Après lecture du post de Laëtitia, je me pose une question – avec un peu d'angoisse : y a-t-il des cours de traduction (même rudimentaires) au collège et au lycée ; le cas échéant, en quoi consistent-ils ? Et comment sont-ils perçus par les élèves ? Pourquoi « un peu angoissée » ? Il se trouve qu'à la rentrée, je vais aller parler de traduction devant des lycéens de Saint-Nazaire (merci Elisabeth pour l'invitation !) et que, n'ayant jamais enseigné ni en collège ni en lycée, je m'aperçois, brutalement, que je suis démunie quand la bise fut venue. Ces jeunes gens, sont-ils comme Christophe Colomb « découvrant » les Indes ? Sont-ils comme de gentilles vaches regardant passivement circuler les trains en fantasmant secrètement de sauter dedans, à la manière des cow-boys de l'Ouest, pour atteindre enfin des destinations inconnues ? Bref, vais-je mettre les pieds en terrain déjà foulé, et peut-être même conquis par mes collègues du secondaire ?
Quelques conseils, please ?
Quelques conseils, please ?
4 commentaires:
En ce qui concerne ma propre expérience, je dirai qu'au collège les profs sont bien trop occupés à faire entrer conjugaisons et vocabulaire de base dans la tête des jeunes novices de la langue pour leur faire faire de la traduction, aussi simple soit-elle...
Au lycée, le problème principal, selon moi, est que de nombreux élèves ne s'intéressent pas aux langues. Les profs font plutôt des commentaires de textes que de la traduction. En première et terminale j'étais en espagnol LV2 + Spécialité Espagnol, donc j'avais 5 heures d'espagnol par semaine, et je faisais très très peu de traduction, des petits textes d'une dizaine de ligne par-ci par-là, pour gagner des points dans un devoir, mais pas dans l'optique de sensibiliser les élèves à cette -merveilleuse- pratique de la langue.
Je pense pourtant qu'un élève intéressé par la langue et les cours de langue sera un bon interlocuteur, car pour tout commentaire de texte, il faut comprendre celui-ci, et comme l'a dit Steiner, "Comprendre, c'est traduire" ...
Et quand une personne passionnée parle de ce qu'elle aime, l'auditoire est forcément captivé...
Le paradoxe du secondaire est que les élèves aiment la traduction mais ne la pratiquent pas, effectivement à cause d'un cruel manque de temps mais surtout, surtout, car le cadre européen de référence de l'apprentissage des langues que chaque professeur doit s'évertuer à respecter ne l'intègre pas dans ses fondamentaux. Pourtant, la traduction est aussi bien un exercice de compréhension que d'expression: je cite un cas très pratique!: une famille part en vacances en Espagne, seul le fils a apris l'espagnol, la famille veut réserver un hotel et ne sait pas déchiffrer le feuillet des tarifs et prestations, ou la famille est au restaurant et il faut comprendre et traduire aux autres les divers plats... Voilà des cas de traduction spécialisée pragmatique! Ou bien, plus culturel mais essentiel: la famille va visiter le Prado et personne ne sait lire les écriteaux à côté des tableaux... Un élève ayant pratiqué régulièrement la traduction (même si c'est encore de la version fébrile) se rendrait forcément utile et verrait que là, enfin, les années d'apprentissage de la langue "servent à quelque chose"! (on entend trop souvent les élèves dire: on comprend un texte littéraire mais une fois en Espagne, plongés dans le quotidien, on n'est capables de rien!).
En post bac, en classe prépa par exemple, la traduction est essentielle! Thème et version pour presque la totalité des concours, donc presque dans chaque cours durant les deux ans de préparation des concours! Et je ne crois pas m'avancer en disant que c'est cette pratique qui les fait progresser en langue en deux ans (vocabulaire, grammaire, espagnole et française!).
Alors...faisons valoir la traduction dans les salles de lycée! Ce n'est pas un simple jeu ludique qui plairait assurément aux élèves, c'est aussi et surtout un moyen extraordinaire de mémoriser du vocabulaire, de se confronter à la langue,de l'utiliser pour partager des connaissances!
Laure G.
J'ajouterai qu'en collège, la traduction rassure souvent les élèves débutants : réalisée collectivement, elle permet de confirmer (ou d'infirmer) leur compréhension d'une phrase, d'un passage, voire d'un texte.
Un court passage de traduction permet souvent de mettre l'accent sur une tournure idiomatique, de la mémoriser.
Les élèves prennent vite conscience qu'on ne peut pas tout traduire toujours "mot à mot", même si on a compris, et qu'il faut trouver l'expression, le mot juste en Français.
Ils apprécient, par ailleurs, les équivalences d'une langue à l'autre, et certaines expressions toutes faites, dictons, proverbes etc... les amusent beaucoup comme "Cuando las ranas crien pelos" ou "La edad del pavo"... par exemple !
Je suis bien d'accord avec vous. J'espère néanmoins que le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) permet de se débrouiller dans un pays hispanophone puisqu'il offre un enseignement bien plus ancré dans la réalité qu'autrefois. En effet, on est censé mettre les élèves en situation : commander dans un restaurant, demander son chemin, se présenter... Par contre, côté traduction littéraire, il n'y a pas grand chose. Le but du CECRL est d'apprendre aux élèves à baragouiner, à se faire comprendre mais certainement pas à développer leurs capacités littéraires. Il est dans ce cas très difficile d’apprendre aux élèves à s’exprimer à l’écrit. D’ailleurs, les trois quarts du test d’évaluation de niveau consistent à cocher des cases.
Je ne doute pas pourtant que les élèves s’intéressent à la traduction. J’ai pu constater cette année en collège, leur vision en la matière. Lorsqu’ils ont appris que j’étudiais la traduction, passé l’étonnement « Comment ? Vous ne voulez plus être prof ? », chacun y est allé de son commentaire. En gros, pour eux, la traduction c’est une activité littéraire qui s’apparente beaucoup au métier d’auteur, aussi « noble » donc, et surtout, pour y arriver il faut beaucoup étudier. Comme Brigitte, j’ai remarqué qu’ils avaient bien saisi les problèmes que pouvait poser la traduction.
Pour finir, on ne sait jamais sur quel public on va tomber. Mais je suis sûre que tu n’auras aucun ma à attirer l’attention de tous les élèves et même de celui-là au fond à droite contre le radiateur. Le secret est de faire en sorte de donner des exemples qui les touchent directement pour qu’ils se sentent concernés. Mais ça, tu sais très bien le faire.
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