Ça y est, elle est partie. Engloutie dans la masse en partance pour le Sud-ouest de la France. Je l’ai laissée partir, il le fallait, je n’avais pas le choix. Pourtant j’étais prévenue. On m’avait dit qu’elle n’était pas à moi, que je ne pourrais pas la garder prisonnière, qu’un jour, il faudrait accepter de l’exposer à des yeux étrangers qui, à leur tour, l’effeuilleraient, la parcourraient dans ses moindres détails avant de rendre un jugement rigoureux. Oui mais voilà, je n’avais pas prévu cela. Pas à ce point-là. Je m’étais dit que oui, bien sûr, j’allais avoir du mal à la laisser voler de ses propres ailes par peur d’être critiquée, par peur de décevoir peut-être… Mais je n’avais pas imaginé que cela allait être aussi difficile d’admettre l’imperfection et de m’imposer une ultime relecture au-delà de laquelle il faut s’atteler à la mise en page sans plus rien modifier. Encore une fois, le texte appartient à l’auteur, et si je peux tout faire pour le rendre le mieux possible en français, je dois également tout faire pour conserver le style et l’intention de départ, ce qui implique de se fixer certaines limites. Je crois que je n’avais pas imaginé non plus que le travail de relecture était aussi minutieux, jusqu’à la fin. Je veux dire par là qu’à la dixième ou onzième relecture – je ne sais plus, j’ai arrêté de compter – je ne pensais pas trouver encore des erreurs de débutant.
À l’aube de la soutenance, c’est avec une réelle appréhension que j’ai repris mon mémoire pour le relire attentivement, et c’est avec déception que j’ai découvert une coquille par ci, une erreur d’alignement de paragraphe par là, et une grossière faute de lexique un peu plus loin. Le pire étant qu’avec un recul d’une bonne semaine, cela me saute aux yeux, comme si cela s’était immiscé dans le texte à mon insu, une fois la traduction imprimée et reliée. Je me rassure en me disant que dans le monde de l’édition, les correcteurs sont là pour suppléer le traducteur en tant qu’intermédiaire entre le traducteur et le lecteur. Piètre consolation pour un esprit perfectionniste.
Tout cela m’amène à attirer l’attention des nouveaux apprentis sur une chose : l’importance capitale de soumettre votre traduction longue à un regard étranger. Étranger au texte tout d’abord, mais aussi étranger à l’espagnol si possible, car il sera d’autant plus sensible aux hispanismes. Une construction française pourra sembler logique à l’oreille d’un hispanophone alors qu’elle n’existe pas, tout simplement parce que son oreille y sera habituée dans une autre langue. Selon la disponibilité du cobaye choisi, n’hésitez pas aussi à entreprendre avec elle la tâche ô combien fastidieuse mais nécessaire de la vérification mot à mot de la version originale pendant la lecture de la version française (par la voix étrangère au texte, pas par celle qui résonne dans votre tête au moment de la traduction : celle-ci est trop accoutumée aux phrases, elle connaît presque le texte par cœur et n’est plus assez attentive). Cela permet d’éviter les omissions ; même si cela prend une journée à un moment où les heures sont comptées – ou presque – c’est une étape importante à ne pas négliger.
Pour résumer, la réalisation d’un mémoire de traduction de cette envergure (je compare ici avec mes 30 pages de l’an dernier) est une expérience fabuleuse, riche en émotions de toutes natures, qui permet de progresser et dont on sort un peu différent, comme grandi. Ce n’est évidemment que mon avis, Caroline et mes amies futures-ex-apprenties auront peut-être une idée différente sur la question. En tous cas, je crois que tout le monde s’accordera à dire que cette année, dont le terme approche, fut, elle, fabuleuse et riche en émotions.
À l’aube de la soutenance, c’est avec une réelle appréhension que j’ai repris mon mémoire pour le relire attentivement, et c’est avec déception que j’ai découvert une coquille par ci, une erreur d’alignement de paragraphe par là, et une grossière faute de lexique un peu plus loin. Le pire étant qu’avec un recul d’une bonne semaine, cela me saute aux yeux, comme si cela s’était immiscé dans le texte à mon insu, une fois la traduction imprimée et reliée. Je me rassure en me disant que dans le monde de l’édition, les correcteurs sont là pour suppléer le traducteur en tant qu’intermédiaire entre le traducteur et le lecteur. Piètre consolation pour un esprit perfectionniste.
Tout cela m’amène à attirer l’attention des nouveaux apprentis sur une chose : l’importance capitale de soumettre votre traduction longue à un regard étranger. Étranger au texte tout d’abord, mais aussi étranger à l’espagnol si possible, car il sera d’autant plus sensible aux hispanismes. Une construction française pourra sembler logique à l’oreille d’un hispanophone alors qu’elle n’existe pas, tout simplement parce que son oreille y sera habituée dans une autre langue. Selon la disponibilité du cobaye choisi, n’hésitez pas aussi à entreprendre avec elle la tâche ô combien fastidieuse mais nécessaire de la vérification mot à mot de la version originale pendant la lecture de la version française (par la voix étrangère au texte, pas par celle qui résonne dans votre tête au moment de la traduction : celle-ci est trop accoutumée aux phrases, elle connaît presque le texte par cœur et n’est plus assez attentive). Cela permet d’éviter les omissions ; même si cela prend une journée à un moment où les heures sont comptées – ou presque – c’est une étape importante à ne pas négliger.
Pour résumer, la réalisation d’un mémoire de traduction de cette envergure (je compare ici avec mes 30 pages de l’an dernier) est une expérience fabuleuse, riche en émotions de toutes natures, qui permet de progresser et dont on sort un peu différent, comme grandi. Ce n’est évidemment que mon avis, Caroline et mes amies futures-ex-apprenties auront peut-être une idée différente sur la question. En tous cas, je crois que tout le monde s’accordera à dire que cette année, dont le terme approche, fut, elle, fabuleuse et riche en émotions.
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