vendredi 3 juillet 2009

Votre version de la semaine, Lindo

En photo : Placa par paucarabanchel

El último mono

Me llamo Manolito García Moreno, pero si tú entras a mi barrio y le preguntas al primer tío que pase :
—Oiga, por favor, ¿Manolito García Moreno?
El tío, una de dos, o se encoge de hombros o te suelta:
—Oiga, y a mí qué me cuenta.
Porque por Manolito García Moreno no me conoce ni el Orejones López, que es mi mejor amigo, aunque algunas veces sea un cochino y un traidor y otras, un cochino traidor, así, todo junto y con todas sus letras, pero es mi mejor amigo y mola un pegote.
En Carabanchel, que es mi barrio, por si no te lo había dicho, todo el mundo me conoce por Manolito Gafotas. Todo el mundo que me conoce, claro. Los que no me conocen no saben ni que llevo gafas desde que tenía cinco años. Ahora, que ellos se lo pierden.
Me pusieron Manolito por el camión de mi padre y al camión le pusieron Manolito por mi padre, que se llama Manolo. A mi padre le pusieron Manolo por su padre, y así hasta el principio de los tiempos. O sea, que por si no lo sabe Steven Spielberg, el primer dinosaurio Velociraptor se llamaba Manolo, y así hasta nuestros días. Hasta el último Manolito García, que soy yo, el último
mono. Así es como me llama mi madre en algunos momentos cruciales, y no me llama así porque sea una investigadora de los orígenes de la humanidad. Me llama así cuando está a punto de soltarme una galleta o colleja. A mí me fastidia que me llame el último mono, y a ella le fastidia que en el barrio me llamen el Gafotas. Está visto que nos fastidian cosas distintas aunque seamos de la misma familia.
A mí me gusta que me llamen Gafotas. En mi colegio, que es el «Diego Velázquez», todo el mundo que es un poco importante tiene un mote. Antes de tener un mote yo lloraba bastante. Cuando un chulito se metía conmigo en el recreo siempre acababa insultándome y llamándome cuatro-ojos o gafotas. Desde que soy Manolito Gafotas insultarme es una pérdida de tiempo. Bueno, también me pueden llamar Cabezón, pero eso de momento no se les ha ocurrido y desde luego yo no pienso dar pistas. Lo mismo le pasaba a mi amigo el Orejones López; desde que tiene su mote ahora ya nadie se mete con sus orejas.
Hubo un día que discutimos a patadas cuando volvíamos del colegio porque él decía que prefería sus orejas a mis gafas de culo de vaso y yo le decía que prefería mis gafas a sus orejas de culo de mono.
Eso de culo de mono no le gustó nada, pero es verdad. Cuando hace frío las orejas se le ponen del mismo color que el culo de los monos del zoo; eso está demostrado ante notario. La madre del Orejones le ha dicho que no se preocupe porque de mayor las orejas se encogen; y si no se encogen, te las corta un cirujano y santas pascuas.
La madre del Orejones mola un pegote porque está divorciada, y como se siente culpable nunca le levanta la mano al Orejones para que no se le haga más grande el trauma que le está curando la señorita Esperanza, que es la psicóloga de mi colegio. Mi madre tampoco quiere que me coja traumas pero, como no está divorciada, me da de vez en cuando una colleja, que es su especialidad.

Elvira Lindo, Manolito Gafotas, 1995.

***

Brigitte nous propose sa traduction :

Le dernier singe

Je m’appelle Manolito García Moreno, mais si tu arrives dans mon quartier et que tu demandes au premier type venu :
- Manolito García Moreno, s’il vous plaît ?
De deux choses l’une, ou bien le type hausse les épaules ou bien il te lâche :
- Mais, qu’est-ce que vous me baragouinez ?
Parce que Grandes Oreilles López, mon meilleur pote - bien qu’il soit des fois un saligaud et un traître et j’en passe, un salauddetraître, oui, en un seul mot et en toutes lettres, c’est quand même mon meilleur pote et qu’il est super chouette – même lui ne me connaît pas sous le nom de Manolito García Moreno.
A Carabanchel, c’est mon quartier - au cas où je ne te l’aurais pas encore dit - tout le monde me connaît sous le nom de Manolito Grosses Lunettes. Tout le monde me connaît, évidemment. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent pas que j’ai des lunettes depuis l’âge de cinq ans. Remarque, ils ne savent pas ce qu’ils perdent.
Manolito c’est à cause du camion de mon père et on a baptisé le camion de mon père Manolito à cause de mon père qui s’appelle Manolo. Mon père, on l’a appelé Manolo à cause de son père, et c’est comme ça depuis la nuit des temps. Bref, au cas où Steven Spielberg ne le saurait pas, le premier vélociraptor s’appelait Manolo, et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’au dernier Manolito García, c’est-à-dire moi, le dernier singe. C’est comme ça que m’appelle ma mère dans les moments critiques, et elle ne m’appelle pas comme ça parce qu’elle fait des recherches sur les origines de l’homme. Elle m’appelle comme ça quand elle est à deux doigts de me flanquer une tarte ou une taloche. Moi, ça m’escagasse qu’elle m’appelle le dernier singe, et elle, ça l’escagasse que, dans le quartier, on m’appelle « Grosses Lunettes ». C’est sûr, on a beau faire partie de la même famille, on n’est pas escagassé par les mêmes choses.
Moi, j’aime bien qu’on m’appelle « Grosses Lunettes ». Dans mon école, qui s’appelle « Diego Vélasquez », tous ceux qui sont un peu importants ont un surnom. Avant d’avoir un surnom, je chialais tout le temps. Quand un crâneur m’embêtait à la récréation, il finissait toujours par m’insulter ou m’appeler « Quatre-Yeux » ou « Grosses Lunettes ». Depuis que je suis Manolito les Grosses Lunettes, m’insulter est devenu une perte de temps. Bon, on peut m’appeler aussi « Grosse Tête » mais, pour l’instant, personne n’y a pensé et, évidemment, je ne compte pas leur donner le bâton pour me faire battre/ tendre de perches. C’était pareil pour mon copain López les Grandes Oreilles ; depuis qu’il a son surnom, maintenant, plus personne ne se moque de ses oreilles.
Un jour, en rentrant de l’école, on s’est pas mal chamaillé parce qu’il disait qu’il préférait ses oreilles à mes lunettes en cul de bouteille et moi, je lui rétorquais que je préférais mes lunettes à ses oreilles en cul de singe.
« Cul de singe », il n’a pas apprécié du tout, n’empêche que c’est vrai. Quand il fait froid, ses oreilles deviennent de la même couleur que les fesses des singes du zoo ; véridique. La mère de Grandes Oreilles lui a dit de ne pas s’en faire parce que, quand on grandit, les oreilles rétrécissent et si elles ne rétrécissent pas, un chirurgien te les coupe et un point c’est tout.
La mère de Grandes Oreilles, elle est super chouette parce qu’elle est divorcée et, comme elle culpabilise, elle ne lève jamais la main sur Grandes Oreilles pour ne pas en rajouter, à cause du traumatisme qu’il a eu et que mademoiselle Esperanza, la psychologue de mon école, est en train de soigner. Ma mère non plus ne veut pas que j’attrape des traumatismes, mais comme elle, elle n’est pas divorcée, elle me donne de temps en temps une bonne taloche, et ça, c’est sa spécialité.

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Barbara nous propose sa traduction :

Le chaînon manqué

Je m'appelle Manolito García Moreno, mais si tu vas à mon quartier et que tu demandes au premier gars qui passe :
—Excusez-moi, Manolito García Moreno, s' il vous plaît ?
Le gars, de deux choses l'une, soit il hausse les épaules, soit il te sort:
—Excusez-moi, mais c' est pas mes oignons.
Parce que Manolito García Moreno, personne connaît, pas même Dumbo López, qui est mon meilleur ami, même si des fois c'est qu'un gros porc et un traître, et d' autres fois un gros porc traître, comme ça, tout collé, appelons un chat un chat, mais c' est mon meilleur ami et il assure un max. A Carabanchel, c'est mon quartier, si je te l'avais pas encore dit, tout le monde me connaît comme Manolito le Binoclard. Tous ceux qui me connaissent, bien sûr. Ceux qui me connaissent pas savent même pas que je porte des lunettes depuis que j'ai cinq ans. Maintenant, c' est tant pis pour eux. On m' a appelé Manolito à cause du camion de mon père et on a appelé le camion Manolito à cause de mon père, qui s' appelle Manolo. Mon père, on l'a appelé Manolo à cause de son père, et ainsi de suite jusqu'à l'origine des temps. Ce qui veut dire, si Steven Spielberg est pas au courant, que le premier dinosaure Velociraptor s' appelait Manolo, et ainsi de suite jusqu'à nos jours. Jusqu'au dernier Manolito García, c' est-à-dire moi, le chaînon manqué. C' est comme ça que m' appelle ma mère dans certains moments critiques, et elle m' appelle pas comme ça parce que c' est une chercheuse des origines de l'humanité. Elle m' appelle comme ça quand elle est sur le point de me coller une baffe ou une calotte. Moi, ça m' agace qu'elle m' appelle le chaînon manqué, et elle, ça l'agace que dans le quartier on m' appelle le Binoclard. Il est évident que ce sont des trucs différents qui nous agacent, même si on fait partie de la même famille. Moi, ça me plaît qu'on m'appelle Binoclard. Dans mon école –je vais à « Diego Velázquez »– tous ceux qui sont un peu importants ont un surnom. Avant d' avoir un surnom, je chialais pas mal, moi. Quand un sale crâneur s' en prenait à moi pendant la récré, il finissait toujours par m'insulter et par m' appeler quat'-z-yeux ou binoclard. Depuis que je suis Manolito le Binoclard, m' insulter, c'est une perte de temps. D' accord, ils pourraient aussi m' appeler Maous Melon, mais ça, pour le moment, ça leur est pas venu à l'idée, et bien sûr, je compte pas les mettre sur la piste. Il arrivait la même chose à mon ami Dumbo López; depuis qu'il a son surnom, maintenant plus personne se moque de ses oreilles. Il y a eu un jour où on s' est disputé comme des chiffonniers, en revenant de l'école, parce qu'il disait qu'il préférait ses oreilles à mes lunettes-cul-de-bouteille, et moi je disais que je préférais mes lunettes à ses oreilles-cul-de-singe. Cette histoire de cul de singe ne lui a pas plu du tout, mais c' est la vérité. Quand il fait froid ses oreilles prennent la même couleur que le cul des singes du zoo; ceci a été prouvé en présence d'un huissier. La mère de Dumbo lui a dit de pas s'en faire parce qu'en grandissant les oreilles rétrécissent ; et si elles rétrécissent pas, un chirurgien te les coupe et basta. La mère de Dumbo, elle assure un max, parce qu'elle est divorcée, et comme elle se sent coupable, elle lève jamais la main sur Dumbo pour pas qu'il soit encore plus traumatisé, surtout que Mademoiselle Esperanza, la psy de mon école, est en train de le soigner. Ma mère veut pas non plus que j'attrape un traumatisme mais, comme elle est pas divorcée, elle me flanque de temps en temps une calotte, car c' est sa spécialité.

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Amélie nous propose sa traduction :

Le dernier singe

Je m’appelle Manolito García Moreno, mais si tu viens dans mon quartier et que tu demandes au premier mec qui passe :
« Eh, s’il te plaît, Manolito García Moreno? »
Un coup sur deux, le mec, ou il hausse les épaules, ou il te sort :
« Hein, qu’est-ce que tu me racontes, toi ? »
Parce que même Lopez Feuilles de chou ne sait pas que je m’appelle Manolito García Moreno, et pourtant c’est mon meilleur ami, même si parfois c’est un dégueulasse, un traître et compagnie, un traître-dégueulasse, c’est ça, en un seul mot et en toutes lettres, mais c’est mon meilleur ami et il est d’enfer.
A Carabanchel – c’est mon quartier, au cas où je ne te l’avais pas dit – tout le monde m’appelle Manolito la Binocle. Tous ceux qui me connaissent, bien entendu. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent même pas que je porte des lunettes depuis mes cinq ans. Et maintenant, qu’ils l’oublient.
On m’a donné le nom de Manolito à cause du camion de mon père, et on a donné le nom de Manolito au camion à cause de mon père, qui s’appelle Manolo. On a donné le nom de Manolo à mon père à cause de son père, et ainsi de suite jusqu’à la nuit des temps. Tout ça pour dire que, pour le cas où Steven Spielberg ne le saurait pas, le premier dinosaure Velociraptor s’appelait Manolo, et ainsi de suite jusqu’à nos jours. Jusqu’au dernier Manolito García, moi-même, le dernier singe. C’est comme ça que ma mère m’appelle à certains moments critiques, et elle ne m’appelle pas comme ça parce qu’elle enquête sur les origines de l’humanité. Elle m’appelle comme ça quand elle est sur le point de me flanquer une tarte ou de me taper. Ça m’ennuie qu’elle m’appelle le dernier singe, et ça l’ennuie que dans le quartier on m’appelle la Binocle. Il est évident qu’on n’est pas ennuyé par les mêmes choses, bien qu’on soit de la même famille.
Moi, j’aime bien qu’on m’appelle la Binocle. Dans mon collège, le « Diego Velázquez », tous ceux qui sont un peu connus ont un surnom. Avant d’avoir un surnom, je pleurais pas mal. Quand un petit crâneur s’en prenait à moi à la récré, il finissait toujours par m’insulter et par m’appeler quatre-yeux ou la Binocle. Depuis que je suis Manolito la Binocle, m’insulter est une perte de temps. Bon, ils peuvent aussi m’appeler Grosse tête, mais pour l’instant, ça ne leur est pas venu à l’esprit, et je ne compte pas leur donner l’idée, bien évidemment. Il est arrivé la même chose à mon ami López Feuilles de chou ; depuis qu’il a son surnom, personne ne s’en prend plus à ses oreilles.
Un jour que nous retournions au collège, nous nous sommes disputés en se donnant des coups de pieds parce qu’il disait qu’il préférait ses oreilles à mes lunettes en cul de bouteille, et je lui répondais que je préférais mes lunettes à ses oreilles en cul de singe.
Le coup du cul de singe ne lui a pas plu du tout, mais c’est la vérité. Quand il fait froid, ses oreilles deviennent de la même couleur que le cul des singes du zoo ; c’est prouvé. La mère de Feuilles de chou lui a dit de ne pas s’inquiéter parce qu’en grandissant, les oreilles rapetissent ; et si elles ne rapetissent pas, un chirurgien te les coupe, un point c’est tout.
La mère de Feuilles de chou est d’enfer parce qu’elle est divorcée, et comme elle se sent coupable, elle ne frappe jamais Feuilles de chou pour ne pas amplifier son traumatisme, soigné par Señorita Esperanza, la psychologue de notre collège. Ma mère non plus ne veut pas que je sois traumatisé, mais comme elle n’est pas divorcée, elle me donne de temps en temps une tape derrière la tête, c’est sa spécialité.

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Laure L. nous propose sa traduction :

Le dernier singe

Je m’appelle Manolito Garcia Moreno, mais si tu vas dans mon quartier et que tu demandes au premier type qui passe :
Oh s’te plaît, tu connais Manolito García Moreno ?
Le type, au choix, soit il hausse les épaules soit il te lâche :
Qu’est ce que j’en ai à faire moi ?
Parce que personne ne me connaît comme Manolito García Moreno, pas même Jumbo López qui est mon meilleur copain, même si parfois c’est un dégeu et un traître et d’autre fois un traître dégeu, comme ça tout ensemble mot pour mot, mais c’est mon meilleur copain et on s’en fout.
A Carabanchel, c’est mon quartier au cas où je ne te l’aurais pas dit, tout le monde me connaît comme Manolito le Binoclard. Tous ceux qui me connaissent bien sûr. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent pas que je porte des lunettes depuis mes cinq ans. Bien fait pour eux.
On m’a appelé Manolito à cause du camion de mon père, et on a appelé le camion Manolito à cause de mon père qui s’appelle Manolo. Mon père s’appelle Manolo à cause de son père, et ainsi de suite depuis la nuit des temps. C'est-à-dire, au cas où Steven Spielberg ne le saurait pas, que le premier dinosaure Vélociraptor s’appelait Manolo, et ainsi de suite jusqu’à nos jours. Jusqu’au dernier Manolito García Moreno, moi, le dernier singe. C’est comme ça que ma mère m’appelle à certains moments clefs, et elle ne m’appelle pas comme ça parce qu’elle fait des recherches sur les origines de l’humanité. Elle m’appelle comme ça quand elle est sur le point de me mettre une tarte ou une calotte. Moi ça m’ennuie qu’on m’appelle le dernier singe, et elle ça l’ennuie que dans le quartier on m’appelle le Binoclard. Il est clair que même si nous sommes de la même famille, des choses différentes nous ennuient.
Moi j’aime qu’on m’appelle le Binoclard. Dans mon école, à « Diego Velázquez », tous ceux qui sont un peu importants ont un surnom. Avant d’en avoir un, moi je pleurais pas mal. Quand un petit malin me cherchait des noises dans la cour de récré il finissait toujours par m’insulter et m’appeler quatre-yeux ou binoclard. Depuis que je suis Manolito le Binoclard c’est une perte de temps de m’insulter. Bon ils peuvent aussi m’appeler Big tête, mais pour le moment ils n’y ont pas pensé, et bien sûr je ne pense pas leur donner de piste. Il se passait la même chose avec mon copain Jumbo Lopez. Depuis qu’il a son surnom plus personne ne le cherche avec ses oreilles.
Un jour on s’est vraiment disputé en rentrant de l’école parce qu’il disait qu’il préférait ses oreilles à mes culs de bouteilles, et je lui disais que je préférais mes lunettes à ses oreilles de cul de singe.
L’histoire du cul de singe ne lui a pas plu du tout mais c’est vrai. Quand il fait froid ses oreilles prennent la même couleur que le cul des singes du zoo ; ceci est démontré devant notaire. La mère de Jumbo lui a dit de ne pas s’inquiéter parce en grandissant les oreilles rétrécissent, et si elles ne rétrécissent pas, un chirurgien te les coupe un point c’est tout. La mère de jumbo on s’en fout parce qu’elle est divorcée, et comme elle se sent coupable elle ne tape jamais Jumbo pour ne pas amplifier le traumatisme que soigne mademoiselle Esperanza, la psychologue de mon école. Ma mère non plus ne veut pas me traumatiser, mais comme elle n’est pas divorcée, elle me met de temps en temps une calotte, sa spécialité.

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Blandine nous propose sa traduction :

Le dernier singe

Je m’appelle Manolito García Moreno, mais si tu viens dans mon quartier et que tu demandes au premier mec qui passe :
- Excusez-moi, s’il vous plaît, Manolito García Moreno ?
Le mec, ni une ni deux, ou bien il hausse les épaules ou il te lâche :
- Ok et qu’est-ce que tu me racontes de neuf ?
Parce qu’il ne connaît pas de Manolito García Moreno ni même Dumbo López, qui est mon meilleur ami, même si c’est parfois un porc et un traître et plus, un porc traître, ainsi, tout ensemble et avec toutes ses lettres, mais c’est mon meilleur ami et il se la pète grave.
À Carabanchel, c’est mon quartier, au cas où je ne te l’aurais pas dit, tout le monde me connaît comme Manolito Binoclard. Tous ceux qui me connaissent bien entendu. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent même pas que je porte des lunettes depuis que j’ai cinq ans. Mais bon, tant pis pour eux.
On m’a appelé Manolito à cause du camion de mon père et ils ont appelé le camion Manolito à cause de mon père, qui s’appelle Manolo. Ils ont appelé mon père Manolo à cause de son père, et ainsi de suite depuis la nuit des temps. C’est-à-dire qu’au cas où Steven Spielberg ne le saurait pas, le premier dinosaure Velocéraptor s’appelait Manolo, et ainsi de suite jusqu’à nos jours. Jusqu’au dernier Manolito García, c’est-à-dire moi, le dernier singe. C’est comme ça que maman m’appelle dans certains moments cruciaux, et elle ne m’appelle pas comme ça parce qu’elle est chercheuse des origines de l’Humanité. Elle m’appelle ainsi quand elle est sur le point de me coller une beigne ou une claque. Et moi j’en ai marre qu’elle m’appelle le dernier singe, et elle, elle en a marre que ceux du quartier m’appellent Binoclard. Comme quoi, on en a marre de choses différentes bien que nous soyons de la même famille.
Moi j’aime qu’on m’appelle Binoclard. Dans mon collège, le « Diego Velázquez », tous ceux qui sont un peu important ont un surnom. Avant d’avoir un surnom je pleurais beaucoup. Quand un petit crâneur m’embêtait à la récré, il finissait toujours par m’insulter et m’appeler quatre-yeux ou binoclard. Depuis que je suis Manolito Binoclard m’insulter est une perte de temps. Bon, ils peuvent aussi m’appeler Grosse Tête, mais ça ne leur est pas encore venu à l’esprit et je ne pense pas non plus les envoyer dans cette direction. Il est arrivé la même chose à mon ami Dumbo López ; depuis qu’il a son surnom maintenant personne ne l’embête avec ses oreilles.
Un jour en rentrant du collège nous nous insultions l’un après l’autre, parce qu’il disait qu’il préférait ses oreilles à mes verres en cul de bouteille et je lui rétorquais que je préférais mes lunettes à ses oreilles en cul de singe.
Le cul de singe ne lui a pas du tout plu, mais c’est vrai quoi. Quand il fait froid, ses oreilles ont la même couleur que le cul des singes du zoo ; et c’est démontré devant notaire. La mère de Dumbo lui a dit de ne pas s’inquiéter car quand il serait plus grand ses oreilles rétréciraient, et si elles ne rétrécissent pas, le chirurgien te les coupe et un point c’est tout.
La mère de Dumbo se la joue grave car elle est divorcée, et comme elle se sent responsable elle ne lève jamais la main sur Dumbo afin qu’il n’ait pas un traumatisme plus grand que celui que lui soigne Mademoiselle Espéranza, qui est la psychologue du collège. Ma mère non plus ne veut pas me causer de traumatismes mais, comme elle n’est pas divorcée, elle me fout une claque de temps en temps, ce qui est sa spécialité.

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Chloé nous propose sa traduction :

Le dernier des derniers.

Je m'appelle Manolito García Moreno, mais si tu rentres dans mon quartier et que tu demandes au premier type qui passe :
- S’il vous plaît, Manolito García Moreno ?
Le type, une fois sur deux, hausse les épaules ou te sort :
- Mais, de qui vous me parlez là ?
Car personne me connaît sous le nom de Manolito García Moreno, même pas Dumbo López, qui est mon meilleur ami, même si c'est parfois un cochon et un traître et tout et tout, un cochon traître, comme ça, tout ensemble et en toutes lettres, mais c'est mon meilleur ami et il est trop, trop sympa.
A Carabanchel, c'est mon quartier, au cas où je te l'aurais pas dit, tout le monde me connaît sous le nom de Manolito La Binocle. Enfin, tous ceux qui me connaissent bien sûr. Ceux qui me connaissent pas savent même pas que je porte des lunettes depuis que j'ai cinq ans. Maintenant, c’est tant pis pour eux.
On m'a appelé Manolito à cause du camion de mon père, et le camion on l'a appelé Manolito à cause de mon père, qui s'appelle Manolo. Mon père, on l'a appelé Manolo à cause de son père, et c'est comme ça depuis la nuit des temps. C'est-à-dire que, si Steven Spielberg le sait pas, le premier dinosaure Vélociraptor s'appelait Manolo et ainsi de suite jusqu'à aujourd'hui.
Jusqu'au dernier Manolito García, c’est-à-dire moi, le dernier des derniers. C'est comme ça que m'appelle ma mère dans certains moment cruciaux, et elle m'appelle pas comme ça parce qu'elle fait des recherches sur les origines de l'humanité. Elle m'appelle comme ça quand elle est sur le point de me coller une tarte ou une tape derrière la tête. Moi ça m'embête qu'elle m'appelle le dernier des derniers, et elle, ça l'embête qu'on m'appelle La Binocle dans le quartier. C’est normal que ce soit des choses différentes qui nous embêtent, même si on est de la même famille.
Moi j'aime bien qu'on m’appelle La Binocle. Dans mon collège, le «Diego Velázquez», tous ceux qui sont un peu importants ont un surnom. Avant d'avoir un surnom, je pleurais assez souvent. Quand un petit caïd me taquinait à la récrée, il finissait toujours par m'insulter et par m'appeler quatre-yeux ou la binocle. Mais maintenant que je suis Manolito La Binocle, m'insulter est une perte de temps. Bon, ils peuvent aussi m'appeler le Cabochard, mais pour l'instant ça leur est pas venu à l'idée, et, bien sûr, je vais pas les mettre sur la piste. Il est arrivé la même chose à mon ami Dumbo López : depuis qu'il a son surnom, maintenant personne le taquine avec ses oreilles.
Un jour, alors qu'on rentrait du collège, on s’est disputé à coups de pieds parce qu'il me disait qu'il préférait ses oreilles à mes lunettes en cul de bouteille et moi je lui répondais que je préférais mes lunettes à ses oreilles en cul de singe.
Le truc du cul de singe il a pas aimé du tout, mais c'est que c'est vrai. Quand il fait froid, ses oreilles deviennent de la même couleur que le cul des singes du zoo ; ça a été démontré par-devant notaire. La mère de Dumbo lui a dit qu'il fallait pas qu'il s'inquiète parce que les oreilles elles rétrécissent quand on grandit ; et si elles rétrécissent pas, un chirurgien les coupe un point c'est tout.
La mère de Dumbo elle est trop, trop sympa parce qu'elle est divorcée, et comme elle se sent coupable, elle lève jamais la main sur Dumbo pour pas aggraver le traumatisme qu'il fait soigner par mademoiselle Esperanza, la psychologue de mon collège. Moi non plus je veux pas que ma mère me file des traumatismes mais, comme elle est pas divorcée, elle me flanque de temps en temps une tape derrière la tête, car c'est sa spécialité.

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Laëtitia nous propose sa traduction :

Le dernier singe

Je m’appelle Manolito Garcia Moreno, mais si tu viens dans mon quartier et que tu demandes au premier gars que tu croises :
- Dites, s’il-vous-plaît, connaissez-vous Manolito Garcia Moreno ?
Le gars, de deux choses l’une, ou il hausse les épaules ou il te lance :
- Mais qu’est-ce que vous me racontez ?
Parce que personne ne me connaît sous le nom de Manolito Garcia Moreno ni même Feuilles de chou Lopez, qui est mon meilleur ami, bien que parfois il se conduise en porc et en traître et parfois comme un sale porc de traître, comme ça en un seul mot et en toutes lettres, mais c’est mon meilleur ami et il assure grave.
A Carabanchel, mon quartier, au cas où je ne te l’aurais pas dit, tout le monde me connaît sous le nom de Manolito Binoclard. Tous ceux qui me connaissent, bien sûr. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent même pas que je porte des lunettes depuis l’âge de cinq ans. Maintenant, c’est tant pis pour eux.
On m’a appelé Manolito du nom du camion de mon père et on a appelé le camion Manolito en référence au prénom de mon père, qui s’appelle Manolo. Mon père a hérité de Manolo du prénom de son père, et c’est comme ça depuis l’aube des temps. En fait, au cas où Steven Spielberg ne serait pas au courant, le premier dinosaure Velociraptor s’appelait Manolo, et l’histoire se répète jusqu’à nos jours. Jusqu’au dernier Manolito Garcia, c’est moi, le dernier singe. C’est comme ça que ma mère m’appelle à certains moments cruciaux, et elle ne m’appelle pas comme ça parce que son métier c’est chercheuse des origines de l’humanité. Elle m’appelle comme ça quand elle est sur le point de me mettre une tarte ou une calotte. Je n’aime pas qu’on m’appelle le dernier singe, et elle n’aime pas qu’on m’appelle le Binoclard dans le quartier. Il est évident que nous ne sommes pas agacés par les mêmes choses même si nous sommes de la même famille.
Moi, j’aime qu’on m’appelle Binoclard. Dans mon collège, qui s’appelle « Diego Velázquez », toutes les personnes un peu populaires ont un surnom. Avant d’avoir un surnom je pleurais pas mal. Quand un crâneur me charriait dans la cours de récré, il finissait toujours par m’insulter et par m’appeler quat’z’yeux ou binoclard. Depuis que je suis Manolito Binoclard m’insulter est une perte de temps. Bon, on peut aussi m’appeler Grosse tête, mais pour le moment personne n’en a eu l’idée et je ne pense pas mettre qui que ce soit sur la voie.

Il arrivait la même chose à mon ami Feuilles de chou Lopez ; depuis qu’il a son surnom maintenant personne ne la ramène avec ses oreilles.
Un jour on s’est disputé à coups de pieds alors qu’on rentrait du collège parce qu’il disait qu’il préférait ses oreilles à mes lunettes en cul de bouteille et je lui disais que je préférais mes lunettes à ses oreilles en cul de singe.
Le coup de cul de singe ne lui a pas du tout plu, mais c’est la vérité. Quand il fait froid, ses oreilles deviennent de la même couleur que le cul des singes du zoo ; c’est chose avérée sous contrôle d’huissier. La mère de Feuilles de chou lui a dit de ne pas s’inquiéter parce que quand on grandit les oreilles rétrécissent, un chirurgien te les coupe et alléluia.
La mère de Feuilles de chou, elle assure grave parce qu’elle est divorcée et comme elle se sent coupable elle ne lève jamais la main sur Feuilles de chou pour que le traumatisme qu’est en train de soigner Mademoiselle Esperance, la psychologue du collège, ne soit pas plus important. Ma mère ne veut pas non plus que je chope des traumatismes mais, comme elle n’est pas divorcée, de temps en temps elle me donne une calotte, sa spécialité.

***

Nathalie nous propose sa traduction :

Le moins-que-rien

Je m'appelle Manolito García Moreno mais si tu te ballades dans mon quartier et que tu demandes au premier type venu :

Eh ! Manolito García Moreno, s'il te plaît.

Là, le type, soit il hausse les épaules, soit il lâche :

Eh, qu'est-ce que tu me chantes, toi.

Parce qu'il ne me connaît pas sous le nom de Manolito García Moreno, pas plus qu'il ne connaît le Grandes Oreilles López, qui est mon meilleur ami, même si à certains moments, c'est une saleté et un traître et à d'autres, un sale traître, comme ça, tout attaché et en toutes lettres, mais c'est mon meilleur ami et il est super bien.

A Carabanchel – c'est mon quartier, au cas où tu ne le saurais pas encore -, tout le monde me connaît sous le nom de Manolito Binoclard. Enfin, tous ceux qui me connaissent, évidemment. Ceux qui ne me connaissent pas ne savent même pas que je porte des lunettes depuis l'âge de cinq ans. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, maintenant.

On m'a appelé Manolito à cause du camion de mon père et le camion, on l'a appelé Manolito à cause de mon père, qui se nomme Manolo. Mon père, on l'a appelé Manolo à cause de son père, et ainsi de suite, depuis l'aube des temps. Alors, au cas où Steven Spielberg ne le saurait pas, le premier dinosaure velociraptor s'appelait Manolo, et même encore aujourd'hui. C'est comme ça que ma mère m'appelle, parfois, quand ça chauffe, et elle ne m'appelle pas comme ça parce qu'elle ferait des recherches sur les origines de l'humanité. Elle m'appelle comme ça quand elle est sur le point de me balancer une baffe ou une tape sur la nuque. Moi, j'en ai marre qu'elle m'appelle le moins-que-rien, et elle, elle en a marre qu'on m'appelle le Binoclard. Il est clair qu'on n'en a pas marre des mêmes choses, même si on appartient à la même famille.

Moi, j'aime bien qu'on m'appelle Binoclard. Au collège, le « Diego Velázquez », tous ceux qui sont un peu importants ont un surnom. Avant d'avoir un surnom, je pleurais souvent.
Quand un petit crâneur m'embêtait pendant la récré, il finissait toujours par m'insulter et par m'appeler quatre-yeux ou binoclard. Depuis que je suis Manolito Binoclard, m'insulter est une perte de temps. Bon, ils pourraient aussi m'appeler Grosse Tête mais ils n'y ont pas encore pensé et bien évidemment, je ne pense pas leur tendre la perche. Ça a été pareil pour mon ami, Grandes Oreilles López; depuis qu'il a ce surnom, plus personne ne l'embête au sujet de ses oreilles.

Pourtant, un jour, lui et moi, nous nous sommes battus à coups de pieds quand nous rentrions du collège parce que lui, il disait qu'il préférait ses oreilles à mes lunettes de cul de bouteille et moi, je disais que je préférais mes lunettes à ses oreilles de cul de singe.
Le cul de singe, ça ne lui a pas plu du tout, mais c'est la vérité. Quand il fait froid, ses oreilles deviennent de la même couleur que le cul des singes du zoo; ça a été démontré devant notaire. La mère de Grandes Oreilles lui a dit de ne pas s'en faire, parce que une fois grand, les oreilles rétrécissent; et si ce n'est pas le cas, un chirurgien te les coupe et c'est plus un problème.

La mère de Grandes Oreilles, elle est super bien : elle est divorcée et comme elle se sent coupable, elle ne lève jamais la main sur son fils pour ne pas accentuer le traumatisme dont cherche à le guérir mademoiselle Esperanzas (c'est la psychologue de mon collège). Ma mère non plus ne veut pas que je souffre de traumatisme, mais comme elle n'est pas divorcée, de temps en temps, elle me donne une tape sur la nuque, sa grande spécialité.

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