samedi 4 septembre 2010

Exercice d'écriture : « Animaux dangereux », par Vanessa Canavesi

En photo : Monstre, par beibibum75

Il est apparu ce matin, c'est étrange, je n'en avais jamais connu de comme ça. Mon premier réflexe a été de fuir, de partir loin, le plus loin possible. J'ai cherché autour de moi, mais je n'ai rien trouvé de bon pour me dissimuler. Je n'ai eu d'autre choix que la discrétion : rester le plus calme possible, ne rien faire qui puisse l'énerver. Immobile, presque paralysé, j'attends qu'il daigne s'écarter et quitte enfin mon espace vital. Mais l'être pernicieux reste prostré face à moi, et même s'il me regarde en biais, je sens bien qu'il m'épie depuis le début. Pourquoi ne s'en va-t-il pas ?
C'est une masse toute recourbée, mais je parierais qu'elle atteint les deux mètres de hauteur une fois déployée. Cette créature est vraiment difforme. Ses petits yeux que je distingue seulement par intermittence sont enfouis dans une sorte de crâne proéminent. Je ne comprends pas de quoi est fait le reste de son corps, s'il en est. Quoiqu'il en soit il est énorme. Étrangement, j'ai l'impression que la bête entière est recouverte d'un tapis, comme un manteau laineux. Rien à voir avec mes écailles et mon corps svelte. Je me demande comment elle fait pour ramper au sol avec une telle surcharge. Il est certain qu'elle aura raison de moi si elle parvient à m'atteindre... J'ai l'impression qu'elle s'avance vers moi. Je glisse subrepticement vers la droite, puis file à toute allure presque malgré moi, secoué par un spasme d'horreur. La bête s'est redressée. La malchance continue de me coller à la peau. Impossible de rester là désormais, il me faut m'échapper ; je rampe longtemps, en accordéon, dans toute les directions. Je donne de grandes impulsions à mon corps, mais j'ai beau me déplacer le plus rapidement possible, je reviens toujours face à l'ennemi. Je ne pense pas faire partie des êtres nerveux, mais je commence à en avoir assez. Certes, il est colossal, mais je me sens tout à coup capable de n'en faire qu'une bouchée. Cette créature est réellement dangereuse, mais je crois que je le suis tout autant. Je me souviens de l'existence de mon système de défense, des mes crochets venimeux, mais j'ai perdu mes instincts. L'environnement a évolué, je ne reconnais plus rien : la chaleur est écrasante ici, les odeurs, particulièrement désagréables. C'est à en devenir fou. Je commence à croire que le géant d'en face ne m'attaquera pas, pour la simple raison que je suis inaccessible.

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