Le traqueur de coquilles
par Jacqueline
par Jacqueline
Le travail de cet « éboueur professionnel », pour reprendre l’expression de Sophie Brissaud – elle-même ex-correctrice professionnelle –, pour être particulièrement humble et difficile, n’en est pas moins indispensable dans le processus de création du livre.
Tout d’abord, qu’entend-on par correction ?
« Ce terme englobe l’ensemble des opérations de contrôle des textes composés et de leur mise en page. Corriger un texte, c’est le lire en cherchant et en indiquant toutes les erreurs et les fautes qu’il contient tant grammaticales, orthographiques que typographiques… C’est aussi, dans le même temps, vérifier le sens et la cohérence, qui peuvent être trahis par un mot manquant, une date erronée, une photographie inversée, voire une simple virgule. » (définition tirée de la Chose imprimée, chez Retz.)
Le correcteur est à l’origine un professionnel (typographe, linotypiste) qui a pour tâche de recomposer les manuscrits, il compare donc scrupuleusement la copie originale et l’épreuve et chasse impitoyablement les coquilles, les lézardes, les bourdons et les doublons.
Mais dans les années 80, la micro informatique arrive, copie et épreuve ne font qu’un et la tâche du correcteur se modifie et se diversifie ; il doit «nettoyer» le texte directement lors de la lecture sur l’écran, et traque désormais les ligatures, les puces et les tirets. C’est le premier professionnel de la chaîne de fabrication à intervenir après l’auteur. Son «cassetin» -son bureau- est encombré de grammaires, de dictionnaires, de codes, d’atlas…ensuite, il s’attaque à la mise en page, et il faut bien le dire, ne protège pas la veuve et l’orphelin, se bat contre les faux blancs et vérifie attentivement le tableautage.
Et enfin le voici dans sa fonction la plus noble : vérifier que le texte a du sens. Il devient alors «réviseur», c’est lui, le dernier maillon de la chaîne du «pré-presse» avant « bon à tirer » ; rien de plus agaçant en effet pour le lecteur que de se rendre compte qu’une note manque à l’appel ou qu’une légende est placée sous la mauvaise photo. Fidèle parmi les fidèles, son respect envers le texte écrit est sans limite et il pousse parfois l’auteur dans ses derniers retranchements pour garder à l’ouvrage tout son crédit.
Sophie Brissaud, dans son article intitulé « La lecture angoissée ou la mort du traducteur », lance sur le métier des remarques très éclairantes : pour elle, le correcteur n’est pas forcément un expert de la langue, il est défini non par son savoir mais par sa psychologie, il ne lit pas comme tout le monde, il photographie visuellement le mot et identifie une coquille quand son cerveau lui renvoie de façon presque subliminale que «quelque chose ne va pas». Une lecture angoissée, à l’évidence.
C’est un marginal : il ose préférer les chevrons aux guillemets américains. Il milite contre la peine de mort, celle de la langue s’entend. Il en oublie d’être aimé.
Lézarde : défaut, lorsque sur plusieurs lignes successives, des espaces sont presque alignés verticalement, donnant une impression de zébrure.
Veuve
A l'opposé de "orphelin" une veuve est la première ligne d'un paragraphe qui reste seule en bas d'une colonne ou d'une page alors que les lignes suivantes se retrouvent en haut de la colonne ou la page suivante.
Pour mieux connaître le glossaire de typographie, on peut se reporter aux sites qui suivent ; c’est intéressant, notamment en ce qui concerne les traits d’union et les tirets qui posent souvent problème :
http://fr.wikibooks.org/wiki/Rédaction_technique/Glossaire_de_typographie
http://forumde.lalogotheque.com/lofiversion/index.php/t289.html
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