samedi 19 janvier 2013

Exercice d'écriture 7 – par Justine Ladaique


« Description d'un tableau »


« El 3 de mayo » de Goya

À gauche, un talus. À droite, dans son prolongement une partie de la ville. Il fait nuit noire et la scène se passe sur une route éclairée par une lanterne posée au sol.
Au centre du tableau, deux groupes que tout oppose se font face : à gauche, les patriotes espagnols, à droite, un peloton d’exécution formé par l’armée napoléonienne.
L’œil du spectateur est tout de suite attiré vers la gauche par les couleurs vives et chaudes de la tenue du condamné  (chemise blanche, pantalon jaune) qui a les mains en l’air, ainsi que par le rouge écarlate de la mare de sang où gisent deux personnages. En suivant le regard du condamné, nos yeux se posent sur les soldats de Napoléon vêtus de couleurs sombres et froides – en accord avec les atrocités qu’ils commettent et la période de la nuit dans laquelle ils se fondent. Ils ont tous le bras replié sur des baïonnettes qui tranchent l’espace de leur étincelant métal argenté et sont toutes pointées sur le condamné. Ils sont tous dans la même posture, ce qui leur confère un aspect de masse ; ils sont soudés, agissent d’un seul bloc. À la lueur de la lanterne qui célèbre funestement cette ode à la mort, la face cachée des assassins renforce leur froideur et la barbarie de leurs actes.
Face à cette horde sauvage, ses victimes, qui offrent malgré tout un spectacle lumineux ;  ils sont symboliquement dans la lumière, on peut y voir une vision manichéenne du monde.
On peut penser que le condamné est innocent, si on considère la blancheur immaculée de sa chemise comme un signe de pureté. En regardant très attentivement, on peut apercevoir des stigmates sur sa main gauche, ce qui le rapproche de la figure christique et fait de lui un martyr, en rappelant Jésus sur la croix.
Ce personnage tel une offrande offerte à ces dieux assassins, adopte, à l’instar de ses compagnons d’infortune, une attitude de résignation. Les bras levés vers le ciel, paumes de mains ouvertes, dans l’attente d’une issue fatale ou d’une échappatoire divine, il pourrait apparaître telle une colombe, qui s’élèverait majestueusement dans un ciel si sombre.
Le groupe qui l’entoure a des poses implorantes : certains prient, d’autres sont à genoux.
D’autres encore sont en retraits, saisis d’effroi et se cachent le visage dans les mains comme pour se protéger du massacre qu’ils vivent.

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