mercredi 1 juillet 2009

Le parcours Traduction / Traductologie en L3 : une révélation, par Chloé

En photo : 'Revelations are found in clouds' par shastadaisy~

Comme vous le savez peut-être, il existe à Bordeaux 3, en plus du Master professionnel de Traduction littéraire, un parcours Traduction / Traductologie que l'on peut suivre dès la L3. On y découvre l'interprétariat, l'histoire de la traduction, mais surtout des "cours" de traduction littéraire, ou plutôt un atelier de traduction collective dirigé, vous l'aurez deviné, par la capitaine de Tradabordo.
J'encourage tous les amoureux de la traduction à choisir ce parcours, qui a été pour moi une véritable révélation. Dès le premier cours, une poignée d'élèves attentifs et qui aiment la version apprend que tout ce que l'on a fait jusque là (c'est-à-dire toutes les versions depuis notre L1), ce n'est pas de la traduction, et que, ce que nous allons faire, dorénavant, va être très différent (vent de panique, ou, selon, de curiosité dans les rangs...). Il va donc falloir désapprendre.
Première question à l'auditoire : « comment traduirait-on "lo espagnol"? (je vous laisse proposer !) ». Qui entraîne la question suivante : « peut-on tout traduire ? » Et puis, la première Loi : « Ne pas se fier à notre propre connaissance de la langue... » Véritable initiation que j'ai eu envie de poursuivre en Master 1, et d'approfondir en Master 2. Ce parcours m'a permis de rapprocher un rêve de la réalité, à savoir devenir traductrice…

3 commentaires:

Tradabordo a dit…

Il faut expliquer qu'effectivement, l'Institut d'Études ibériques et ibéro-américaines de Bordeaux 3 a, depuis quelques années maintenant, décidé d'investir massivement le domaine de la traduction… et ce en amont puisque, comme l'a expliqué Chloé, on peut se spécialiser dès la troisième année, avec un nombre d'heures de cours assez important (je n'ai pas de chiffres précis en tête, mais Chloé, si elle s'en souvient, pourra compléter). Pour l'heure, nous nous en tenons à la traduction littéraire (ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, bien évidemment… d'autant que pour l'espagnol, il y a un manque criant de traducteurs professionnels), mais nous allons progressivement nous ouvrir à d'autres champs, en particulier pour la traduction spécialisée, ou « pragmatique », selon le terme de Sophie, que je reprends ici bien volontiers. Tout cela demande évidemment des compétences bien spécifiques et, surtout, de l'argent… mais je crois que c'est le vœu de notre université de le faire. Félicitons-nous !

Emeline a dit…

Pour moi aussi ce parcours a été une révélation en L3. et je me souviens qu'il a fallu "désapprendre" ce qu'on nous avait enseigné pendant deux ans. Ca n'a pas été évident au début mais on s'y fait. Et surtout à "mais bon sang cherchez des synonymes!! vous allez pas traduire "dijo" par "dit-il/elle" à chaque fois!! évitez les répétitions, ça vous fera travailler un peu ce cerveau".
C'est cette phrase qui me résonne dans la tête quand je fais une version et que je sens la répétition arriver.Et en général j'explose de rire.
Au début des cours je trouvais Caroline vraiment dure et exigente, et j'ai même pensé qu'elle allait faire partie des profs détestés de ma scolarité (oui, désolée pour cette petite révélation), mais il s'est avéré que j'ai aimé être maltraitée, et même plus que ça, j'attendais mon cours de torture toute la semaine, avec l'impatience d'un enfant qui doit ouvrir des cadeaux, mais en pire. Je suis sûre que vous comprenez ce que je veux dire.
En bref, j'ai accroché et c'est cette année-là que, comme Chloé, j'ai décidé de devenir traductrice. Je regrette presque d'être partie en Erasmus en Espagne et de ne pas avoir assisté aux cours de parcours du M1, en effet je faisais principalement du thème, et une version hebdomadaire n'a pas suffit à maintenir l'aisance de traduction que je possédais avant (mais j'ai tout de même évité le pire blocage de mon histoire universitaire). Je terminerai en disant que même si l'on avait 4h à la suite de trad°/traducto le mardi après-midi et qu'on était tous épuisés en sortant, pour moi ce n'était pas suffisant. J'aurais apprécié quelques heures en plus...

Tradabordo a dit…

La publication du commentaire d'Émeline est la preuve qu'il n'y a pas de censure sur Tradabordo. Je dois reconnaître qu'effectivement, je suis exigeante et vaguement tyrannique (mais ça, tout le monde le sait, donc je ne glose pas davantage)… J'ai horreur de la mollesse, du « bof, ça suffira bien, j'ai assez donné pour ce truc-là »… en particulier en traduction. Là, c'est impossible de raisonner de cette façon, parce qu'on trahit illico le texte et l'auteur derrière. L'hérésie absolue, en somme. Les paroles de Mannoni lors de la rencontre bordelaise me restent en tête et j'y pense souvent : nous n'avons personne au-dessus de nous pour assurer le rôle du contrôleur… Nous sommes l'employé et le chef en même temps… Ce qui suppose d'avoir beaucoup de volonté et de ne jamais céder à la facilité. Un exemple personnel : au début de ma carrière de traductrice, j'ai fait le serment solennel de ne jamais jamais jamais renoncer aux différentes étapes que je m'impose quand je traduis – une dizaine environ. Et croyez-moi, parfois, ça n'est pas facile de s'y tenir… Quand on en est à la dixième relecture, on a bien envie de se livrer pieds et poings liés à la flemme… Mais non, il faut s'accrocher parce que lors de ce dixième passage, on trouve encore des choses… une coquille, une faute d'orthographe, un petit FS, voire un gros CS. Et là, on se dit qu'on a eu raison de ne pas renoncer, de ne pas enfreindre les tables de la Loi. Or ça, mes ami(e)s, ça (la ténacité), il faut l'avoir au départ et le cultiver chaque jour… Je m'accroche, je m'accroche, je m'accroche… c'est la consigne à écrire en gras sur l'écran de votre ordinateur.