaban los huesos del esqueleto. Los cabellos se erizaron en mi frente. La capilla había quedado en el mayor silencio, y oíase distintamente el hueco y medroso rodar de la calavera sobre su almohada de piedra. Tuve miedo como no lo he tenido jamás, pero no quise que mi madre y mis hermanas me creyesen cobarde, y permanecí inmóvil en medio del presbiterio, con los ojos fijos en la puerta entreabierta. La luz de la lámpara oscilaba. En lo alto mecíase la cortina de un ventanal, y las nubes pasaban sobre la luna, y las estrellas se encendían y se apagaban como nuestras vidas. De pronto, allá lejos, resonó festivo ladrar de perros y música de cascabeles. Una voz grave y eclesiástica llamaba:
-¡Aquí, Carabel! ¡Aquí, Capitán...!

Ramón del Valle-Inclán, El miedo

***

Virginie nous propose sa traduction :

Ma mère ferma le livre en soupirant, et appela les petites une nouvelle fois. Je vis passer leurs ombres blanches à travers du presbytérium et j'aperçus qu'elles s'agenouillaient aux côtés de ma mère. La lumière de la lampe tremblait avec un faible éclat sur les mains qui maintenaient à nouveau le livre ouvert. Dans le silence la voix lisait, pieuse et lente. Les fillettes écoutaient et je distinguai leurs chevelures lachées sur les vêtements blancs et encadrant le visage semblables, tristes et nazaréennes. Je m'étais assoupi, et subitement les cris de mes soeurs me firent sursauter. Je regardai et je les vis au milieu du presbytérium accrochées aux bras de ma mère. Elles criaient, épouvantées. Ma mère les saisit par la main et toutes trois s'enfuirent. Je descendis rapidement. J'allais les suivre et je restai frappé de terreur. Les os du squelette s'entrechoquait dans le tombeau du guerrier. Mes cheveux se hérissèrent sur mon front. La chapelle était restée dans le plus grand silence, et on pouvait entendre distinctement le roulement creux et effrayant du squelette sur son oreiller de pierre. J'eus la peur de ma vie, mais je n'ai pas voulu que ma mère et mes soeurs me croient lâche, et je restai immobile au milieu du presbytérium, les yeux fixés sur la porte entrouverte. La lumière de la lampe oscillait. En haut, le rideau d'une grande vitre se balançait, les nuages passaient sur la lune, et les étoiles s'allumaient et s'éteignaient comme nos vies. Tout à coup, au loin, un aboiement festif de chiens résonna ainsi qu'une musique de grelots. Une voix grave et ecclésiastique appelait :
- Ici, Carabel ! Ici, Capitaine...!

***

Maïté nous propose sa traduction :

Ma mère ferma le livre en poussant un soupir et appela de nouveau les filles. Je vis passer leurs ombres blanches à travers le presbytère et je distinguai qu’elles s’agenouillaient aux côtés de ma mère. La lumière de lampe tremblotait jetant une faible lueur sur ses mains qui de nouveau tenaient le livre ouvert. Dans le silence, la voix lisait de façon pieuse et lente. Les filles écoutaient, je devinai leurs cheveux lâchés sur le haut de leurs tenues et tombant de chaque côté de leurs visages, égaux, tristes, nazaréens. Je m’étais assoupi et d’un seul coup, les cris de mes sœurs me firent sursauter. Je regardai et je les vis, au milieu du presbytère, enlacées dans les bras de ma mère. Elles criaient, terrorisées. Ma mère les prit par la main et elles fuirent toutes les trois ensemble. Je descendis très rapidement. J’allais les suivre mais je restai glacé d’effroi. Dans le sépulcre du guerrier s’entrechoquaient les os du squelette. Mes cheveux se dressèrent sur ma tête. La chapelle était restée dans le plus grand silence et, on entendait distinctement le roulé boulé vide et craintif du crâne sur son coussin de pierre. J’eu peur comme jamais, mais, je ne voulus pas que ma mère et mes sœurs me croient lâche et je restai, immobile en plein milieu du presbytère, les yeux fixés sur la porte entrouverte. La lumière de la lampe oscillait. Au-dessus, le rideau d’une baie vitrée se balançait, les nuages passaient sur la lune, et, les étoiles brillaient puis s’éteignaient tout comme nos vies. D’un seul coup, là-bas, au loin, un festival d’aboiements de chiens et de bruits de grelots retentit. Une voix grave et solennelle appelait :
— Par ici, Carabel ! Par ici, Capitaine !

***

Mélissa nous propose sa traduction :

Ma mère ferma le livre en poussant un soupir, et appela de nouveau les filles. Je vis leurs ombres blanches passer à travers le presbytère et j’aperçus qu’elles s’agenouillaient à côté de ma mère. La lumière de la lampe tremblait avec un faible éclat sur les mains qui recommençaient à tenir ouvert le livre. Dans le silence, la voix pieuse et lente lisait. Les filles écoutaient. Et je devinai leurs chevelures égales, tristes, nazaréennes, lâchées sur le haut de leur tenue et tombant sur les côtés de leur visage. J’avais dû m’assoupir, et tout à coup, les cris de mes sœurs me firent sursauter. Je regardai et les vis au milieu du presbytère enlacées à ma mère. Elles criaient, épouvantées. Ma mère les prit par la main et elles fuirent toutes les trois. Je descendis vite. J’allais les suivre et je restai là, saisi d’effroi. Dans le tombeau du guerrier les os du squelette s’entrechoquaient. Mes cheveux se dressèrent sur mon front. La chapelle était restée dans le plus grand silence, on entendait distinctement la course creuse et peureuse de la tête de mort sur son oreiller de pierre. J’eus peur comme jamais, mais je n’ai pas voulu pas que ma mère et mes sœurs me croient lâche, et je restai immobile au milieu du presbytère, avec les yeux fixés sur la porte entrouverte. La lumière de la lampe oscillait. En haut, le rideau d’une baie vitrée se balançait, et les nuages passaient devant la lune, et les étoiles s’allumaient et s’éteignaient comme nos vies. Tout à coup, au loin, les aboiements festifs des chiens et la musique des grelots résonnèrent. Une voix grave et ecclésiastique appelait :
- Ici, Carabel ! Ici Capitaine…!

***

Loïc nous propose sa traduction :

Ma mère ferma le livre en poussant un soupir et elle appela de nouveau les filles. Je vis leurs ombres blanches défiler du presbytère et j’aperçus qu’elles s’agenouillaient à côté de ma mère. La lumière de la lampe tremblotait, projetant une faible lueur sur ses mains qui maintenaient à nouveau le livre ouvert. Une voix, pieuse et langoureuse, lisait dans le silence. Les fillettes écoutaient et, j’entrevis leurs chevelures détachées sur la blancheur éclatante de leur tenue et qui tombaient de chaque côté de leurs visages de la même manière, tristes et nazaréennes. Je m’étais endormi et, tout à coup, les cris de mes sœurs me firent sursauter. Je regardai et je les vis au milieu du presbytère, serrant ma mère avec leurs bras. Elles criaient épouvantées. Ma mère les saisit de ses mains et, toutes les trois, s’enfuirent. Je descendis, pressé. J’allais les suivre mais je fus saisi d’effroi. Dans le tombeau du guerrier, les os du squelette s’entrechoquaient. Les cheveux sur mon front se dressèrent. La chapelle était restée dans le plus grand silence et, on entendait distinctement l’effrayant et vide roulement de la tête de mort sur son oreiller en pierre. Je pris peur comme jamais, mais je ne voulus pas que ma mère et mes sœurs me prennent pour un lâche et, je restai immobile au beau milieu du presbytère, les yeux fixés sur la porte entrouverte. La lumière de la lampe bougeait. En haut, le rideau d’une baie vitrée se balançait, les nuages passaient devant la lune et les étoiles brillaient puis s’éteignaient comme nos vies. Tout à coup, là-bas, au loin, des aboiements festifs de chiens et une musique de grelots résonnèrent. Une voix, grave et monacale, appelait :
- Par ici Carabel ! Par ici Capitaine !

***

Aurélie nous propose sa traduction :

Ma mère ferma le livre en soupirant, et appela de nouveau les filles. Je vis passer leurs ombres blanches à travers le presbytère et j’aperçus qu’elles s’agenouillaient à côté de ma mère. La lumière de la lampe tremblait, laissant apparaître une faible lueur sur ses mains qui maintenaient à nouveau le livre ouvert. Dans le silence, la voix pieuse et lente lisait. Les enfants écoutaient et, je devinai leurs chevelures détachées sur la blancheur de leurs tenues et qui tombaient de chaque côté de leur visage de façon identique, tristes et nazaréennes. Je m’étais endormi et soudain les cris de mes sœurs me firent sursauter. Je regardai et les vis au milieu du presbytère, enlaçant ma mère. Elles criaient d’épouvante. Ma mère les saisit par la main, et elles s’enfuirent toutes les trois. Je descendis pressé. J’allais les suivre mais je fus saisi de terreur. Dans le tombeau du guerrier, les os du squelette s’entrechoquaient. Les cheveux sur ma tête s’hérissèrent. La chapelle était restée dans le plus grand silence, et on entendait distinctement l’effrayant et vide roulement de la tête de mort sur son oreiller en pierre. Je pris peur comme jamais, mais je ne voulus pas que ma mère et mes sœurs me considèrent comme un lâche, et je restai immobile au beau milieu du presbytère, les yeux rivés sur la porte entrouverte. La lumière de la lampe oscillait. En haut, le rideau d’une baie vitrée se balançait, les nuages passaient devant la lune, les étoiles brillaient et s’éloignaient comme nos vies. Tout à coup, au loin, des aboiements festifs de chiens et une musique de grelots résonnèrent. Une voix grave et ecclésiastique appelait : - Par ici, Carabel ! Par ici, Capitaine… !

Références culturelles, 627 : Wilfredo Lam

En photo : Lam, Wilfredo -1943 The Jungle...
par RasMarley

http://www.cubaminrex.cu/Mirar_Cuba/Cultura/Wilfredo%20Lam.htm

vendredi 29 octobre 2010

Exercice d'écriture : « Rebondissement », par Perrine Huet

Six heures trente. Le radio-réveil se déclencha. Encore une de ces chansons gnangnans qu’on entendait sans cesse chaque jour. Léa sortit difficilement de son lit, encore à demi-endormie. Elle savait bien qu’elle n’aurait pas dû suivre sa coloc’ hier soir, mais la tentation avait été trop grande. Résultat : des yeux cernés, un teint blafard, et une humeur maussade. La vie monotone suivait son court, la journée qu’elle allait passer ressemblerait à toutes les précédentes. Elle prendrait son petit-déjeuner, composé d’un café au lait, de deux Cracottes tartinées de beurre salé —car le beurre doux n’était pas du vrai beurre —, d’un verre de jus de fruit multivitaminé —sans sucres ajoutés, bien entendu —, et d’un « Bio » au bifidus actif, pour réguler son transit —ah nan, c’est vrai ! Maintenant ça s’appelle « Activia », quelle idée ! —. Ensuite, elle prendrait sa douche, histoire de se réveiller, et s’habillerait avec les premiers vêtements qu’elle croiserait dans sa chambre, puisque de toute façon, elle se changerait à peine soixante minutes plus tard. Elle irait attraper le bus en bas de chez elle, bondé, comme d’habitude, et se frayerait un chemin pour atteindre le fond et coller son nez contre la vitre, afin d’observer la ville qui s’animait peu à peu. Elle se ferait bousculer par les autres voyageurs, si individualistes, si égoïstes, si stressés, reflet de notre société actuelle, et les insulterait mentalement, pour ne pas s’attirer d’ennuis. Elle inspecterait son voisin d’en face, commençant par les chaussures, car oui, selon Léa, elles fournissaient des éléments précieux sur la personnalité de son propriétaire. Puis elle remonterait lentement, ferait une pause plus marquée sur les mains —qu’elles jugeaient également essentielles pour déterminer le caractère d’un être humain—, et achèverait son examen par le visage, parfois si expressif, parfois si neutre, vide de toute émotion. Elle arriverait à l’usine, un brin en retard, se ferait sermonner par son patron, filerait dans les vestiaires pour enfiler sa tenue, échangerait quelques mots avec sa collègue Nadine, jamais à l’heure, elle non plus, et rejoindrait son poste. Elle passerait huit heures debout, à regarder défiler des boites. Sa mission était très simple : prendre une conserve et la fermer avec un couvercle, geste qu’elle répétait des milliers de fois en l’espace d’une journée. Durant la pause de midi, elle irait en cachette dans l’immense salle qui lui était interdite, s’installerait discrètement sur la dernière marche de l’escalier en fer, à l’abri de tout regard, et contemplerait les petits pois rebondir sur le tapis roulant, seul plaisir qu’elle pouvait s’offrir dans ce bâtiment si lugubre et si déprimant. La valse que produisaient ces minuscules billes vertes l’enchantait et l’inspirait dans ses écrits. Car Léa écrivait, du moins elle essayait, c’est pourquoi, en attendant de trouver un éditeur qui accepte de la publier, elle se retrouvait coincée dans cette firme. Et ça faisait déjà sept ans que chaque soir, en rentrant, elle prenait son stylo, une feuille blanche —car les ordinateurs déshumanisent les gens—et couchait des mots sur le papier, repensant au ballet qu’avaient réalisé les petits pois.Mais ce jour-là, la routine fut brisée par un incident technique : tous les tapis roulants furent stoppés pendant une bonne vingtaine de minutes, pile au moment où Léa pénétrait dans la pièce centrale. C’était impossible ! Comment allait-elle tenir l’après-midi sans avoir assister à son spectacle quotidien ? Comment poursuivre son travail de robot sans avoir quelque chose à quoi se raccrocher ? Elle comprit alors qu’il s’agissait sans doute d’un signe du destin qui l’encourageait à quitter ce monde d’automates pour celui de la littérature. Elle retourna donc au vestiaire, réunit ses affaires, salua son chef d’un bras d’honneur, quitta cet enfer de machines et respira un grand coup l’air environnant : elle se sentait enfin libre.

Références culturelles, 626 : Gaspar Rodríguez de Francia

http://www.biografiasyvidas.com/biografia/f/francia.htm

Version de CAPES, 38

Con los ojos cerrados siguió algo así como media cuadra, caminando sin dar un traspié. Por ésas le había dado, por sostener que vemos sin ver, y que por lo tanto sobran los ojos. Que la mayor parte del tiempo oímos sin oír es cosa sabida. ¿Pero que vemos sin ver? Ah, eso sí era pura invención suya. Lo había descubierto años atrás, paseando con su perra Bruja por la Avenida Amsterdam que es circular, como Dios Padre: un círculo que se agota en sí mismo dando vueltas y vueltas. Pues bien, dándole vueltas a esa avenida descubrió que la mayor parte del tiempo vemos sin ver. Que vemos pero no registramos. No registramos, por ejemplo, los carros o los transeúntes con que nos cruzamos, ni las fachadas de las casas y los edificios frente a los que pasamos, ni los vidrios de una botella quebrada que están esparcidos en el piso sobre el camellón de la avenida, que es de adoquín. ¿O sería sólo cosa suya, de la incorregible distracción en que había caído? No hay que hacerle mucho caso a los locos, pero en fin... Cerraba los ojos y avanzaba media cuadra con-su perra, como si ella lo estuviera guiando, pero no. La Bruja no era una perra de las que guían ciegos; por el contrario, había que guiarla a ella porque era despistada como un ángel. Jamás, y cuando digo jamás es jamás, jamás mientras vivió la Bruja se atrevió el viejo a cruzar una calle con ella y los ojos cerrados. Al llegar a un cruce los abría y cruzaban. Y es que él no estaba dispuesto a ponerla en peligro. La Bruja era su último tesoro, habida cuenta de que de niña le deshizo en hilitos sus cuatro alfombras persas.

Fernando Vallejo, La rambla paralela

***

Florian nous propose sa traduction :

Il avança, les yeux fermés, sur environ cinquante mètres, sans faire le moindre faux pas. Il avait fait cela pour les raisons suivantes: pour soutenir que l'on voit sans regarder, et que, par conséquent, les yeux ne sont d'aucune utilité. Bon, d'accord, il est bien connu que la plus part du temps, on entend sans écouter. Mais que voit-on sans regarder? Ah, ça oui! C'était encore une de ses inventions. Il avait découvert çela quelques années plut tôt, lorsqu'il se promenait avec sa chienne Sorcière sur la "avenida Amsterdam" qui est sans fin, tout comme Dieu le Père: un cercle qui s'épuise lui-même à faire des tours et encore des tours. Enfin bref, c'est en parcourant cette avenue qu'il avait découvert que la plus part du temps, on voit sans regarder. Du moins, on regarde, mais on n'enregistre pas. On n'enregistre pas, par exemple, les voitures ou les passants que l'on croise, ni les façades des maisons ou les bâtiments devant lesquels on passe, ni les morceaux de verres de bouteilles cassées, éparpillés sur le terre-plein central en pavé. Ou peut-être alors, que ceci n'est que le fruit de son incurable divagation à laquelle il était en proie? Il ne faut pas trop prêter attention aux fous, mais tout de même...Il fermait les yeux, et marchait cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle lui servait de guide, mais en aucun cas. Sorcière n'était pas de ces chiens qui guident les aveugles; bien au contraire, c'est elle qu'il fallait guider car elle était désorientée comme un ange. Jamais, et quand je dis jamais, c'est jamais, jamais, tandis que Sorcière était vivante, le vieux n'avait osé traverser une rue avec elle, les yeux fermés de surcroît. En arrivant à un croisement, il ouvrait puis traversait. Qui plus est, il n'était pas disposé à la mettre en danger. Sorcière était son dernier trésor, compte tenu que petite, elle avait réduit en miette ses quatre tapis perses.

***

Alexis nous propose sa traduction :

Il poursuivit, les yeux fermés, sur environ cinquante mètres, marchant sans faire un faux-pas. Il avait fait ça pour une raison simple : pour soutenir que nous voyons sans voir, et que, par conséquent, les yeux sont de trop. Le fait que la plupart du temps nous entendons sans écouter est une chose bien connue. Mais que nous voyons sans voir ? Ah, voilà bien une pure invention de sa part ! Il l'avait découvert quelques années auparavant, en se promenant avec sa chienne "Sorcière" Avenida Amsterdam qui est circulaire, comme Dieu le Père : un cercle qui s'épuise tout seul en faisant des tours et des tours. Bon, en tournant en rond sur cette avenue il découvrit que la majeure partie du temps nous voyons sans voir. Ou plutôt que nous voyons mais que nous ne mémorisons pas. Nous ne mémorisons pas, par exemple, les voitures ou les passants que nous croisons, ni les façades des maisons et les édifices en face desquels nous passons, ni les éclats de verre d'une bouteille cassée qui sont éparpillés par terre sur le terre-plein central de l'avenue, fait de pavés. Ou alors cela ne venait que de lui et de l'incorrigible distraction à laquelle il se laissait aller ? Il ne faut pas trop prêter attention aux fous, mais bon... Il fermait les yeux et avançait cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle le guidait, mais pas du tout. La Sorcière n'était pas une de ces chiennes qui guident les aveugles ; bien au contraire, c'est elle qu'il fallait guider car elle était distraite comme un ange. Jamais, et quand je dis jamais, c'est jamais, jamais, quand La Sorcière était vivante, le vieux n'osa traverser une rue avec elle, surtout les yeux fermés. Quand il arrivait à un carrefour, il les ouvrait et ils traversaient. Car il n'était pas disposé à la mettre en danger. La Sorcière était son ultime trésor compte tenu que petite, elle lui mit en lambeaux ses quatre tapis persans.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Les yeux fermés, il continuait de marcher sur environ cinquante mètres, sans faire de faux pas. Il l'avait fait pour ces raisons là, pour soutenir que nous voyons sans voir, et que par conséquent les yeux ne sont d'aucune utilité. Tout le monde sait que la plupart du temps nous écoutons sans écouter. Mais que voyons-nous sans voir? Ah oui, c'était bien une de ses inventions. Il l'avait découvert quelques années auparavant, quand il se promenait avec sa chienne Sorcière sur l'avenue Amsterdam, qui est un cercle sans fin, comme Dieu le Père: un cercle qui s'épuise lui-même à faire des tours et des tours. Eh bien, en faisant le tour de cette avenue il découvrit que la plupart du temps nous voyons sans voir. Car nous voyons mais nous n'enregistrons pas. Nous n'enregistrons pas, par exemple, les voitures ou les passants que nous croisons, ni les façades des maisons et les édifices devant lesquels nous passons, ni les verres d'une bouteille brisée qui se sont éparpillées sur la chaussée et le terre-plein de l'avenue en pavé. Ou ce n'est que peut être le fruit de son imagination, de son incorrigible divagation dans laquelle il est tombé? Il ne faut pas trop prêter attention aux fous, mais enfin...Il fermait les yeux et avançait sur environ cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle le guidait, mais en faite non. La Sorcière n'était pas une chienne qui guidaient les aveugles; mais au contraire, il fallait qu'on la guide,elle, parce qu'elle était perdue comme un ange. Jamais et quand je dis jamais c'est jamais, jamais du temps que la Sorcière vivait le vieux n'avait osé traverser la rue avec elle, les yeux fermés. Quand il arrivait à un croisement, il les ouvrait et ils traversaient. En faite, il n'était pas prêt à la mettre en danger. La Sorcière était son dernier trésor, étant donné que petite elle avait mis en pièces ses quatre tapis perses.

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Maïté nous propose sa traduction :

Les yeux fermés, il continuait de marcher jusqu’à peu prés la moitié du pâté de maison sans même trébucher. Pour les raisons qu’il avait données, pour soutenir que l’on peut voir sans voir et que cependant, il nous reste les yeux. Que, la plupart du temps, nous écoutons sans écouter ce qui est une chose prouvée. Mais que nous voyons sans voir ? Alors ça, ça ne pouvait être qu’une de ses pures inventions. Il l’avait découvert quelques années auparavant en se promenant avec sa chienne Sorcière, le long de l’avenue Amsterdam qui est circulaire comme l’auréole de Dieu le Père : un cercle qui s’épuise par lui-même en tournant en rond. Et, c’est alors, en tournant en rond sur cette avenue, qu’il découvrit que la plupart du temps, nous voyons sans voir. Que nous voyons mais que nous ne mémorisons pas. Nous ne mémorisons pas par exemple, les voitures et les passants que nous croisons, ni les devantures des maisons et des édifices devant lesquels nous passons, ni les verres de bouteilles brisés étalés sur le sol, sur le terre-plein de l’avenue qui est fait de briques. A moins que cela ne provienne juste de son imagination, de l’incorrigible distraction dans laquelle il était tombé ? Il ne faut pas prêter beaucoup d’attention aux fous mais tout de même…Il fermait les yeux et avançait jusqu’à la moitié du pâté de maison avec sa chienne, comme si elle le guidait, mais non ! La Sorcière ne faisait pas partie de ces chiens qui guident les aveugles, bien au contraire, c’était elle qu’il fallait guider parce qu’elle était aussi distraite qu’un ange. Jamais, et quand je dis jamais, c’est jamais, jamais du temps où la Sorcière fut en vie, le vieux ne se risqua à traverser la rue avec elle et les yeux fermés. En arrivant à un carrefour, il les ouvrait et ils traversaient. C’est que lui, il n’était pas prêt à la mettre en danger. La Sorcière était son dernier trésor, même si, quand elle était petite, elle avait réduit en lambeaux ses quatre tapis persans.

***

Virginie nous propose sa traduction :


Il continua environ cinquante mètres avec les yeux fermés, marchant sans faire un faux pas. Il l'avait fait pour ces raisons : pour soutenir que nous voyons sans voir, et que par conséquent les yeux sont superflus. Que la plupart du temps nous entendons sans entendre est une chose connue. Mais que voyons nous sans voir ? Ah, ça oui c'était une pure invention de sa part. Il l'avait découvert des années auparavant, se promenant avec sa chienne Sorcière dans la Avenida Amsterdam qui est circulaire, comme Dieu le Père : un cercle qui se réduit en son centre en tournant et tournant. Eh bien, tournant autour de cette avenue il découvrit que la plupart du temps nous voyons sans voir. Que nous voyons mais que nous n'enregistrons pas. Nous n'enregistrons pas, par exemple, les voitures ou les passants que nous croisons, ni les façades des maisons et les bâtiments devant lesquels nous passons, ni les morceaux de verre d'une bouteille cassée qui sont éparpillés au sol sur le terre plein central de l'avenue, fait en pavés. Ou serait-ce seulement une impression personnelle, dûe à l'incorrigible distraction dans laquelle il était tombé ? Il ne faut pas prêter beaucoup attention aux fous, mais enfin... Il fermait les yeux et avançait sur cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle le guidait, mais non. Sorcière n'était pas une de ces chiennes qui guident les aveugles; au contraire, c'était elle qu'il fallait guider parce qu'elle avait la tête dans les nuages comme un ange. Jamais, et quand je dis jamais c'est jamais, jamais du vivant de Sorcière le vieux n'osa traverser une rue avec elle et les yeux fermés. Lorsqu'ils arrivaient à un carrefour il les ouvrait et ils traversaient. Et c'est qu'il n'était pas disposé à la mettre en danger. Sorcière était son dernier trésor, sachant que petite elle lui effila ses quatre tapis persans.

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Benoît nous propose sa traduction :

Avec les yeux fermés, il continua ainsi pendant encore environ cinquante mètres, avançant sans faire le moindre faux-pas. C'est pour les raisons suivantes qu'il l'avait fait, pour appuyer le fait que nous voyons sans voir, et que par conséquent, nos yeux nous sont inutiles. Que la majeure partie du temps nous écoutons sans écouter, est une chose bien connue. Mais que nous voyons sans voir ? Ah, ça oui c'était de sa part une pure invention. Il l'avait découvert, il y a de cela des années, en se promenant avec sa chienne Bruja sur l' Avenue Amsterdam qui est circulaire, comme Dieu notre Père : un cercle qui s'épuise en soi, tournant en rond indéfiniment. Et bien voilà, c'est en tournant autour de cette avenue qu'il découvrit que la plupart du temps, nous voyons sans voir. Que nous voyons mais ne mémorisons pas. Nous ne mémorisons pas, par exemple, les voitures ou les passants que nous croisons, ni les façades des maisons et les bâtiments devant lesquels nous passons, ni les bouts de verres d'une bouteille brisée, jonchant le sol, pavé, du trottoir central de l'avenue. Ou ne serait-ce encore qu'une de ses histoires, faisant partie de l'incorrigible occupation dans laquelle il s'était perdu ? Il ne faut pas prêter trop attention aux fous, mais bon ... Il fermait les yeux et avançait sur cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle était en train de le guider, mais non . Bruja ne faisait pas partie de ces chiennes qui guident les aveugles, bien au contraire, il fallait la guider, elle, car elle avait la tête dans les nuages comme un ange. Jamais, au grand jamais, jamais avec Bruja vivante, le vieux ne se risqua à traverser une rue avec elle, les yeux fermés. Arrivé à un croisement, il les ouvrait et traversait. Et cela, parce qu'il n' avait aucune envie de la mettre en danger. Bruja était son dernier trésor, en tenant compte du fait que, petite, elle lui avait réduit en lambeaux ses quatre tapis persans.

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Loïc nous propose sa traduction :

Il marcha, les yeux fermés, sur une cinquantaine de mètres, sans faire le moindre faux-pas. Il l’avait fait pour ces raisons : pour soutenir que nous voyons sans regarder et que, par conséquent, les yeux ne servent à rien. La plus grande partie du temps, c’est bien connu, nous entendons sans écouter. Mais que nous voyons sans même regarder ? Ah, ça oui, c’était son invention ! Il l’avait constaté, il y a de cela quelques années, tout en se promenant avec sa chienne Sorcière le long de l’Avenue Amsterdam qui est interminable, comme Dieu notre Père : un cercle qui s’épuise lui-même en faisant des tours et des tours. Bref, c’est en faisant des tours autour de cette avenue, qu’il découvrit que la plupart du temps nous voyons sans voir. Que l’on voit mais que nous ne mémorisons pas. Nous ne mémorisons pas, par exemple, les voitures ou les passants que nous croisons, ni les façades des maisons et des bâtiments devant lesquels nous passons, ni les morceaux de verre d’une bouteille cassée et qui sont éparpillés à même le sol sur le terre-plein central de l’avenue, qui est fait de pavés. Ou serait-ce peut-être seulement de la faute de cette dissipation incorrigible dans laquelle il était tombé ? Il ne faut pas trop prêter attention aux fous, mais bon tout de même !... Il fermait les yeux et avançait cinquante mètres avec sa chienne, comme si elle lui servait de guide, mais non. Sorcière n’était pas une de ces chiennes qui guident les aveugles ; au contraire, il fallait la guider car elle était désorientée comme un ange. Jamais, et quand je dis jamais c’est jamais, jamais, pendant toute la durée de vie que vécut Sorcière, le vieux ne se risqua à traverser la rue avec elle les yeux fermés. En arrivant à un croisement, il les ouvrait puis, ils traversaient. Il n’était en aucun cas disposé à la mettre en danger. Sorcière était son seul trésor, en sachant que petite, elle avait réduit ses quatre tapis persans en miettes.

jeudi 28 octobre 2010

Entretien avec Amélie Rioual (promo Aline Schulman), réalisé par Julie Sanchez

1) Bonjour ! Tout d’abord, j’aimerais savoir quel a été le livre que tu as choisi pour ta traduction longue ?
J’ai choisi Llueven ranas en la Mancha de Juana Samper Ospina.

2) Pourquoi as-tu choisi ce livre en particulier et comment t-y es-tu prise ?
J’ai fait des recherches sur les forums de la revue « Qué leer ? ».
En fait, j’ai été attirée par la couverture assez colorée du livre et par le résumé. Mais finalement, j’ai fait mon choix au hasard. Ce livre n’a pas reçu de prix et n’était pas très connu.
Son auteure est la correspondante espagnole du journal El Tiempo en Colombie (journal le plus tiré dans ce pays et qui a donc une certaine notoriété). J’ai trouvé beaucoup d’articles sur elle et sur le livre.
J’ai trouvé intéressant d’avoir un auteur un peu connu.
Après, l’histoire m’a plu et je me suis dit « C’est parti ! ».
J’avais trouvé des fils conducteurs. Il s’agit d’une autobiographie en fait. L’auteure raconte ce qui s’est passé quand elle est partie vivre dans un moulin. Elle nous fait part de sa vie au moulin, d’anecdotes historiques à propos du village où elle vit.
L’histoire a lieu pendant la Guerre Civile et il y a des intermèdes techniques sur la façon dont on ramasse les olives, comment on fait les moissons…
Avant chaque chapitre, il y a un proverbe qui parle des olives, des moulins. Il fallait adapter ça dans ma traduction.

3) As-tu regretté ton choix quand tu t’es mise à traduire ? (si oui, pourquoi ?)
En fait, au premier jet, je ne me suis pas trop posé de questions. Ça s’est fait assez vite.
Mais au deuxième jet, j’ai pensé : « c’est mal écrit… ».
Je n’ai pas vraiment regretté mon choix mais le style était assez journalistique. Tout était difficile à relier en français.
J’ai regretté de ne pas avoir une histoire à traduire d’un bout à l’autre du texte. L’auteure passe constamment du coq à l’âne et j’ai trouvé ça un peu moins intéressant.

4) Ne t’es-tu pas sentie un peu perdue devant autant de pages à traduire seule ?
J’ai adoré ça !
J’ai trouvé ça génial de pouvoir me mettre à mon bureau et de traduire sur le long terme.
Je ne me suis pas sentie perdue au contraire. Je me suis dit : « On y est ! ».

5) Comment se sont passées tes séances de tutorat ?
Caroline était en train de traduire un livre. On traduisait des extraits et elle notait les propositions qu’on faisait. Ensuite, chacune devait préparer dix pages avant le tutorat et après, elle dirigeait le cours et on discutait.
Lors de la dernière séance, Caroline nous a demandé de faire un petit état de nos « casseroles ».
On devait arriver avec notre liste et elle nous aidait à démarrer la traduction longue.

6) Quel genre de problèmes as-tu rencontrés lors de ta traduction longue ?
Le vocabulaire. Mais j’ai toujours trouvé des solutions.
Le mode d’écriture n’était pas facile à gérer non plus, comme je te l’ai dit.
Le problème que je n’ai pas réussi à résoudre est le manque de vivacité du texte.

7) Au contraire, qu’est ce qui t’a semblé simple, qu’as-tu apprécié traduire ?
L’exercice en lui-même.
Avoir un objectif sur le long terme, ça m’a vraiment plu.
J’ai appris plein de choses. J’habite en Bretagne, on n’a pas d’oliviers là-bas !
Et puis, tu te remets en question. Il ne faut jamais rien prendre pour acquis et ne jamais rien laisser au hasard.

8) Dernière question : Comment as-tu travaillé, concrètement ?
Pour le premier jet, il fallait résoudre les problèmes de vocabulaire de suite.
J’ai tout tapé à l’ordinateur directement. Ensuite, j’ai imprimé.
Pour le deuxième jet, je travaillais sur le texte imprimé et je rentrais mes corrections sur l’ordinateur.
J’ai fait ça dix fois (dix jets).
Vers le 3-4 août, je me suis vraiment sentie stressée.
On a relu le texte à deux voix (avec ma mère) ce qui nous a pris deux jours. C’est très long mais c’est une étape primordiale. Je me suis rendu compte que j’avais oublié des mots ou mal relu certains passages.
Ça ne pardonne pas d’oublier !