« 1er janvier »
Entre deux ans, comme hors du temps, c’est le jour de l’an. Ou plutôt le jour des lents. Certains disent ressentir le vent nouveau d’une année pleine de promesses, si invraisemblables ; les autres, les capitulards, sont toujours submergés par cette nostalgie. Noyé par le flot chimérique qui a rendu cette nuit de transition plus légère, mon cerveau refuse de synthétiser autre chose que l’enzyme de cette déprime, désormais familière. Comme si l’unique but de cette dépravation orchestrée était de viser un mal-être physique, pour atténuer l’angoisse ambiante. L’atténuer, ou l’occulter. Une journée qui commence avec autant de bises hypocrites et de faux sentiments ne peut qu’être remplie de doutes. Sur tous ces vœux, ce foisonnement, combien ont la chance d’être sincèrement souhaités ? Ô éthyle idyllique qui délie les langues. La magie innocente a disparu, et avec elle, elle a embarqué la naïveté. Une journée égarée pour humains désœuvrés. Où ceux qui doivent se lever haïssent ceux qui dorment, et ceux qui dorment rêvent de ne jamais se réveiller, de rester coincé dans les limbes du changement, dans cette faille d’optimisme. Ce bref instant où l’on s’autorise à espérer que tout est permis ; je ne le trouve plus. Le réalisme affligeant de tous les autres jours a eu raison de mes aspirations, je me contente à présent de cette lenteur. Et je savoure les miettes de nostalgie, même si elles ne croustillent plus.
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