samedi 2 octobre 2010

Exercice d'écriture : « Le facteur a sonné », par Auréba Sadouni

En photo : Portrait du facteur Cheval par Coco
par arimaj777

— Alors, qu’est-ce qu’il t’est arrivé, hier ?
— Elle ne t’a pas raconté, Marie, dans quelle galère je me suis trouvée ?
— Non, au moment où elle allait m’en parler, son bus est arrivé. Raconte-moi !
— Si tu savais ! Alors que je venais à peine de me réveiller, le facteur a sonné. Je n’étais pas lavée, pas habillée, et j’avais les cheveux en pétard. Vraiment, j’avais honte qu’on me voie comme ça. Je l’ai fait poireauter un peu sur le palier. J’ai regardé à travers le judas. Sous sa casquette, il avait les sourcils tout froncés. J’avais l’impression qu’il avait l’intention de me tuer. Quand j’ai ouvert la porte, il était en train d’appeler l’ascenseur. Je l’ai appelé, mais il n’a même pas tourné la tête. Je ne sais pas s’il m’a entendue. Il est monté dans l’ascenseur. Dans ses mains, j’ai vu qu’il avait un colis. Je suis sûre que c’est ma tante d’Amérique qui m’a envoyé un cadeau. Franchement, je suis dégoutée !
— Ah, mais t’as pas réussi à le rattraper ?
— Si, j’ai déboulé les escaliers et je suis arrivée avant lui au rez-de-chaussée, mais quand il m’a vue, il m’a envoyée balader. Il m’a dit qu’il en avait marre de passer son temps à attendre alors qu’il avait plein de courrier à distribuer, et tu sais quoi ? Il m’a dit que je n’avais qu’à aller le chercher à la Poste. Il n’a même pas voulu me le donner.
— Oh non !
— T’as vu ça ?!
— De toute façon, cet après-midi, on n’a pas cours de maths. Je peux t’accompagner à la Poste, si tu veux.
— Oui, d’accord, mais je n’ai pas fini de te raconter !
— Quoi ?
— Eh ben, c’est qu’hier, j’ai passé toute la journée enfermée dehors !
— Tu n’avais pas les clefs sur toi ?
— Non, je les avais laissées sur la serrure, à l’intérieur, et la porte s’est refermée derrière moi. J’étais donc dans l’allée, pieds nus et en pyjama.
— Oh la honte ! Mais qu’est-ce que t’as fait ?
— Rien ! Je suis restée comme une misérable devant ma porte, en espérant que mon frère rentre. Mais voilà, il était très occupé. Il devait être avec sa copine. J’ai dû attendre qu’il huit heures du soir pour pouvoir enfin rentrer. En plus, j’avais trop faim et j’avais trop envie de faire pipi.
— Mais t’aurais pu demander à un voisin !
— J’ai sonné chez tous mes voisins, mais il n’y avait personne. Je ne suis pas sortie dehors. Il faisait trop froid !
— Tu vois, c’est le facteur qui se plaignait d’attendre, mais moi, hier, je n’ai pas attendu cinq minutes, mais huit heures.
— Si ça se trouve, le colis, il n’était pas pour toi. Peut-être qu’à force de t’attendre trop longtemps à chaque fois, il a voulu se venger. Il faut toujours t’attendre, mêmemoi, des fois, j’en ai marre.
— Allez ! Arrête tes conneries !

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