« La douleur »
On va vous déclencher. Quoi ? Comment? Ah non, non. C'est pas possible. J'ai pas envie d'accoucher aujourd'hui...
Ça y est, je suis déjà installée sur le lit, la perf' est posée. Un infirmier passe, « Voulez-vous signer l'autorisation pour la péridurale ? » Je ne sais pas, pour le premier, j'ai fait sans. « Je vous le conseille, Madame, au cas où, un déclenchement, c'est pas pareil, c'est plus violent. » Ok, c'est bon, je signe.
Il est 14h, on m'injecte l'ocytocine tant redouter, l'accélératrice de souffrance. Même pas cinq minutes après, première contraction. Mais oui, je me rappelle maintenant, cette douleur sourde dans le bas du ventre, ça ne présage rien de bon. Non, vraiment, je ne tenais pas spécialement à accoucher aujourd'hui. Plus le temps passe, plus la douleur est forte, elle secoue tout le corps. Comme la première fois, j'essaie de penser à autre chose, je focalise alors sur ma respiration, et plus particulièrement sur mon nez, l'air qui entre et qui sort en douceur, ça m'apaise un peu mais pas pour longtemps. En fait, c'est assez étrange car une contraction, on la sent venir, la douleur s'approche comme une grosse vague au bord de l'océan et qui emporte tout sur son passage, on a donc le temps de se préparer psychologiquement (plus ou moins, parce que l'intensité va crescendo). Ce n'est pas une douleur qui inquiète parce qu'on sait pourquoi on souffre. On sait qu'on n'est pas blessé, qu'on n'est pas malade. Super, tout va bien! Mais qu'est-ce que je fais là, voilà la question qui me taraude depuis tout à l'heure. N'avais-je pas jurer, la dernière fois, qu'on ne m'y reprendrait plus ? Que la maternité, c'était fini ? Mais non, me revoilà, dans cette salle aseptisée, ce n'est pas tant la douleur que le fait de ne pas savoir quand elle va s'arrêter.
La sage-femme me dit, courage c'est bientôt fini. Elle me tends le masque à oxygène, elle me masse le bas du dos mais rien ne semble atténuer ce supplice. Tous les cinq minutes, elle me demande si je veux faire caca. Mais non, j'ai pas envie Je me lève, marche un peu, m'arrête le temps que cette tornade abdominale passe puis m'assoit dans un fauteuil. Tiens, c'est bizarre cette sensation, je ne devrais peut-être pas rester assise. Je remonte dans le lit, prend l'oreiller et étouffe un cri pour ensuite m'exclamer : « Je veux faire caca ! »... trop tard...
La sage-femme se rend compte alors que le bébé arrive : « Attendez, attendez, ne poussez pas ! Comment voulez-vous accoucher ? » « N'importe, debout, assise, couchée, tout me va » (comme si, maintenant, j'allais faire des chichis). Je suis allongée sur le côté avec mon meilleur ami du moment : l'oreiller amortisseur de cris. « D'accord, restez comme vous êtes, je lève un étrier et on y va ». Deux poussées, c'est fini. Il est 18h. Et là, c'est vraiment mais vraiment la DÉLIVRANCE.
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