Tous les soirs, c’était la même rengaine : je prenais Cachou sur mon épaule pour le mettre à la porte. Dehors, il faisait nuit noire, et lorsqu’il se retournait, j’admirais ses yeux qui scintillaient. Pendant qu’il s’éloignait au fond du jardin, je fermais les volets, puis je m’en allais dans ma chambre. Après avoir fermé tous les volets, il ne restait plus aucune ouverture sur l’extérieur, à part cette télévision, cet appareil qui me permettait de voir ce dont je ne devais pas être témoin en m’offrant des images, fixes ou en mouvement, qui me faisaient voyager alors que j’étais complètement sédentaire. J’avais tellement absorbé de clichés pré-réalisés que j’en avais oublié d’observer autour de moi. Tous les jours, j’empruntais le même chemin ; je passais par un petit sentier en virage, au milieu de grands arbres dont je n’étais pas capable de dire à quoi ils ressemblaient. Pas loin, il y avait une forêt, peuplée de petits êtres vivants assez discrets, mais ça ne faisait pas partie de ma trajectoire quotidienne qui allait de la maison à l’arrêt d’autobus. En fait, je n’aimais pas me balader dans le quartier. Disons que j’évitais de m’y attarder. Mon chat, quant à lui, le quartier, il le connaissait comme moi je connais ma poche. Bien qu’il se plaisait à roupiller dans le salon, la nuit, alors que c’était mon tour de baisser mes paupières, il devait sûrement parcourir les terrains environnants, blancs, verts ou marrons selon les saisons, couvert ou non de feuilles mortes, grouillant ou non de vie. Il voyait des choses que je n’imaginais même pas. Aujourd’hui, cela fait un mois que je n’accomplis plus le même rituel du soir, car depuis, Cachou n’est pas revenu. Si seulement je pouvais voir à travers les yeux de mon chat ! Ça me permettrait de savoir s’il continue à se promener dans ce monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire