Les étudiants du CAPES et du Master 2 sont en train de plancher sur le texte que voici – choisi par mes soins.
Je le publie car je ne doute pas que nos enthousiastes amis du Master 1 – parcours traduction / traductologie – auront envie de le travailler, eux aussi.
Media hora antes contempló por sexta vez su imagen en el espejo, obteniendo una impresión satisfactoria. Pocos de sus conocidos ofrecían semejante aspecto a su edad. De lejos se le habría tomado por un joven, debido a la delgadez y agilidad de movimientos, conservados por el ejercicio continuo de la profesión. Se había rasurado a conciencia con su vieja navaja inglesa de mango de marfil, y recortado más cuidadosamente que de costumbre el fino bigote gris. El pelo blanco, algo rizado en la nuca y las sienes, estaba peinado hacia atrás con sumo esmero; la raya, alta y a la izquierda, era tan impecable como si hubiera sido trazada con ayuda de una regla. Se encontraba de buen ánimo, ilusionado como un cadete que, estrenando uniforme, acudiese a su primera cita. Lejos de incomodarle aquella casi olvidada sensación, se recreaba en ella, complacido. Cogió su único frasco de agua de colonia y dejó caer unas gotas en las manos, palmeándose después suavemente las mejillas con el discreto aroma. Las arrugas que rodeaban sus ojos grises se acentuaron en una íntima sonrisa.
Por descontado, nada equívoco esperaba de la cita. Jaime Astarloa era demasiado consciente de la situación como para albergar estúpidos ensueños. Sin embargo, no se le escapaba que todo aquello encerraba un especial atractivo. Que por primera vez en su vida tuviese por cliente a una mujer, y queésta fuese precisamente Adela de Otero, daba a la situación un singular matiz que en su fuero interno calificaba de estético, aunque sin saber muy bien por qué. El hecho de que su nuevo cliente perteneciera al sexo opuesto, era algo que ya tenía asumido; dominada la inicial resistencia, rechazados los prejuicios hasta un rincón en el que apenas se les oía protestar débilmente, su lugar era ocupado ahora por la grata sensación de que algo nuevo estaba ocurriendo en su hasta entonces monótona existencia. Y el maestro de esgrima se abandonaba, complacido, a lo que se le antojaba un otoñal
e inofensivo escarceo, un sutil juego de sentimientos recién recobrados, en donde él sería único protagonista consciente.
Je le publie car je ne doute pas que nos enthousiastes amis du Master 1 – parcours traduction / traductologie – auront envie de le travailler, eux aussi.
Media hora antes contempló por sexta vez su imagen en el espejo, obteniendo una impresión satisfactoria. Pocos de sus conocidos ofrecían semejante aspecto a su edad. De lejos se le habría tomado por un joven, debido a la delgadez y agilidad de movimientos, conservados por el ejercicio continuo de la profesión. Se había rasurado a conciencia con su vieja navaja inglesa de mango de marfil, y recortado más cuidadosamente que de costumbre el fino bigote gris. El pelo blanco, algo rizado en la nuca y las sienes, estaba peinado hacia atrás con sumo esmero; la raya, alta y a la izquierda, era tan impecable como si hubiera sido trazada con ayuda de una regla. Se encontraba de buen ánimo, ilusionado como un cadete que, estrenando uniforme, acudiese a su primera cita. Lejos de incomodarle aquella casi olvidada sensación, se recreaba en ella, complacido. Cogió su único frasco de agua de colonia y dejó caer unas gotas en las manos, palmeándose después suavemente las mejillas con el discreto aroma. Las arrugas que rodeaban sus ojos grises se acentuaron en una íntima sonrisa.
Por descontado, nada equívoco esperaba de la cita. Jaime Astarloa era demasiado consciente de la situación como para albergar estúpidos ensueños. Sin embargo, no se le escapaba que todo aquello encerraba un especial atractivo. Que por primera vez en su vida tuviese por cliente a una mujer, y queésta fuese precisamente Adela de Otero, daba a la situación un singular matiz que en su fuero interno calificaba de estético, aunque sin saber muy bien por qué. El hecho de que su nuevo cliente perteneciera al sexo opuesto, era algo que ya tenía asumido; dominada la inicial resistencia, rechazados los prejuicios hasta un rincón en el que apenas se les oía protestar débilmente, su lugar era ocupado ahora por la grata sensación de que algo nuevo estaba ocurriendo en su hasta entonces monótona existencia. Y el maestro de esgrima se abandonaba, complacido, a lo que se le antojaba un otoñal
e inofensivo escarceo, un sutil juego de sentimientos recién recobrados, en donde él sería único protagonista consciente.
Arturo Pérez Reverte, El maestro de esgrima
***
Virginie nous propose sa traduction :
Une heure plus tôt, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir, obtenant une impression satisfaisante. Peu de ses connaissances offraient un tel aspect à leur âge. De loin, on l'aurait pris pour un jeune homme, à cause de la minceur et l'agilité de ses mouvement, conservés par l'exercice continu de la profession. Il s'était rasé concencieusement avec sa vieille navaja anglaise au manche en ivoire, et avait retaillé plus soigneusement que d'habitude la fine moustache grise. La chevelure blanche, un peu frisée dans la nuque et sur les tempes, était peignée vers l'arrière avec une extrême précaution; la raie, haute et sur la gauche, était si impeccable, comme si elle avait été tracée avec l'aide d'une règle. Il était de bonne humeur, remplit de joie comme un cadet qui, portant pour la première fois l'uniforme, arrivait à son premier rendez-vous. Loin d'être gêné par cette sensation presque oubliée, il s'en amusait, satisfait. Il prit son unique bouteille d'eau de cologne et laissa tomber quelques gouttes dans ses mains, se tamponnant ensuite doucement les joues avec le discret parfum. Les rides qui entouraient ses yeux gris s'accentuèrent en un intime sourire.
Sans aucun doute, il n'attendait rien d'ambigu du rendez-vous. Jaime Astarloa était trop conscient de la situation pour nourrir de stupides rêves. Cependant, il ne lui échappait pas que tout cela renfermait un charme spécial. Que pour la première fois de sa vie il ait une femme pour cliente, et que celle-ci soit précisément Adela de Otero, donnait à la situation une teinte singulière que dans son fort intérieur il qualifiait d'esthétique, bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi. Le fait que son nouveau client appartienne au sexe opposé, était quelque chose que maintenant il assumait ; la première résistance dominée, les préjugés refoulés jusque dans un coin dans lequel on les entendait à peine protester faiblement, sa place était maintenant occupée par l'agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se passer dans son existence jusque là monotone. Et le maître d'escrime s'abandonnait, content, à ce que lui semblait une tardive et inofensive tentative, un subtil jeu de sentiments récemment retrouvés, dans lequel il serait l'unique protagoniste conscient.
Une heure plus tôt, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir, obtenant une impression satisfaisante. Peu de ses connaissances offraient un tel aspect à leur âge. De loin, on l'aurait pris pour un jeune homme, à cause de la minceur et l'agilité de ses mouvement, conservés par l'exercice continu de la profession. Il s'était rasé concencieusement avec sa vieille navaja anglaise au manche en ivoire, et avait retaillé plus soigneusement que d'habitude la fine moustache grise. La chevelure blanche, un peu frisée dans la nuque et sur les tempes, était peignée vers l'arrière avec une extrême précaution; la raie, haute et sur la gauche, était si impeccable, comme si elle avait été tracée avec l'aide d'une règle. Il était de bonne humeur, remplit de joie comme un cadet qui, portant pour la première fois l'uniforme, arrivait à son premier rendez-vous. Loin d'être gêné par cette sensation presque oubliée, il s'en amusait, satisfait. Il prit son unique bouteille d'eau de cologne et laissa tomber quelques gouttes dans ses mains, se tamponnant ensuite doucement les joues avec le discret parfum. Les rides qui entouraient ses yeux gris s'accentuèrent en un intime sourire.
Sans aucun doute, il n'attendait rien d'ambigu du rendez-vous. Jaime Astarloa était trop conscient de la situation pour nourrir de stupides rêves. Cependant, il ne lui échappait pas que tout cela renfermait un charme spécial. Que pour la première fois de sa vie il ait une femme pour cliente, et que celle-ci soit précisément Adela de Otero, donnait à la situation une teinte singulière que dans son fort intérieur il qualifiait d'esthétique, bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi. Le fait que son nouveau client appartienne au sexe opposé, était quelque chose que maintenant il assumait ; la première résistance dominée, les préjugés refoulés jusque dans un coin dans lequel on les entendait à peine protester faiblement, sa place était maintenant occupée par l'agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se passer dans son existence jusque là monotone. Et le maître d'escrime s'abandonnait, content, à ce que lui semblait une tardive et inofensive tentative, un subtil jeu de sentiments récemment retrouvés, dans lequel il serait l'unique protagoniste conscient.
***
Florian nous propose sa traduction :
Une demie heure avant, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir jusqu'à obtenir une impression de satisfaction. A son âge, peu de ses connaissances offraient un aspect similaire au sien. De loin, on l'aurait pris pour un jeune homme, de part sa finesse et son agilité de mouvements que l'entraînement continu exigé par sa profession lui avait permis de conserver. Il s'était rasé dans les règles de l'art avec son vieux rasoir anglais au manche en ivoire, et s'était taillé, plus soigneusement que d'habitude, sa fine moustache grise. Les cheveux blancs, un tantinet frisés sur la nuque et sur les côtés, peignés vers l'arrière avec le plus grand soin; la raie, haute et vers la gauche, était aussi parfaite que si elle avait été tracée à l'aide d'une règle. Il était de bonne humeur, joyeux comme un adolescent qui, portant un costume neuf, se rendait à son premier rendez-vous. Plutôt que d'être incommodé par cette sensation oubliée, il s'en amusait, heureux. Il saisit son unique flacon d'eau de toilette et laissa tomber quelques gouttes dans ses mains, puis se tapota délicatement les joues pour y répandre le doux arôme. Les rides qui entouraient ses yeux gris s'accentuèrent après un léger sourire.
Bien entendu, il n'avait aucune arrière-pensée liée à ce rendez-vous. Jaime Astarloa n'était que trop conscient de la situation pour nourrir des idées aussi stupides. Cependant, l'attrait particulier que tout ceci renfermait ne lui échappait pas. Qu'il ait, pour la première fois de sa vie, une femme comme client, et Adela de Otero qui plus est, ajoutait à la situation une singulière nuance, qu'il qualifiait, en son for intérieur, d'esthétique. Le fait que son nouveau client appartienne au sexe opposé, était un point qu'il avait, à présent, assumé; la résistance primaire sous contrôle,et une fois les préjugés rejetés dans un coin où on ne les entendait se manifester que faiblement, c'est l'agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se profiler dans son existence, jusqu'alors, monotone, qui occupait sa place. Et le maître d'escrime s'abandonnait, heureux, aux songeries automnales et inoffensives, qui lui venaient à l'esprit: un subtil jeu de sentiments récemment recouvraient dans lequel il serait le seul personnage conscient.
Une demie heure avant, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir jusqu'à obtenir une impression de satisfaction. A son âge, peu de ses connaissances offraient un aspect similaire au sien. De loin, on l'aurait pris pour un jeune homme, de part sa finesse et son agilité de mouvements que l'entraînement continu exigé par sa profession lui avait permis de conserver. Il s'était rasé dans les règles de l'art avec son vieux rasoir anglais au manche en ivoire, et s'était taillé, plus soigneusement que d'habitude, sa fine moustache grise. Les cheveux blancs, un tantinet frisés sur la nuque et sur les côtés, peignés vers l'arrière avec le plus grand soin; la raie, haute et vers la gauche, était aussi parfaite que si elle avait été tracée à l'aide d'une règle. Il était de bonne humeur, joyeux comme un adolescent qui, portant un costume neuf, se rendait à son premier rendez-vous. Plutôt que d'être incommodé par cette sensation oubliée, il s'en amusait, heureux. Il saisit son unique flacon d'eau de toilette et laissa tomber quelques gouttes dans ses mains, puis se tapota délicatement les joues pour y répandre le doux arôme. Les rides qui entouraient ses yeux gris s'accentuèrent après un léger sourire.
Bien entendu, il n'avait aucune arrière-pensée liée à ce rendez-vous. Jaime Astarloa n'était que trop conscient de la situation pour nourrir des idées aussi stupides. Cependant, l'attrait particulier que tout ceci renfermait ne lui échappait pas. Qu'il ait, pour la première fois de sa vie, une femme comme client, et Adela de Otero qui plus est, ajoutait à la situation une singulière nuance, qu'il qualifiait, en son for intérieur, d'esthétique. Le fait que son nouveau client appartienne au sexe opposé, était un point qu'il avait, à présent, assumé; la résistance primaire sous contrôle,et une fois les préjugés rejetés dans un coin où on ne les entendait se manifester que faiblement, c'est l'agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se profiler dans son existence, jusqu'alors, monotone, qui occupait sa place. Et le maître d'escrime s'abandonnait, heureux, aux songeries automnales et inoffensives, qui lui venaient à l'esprit: un subtil jeu de sentiments récemment recouvraient dans lequel il serait le seul personnage conscient.
***
Sonita nous propose sa traduction :
Une demi-heure auparavant il contempla pour la sixième fois son reflet dans le miroir, obtenant une impression satisfaisante. Peu de ses connaissances offraient un tel aspect à leur âge. De loin on l’aurait pris pour un jeune homme, grâce à la maigreur et l’agilité des mouvements, conservés par l’exercice continu de sa profession. Il s’était rasé consciencieusement avec son vieux couteau anglais à manche d’ivoire ; et il avait coupé la fine moustache grise. Les cheveux blancs, quelque peu bouclés à la nuque et aux tempes, étaient coiffés en arrière avec un soin suprême ; la raie, haute et à gauche, était aussi impeccable que si l’on l’avait tracée à l’aide d’une règle. Il était de bonne humeur, ravi comme un cadet qui, étrennant un uniforme, allait à son premier rendez-vous.
Cette vieille sensation, presque oubliée, loin de le gêner, le délectait et le rendait heureux. Il prit son seul étui d’eau de Cologne et fit tomber quelques gouttes dans les mains, en se tapotant ensuite doucement les joues avec ce discret arôme. Les rides qui entouraient ses yeux gris s’accentuèrent dans un sourire intime.
Il le savait à l’avance, il n’attendait rien d’équivoque de ce rendez-vous. Jaime Astarloa était extrêmement conscient de la situation pour se faire des illusions stupides. Cependant, il n’ignorait pas que tout cela renfermait un charme spécial. Que pour la première fois de sa vie il eût une femme pour cliente, et que celle-ci fut précisément Adela de Otero, donnait à la situation une nuance particulière qu’il qualifiait en son for intérieur d’esthétique, bien qu’il ne savait pas trop pourquoi. Le fait que son nouveau client appartenait au sexe opposé, était quelque chose qu’il avait déjà accepté ; une fois dominée la résistance initiale, les préjugés réfutés dans un coin où l’on les entendait à peine objecter, sa place était maintenant occupée par l’agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se passer dans son existence jusqu’alors monotone. Et le maître d’escrime s’abandonnait, heureux, à ce qu’il prenait pour des inoffensives divagations automnales, un jeu subtil de sentiments bien recouvrés, où il serait le seul protagoniste conscient.
Une demi-heure auparavant il contempla pour la sixième fois son reflet dans le miroir, obtenant une impression satisfaisante. Peu de ses connaissances offraient un tel aspect à leur âge. De loin on l’aurait pris pour un jeune homme, grâce à la maigreur et l’agilité des mouvements, conservés par l’exercice continu de sa profession. Il s’était rasé consciencieusement avec son vieux couteau anglais à manche d’ivoire ; et il avait coupé la fine moustache grise. Les cheveux blancs, quelque peu bouclés à la nuque et aux tempes, étaient coiffés en arrière avec un soin suprême ; la raie, haute et à gauche, était aussi impeccable que si l’on l’avait tracée à l’aide d’une règle. Il était de bonne humeur, ravi comme un cadet qui, étrennant un uniforme, allait à son premier rendez-vous.
Cette vieille sensation, presque oubliée, loin de le gêner, le délectait et le rendait heureux. Il prit son seul étui d’eau de Cologne et fit tomber quelques gouttes dans les mains, en se tapotant ensuite doucement les joues avec ce discret arôme. Les rides qui entouraient ses yeux gris s’accentuèrent dans un sourire intime.
Il le savait à l’avance, il n’attendait rien d’équivoque de ce rendez-vous. Jaime Astarloa était extrêmement conscient de la situation pour se faire des illusions stupides. Cependant, il n’ignorait pas que tout cela renfermait un charme spécial. Que pour la première fois de sa vie il eût une femme pour cliente, et que celle-ci fut précisément Adela de Otero, donnait à la situation une nuance particulière qu’il qualifiait en son for intérieur d’esthétique, bien qu’il ne savait pas trop pourquoi. Le fait que son nouveau client appartenait au sexe opposé, était quelque chose qu’il avait déjà accepté ; une fois dominée la résistance initiale, les préjugés réfutés dans un coin où l’on les entendait à peine objecter, sa place était maintenant occupée par l’agréable sensation que quelque chose de nouveau était en train de se passer dans son existence jusqu’alors monotone. Et le maître d’escrime s’abandonnait, heureux, à ce qu’il prenait pour des inoffensives divagations automnales, un jeu subtil de sentiments bien recouvrés, où il serait le seul protagoniste conscient.
***
Aurélie nous propose sa traduction :
Une demi-heure auparavant, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir jusqu’à obtenir une impression satisfaisante. A son âge, peu de ses connaissances offraient pareil aspect. De loin, on l’aurait pris pour un jeune homme, à cause de sa minceur et de l’agilité de ses mouvements, entretenus par un exercice continu que demandait sa profession. Il s’était consciencieusement rasé avec son vieux couteau anglais au manche en ivoire, et avait coupé sa fine moustache grise plus soigneusement que d’habitude. Les cheveux blancs, juste frisés sur la nuque et aux tempes, étaient coiffés vers l’arrière avec le plus grand soin ; la raie, haute et sur la gauche, était aussi impeccable que si elle avait été tracée à l’aide d’une règle. Il était de bonne humeur, ravi comme un cadet qui, étrennant son uniforme, se rendait à son premier rendez-vous. Loin d’être gêné par cette sensation presque oubliée, il s’en régalait, heureux. Il se saisit de son unique flacon d’eau de Cologne et laissa tomber quelques gouttes sur ses mains, se tapotant ensuite soigneusement les joues avec cet arôme discret. Les rides qui entouraient ses yeux gris s’accentuèrent dans un sourire intime. Evidemment, il n’attendait rien d’équivoque de ce rendez-vous. Jaime Astarloa était bien trop conscient de la situation pour nourrir des pensées idiotes. Cependant, le fait que cela refermait un charme particulier ne lui échappait pas. Que pour la première fois dans sa vie, il eut une femme pour cliente et que ce fut précisément Adela de Otero, donnait à la situation une singulière nuance qu’il qualifiait, en son for intérieur, d’esthétique, même s’il ne savait pas très bien pourquoi. Le fait que son nouveau client appartenait au sexe opposé, était quelque chose qu’il avait déjà accepté ; une fois dominée sa résistance du départ, rejetés les préjugés dans un coin où on ne les entendait protester que faiblement, son esprit était à présent occupé par l’agréable sensation que quelque chose de nouveau allait arriver dans son existence jusqu’à présent monotone. Et le maître de l’escrime s’abandonnait, ravi, à ce qui semblait être une rêverie automnale et inoffensive, un jeu subtil de sentiments récemment redécouverts, où il serait le seul protagoniste conscient.
Une demi-heure auparavant, il contempla pour la sixième fois son image dans le miroir jusqu’à obtenir une impression satisfaisante. A son âge, peu de ses connaissances offraient pareil aspect. De loin, on l’aurait pris pour un jeune homme, à cause de sa minceur et de l’agilité de ses mouvements, entretenus par un exercice continu que demandait sa profession. Il s’était consciencieusement rasé avec son vieux couteau anglais au manche en ivoire, et avait coupé sa fine moustache grise plus soigneusement que d’habitude. Les cheveux blancs, juste frisés sur la nuque et aux tempes, étaient coiffés vers l’arrière avec le plus grand soin ; la raie, haute et sur la gauche, était aussi impeccable que si elle avait été tracée à l’aide d’une règle. Il était de bonne humeur, ravi comme un cadet qui, étrennant son uniforme, se rendait à son premier rendez-vous. Loin d’être gêné par cette sensation presque oubliée, il s’en régalait, heureux. Il se saisit de son unique flacon d’eau de Cologne et laissa tomber quelques gouttes sur ses mains, se tapotant ensuite soigneusement les joues avec cet arôme discret. Les rides qui entouraient ses yeux gris s’accentuèrent dans un sourire intime. Evidemment, il n’attendait rien d’équivoque de ce rendez-vous. Jaime Astarloa était bien trop conscient de la situation pour nourrir des pensées idiotes. Cependant, le fait que cela refermait un charme particulier ne lui échappait pas. Que pour la première fois dans sa vie, il eut une femme pour cliente et que ce fut précisément Adela de Otero, donnait à la situation une singulière nuance qu’il qualifiait, en son for intérieur, d’esthétique, même s’il ne savait pas très bien pourquoi. Le fait que son nouveau client appartenait au sexe opposé, était quelque chose qu’il avait déjà accepté ; une fois dominée sa résistance du départ, rejetés les préjugés dans un coin où on ne les entendait protester que faiblement, son esprit était à présent occupé par l’agréable sensation que quelque chose de nouveau allait arriver dans son existence jusqu’à présent monotone. Et le maître de l’escrime s’abandonnait, ravi, à ce qui semblait être une rêverie automnale et inoffensive, un jeu subtil de sentiments récemment redécouverts, où il serait le seul protagoniste conscient.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire