Les vives flammes qui l’avaient protégé ces dernières lunes des assauts des démons nocturnes étaient mortes, et la maigre fumée qui s’échappait des braises ne représentait pas un bouclier suffisant contre ces armées de griffes. Impassible et résigné, le jeune hominidé attendait la mort. La modeste grotte dans laquelle il avait élu domicile serait son tombeau, son cadavre se mêlerait aux dépouilles décharnés qui jonchaient le sol et ses ossements iraient rejoindre ceux des animaux morts. Depuis des jours, il ne devait sa survie qu’à cette rougeâtre flambée qui, non seulement lui permettait de cuire ses viandes et réduisaient ainsi efforts de mastication et douleurs d’estomac mais surtout, maintenaient à distance de son corps démuni les yeux menaçants qui parsemaient la nuit. Néanmoins, les sempiternels vents qui fouettaient la région avaient eu raison de son partenaire incandescent et dès lors il s’était su condamné.
Pourtant sa naissance ne l’avait pas destinée à une telle fin. Fils du chef du clan, il aurait dû lui aussi revêtir un jour la peau de lion mais son père, être violent et irascible, avide de pouvoir et d’autorité, l’avait prématurément chassé de la tribu protectrice. Le corps musculeux du jeune fils, la vivacité d’esprit qui le caractérisait, la bienveillance et la tempérance qui le faisaient aimer de tous, toutes ses qualités commençaient à affaiblir la domination jusqu’alors impérieuse du patriarche, et ce dernier, ne pouvant le supporter, l’avait condamné à un exil solitaire. Sous les yeux larmoyants de sa mère, il avait jeté sur ses épaules une légère peau d’antilope, avait saisi entre ses larges doigts sa lance à la pointe durcie par le feu et avait quitté la confortable grotte familiale.
Sa destination n’avait pas été choisie au hasard. Il savait que sur les bords du lac Turkana se réunissaient les troupeaux d’herbivores, que les eaux de la Mer de Jade regorgeaient de poissons à la chair généreuse et que dans les montagnes entourant la vallée, il pourrait trouver un enfoncement rocheux dans lequel s’installer. Il avait suivi le mouvement gracieux des oiseaux migrateurs et seul, il avait cheminé le long du fleuve Kerio aux côtés des troupeaux de gnous, des meutes de hyènes et des hardes de zèbres. Sous les rayons brûlants de l’astre diurne, il avait erré des heures durant à la recherche d’un abri de fortune, prenant soin d’éviter les hautes herbes et les bords du lac où lionnes avides de sang et monstres à la gueule béante trouvent si facilement leurs victimes affaiblies.
Assis en tailleur à l’entrée de sa grotte, le jeune hominidé contemple pour la dernière fois le soleil rose qui se couche à l’horizon, s’emplit les yeux des images de ce monde qu’il aura, l’espace d’un instant, foulé et gonfle ses poumons de cet air chaud et sec. A ses pieds, gît sa lance brisée. La première étoile apparaît dans les cieux, la mort ne saurait tarder.
Pourtant sa naissance ne l’avait pas destinée à une telle fin. Fils du chef du clan, il aurait dû lui aussi revêtir un jour la peau de lion mais son père, être violent et irascible, avide de pouvoir et d’autorité, l’avait prématurément chassé de la tribu protectrice. Le corps musculeux du jeune fils, la vivacité d’esprit qui le caractérisait, la bienveillance et la tempérance qui le faisaient aimer de tous, toutes ses qualités commençaient à affaiblir la domination jusqu’alors impérieuse du patriarche, et ce dernier, ne pouvant le supporter, l’avait condamné à un exil solitaire. Sous les yeux larmoyants de sa mère, il avait jeté sur ses épaules une légère peau d’antilope, avait saisi entre ses larges doigts sa lance à la pointe durcie par le feu et avait quitté la confortable grotte familiale.
Sa destination n’avait pas été choisie au hasard. Il savait que sur les bords du lac Turkana se réunissaient les troupeaux d’herbivores, que les eaux de la Mer de Jade regorgeaient de poissons à la chair généreuse et que dans les montagnes entourant la vallée, il pourrait trouver un enfoncement rocheux dans lequel s’installer. Il avait suivi le mouvement gracieux des oiseaux migrateurs et seul, il avait cheminé le long du fleuve Kerio aux côtés des troupeaux de gnous, des meutes de hyènes et des hardes de zèbres. Sous les rayons brûlants de l’astre diurne, il avait erré des heures durant à la recherche d’un abri de fortune, prenant soin d’éviter les hautes herbes et les bords du lac où lionnes avides de sang et monstres à la gueule béante trouvent si facilement leurs victimes affaiblies.
Assis en tailleur à l’entrée de sa grotte, le jeune hominidé contemple pour la dernière fois le soleil rose qui se couche à l’horizon, s’emplit les yeux des images de ce monde qu’il aura, l’espace d’un instant, foulé et gonfle ses poumons de cet air chaud et sec. A ses pieds, gît sa lance brisée. La première étoile apparaît dans les cieux, la mort ne saurait tarder.
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