« Parle-moi d'hier »
Le mercredi, je garde ma petite-fille. C’est la fille de ma fille. Eh oui, la libération de la femme passe aussi par la solidarité intergénérationnelle.
Ma petite fille est pleine de vie, elle est curieuse de tout. Les jours de beau temps, elle joue dans le jardin, elle observe, elle explore, elle est tellement curieuse de tout. Les jours de pluie et de grand froid, on fait des activités plus calmes, à l’intérieur : lire un livre, faire de la pâte à modeler et même un peu de couture. J’aime beaucoup ma petite-fille, ces moments passés avec elle n’ont pas de prix.
Un jour, alors que nous étions en train de préparer une tarte aux pommes, elle me lance une de ses questions soudaines et surprenantes :
— Dis mamie, c’était comment avant ?
— Avant ? Avant quand ?
— Avant ! Quand tu étais petite ?
— C’était différent de maintenant. À la maison, il n’y avait pas de télévision ni de machine à laver.
— Ah bon ? Mais comment tu faisais alors pour regarder un dessin-animé ?
— Je n’en regardais pas mais je faisais beaucoup d’autres choses. Comme j’habitais à la campagne, je jouais souvent dehors avec les petits voisins, on allait cueillir des mûres, on donnait à manger aux lapins et on trouvait mille et une façons de ne pas s’ennuyer.
— Et est-ce que vous étiez gris ?
— Gris ? Comment ça, gris ?
— Eh ben, la couleur ! Si vous étiez gris comme sur les photos d’avant ?
J’éclatai de rire, jamais je n’aurais cru que sa petite tête, où les idées se bousculent, puisse imaginer des personnes en noir et blanc vivant dans un monde tout gris.
— Non, bien sûr que non, je n’ai pas changé de couleur. C’était les mêmes couleurs que maintenant, le ciel était bleu quand le soleil brillait, l’herbe verte, la neige blanche. Tu vois ?
— Et tu t’amusais bien ?
— Oui, j’avais même une poupée qui s’appelait Camille, elle portait une jolie robe rouge et ses cheveux étaient blonds. J’en prenais grand soin.
— Et est-ce que tu pleurais quand on te fâchait très très fort ?
— Oui, je pleurais. Moi aussi, parfois, je me faisais gronder.
Le monde change, surtout par ses avancées scientifiques et technologiques, parce que les rires et les pleurs, eux, ils étaient là hier, ils sont encore là aujourd’hui et ils le seront certainement demain.
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