1) Comment êtes-vous devenue libraire ?
J'ai fait la rencontre d'une libraire à Paris qui m'a dit que c'était un métier fabuleux mais difficile, que les libraires deviennent souvent des « gens acariâtres » (parce que le développement de carrière est très limité), mais que malgré tout, ça valait le coup (entendre un client que vous avez conseillé vous remercier et vous dire qu’il a été très touché par le livre que vous avez défendu est un vrai moment de bonheur). J'ai donc été pendant deux ans en apprentissage à l'INFL (Institut National de Formation des Libraires) à Paris, alternant trois semaines en entreprise et une semaine à l'école. J'y ai suivi des cours de vente, de vitrine, de gestion, de culture générale, qui étaient plus ou moins intéressants selon les intervenants. Par exemple, je garde un très bon souvenir du cours sur les polars.
Après avoir obtenu mon diplôme, je suis descendue sur Bordeaux, et j'ai découvert la librairie La Machine à lire par hasard, en flânant et j’ai pensé que c’était dans ce lieu que je voulais exercer mon métier. Cela fait maintenant cinq ans que j'y travaille.
2)Pouvez-vous me présenter votre librairie ?
Il s'agit d'une librairie généraliste, qui défend une littérature exigeante et a un engagement plutôt à gauche. Elle a été rachetée il y a deux ans et nous cherchons à garder l’esprit des créateurs tout en développant les rayons en fonction des affinités des libraires. Notre rôle est de mettre en avant des éditeurs qui publient des auteurs de qualité tout en s’attachant à fabriquer de beaux objets comme les éditions de Minuit, Actes Sud, Monsieur Toussaint Louverture etc. Nous essayons de développer des liens privilégiés, comme avec les éditions Le passager clandestin.
Nous avons un pôle sciences humaines (regroupant des thèmes variés comme l'Histoire, la politique, la psychologie et la psychanalyse, la philosophie, la sociologie, la linguistique…), un pôle littérature (française et étrangère) et un pôle image (beaux arts, jeunesse, BD, pratique…).
3) Quelles relations entretenez-vous avec les éditeurs ?
Pour les petites maisons d'édition, Hélène, la propriétaire, est allée rencontrer, à Paris, les éditeurs. Elle s’est entretenue avec Henri Cosse, des éditions de Minuit, avec l'éditrice Sabine Wespieser ou bien Jean-Paul Hirsch de POL.
Pour les grosses maisons d'édition, c'est plus compliqué. Quand ils passent sur Bordeaux, ils viennent nous voir, nous dire bonjour. Mais nous avons surtout développé des liens avec les représentants qui nous présentent les livres, nous orientent parfois sur les quantités quand on a des doutes, nous mettent en relation avec les attachés de presse pour organiser des rencontres avec les auteurs.
4) Organisez-vous des rencontres avec des auteurs ? Comment s'établit le contact avec eux ?
Oui, nous organisons des rencontres au moins trois-quatre fois par mois, en essayant d’équilibrer littérature et sciences humaines. En janvier et février, nous allons recevoir des membres de La Cimade (pour un livre sur les centres de rétention publié chez Actes Sud), Vincent Borel de chez Sabine Wespieser, Maylis de Kérangal prix Médicis 2010 pour la Naissance d’un pont chez Verticales, l'auteur Hervé Kempf qui va nous parler d'écologie. Il en faut, cela nous amène plus ou moins le monde, mais il en faut.
Ce sont les représentants qui nous mettent en relation avec les attachés de presse puis les auteurs. Ils viennent nous présenter les livres en moyenne deux mois et demi avant leur sortie. Ensuite, c'est à nous de prendre contact avec l'attaché de presse de l'auteur, de fixer une date, de trouver des animateurs pour gérer l'animation.
5) Quelle place occupe la littérature étrangère dans votre librairie ?
La littérature française représente la plus grosse part de notre chiffre d'affaires. Mais nous avons également trois belles tables de littérature étrangère et huit bibliothèques pour le fonds. Les littératures américaine et anglaise sont les plus importantes ce qui correspond à la masse de la production éditoriale, mais nous avons également beaucoup mis en avant la littérature des Balkans, qu'affectionne particulièrement un de nos libraires. Nous sommes aussi de grands amateurs de littérature japonaise ou indienne et Vincent, nouvellement arrivé, est passionné de littérature sud-américaine, (il a créé avec Nadia Moureaux-Beugnet les éditions Cataplum) et va surement développé ce rayon pour la librairie. A noter que le rayon de littérature espagnole est séparé de la littérature latino-américaine.
6) Que pensez-vous du livre numérique ?
Je n'en pense pas grand-chose. C'est un concept trop technique avec lequel j'ai beaucoup de mal. Mais c'est l'avenir donc il faudra qu'on s'y mette. Pour l’instant, je n'y vois aucun intérêt. Ceci dit, les éditions Dialogues vous permettent d'acheter le livre papier en même temps que le fichier numérique. La publication dernièrement de Biogée, le dernier livre du philosophe Michel Serres leur permet de se faire connaître du grand public. De leur côté, l’association des Librairies Atlantiques réfléchit autour de ce thème pour proposer une stratégie à adopter.
7) Quel est votre dernier coup de cœur ?
Ma dernière surprise, c’est une bande dessinée, Trop n'est pas assez, d'Ulli Lust, aux éditions Ça et Là. C'est l'histoire d'une jeune punk qui rencontre une nana un peu dégingandée. Elles sont Autrichiennes et décident de se rendre en Italie sans papiers et par leurs propres moyens. C'est le récit de cette débrouille, un livre axé sur une réflexion autour du corps féminin que les Italiens, et surtout les Siciliens, convoitent. Une des deux finit par se prostituer, l'autre s’y refuse.
C'est un récit plus ou moins autobiographique, on s'attache aux personnages. Je l’ai entamé sans grand enthousiasme un midi et j’ai eu du mal à le refermer !
J'ai fait la rencontre d'une libraire à Paris qui m'a dit que c'était un métier fabuleux mais difficile, que les libraires deviennent souvent des « gens acariâtres » (parce que le développement de carrière est très limité), mais que malgré tout, ça valait le coup (entendre un client que vous avez conseillé vous remercier et vous dire qu’il a été très touché par le livre que vous avez défendu est un vrai moment de bonheur). J'ai donc été pendant deux ans en apprentissage à l'INFL (Institut National de Formation des Libraires) à Paris, alternant trois semaines en entreprise et une semaine à l'école. J'y ai suivi des cours de vente, de vitrine, de gestion, de culture générale, qui étaient plus ou moins intéressants selon les intervenants. Par exemple, je garde un très bon souvenir du cours sur les polars.
Après avoir obtenu mon diplôme, je suis descendue sur Bordeaux, et j'ai découvert la librairie La Machine à lire par hasard, en flânant et j’ai pensé que c’était dans ce lieu que je voulais exercer mon métier. Cela fait maintenant cinq ans que j'y travaille.
2)Pouvez-vous me présenter votre librairie ?
Il s'agit d'une librairie généraliste, qui défend une littérature exigeante et a un engagement plutôt à gauche. Elle a été rachetée il y a deux ans et nous cherchons à garder l’esprit des créateurs tout en développant les rayons en fonction des affinités des libraires. Notre rôle est de mettre en avant des éditeurs qui publient des auteurs de qualité tout en s’attachant à fabriquer de beaux objets comme les éditions de Minuit, Actes Sud, Monsieur Toussaint Louverture etc. Nous essayons de développer des liens privilégiés, comme avec les éditions Le passager clandestin.
Nous avons un pôle sciences humaines (regroupant des thèmes variés comme l'Histoire, la politique, la psychologie et la psychanalyse, la philosophie, la sociologie, la linguistique…), un pôle littérature (française et étrangère) et un pôle image (beaux arts, jeunesse, BD, pratique…).
3) Quelles relations entretenez-vous avec les éditeurs ?
Pour les petites maisons d'édition, Hélène, la propriétaire, est allée rencontrer, à Paris, les éditeurs. Elle s’est entretenue avec Henri Cosse, des éditions de Minuit, avec l'éditrice Sabine Wespieser ou bien Jean-Paul Hirsch de POL.
Pour les grosses maisons d'édition, c'est plus compliqué. Quand ils passent sur Bordeaux, ils viennent nous voir, nous dire bonjour. Mais nous avons surtout développé des liens avec les représentants qui nous présentent les livres, nous orientent parfois sur les quantités quand on a des doutes, nous mettent en relation avec les attachés de presse pour organiser des rencontres avec les auteurs.
4) Organisez-vous des rencontres avec des auteurs ? Comment s'établit le contact avec eux ?
Oui, nous organisons des rencontres au moins trois-quatre fois par mois, en essayant d’équilibrer littérature et sciences humaines. En janvier et février, nous allons recevoir des membres de La Cimade (pour un livre sur les centres de rétention publié chez Actes Sud), Vincent Borel de chez Sabine Wespieser, Maylis de Kérangal prix Médicis 2010 pour la Naissance d’un pont chez Verticales, l'auteur Hervé Kempf qui va nous parler d'écologie. Il en faut, cela nous amène plus ou moins le monde, mais il en faut.
Ce sont les représentants qui nous mettent en relation avec les attachés de presse puis les auteurs. Ils viennent nous présenter les livres en moyenne deux mois et demi avant leur sortie. Ensuite, c'est à nous de prendre contact avec l'attaché de presse de l'auteur, de fixer une date, de trouver des animateurs pour gérer l'animation.
5) Quelle place occupe la littérature étrangère dans votre librairie ?
La littérature française représente la plus grosse part de notre chiffre d'affaires. Mais nous avons également trois belles tables de littérature étrangère et huit bibliothèques pour le fonds. Les littératures américaine et anglaise sont les plus importantes ce qui correspond à la masse de la production éditoriale, mais nous avons également beaucoup mis en avant la littérature des Balkans, qu'affectionne particulièrement un de nos libraires. Nous sommes aussi de grands amateurs de littérature japonaise ou indienne et Vincent, nouvellement arrivé, est passionné de littérature sud-américaine, (il a créé avec Nadia Moureaux-Beugnet les éditions Cataplum) et va surement développé ce rayon pour la librairie. A noter que le rayon de littérature espagnole est séparé de la littérature latino-américaine.
6) Que pensez-vous du livre numérique ?
Je n'en pense pas grand-chose. C'est un concept trop technique avec lequel j'ai beaucoup de mal. Mais c'est l'avenir donc il faudra qu'on s'y mette. Pour l’instant, je n'y vois aucun intérêt. Ceci dit, les éditions Dialogues vous permettent d'acheter le livre papier en même temps que le fichier numérique. La publication dernièrement de Biogée, le dernier livre du philosophe Michel Serres leur permet de se faire connaître du grand public. De leur côté, l’association des Librairies Atlantiques réfléchit autour de ce thème pour proposer une stratégie à adopter.
7) Quel est votre dernier coup de cœur ?
Ma dernière surprise, c’est une bande dessinée, Trop n'est pas assez, d'Ulli Lust, aux éditions Ça et Là. C'est l'histoire d'une jeune punk qui rencontre une nana un peu dégingandée. Elles sont Autrichiennes et décident de se rendre en Italie sans papiers et par leurs propres moyens. C'est le récit de cette débrouille, un livre axé sur une réflexion autour du corps féminin que les Italiens, et surtout les Siciliens, convoitent. Une des deux finit par se prostituer, l'autre s’y refuse.
C'est un récit plus ou moins autobiographique, on s'attache aux personnages. Je l’ai entamé sans grand enthousiasme un midi et j’ai eu du mal à le refermer !
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