À faire en 2h30, sans dictionnaire
(Texte donné au CAPES en 1998)
Gabriel Miró, Nuestro padre San Daniel
Doña Corazón, pasmada y roja de vergüenza, los ojos fijos en el felpudo de esparto, el seno con un tumulto de angustias, las manos cruzadas, pedía a Dios que secase aquellos labios de ponzoña o que le endureciese a ella los oídos. Pero Dios permite la prueba de sus escogidas criaturas. Y Elvira no se saciaba de decir, y Corazón seguía viendo su Oleza desnuda y ardiente como una ciudad bíblica, merecedora de las iras del Señor. Y no sólo Oleza, sino sus amistades, familias enteras salían entre los abrasados escombros ; señoras ilustres, que todos tenían por dechado y cifra de honradas, se le presentaban también desnudas, en un refocilo infernal, bajo el látigo de Elvira. Porque Elvira reveló los pecados y los nombres de los pecadores, dolor durísimo, de irresistible avidez para las imaginaciones más puras.
Doña Corazón se retorcía en un seguido grito de asombro, de apenamiento, desengaño, de protesta generosa.
— ¡ No es posible ! ¿ Doña Nieves y el juez de paz ?
— ¡ Que no es posible !
Y la sonrisa de menosprecio de la acusadora se hundía como un dardo en los dos cuerpos cilpables juntándolos más.
— ¿ Las de López-Canci ? ¡ Pero si las de López-Canci querían profesar en la Visitación ! ¡ Será la madiana, la morena : Julia ! ¿ Las tres ? ¿ Las tres con don Luis Aguirre ? ¡ Ay ! ¿ El ama de llaves de la condesa ? ¿ El de Casa-Lóriz ? Purita ? ¡ Pero si Purita cumplió ahora los dicisiete !
— ¡ Déjese de diecisiete cuando se tienen pechos y caderas de nodriza de treinta años ! ¡ Un escándalo de carne ; no se puede ser buena teniendo de ese modo lo que tiene ! Aunque yo le juro que si fuese mi sobrina había de salir a la calle más lisa que don Amancio. Claro que eso debe traerlo el lugar, porque hay mujeres que se precian de honestas, y que quizá lo sean, que tienen a gala el lucir toda su gordura. Ya sé, porque me lo está usted deciendo con los ojos, ya sé…
— ¡ Por Dios, que yo no le digo nada !
Y doña Corazón se cubría con el manto las castísimas arrogancias de su busto.
Doña Corazón se retorcía en un seguido grito de asombro, de apenamiento, desengaño, de protesta generosa.
— ¡ No es posible ! ¿ Doña Nieves y el juez de paz ?
— ¡ Que no es posible !
Y la sonrisa de menosprecio de la acusadora se hundía como un dardo en los dos cuerpos cilpables juntándolos más.
— ¿ Las de López-Canci ? ¡ Pero si las de López-Canci querían profesar en la Visitación ! ¡ Será la madiana, la morena : Julia ! ¿ Las tres ? ¿ Las tres con don Luis Aguirre ? ¡ Ay ! ¿ El ama de llaves de la condesa ? ¿ El de Casa-Lóriz ? Purita ? ¡ Pero si Purita cumplió ahora los dicisiete !
— ¡ Déjese de diecisiete cuando se tienen pechos y caderas de nodriza de treinta años ! ¡ Un escándalo de carne ; no se puede ser buena teniendo de ese modo lo que tiene ! Aunque yo le juro que si fuese mi sobrina había de salir a la calle más lisa que don Amancio. Claro que eso debe traerlo el lugar, porque hay mujeres que se precian de honestas, y que quizá lo sean, que tienen a gala el lucir toda su gordura. Ya sé, porque me lo está usted deciendo con los ojos, ya sé…
— ¡ Por Dios, que yo no le digo nada !
Y doña Corazón se cubría con el manto las castísimas arrogancias de su busto.
***
***
Claire nous propose sa traduction :
Madame Corazón, abasourdie et rouge de honte, les yeux fixés sur le paillasson de l’entrée, la poitrine assiégée par l’angoisse, les mains jointes, demandait à Dieu d’assécher ces lèvres de vipère ou de rendre ses oreilles à elle insensibles. Mais Dieu permet la mise à l’épreuve de ses créatures bien-aimées : Elvira ne se lassait pas de raconter, et Corazón continuait à voir sa chère Oleza nue et brûlante comme une ville biblique, exposée aux foudres du Seigneur. Et non seulement Oleza, mais ses connaissances, des familles entières, sortaient des décombres embrasées ; des dames reconnues, que tous tenaient pour exemple et modèle de femmes vertueuses lui apparaissaient nues elles-aussi, dans un tourbillon infernal, sous le fouet d’Elvira. En effet, Elvira révéla à la fois les péchés et les noms des pécheurs, douleur extrème, irrésistiblement féconde pour les imaginations les plus pures. Madame Corazón se tordait dans un long cri d’étonnement, de peine, de désillusion, de généreuse protestation.
- Ce n’est pas possible ! Madame Nieves et le juge de paix ?
- Bien sûr que c’est possible ! »
Et le sourire de mépris de l’accusatrice s’enfonçait comme un dard dans les deux corps coupables, les rapprochant encore plus.
- Les filles López-Canci ? Mais les filles López-Canci voulaient professer dans l’ordre de la Visitation ! Ça doit être la cadette, la brune : Julia ! Les trois ? Les trois avec Monsieur Luis Aguirre ? Hélas ! L’homme de confiance de la comtesse ? Le fils Casa-Lóriz ? Purita ? Mais Purita vient à peine d’avoir dix-sept ans !
- Qu’importe l’âge quand on a les seins et les hanches d’une nourrice de trente ans ! Quelle chair scandaleuse ! On ne peut être vertueuse quand on a ce qu’elle a, et dans de telles proportions ! Bien que, je le jure, si c’était ma nièce à moi, elle serait sortie dans la rue plus plate encore que Monsieur Amancio. Évidemment, ça, c’est l’éducation qui en est responsable parce qu’il y a des femmes qui se targuent d’être honnêtes, et qui le sont peut-être, mais qui ont plaisir à faire voir leurs rondeurs. Je sais bien, parce que vos yeux se chargent de me le dire pour vous, je sais bien que…
- Mon Dieu, moi, je ne vous dis rien du tout ! »
Et Madame Corazón couvrait de son châle les très chastes arrogances de son buste.
Madame Corazón, abasourdie et rouge de honte, les yeux fixés sur le paillasson de l’entrée, la poitrine assiégée par l’angoisse, les mains jointes, demandait à Dieu d’assécher ces lèvres de vipère ou de rendre ses oreilles à elle insensibles. Mais Dieu permet la mise à l’épreuve de ses créatures bien-aimées : Elvira ne se lassait pas de raconter, et Corazón continuait à voir sa chère Oleza nue et brûlante comme une ville biblique, exposée aux foudres du Seigneur. Et non seulement Oleza, mais ses connaissances, des familles entières, sortaient des décombres embrasées ; des dames reconnues, que tous tenaient pour exemple et modèle de femmes vertueuses lui apparaissaient nues elles-aussi, dans un tourbillon infernal, sous le fouet d’Elvira. En effet, Elvira révéla à la fois les péchés et les noms des pécheurs, douleur extrème, irrésistiblement féconde pour les imaginations les plus pures. Madame Corazón se tordait dans un long cri d’étonnement, de peine, de désillusion, de généreuse protestation.
- Ce n’est pas possible ! Madame Nieves et le juge de paix ?
- Bien sûr que c’est possible ! »
Et le sourire de mépris de l’accusatrice s’enfonçait comme un dard dans les deux corps coupables, les rapprochant encore plus.
- Les filles López-Canci ? Mais les filles López-Canci voulaient professer dans l’ordre de la Visitation ! Ça doit être la cadette, la brune : Julia ! Les trois ? Les trois avec Monsieur Luis Aguirre ? Hélas ! L’homme de confiance de la comtesse ? Le fils Casa-Lóriz ? Purita ? Mais Purita vient à peine d’avoir dix-sept ans !
- Qu’importe l’âge quand on a les seins et les hanches d’une nourrice de trente ans ! Quelle chair scandaleuse ! On ne peut être vertueuse quand on a ce qu’elle a, et dans de telles proportions ! Bien que, je le jure, si c’était ma nièce à moi, elle serait sortie dans la rue plus plate encore que Monsieur Amancio. Évidemment, ça, c’est l’éducation qui en est responsable parce qu’il y a des femmes qui se targuent d’être honnêtes, et qui le sont peut-être, mais qui ont plaisir à faire voir leurs rondeurs. Je sais bien, parce que vos yeux se chargent de me le dire pour vous, je sais bien que…
- Mon Dieu, moi, je ne vous dis rien du tout ! »
Et Madame Corazón couvrait de son châle les très chastes arrogances de son buste.
***
Vanessa nous propose sa traduction – qu'elle a eu du mal à faire, dit-elle :
Madame Corazon, stupéfaite et rouge de honte, les yeux fixés sur le paillasson en sparte, la poitrine avec un tumulte d’angoisse, les mains croisées, demandait à Dieu qu’il sèche ces lèvres dangereuses ou qu’il lui endurcisse, à elle, les oreilles. Mais Dieu autorise l’épreuve à ses enfants sélectionnés. Mais Elvira ne se lassait de dire, et Corazon continuait de voir sa Oleza nue et ardente comme une ville biblique, méritantes des colères du Seigneur. Et pas seulement Oleza, mais aussi ses amitiés, ses parents au complet sortaient d’entre les décombres ardents ; femmes illustres qu’elle avait pour modèle et nombre d’honorées, se présentaient à elle nues, dans un bonheur infernal, sous le fouet d’Elvira. Car Elvira révéla les péchés et les prénoms des pécheurs, douleur extrême, d’irrésistible avidité pour les imaginations les plus pures.
Madame Corazon se tordait dans un second cri d’étonnement, de peine, de tromperie, de protestation généreuse.
- Ce n’est pas possible ! Madame Nieves et le juge de paix ?
- Et comment ce n’est pas possible !
Mais le sourire de dédain de l’accusatrice plongeait comme une flèche dans les deux corps coupables les unissant davantage.
- Celles de Lopez-Canci, Et bien oui, celles de Lopez-Canci voulait se vouer à la Visitacion ! Ce doit être la moyenne, la brune : Julia ! Les trois ? Les trois avec Monsieur Aguirre ? Aïe ! Le maître des clés de la duchesse ? Celui de Casa-Loriz ? Purita ? Et bien oui, Purita avait alors fêté ses dix-sept ans !
- On arrête d’avoir dix-sept ans quand on a des seins et des hanches de nourrice de trente ans ! Un scandale de chair, on ne peut être bonne ayant de cette façon ce qu’elle a. Même si, moi, je vous jure que si c’était ma nièce, elle devrait sortir dans la rue plus plate que Monsieur Amancio. Evidemment que cela doit amener le lieu, mais il y a des femmes qui se vantent d’être honnêtes, et qui, peut-être le sont-elles, mais qui ont comme bijoux l’exposition de leurs rondeurs. Je le sais, car vous me le dites en ce moment même avec les yeux, je le sais…
Mais Madame Corazon couvrait avec son voile les très chastes arrogances de son buste.
Madame Corazon, stupéfaite et rouge de honte, les yeux fixés sur le paillasson en sparte, la poitrine avec un tumulte d’angoisse, les mains croisées, demandait à Dieu qu’il sèche ces lèvres dangereuses ou qu’il lui endurcisse, à elle, les oreilles. Mais Dieu autorise l’épreuve à ses enfants sélectionnés. Mais Elvira ne se lassait de dire, et Corazon continuait de voir sa Oleza nue et ardente comme une ville biblique, méritantes des colères du Seigneur. Et pas seulement Oleza, mais aussi ses amitiés, ses parents au complet sortaient d’entre les décombres ardents ; femmes illustres qu’elle avait pour modèle et nombre d’honorées, se présentaient à elle nues, dans un bonheur infernal, sous le fouet d’Elvira. Car Elvira révéla les péchés et les prénoms des pécheurs, douleur extrême, d’irrésistible avidité pour les imaginations les plus pures.
Madame Corazon se tordait dans un second cri d’étonnement, de peine, de tromperie, de protestation généreuse.
- Ce n’est pas possible ! Madame Nieves et le juge de paix ?
- Et comment ce n’est pas possible !
Mais le sourire de dédain de l’accusatrice plongeait comme une flèche dans les deux corps coupables les unissant davantage.
- Celles de Lopez-Canci, Et bien oui, celles de Lopez-Canci voulait se vouer à la Visitacion ! Ce doit être la moyenne, la brune : Julia ! Les trois ? Les trois avec Monsieur Aguirre ? Aïe ! Le maître des clés de la duchesse ? Celui de Casa-Loriz ? Purita ? Et bien oui, Purita avait alors fêté ses dix-sept ans !
- On arrête d’avoir dix-sept ans quand on a des seins et des hanches de nourrice de trente ans ! Un scandale de chair, on ne peut être bonne ayant de cette façon ce qu’elle a. Même si, moi, je vous jure que si c’était ma nièce, elle devrait sortir dans la rue plus plate que Monsieur Amancio. Evidemment que cela doit amener le lieu, mais il y a des femmes qui se vantent d’être honnêtes, et qui, peut-être le sont-elles, mais qui ont comme bijoux l’exposition de leurs rondeurs. Je le sais, car vous me le dites en ce moment même avec les yeux, je le sais…
***
- Bon sang, moi je ne vous dis rien !Brigitte nous propose sa traduction :
Doña Corazón, en pamoison et rouge de honte, les yeux rivés sur le paillasson de chanvre, le buste secoué par les spasmes de l’angoisse, les mains jointes, implorait Dieu de tarir le venin de ces lèvres ou de rendre insensibles ses propres oreilles. Mais Dieu met à l’épreuve ses créatures élues. Et Elvira ne se lassait pas de raconter, et Corazón continuait à voir son Oleza nue et brûlante comme une ville biblique méritant les foudres du Tout-Puissant. Et il n’y avait pas qu’Elvira, mais aussi ses amitiés, des familles entières surgissaient parmi les décombres embrasés ; des femmes illustres que tous tenaient pour des modèles de vertu, lui apparaissaient aussi nues, dans une débauche infernale, sous le fouet d’Elvira. Car Elvira révéla les péchés et le nom des pécheurs, douleur extrême, avidité irrésistible pour les imaginations les plus pures.
Doña Corazón se tordait en un cri ininterrompu d’ébahissement, de tristesse, de désillusion, de protestation à outrance.
- Pas possible ! Doña Nieves et le juge de paix ?
- Non, ce n’est pas possible !
Et le sourire de mépris de l’accusatrice pénétrait comme un dard dans les deux corps coupables en les unissant davantage.
- Les filles López-Canci ? Mais les López-Canci voulaient entrer dans l’ordre de la Visitation ! C’est sûrement la cadette, la brune : Julia ! Toutes les trois ? Toutes les trois avec Don Luis Aguirre ? Miséricorde ! La gouvernante de la comtesse ? Celle de chez Loriz ? Purita ? Mais Purita a maintenant dix-sept ans !
- Avoir dix-sept ans ne veut pas dire grand chose quand on a les seins et les hanches d’une nourrice de trente ans ! Un scandale de chaire à elle toute seule ; on ne peut pas être bonne quand on a de tels atouts ! Et pourtant je vous jure que si c’était ma nièce, il faudrait qu’elle sorte dans la rue plus plate que don Amancio. C’est sûr, ce doit être l’endroit qui provoque tout cela, mais il y a des femmes qui se targuent/se vantent d’êtres chastes, et qui le sont peut-être, mais qui ont plaisir à exhiber leurs rondeurs. Je sais, parce que vos yeux me le disent, je sais bien…
- Mais non enfin, je ne vous dis rien du tout moi !
Et doña Corazón couvrait alors de sa cape les chastes arrogances de son buste.
Doña Corazón, en pamoison et rouge de honte, les yeux rivés sur le paillasson de chanvre, le buste secoué par les spasmes de l’angoisse, les mains jointes, implorait Dieu de tarir le venin de ces lèvres ou de rendre insensibles ses propres oreilles. Mais Dieu met à l’épreuve ses créatures élues. Et Elvira ne se lassait pas de raconter, et Corazón continuait à voir son Oleza nue et brûlante comme une ville biblique méritant les foudres du Tout-Puissant. Et il n’y avait pas qu’Elvira, mais aussi ses amitiés, des familles entières surgissaient parmi les décombres embrasés ; des femmes illustres que tous tenaient pour des modèles de vertu, lui apparaissaient aussi nues, dans une débauche infernale, sous le fouet d’Elvira. Car Elvira révéla les péchés et le nom des pécheurs, douleur extrême, avidité irrésistible pour les imaginations les plus pures.
Doña Corazón se tordait en un cri ininterrompu d’ébahissement, de tristesse, de désillusion, de protestation à outrance.
- Pas possible ! Doña Nieves et le juge de paix ?
- Non, ce n’est pas possible !
Et le sourire de mépris de l’accusatrice pénétrait comme un dard dans les deux corps coupables en les unissant davantage.
- Les filles López-Canci ? Mais les López-Canci voulaient entrer dans l’ordre de la Visitation ! C’est sûrement la cadette, la brune : Julia ! Toutes les trois ? Toutes les trois avec Don Luis Aguirre ? Miséricorde ! La gouvernante de la comtesse ? Celle de chez Loriz ? Purita ? Mais Purita a maintenant dix-sept ans !
- Avoir dix-sept ans ne veut pas dire grand chose quand on a les seins et les hanches d’une nourrice de trente ans ! Un scandale de chaire à elle toute seule ; on ne peut pas être bonne quand on a de tels atouts ! Et pourtant je vous jure que si c’était ma nièce, il faudrait qu’elle sorte dans la rue plus plate que don Amancio. C’est sûr, ce doit être l’endroit qui provoque tout cela, mais il y a des femmes qui se targuent/se vantent d’êtres chastes, et qui le sont peut-être, mais qui ont plaisir à exhiber leurs rondeurs. Je sais, parce que vos yeux me le disent, je sais bien…
- Mais non enfin, je ne vous dis rien du tout moi !
Et doña Corazón couvrait alors de sa cape les chastes arrogances de son buste.
Mais Madame Corazon couvrait avec son voile les très chastes arrogances de son buste.
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Odile nous propose sa traduction :
Doña Corazon, toute hébétée, rouge de honte, les yeux fixés sur le tapis de sparte, le sein agité par un tumulte de craintes, les mains croisées, priait Dieu de tarir le flot de venin de cette bouche ou de la rendre elle-même sourde. Mais Dieu envoie des épreuves aux créatures qu'il a élues. Et Elvira ne se lassait pas de raconter, encore et encore, et Corazón avait à l'esprit son Oleza, nue et ardente comme une cité biblique, passible des foudres du Seigneur. Et non seulement Oleza, sinon son entourage, des familles entières apparaissaient ainsi parmi les brûlants décombres; des dames respectables, que tous tenaient pour des parangons de vertu, se présentaient à ses yeux, nues aussi, dans un manège infernal, sous le fouet d'Elvira; car Elvira a révélé les péchés et le noms des pécheurs; souffrance terrible, d'un irrésistible attrait pour les imaginations les plus pures. Doña Corazón, tourmentée, s'agitait et criait son étonnement, sa peine, sa déception, ne voulant pas y croire.
- Ce n'est pas possible! Doña Nieves et le juge de paix?
- Ah oui! c'est impossible?
Et le sourire de dédain de l'accusatrice s'enfonçait comme un dard dans les deux corps fautifs, les unissant encore davantage.
Les filles López-Canci? Mais elles voulaient entrer chez les soeurs de la Visitation! Ce doit être la seconde, la brune: Julia! Les trois? Les trois avec don Luis Aguirre? Mon Dieu! La gouvernante de la comtesse? L'intendant de Casa-Lóriz? Purita? Mais voyons, Purita vient tout juste d'avoir dix-sept ans!
-Allons donc! L'âge n'empêche rien quand on a les seins et les hanches d'une nourrice de trente ans! Toute cette chair, c'est une honte! On ne peut pas être bonne en ayant tout ça et en le montrant ainsi. Mais je le jure, si elle était ma nièce, elle sortirait habillée plus plate encore que don Amancio. Bien sûr, c'est l'endroit qui veut ça, car il y a des femmes qui se targuent d'être honnêtes, et qui le sont peut-être, qui tiennent à montrer leurs formes. Je sais, vos yeux me le disent, je sais....
- Dieu soit béni! Taisez-vous, je ne disais rien!
Et doña Corazón couvrait de son châle les très chastes appâts de son buste.
Doña Corazon, toute hébétée, rouge de honte, les yeux fixés sur le tapis de sparte, le sein agité par un tumulte de craintes, les mains croisées, priait Dieu de tarir le flot de venin de cette bouche ou de la rendre elle-même sourde. Mais Dieu envoie des épreuves aux créatures qu'il a élues. Et Elvira ne se lassait pas de raconter, encore et encore, et Corazón avait à l'esprit son Oleza, nue et ardente comme une cité biblique, passible des foudres du Seigneur. Et non seulement Oleza, sinon son entourage, des familles entières apparaissaient ainsi parmi les brûlants décombres; des dames respectables, que tous tenaient pour des parangons de vertu, se présentaient à ses yeux, nues aussi, dans un manège infernal, sous le fouet d'Elvira; car Elvira a révélé les péchés et le noms des pécheurs; souffrance terrible, d'un irrésistible attrait pour les imaginations les plus pures. Doña Corazón, tourmentée, s'agitait et criait son étonnement, sa peine, sa déception, ne voulant pas y croire.
- Ce n'est pas possible! Doña Nieves et le juge de paix?
- Ah oui! c'est impossible?
Et le sourire de dédain de l'accusatrice s'enfonçait comme un dard dans les deux corps fautifs, les unissant encore davantage.
Les filles López-Canci? Mais elles voulaient entrer chez les soeurs de la Visitation! Ce doit être la seconde, la brune: Julia! Les trois? Les trois avec don Luis Aguirre? Mon Dieu! La gouvernante de la comtesse? L'intendant de Casa-Lóriz? Purita? Mais voyons, Purita vient tout juste d'avoir dix-sept ans!
-Allons donc! L'âge n'empêche rien quand on a les seins et les hanches d'une nourrice de trente ans! Toute cette chair, c'est une honte! On ne peut pas être bonne en ayant tout ça et en le montrant ainsi. Mais je le jure, si elle était ma nièce, elle sortirait habillée plus plate encore que don Amancio. Bien sûr, c'est l'endroit qui veut ça, car il y a des femmes qui se targuent d'être honnêtes, et qui le sont peut-être, qui tiennent à montrer leurs formes. Je sais, vos yeux me le disent, je sais....
- Dieu soit béni! Taisez-vous, je ne disais rien!
Et doña Corazón couvrait de son châle les très chastes appâts de son buste.
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