dimanche 3 octobre 2010

Version de CAPES, 12

Miguel Cara de Ángel, el hombre de toda la confianza del Presidente, entró de sobremesa.
—¡Mil excusas, señor Presidente! —dijo al asomar a la puerta del comedor. (Era bello y malo como Satán)—. ¡Mil excusas, Señor Presidente, si vengo-ooo... pero tuve que ayudar a un leñatero con un herido que recogió de la basura y no me fue posible venir antes! ¡Informo al Señor Presidente que no se trataba de persona conocida, sino de uno así como cualquiera!
El Presidente vestía, como siempre, de luto riguroso: negros los zapatos, negro el traje, negra la corbata, negro el sombrero que nunca se quitaba; en los bigotes canos, peinados sobre las comisuras de los labios, disimulaba las encías sin dientes, tenía los carrillos pellejudos y los párpados como pellizcados.
—¿Y se lo llevó adonde corresponde?... —interrogó desarrugando el ceño...
—Señor...
—¡Qué cuento es ése! ¡Alguien que se precia de ser amigo del Presidente de la República no abandona en la calle a un infeliz herido víctima de oculta mano!
Un leve movimiento en la puerta del comedor le hizo volver la cabeza.
—Pase, general...
—Con el permiso del Señor Presidente...
—¿Ya están listos, general?
—Sí, Señor Presidente...
—Vaya usted mismo, general; presente a la viuda mis condolencias y hágale entrega de esos trescientos pesos que le manda el Presidente de la República para que se ayude en los gastos del entierro.
El general, que permanecía cuadrado, con el quepis en la diestra, sin parpadear, sin respirar casi, se inclinó, recogió el dinero de la mesa, giró sobre los talones y, minutos después, salió en automóvil con el féretro que encerraba el cuerpo de ese animal.
Cara de Ángel se apresuró a explicar:
—Pensé seguir con el herido hasta el hospital, pero luego me dije: «Con una orden del Señor Presidente lo atenderán mejor.» Y como venía para acá a su llamado y a manifestarle una vez más que no me pasa la muerte que villanos dieron por la espalda a nuestro Parrales Sonriente...
—Yo daré la orden...
—No otra cosa podía esperarse del que dicen que no debía gobernar este país...
El Presidente saltó como picado.
—¿Quiénes?
—¡Yo, el primero, Señor Presidente, entre los muchos que profesamos la creencia de que un hombre como usted debería gobernar un pueblo como Francia, o la libre Suiza, o la industriosa Bélgica o la maravillosa Dinamarca!... Pero Francia..., Francia sobre todo... ¡Usted sería el hombre ideal para guiar los destinos del gran pueblo de Gambetta y Víctor Hugo!

Miguel Ángel Asturias, El Señor Presidente

***

Julie nous propose sa traduction :

Miguel Tête d'Ange, le bras droit du Président, arriva alors que tout le monde s'attardait à table.
— Mille excuses, Monsieur le Président! -lança-t-il en passant la tête par la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan)-. Mille excuses, Monsieur le Président, j'arriiii-iiive... mais j'ai du aider un bûcheron qui avait récupéré un blessé dans les ordures et je n'ai pas pu venir avant! Je tiens à informer Monsieur le Président qu'il ne s'agissait pas d'une personne connue, mais de Monsieur tout-le-monde!
Le Président portait rigoureusement, comme toujours, ses habits de deuil : les chaussures noires, le costume noir, la cravate noire, le chapeau noir qu'il ne quittait jamais; sous sa moustache blanche, lissée sur les commissures de ses lèvres, il cachait ses gencives édentées. Il avait les joues flasques et ses paupières avaient l'air pincées.
— Il l'a donc conduit là où il faut?... -interrogea-t-il en défronçant les sourcils...
— Monsieur...
— Qu'est ce que c'est que cette histoire! Quelqu'un qui se vante d'être l'ami du Président de la République n'abandonne pas en pleine rue un malheureux blessé victime d'une main occulte!
Un bref mouvement sur le pas de la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
— Entrez, général...
— Avec votre permission, Monsieur le Président...
— Ils sont déjà prêts, général?
— Oui, Monsieur le Président...
— Allez-y vous même, général; présentez mes condoléances à la veuve et remettez-lui ces trois-cent pesos que lui envoie le Président de la République pour participer aux frais de l'enterrement.
Le général, qui restait au garde-à-vous, le képi incliné sur la droite, sans ciller, presque sans respirer, s'inclina, récupéra l'argent posé sur la table, tourna les talons et quelques minutes après, partit en voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Tête d'Ange s'empressa d'expliquer :
— J'ai pensé conduire le blessé jusqu'à l'hôpital, mais ensuite je songeai : «Avec une ordonnance de Monsieur le Président, ils s'en occuperont mieux.» Et comme je me rendais ici-même à votre demande et pour vous faire savoir une fois de plus que je ne supporte pas que des scélérats aient tué par derrière notre Parrales Tout Sourire...
— Je rédigerai l'ordonnance...
— On ne pouvait attendre autre chose de celui dont on dit qu'il ne devait pas gouverner ce pays...
Le Président bondit comme vexé.
— Qui?
— Moi le premier, Monsieur le Président, entre tous ceux que nous sommes à soutenir l'idée qu'un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la libre Suisse, ou l'industrieuse Belgique ou le merveilleux Danemark!... Mais la France..., la France surtout... Vous seriez l'homme idéal pour guider les âmes du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Stéphanie nous propose sa traduction :

Miguel Gueule d'Ange, l'homme de confiance du Président, fit son entrée tout de suite après la fin du repas.
— Mille excuses, Monsieur le Président, — dit-il en passant par la porte de la salle à manger (il était beau et mauvais comme Satan) — j'arrive, j'arrive... mais j'ai dû aider un bûcheron avec un blessé qu'il avait trouvé dans une poubelle. Il m'a donc été impossible de venir plus tôt. J'informe Mr le Président qu'il ne s'agissait pas d'une personnalité publique mais d'un individu quelconque !
Monsieur le Président portait, comme toujours, les habits d'un deuil rigoureux : noires étaient ses chaussures, noire sa cravate, noir son chapeau que jamais il n'ôtait ; dans ses moustaches grises, brossées sur la commissure de ses lèvres, il dissimulait des gencives édentées, ses joues étaient flasques et ses paupières pincées.
— L'avez-vous conduit là où il convient ?
— Monsieur...
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Quelqu'un qui se targue d'être l'ami du Président de la République n'abandonne pas dans la rue un malheureux blessé, victime d'une main occulte !
Un léger mouvement à la porte de la salle à manger le fit se retourner.
— Entrez, général...
— Avec votre permission, Monsieur le Président...
— Êtes-vous prêt, général ?
— Oui, Monsieur le Président...
— Présentez-vous en personne, général, présentez mes condoléances à la veuve et remettez-lui ces trois cents pesos pour pallier les frais de l'enterrement.
Le général, qui demeurait droit comme un I, le képi dans la main droite, sans ciller, presque sans respirer, s'inclina soudainement, prit l'argent qui se trouvait sur la table, tourna les talons et, au bout de quelques minutes, sortit de la voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Gueule d'Ange s'empressa d'expliquer :
— J'ai pensé transporté le blessé à l'hôpital, mais ensuite je me suis dit : « Avec l'ordre de Monsieur le Président, il aurait droit à une meilleure prise en charge. Et comme je venais ici à votre demande ainsi que pour vous témoigner, une fois de plus, que je ne me remets pas de la mort de notre « Parrales Sonrientes » lâchement assassiné par des scélérats.
— Je vais vous donner l'ordre.
— Je ne pouvais espérer autre chose venant de celui dont on dit qu'il ne devrait pas diriger ce pays...
Le Président sursauta, comme offensé.
— Qui sont ces « on »?
— Moi le premier, Monsieur le Président, je me trouve parmi ceux qui affichent la croyance qu'un homme comme vous devrait diriger un peuple comme la France, ou la Suisse Libre, ou l'industrieuse Belgique ou le merveilleux Danemark !... Mais la France..., la France surtout... Vous seriez l'homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo.

***

Alexis nous propose sa traduction :

Miguel Visage d'Ange, l'homme de confiance du président, est arrivé après le repas.
— Mille excuses, monsieur le Président ! —a-t-il dit en apparaissant à la porte de la salle à manger. (Il était beau et méchant
comme Satan)—. Mille excuses, monsieur le Président, j'arrive, j'arrive... mais j'ai dû aider un bûcheron ayant sorti un blessé
des ordures et il ne m'a pas été possible de venir plus tôt ! J'informe monsieur le Président qu'il ne s'agissait pas d'une
personne connue, mais d'un parfait inconnu !
Comme toujours, le Président était habillé comme un jour de grand deuil : noires étaient les
chaussures, noir était le costume, noire était la cravate, noir était le chapeau dont il ne se séparait jamais ; sous sa
moustache blanche, peignée jusqu'à la commissure des lèvres, il dissimulait des gencives dépourvues de dents, il avait la
peau des joues flasque et les paupières pincées.
— Et vous l'avez emmené ou il fallait ?... — a-t-il demandé en défronçant les sourcils.
— Monsieur...
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Quelqu'un qui prétend être l'ami du Président de la République n'abandonne pas
dans la rue un malheureux homme blessé victime d'on ne sait qui !
Un léger mouvement dans la porte de la salle à manger lui a fait tourner la tête.
— Entrez, général...
— Avec votre permission, monsieur le Président...
— Ils sont prêts, général ?
— Oui, monsieur le Président...
— Allez-y vous-même, général, présentez à la veuve mes condoléances et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie
le Président de la République pour l'aider dans les dépenses de l'enterrement.
Le général, qui restait de face, avec le képi dans la main droite, sans cligner des yeux, presque sans respirer, s'est incliné, a
pris l'argent sur la table, a tourné les talons et, quelques minutes plus tard, est parti en voiture avec le cercueil qui
renfermait le corps de cet animal.
Visage d'Ange s'est empressé d'expliquer :
— Je pensais emmener le blessé jusqu'à l'hôpital, mais ensuite je me suis dit : « avec un ordre de monsieur le Président on
s'en occupera mieux.» Et comme je venais ici suite à votre appel et pour vous manifester une fois de plus que je n'ai pas
oublié que de traîtres scélérats ont assassiné notre Parrales Sonriente.
—Je donnerai l'ordre...
—On ne pouvait rien attendre de plus de celui qui, selon certains, ne devait pas gouverner ce pays...
Le Président a réagi comme si un insecte l'avait piqué.
—Qui sont-ils ?
—Moi, le premier, Monsieur le Président, parmi tous ceux qui croient sincèrement qu’un homme comme vous devrait
gouverner un peuple comme la France, ou la Suisse libre, ou l’industrielle Belgique ou le merveilleux Danemark !... Mais la
France, surtout la France… Vous seriez l’homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor
Hugo.

***

Vanessa nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Ángel, bras droit du Président, entra après le repas, alors que celui-ci était encore attablé.
— Mille excuses, Monsieur le Président ! s'écria-t-il en passant la porte de la salle à manger. (Il était beau et méchant comme Satan.) — Mille excuses, Monsieur le Président, me voilà, me voilà... mais j'ai du venir en aide à un bûcheron qui avait ramassé un blessé dans les ordures, et je n'ai pas pu arriver avant ! J'informe Monsieur le Président qu'il ne s'agissait pas d'une personne connue mais de quelqu'un comme ça, n'importe qui !
Le Président était vêtu, comme toujours, du deuil de rigueur : chaussures noires, costume noir, cravate noire, chapeau noir qu'il ne quittait jamais. Dans ses moustaches blanches, peignées sur les commissures des lèvres, il dissimulait des gencives édentées ; il avait la peau des joues flasque et les paupières pincées.
— Et l'avez-vous conduit là où il convient ?... — interrogea-t-il, défroissant ses sourcils.
— Monsieur...
— Qu'est-ce que vous me chantez là ! Quelqu'un qui se targue d'être l'ami du Président de la République ne peut pas abandonner dans la rue un malheureux blessé victime de mains occultes !
Un léger mouvement à la porte de la salle à manger le fit se retourner.
— Entrez, général...
— Avec la permission de Monsieur le Président...
— Êtes-vous prêts, général ?
— Oui, Monsieur le Président...
— Allez-y vous-même, général ; présentez à la veuve mes condoléances, et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour pallier les coûts de l'enterrement.
Le général, qui se tenait droit, avec son képi dans la main droite, sans sourciller, presque sans respirer, se baissa, recueillit l'argent sur la table, tourna sur lui-même et, quelques minutes plus tard, sortit en voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Cara de Ángel expliqua à la hâte :
— J'ai pensé accompagner le blessé jusqu'à l'hôpital, mais ensuite je me suis dit : « Avec un ordre de Monsieur le Président, ils s'en occuperont mieux. » Et comme j'accourais ici à votre appel et pour vous manifester ma colère quant à la mort que des scélérats ont donnée ainsi à notre Perrales Sonriente...
— Je vais donner l'ordre.
— On ne pouvait espérer mieux de celui dont on prétend qu'il ne devrait pas gouverner ce pays...
Le Président sursauta, piqué au vif.
— Qui prétend cela ?
— Moi le premier, Monsieur le Président, parmi tant d'autres, qui affichent la croyance qu'un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la libre Suisse, ou l'industrielle Belgique, ou le magnifique Danemark !... Mais la France... Surtout la France. Vous seriez l'homme idéal pour guider les destinées du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Olivier nous propose sa traduction :

Miguel Gueule d'Ange, l'homme en qui le Président avait une confiance totale, arriva une fois le repas fini.
– Milles excuses, monsieur le Président ! – dit-il en entrant par la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan) – Milles excuses, monsieur le Président, j'arrive à l'instant ... c'est qu'il m'a fallu aider un bûcheron qui avait extrait des poubelles une personne blessée et je n'ai pas pu être là avant. J'informe monsieur le Président qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une personne connue, mais d'un simple citoyen lambda.
Le Président était, comme toujours, habillé en tenue de deuil : chaussures noires, costume noir, cravate noire, et chapeau noir qu'il n'enlevait jamais. Sa moustache plus sel que poivre, peignée aux commissures des lèvres, dissimulait des gencives sans dents, il avait la peau des joues flasque et les paupières comme pincées.
– Et l'avez-vous conduit où il convenait ?... – demanda-t-il en relevant les sourcils...
– Monsieur …
– Qu'est ce que vous me chantez là ? Quelqu'un qui se targue d'être l'ami du Président de la République n'abandonne pas dans la rue une malheureuse victime, blessée par on ne sait qui.
Un léger mouvement près de la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête
– Entrez, général...
– Avec votre permission, monsieur le Président, …
– Sont-ils prêts, général ?
– Oui, monsieur le Président.
– Que ce soit vous qui y alliez, général. Présentez à la veuve mes condoléances et remettez lui ces trois cents pesos que le Président de la République lui envoie afin qu'elle puisse payer les frais liés à l'enterrement.
Le général, qui se maintenait au garde à vous, le képi à la main droite, sans cligner des yeux, presque sans respirer, s'inclina, récupéra l'argent sur la table, tourna les talons et, quelques minutes plus trad, sortit en voiture, avec le cercueil qui enfermait le corps de cet animal.
Gueule d'Ange se hâta de s'expliquer :
– J'ai pensé accompagner le blessé à l'hôpital, mais ensuite je me suis dit : « Avec un mot de monsieur le Président, ils s'en occuperont certainement mieux ». Et comme je venais là sur votre commandement et pour vous avouer une fois de plus que je ne me remets pas de la mort de « Parrales Sonriente », causée par ces scélérats...
– Je leur en donnerai l'ordre.
– Je ne pouvais espérer rien d'autre de celui dont on dit qu'il ne devrait pas gouverner ce pays
Le Président sursauta, comme offusqué.
– Qui « on » ?
– Moi le premier, monsieur le Président, je suis de ceux qui répandent l'idée qu'un homme comme vous devrait gouverner un pays comme la France, ou la libre Suisse, ou l'industrieuse Belgique, ou le merveilleux Danemark ! Mais la France... la France surtout... Vous seriez l'homme idéal pour guider le destin des concitoyens de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Perrine nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Ángel, l'homme en qui le Président mettait toute sa confiance, arriva en plein milieu du repas.
— Mille excuses, Monsieur le Président!— s'exclama-t-il en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan)—. Mille excuses, Monsieur le Président, si j'arri-iiive...c'est que j'ai dû aider un bûcheron qui avait secouru un blessé pris au piège dans une poubelle, ainsi je me suis trouvé dans l'impossibilité de venir avant! Je vous informe, Monsieur le Président, qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un de connu, mais d'une personne quelconque!
Le Président, comme d'habitude, était rigoureusement habillé en deuil : les chaussures étaient noires, le costume était noir, la cravate était noire, le chapeau que jamais il n'ôtait était noir ; sous sa moustache blanche, qui recouvrait la commissure de ses lèvres, il dissimulait des gencives édentées ; ses joues étaient flasques et ses paupières ridées.
— Et l'avez-vous emmené en lieu sûr ?… — interrogea-t-il, fronçant les sourcils...
— Monsieur...
— Que me dites-vous! Une personne qui a l'honneur d'être ami du Président de la République n'abandonne pas dans la rue un malheureux blessé victime d'un inconnu!
La porte de la salle à manger s'ouvrit légèrement ; il tourna la tête en sa direction.
— Entrez, général...
— Avec l'autorisation de Monsieur le Président...
— Êtes-vous déjà prêts, général ?
— Oui, Monsieur le Président...
— Allez-y vous même, général ; présentez à la veuve mes condoléances et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour l'aider à régler les frais d'enterrement.
Le général, qui demeurait droit comme un roc, le képi dans la main droite, sans sourciller, presque sans respirer, se pencha, ramassa l'argent disposé sur la table, tourna les talons et, quelques minutes plus tard, s'en alla dans une voiture chargée du cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Cara de Ángel s'empressa alors de fournir une explication :
— J'ai d'abord pensé accompagner le blessé jusqu'à l'hôpital, puis je me suis dit : « Avec une recommandation de Monsieur le Président, il s'en occuperont mieux ». Et comme je venais par ici, à votre demande, et pour vous prouver une fois de plus que je suis prêt à mourir pour venger notre cher Parrales Sonriente, massacré par ces scélérats...
— Je ferai une recommandation...
— On ne pouvait pas moins attendre de celui dont certains disent qu'il ne devait pas gouverner ce pays...
Le Président fut piqué au vif.
— Qui donc ?
— Moi le premier, Monsieur le Président, parmi tous ceux qui ont l'intime conviction qu'un homme comme vous devrait plutôt diriger une nation comme la France, ou la Suisse neutre, ou l'ingénieuse Belgique, ou encore le merveilleux Danemark!... Mais la France..., oui surtout la France... Vous seriez l'homme idéal pour conduire les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo!

***

Auréba nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Angel, l’homme de confiance du Président, entra à la fin du repas.
— Mille excuses, monsieur le Président ! – dit-il en se montrant à la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan) –. Mille excuses, Monsieur le Président, si je viens…mais j’ai dû aider un bûcheron avec un blessé qu’il a ramassé de la saleté et il ne m’a pas été possible de venir avant ! J’informe Monsieur le Président qu’il ne s’agissait pas d’une personne connue, mais d’un type quelconque.
Le Président était, comme toujours, en tenue de deuil rigoureux : les chaussures, noires, le costume, noir, la cravate, noire, le chapeau qu’il n’enlevait jamais, noir ; sur sa moustache blanche, peignée sur les commissures des lèvres, il dissimulait ses gencives sans dents, il avait la peau des joues flasque, et les paupières comme pincées.
— Et il l’a amené là où il se doit ?...– interrogea-t-il en défronçant les sourcils…
— Monsieur…
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ! Quelqu’un qui se vante d’être ami du Président de la République n’abandonne pas dans la rue un malheureux blessé victime d’un pouvoir occulte !
Un léger mouvement à la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
— Entrez, général…
— Avec la permission de Monsieur le Président…
— Ils sont déjà prêts, général ?
— Oui, Monsieur le Président…
— Allez-y vous-même, général ; présentez à la veuve mes condoléances et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour l’aider pour les frais de l’enterrement.
Le général, qui restait bête, avec son képi sur la droite, sans ciller, sans respirer, presque, s’inclina, prit l’argent de sur la table, tourna sur ses talons et, quelques minutes après, sortit en voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Cara de Ángel s’empressa d’expliquer :
— J’ai pensé à continuer avec le blessé jusqu’à l’hôpital, mais ensuite, je me suis dit : « Avec une ordonnance de Monsieur le Président, on s’occupera mieux de lui » Et comme je venais par ici à votre appel et pour vous déclarer une fois de plus que je n’oublie pas la mort que des scélérats ont donné par derrière à notre Parrales Sonriente…
— Je donnerai l’ordonnance…
— On ne pouvait pas attendre autre chose de celui dont on dit qu’il ne devait pas gouverner ce pays…
Le Président sortit comme s’il était en rogne.
— Qui ?
— Moi, le premier, Monsieur le Président, parmi tous ceux qui pratiquons la croyance qu’un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la Suisse Libre, ou l’habile Belgique ou le merveilleux Danemark ! Mais la France…La France surtout…Vous, vous seriez le premier homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et Victor Hugo !

***

Jean-Nicolas nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Ángel, l’homme en qui le Président avait une entière confiance, arriva après le déjeuner.
-Toutes mes excuses, Monsieur le Président !déclara-t-il en apparaissant à la porte du salon. (Il était beau et méchant comme Satan). Pardonnez moi encore, monsieur le Président si me voila aaa… mais j’ai dû aider un bûcheron qui a récupéré un blessé dans la poubelle et je n’ai pas pu venir avant ! J’informe Monsieur le Président qu’il ne s’agissait pas d’une personne connue mais de celles dont on ne parle pas !
Comme à l’accoutumée, le Président était totalement vêtu de deuil : chaussures noires, costume noir, cravate noire, chapeau noir, dont il ne se séparait jamais ; sous sa moustache blanche, peignée sur les commissures de ses lèvres, il dissimulait ses gencives édentées, il avait les joues molles et les paupières gonflées.
-Et vous l’avez emmené où il fallait ? demanda- t-il en déplissant les sourcils…
-Monsieur…
-C’est pas possible ! Quelqu’un qui prétend être l’ami du Président de la République ne laisse pas sur le carreau un pauvre blessé victime d’un inconnu !
Un léger mouvement à la porte du séjour lui fit tourner la tête.
-Passez, général…
-Avec la permission de Monsieur le Président…
-Ils sont déjà prêts, général ?
-Oui, Monsieur le Président…
-Allez-y vous-même, général : toutes mes condoléances à la veuve et faites lui don de ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour compenser les frais engendrés par l’enterrement.
Le général, qui restait au garde à vous, le képi dans sa main droite, sans cligner des yeux, ne respirant presque pas, se pencha, prit l’argent sur la table, se tourna sur la pointe des pieds et, quelques minutes après, partit en voiture avec le cercueil qui refermait le corps de cet animal.
Cara de Ángel s’empressa d’expliquer :
-Je pensai me rendre à l’hôpital avec le blessé mais réflexion faite je me suis dit : «Sous ordre de Monsieur le Président, on s’occupera mieux de lui. » Et comme je passais par ici à votre demande et pour vous dire une fois de plus que je ne cesse de souffrir de la mort de notre cher Parrales Sonriente conspirée par des malfrats.
-Je donnerai mes recommandations.
-Je ne pouvais espérer mieux de celui, à ce qu’on en dit, ne devait pas gouverner ce pays…
Le Président monta sur ses grands chevaux.
-Qui sont-ils ?
-Moi, le premier, Monsieur le Président, parmi tant d’autres nous soutenons le fait qu’un homme comme vous devrait gouverner un pays comme la France, ou la Suisse libre , si ce n’est la Belgique travailleuse ou le fabuleux Danemark !... Mais la France… , la France surtout… Vous seriez l’homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Aurélie nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Angel, l'homme de confiance du Président, entra au moment du digestif.
-Mille excuses, monsieur le Président!- dit-il en apparaissant à la porte de la salle à manger. (Il était beau et maléfique comme Satan). -Mille excuses, monsieur le Président, j'arriiiive... mais j'ai dû aider un bûcheron à ramasser un blessé qu'il avait récupéré dans une poubelle et impossible de venir plutôt! Je tiens à informer monsieur le Président qu'il ne s'agissait pas d'une personne connue, mais d'un quelconque quidam.
Le président portait, comme toujours, le deuil de manière rigoureuse: chaussures noires, costume noir, cravate noire, chapeau noir qu'il n'enlevait jamais; sous la moustache grise, bien peignée autour des commissures des lèvres, lui cachant les gencives édentées, il avait la peau flasque et les paupières ridées.
-Et vous l'avez amené où il fallait?...-interrogea-t-il en écarquillant les sourcils...
-Monsieur...
-C'est quoi cette histoire! Quelqu'un qui se vante d'être ami du Président de la République n'abandonne pas dans la rue un malheureux blessé victime d'une obscure machination!
Un léger mouvement à la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
-Entrez, général...
-Avec la permission de monsieur le Président...
-Ils sont déjà prêts, général?
-Oui, monsieur le Président...
-Général, allez-vous-même chez la veuve lui présenter mes condoléances et faites-lui verser trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour l'aider aux frais de l'enterrement.
Le général, qui était resté au garde à vous, le képis dans la main droite, sans sourciller, sans pratiquement respirer, s'inclina, prit l'argent sur la table, tourna les talons et, quelques minutes après, partit en voiture avec le cercueil qui enfermait le corps de cet animal.
Cara de Angel s'empressa de s'expliquer:
-Je pensai aller à l'hôpital avec le blessé, mais ensuite je me suis dit: :"avec un ordre de monsieur le Président, ils s'en occuperont mieux."Et comme je venais ici sur votre demande, et pour vous montrer une fois de plus que je m'occupe toujours de l’assassinat de notre Parrales Sonriente, abattu dans le dos par des mécréants...
-Je donnerai l'ordre...
-Ceux qui disent que vous ne devriez pas gouverner ce pays ne pourraient espérer mieux...
Piqué, le Président sursauta.
-Qui ça?
-Moi, le premier, monsieur le Président, parmi nous tous qui avons prédit qu'un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la Suisse libre, ou l'industrieuse Belgique ou le merveilleux Danemark! Mais la France..., la France surtout. Vous seriez l'homme idéal pour guider le destin du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo!

***

Mélissa nous propose sa traduction :

Miguel Cara de Ángel, le bras droit du Président, entra lorsque le repas prit fin.
« Mille excuses Monsieur le Président », dit-il en surgissant à la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan). Mille excuses, Monsieur le Président, si j’arrive… mais j’ai dû aider un bûcheron accompagné d’un blessé qui recueillait des ordures et il me fut impossible d’arriver avant ! Sachez, Monsieur le Président qu’on ne parle pas de personnes que je connais, sinon de tout un chacun !
Comme toujours, le Président était vêtu rigoureusement comme s’il portait le deuil : chaussures noires, complet noir, cravate noire, chapeau noir qu’il ne quittait jamais ; dans ses moustaches blanches, taillées selon la commissure des lèvres, il dissimulait ses gencives édentées, il avait les joues flasques et les paupières comme pincées.
« Et vous l’avez accompagné où il se rendait ?... demanda t-il en fronçant les sourcils…
« Monsieur… »
« Qu’est-ce que c’est que ces manières ? Quelqu’un qui se vante être l’ami du Président de la République n’abandonne pas dans la rue un malheureux blessé victime d’un pouvoir occulte!
Un léger mouvement de la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
« Entrez, Général… »
« Vous permettez Monsieur le Président… »
« Ils sont déjà prêts, Général ? »
« Oui, Monsieur le Président… »
« Allez-y vous-même, Général ; présentez à la veuve mes condoléances et remettez lui ces trois cents pesos que le Président de la République lui envoie pour participer aux frais d’enterrement. »
Le général, qui restait droit, avec son képi dans la main droite, sans ciller, presque sans respirer, s’inclina, prit l’argent sur la table, tourna les talons et, quelques minutes plus tard, sortit en voiture avec le cercueil qui enfermait le corps de cette brute.
Cara de Ángel s’activa à expliquer :
« Je pensais suivre le blessé jusqu’à l’hôpital, mais je me suis dit ensuite : « Avec une ordonnance de Monsieur le Président, ils le soigneront mieux.» Et comme je venais par ici suite à votre appel et pour vous dire une fois de plus que je n’ai pas oublié le meurtre que des scélérats ont mis sur le compte de notre cher Parrales Sonriente…
« Je délivrerai l’ordonnance… »
« On ne pouvait pas s’attendre à autre chose venant de celui dont certains disent qu’il ne devait pas gouverner ce pays… »
Le Président bondit, comme piqué au vif.
« Qui donc ? »
« Moi le premier, Monsieur le Président, parmi les nombreuses personnes qui croient qu’un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la Suisse libre, ou la Belgique industrielle ou encore le merveilleux Danemark !... Mais la France…, la France surtout… Vous, vous seriez l’homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Karen nous propose sa traduction :

Miguel Tête d'Ange, l'homme de confiance du Président, entra sitôt le repas terminé.
- Mille excuses, monsieur le Président! - lança-t-il en passant la tête par la porte de la salle à manger. (il était beau et méchant comme Satan)- Mille excuses, monsieur le Président, me voilààà...mais j'ai du aider un bûcheron qui avait ramassé un blessé dans la poubelle et je n'ai pas pu arriver avant! Je vous informe, monsieur le Président, qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un de connu, mais de Monsieur tout-le-monde!
Le Président était habillé, comme toujours, de deuil rigoureux: chaussures noires, costumes noir, cravate noire, chapeau noir qu'il n'ôtait jamais, sous ses moustaches blanches, peignées sur les commissures des lèvres, il dissimulait ses gencives édentées, il avait les joues flasques et les paupières comme pincées.
- Et vous l'avait emmené là où il convenait?...- demanda-t-il tout en défronçant les sourcils...
- Monsieur...
- Qu'est ce que c'est que cette histoire! Quelqu'un qui se targue d'être l'ami du Président de la République n'abandonne pas dans la rue un pauvre blessé par une main inconnue! Un léger mouvement dans la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
- Entrez, général...
- Avec votre permission monsieur le Président...
- Sont-ils déjà près, général?
- Oui, monsieur le Président.
- Allez-y vous-même général, présentez à la veuve mes condoléances et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour participer aux frais d'enterrement.
Le général, qui restait au garde-à-vous, le képi dans la main droite, sans bouger un cil, presque sans respirer, s'inclina, récupéra l'argent sur la table, fit demi-tour et, quelques minutes plus tard, partit en voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal. Tête d'Ange se hâta de s'expliquer:
- J'ai pensé accompagner le blessé à l'hôpital, mais après je me suis dit: «Avec une ordonnance de monsieur le Président, ils s'occuperont mieux de lui.» Et comme je venais ici sur votre ordre ainsi que pour vous montrer une fois de plus je n'ai pas oublié la mort de notre Parrales Sonriente causée par ces scélérats...
- J'en donnerai l'ordre...
- Je ne pouvais pas en espérer mieux de celui qui, à ce qu'on dit, ne devrait pas gouverner ce pays,..
- Qui sont-ils?
- Moi, le premier, monsieur le Président, parmi tous ceux qui prônent qu'un homme comme vous devrait gouverner un pays comme la France, ou la Suisse libre, ou l'ingénieuse Belgique ou le merveilleux Danemark!...Mais la France, surtout la France...Vous seriez l'homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et Victor Hugo!

***

Sonita nous propose sa traduction :

Miguel Visage d’Ange, l’homme de toute confiance du Président, entra au dessert.
—Mille excuses, monsieur le Président ! —dit-il en apparaissant à la porte de la salle à manger. (Il était beau et maléfique comme Satan) —Mille excuses, monsieur le Président, oui j’arriiiive… mais j’ai dû aider un bûcheron avec un blessé qu’il a ramassé dans la poubelle et il m’a été impossible de venir avant ! Je vous informe, monsieur le Président, qu’il ne s’agissait pas de la personne connue mais d’une autre quelconque ! Le Président était, comme à son habitude, habillé d’un rigoureux noir : noires les chaussures, noir le costume, noire la cravate, noir le chapeau qu’il ne quittait jamais ; dans la moustache blanche, coiffés sur les commissures des lèvres il cachait les gencives édentées, il avait les joues flasques et on aurait dit que les paupières pendaient un peu.
—Et vous l’avez emmené là où il faut ? —demanda-t-il en défroissant les sourcils…
—Monsieur…
—Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Quelqu’un qui se vante d’être l’ami du Président de la République n’abandonne pas dans la rue un pauvre malheureux blessé, victime d’une main occulte !
Un léger mouvement à la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
—Passez, général…
—Avec votre permission, monsieur le Président…
—Êtes-vous déjà prêts, général ?
—Oui, monsieur le Président…
—Allez-y vous-même, général, présentez mes condoléances à al veuve et remettez-lui ces trois cents pesos que lui envoie le Président de la République pour l’aider dans aux dépenses de l’enterrement.
Le général, qui demeurait au garde à vous, avec le képi dans sa main droite, sans cligner des yeux, sans presque respirer, s’inclina, prit l’argent qui était sur la table, tourna sur les talons, et quelques minutes après, sortit en voiture avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Visage d’Ange s’empressa d’expliquer :
—J’ai pensé conduire le blessé jusqu’à l’hôpital, mais après je me suis dit : « Avec un ordre de monsieur le président, ils s’en occuperont mieux. » Et comme j’étais en chemin pour venir ici, à votre demande, et vous redire que je n’oublie pas ces scélérats qui ont donné la mort à notre cher Parrales Sonridente en le poignardant…
—Je donnerai cet ordre…
—Je n’attendais pas autre chose de celui-ci dont on dit qu’il ne devait pas gouverner ce pays…
Le Président bondit, piqué au vif :
—Qui ça ?
—Moi le premier, monsieur le Président, parmi tant d’autres qui professons la croyance qu’un homme comme vous devrait gouverner un peuple comme la France, ou la Suisse libre, ou l’industrieuse Belgique ou le merveilleux Danemark !… Mais la France, surtout la France… Vous, vous seriez l’homme idéal pour guider les destins du grand peuple de Gambetta et de Victor Hugo !

***

Leslie nous propose sa traduction :

Miguel Gueule d'Amour, l'homme de confiance du Président, entra à la fin du repas.
Mille excuses, Monsieur le Président! -dit-il tout en apparaisant à l'embrasure de la porte de la salle à manger. (Il était beau et mauvais comme Satan)
Mille excuses, Monsieur le Président, je viens – je viens... c'est que j'ai dû aider un bûcheron avec un blessé qu'il a sorti des poubelles et impossible pour moi de venir plus tôt! Je tiens à informer Monsieur le Président qu'il ne s'agissait pas d'une personne connue, mais de quelqu'un comme monsieur tout-le-monde!
Le Président était vêtu, comme toujours, d'un deuil de rigueur : chaussures noires, costume noir, cravate noire, chapeau -qu'il n'ôtait jamais- noir ; sous une paire de moustaches poivre et sel, peignée le long de la commissure de ses lèvres, il cachait des gencives édentées, il avait les joues velues et les paupières comme pincées.
Et l'avez-vous raccompagné là où il se doit?... -interrogea-t-il en déridant un froncement de sourcils.
Monsieur...
Qu'est-ce que c'est que cette histoire! Quelqu'un qui se pique d'être proche du Président de la République n'abandonne pas dans la rue un malheureux blessé, victime d'un geste sombre!
Un léger mouvement de la porte de la salle à manger lui fit tourner la tête.
Entrez, général...
Avec l'autorisation de Monsieur le Préseident...
Sont-ils enfin prêts, général?
Oui, Monsieur le Président...
Allez-y vous même général ; présentez à la veuve mes condoléances et remettez-lui ces 300 pesos que lui fait parvenir le Président de la République comme un aide pour les frais de l'enterrement.
Le général, toujours au garde-à-vous, le képi à la main droite, sans sourciller, sans respirer presque, s'inclina, récupéra l'argent de sur la table, tourna les talons et, quelques minutes après, partit dans l'automobile, avec le cercueil qui renfermait le corps de cet animal.
Gueule d'Amour se dépêcha de s'expliquer :
J'avais pensé suivre avec le blessé jusqu'à l'hôpital, mais après je me suis dit : «Un ordre de Monsieur le Président et ils s'occuperont mieux de lui. » Et étant donné que je revenais ici , répondant à votre appel et pour vous dire une fois de plus que je ne supporte pas que des villains donnent la mort dans le dos de notre Berceau de treilles souriant...
Je donnerai l'ordre...
On ne pouvait espérer mieux de la bouche de celui dont on dit qu'il ne devait pas gouverner ce pays...
Le Président sauta, comme si on l'avait piqué.
Qui?
Moi le premier Monsieur le Président, parmi nous qui sommes nombreux à partager l'avis qu'un homme comme vous devrait gouverner un pays comme la France, la Suisse libre, l'industrieuse Belgique ou le merveilleux Danemark!... Mais la France, et la France surtout... Vous seriez l'homme idéal pour guider les destins du grand pays de Gambetta et de Victor Hugo!

3 commentaires:

Tradabordo a dit…

Remarque à propos de CAPES 12 : Pour « Cara de Ángel », il s'agit d'un surnom… donc, il faut le traduire puisque cela contient du sens. Olivier l'a fait. Que pensez-vous de sa traduction ? Une autre solution ?

El Oli a dit…

Peut-être que "Gueule d'Ange" est un peu trop familier, un peu trop vulgaire... Il aurait fallu en savoir un peu plus sur le personnage même pour savoir si la traduction convenait. Mais, à vrai dire, il était difficile de trouver autre chose !

perrine a dit…

Je trouve que "Gueule d'Ange" retransmet bien le sens de "Cara de Ángel", même si c'est un peu familier, ça à l'air plus naturel que "Visage d'Ange".