« Derrière les yeux de l'étudiant »
Derrière les yeux de l'étudiant se cache tout un univers caractéristique, constitué de trois notions fondamentales : la liberté, la « teuf » et les « exams » qui voltigent dans une atmosphère incertaine.
En effet, l'étudiant vit dans un autre monde, naïf, ambitieux, il a maints rêves théoriques, c'est un apprenti et un voyageur sans valise ni plan. Car il se perd parfois sur le chemin qu'il a suivi sans but précis, par simple goût ou par défaut, et sera contraint de se réorienter à plusieurs reprises.
Afin de pouvoir se rendre tous les jours, enfin les jours de cours, à la « fac », l'étudiant doit résider à proximité de celle-ci, ce qui n'est pas le cas de bon nombre d'entre eux, originaires d'une autre académie ou d'une ville sans université. Dans ce cas, il loue généralement un « appart' » ou une chambre en « coloc' » (qui s'apparentent vite à un souk chaotique difficile à éradiquer) et jouit alors d'une certaine autonomie, loin de son cocon familial. C'est dans ce contexte qu'il apprend à vivre de manière indépendante, à s'organiser ainsi qu'à se débrouiller et qu'il acquiert des savoirs déversés durant les CM (Cours Magistraux) ou acquis en TD (Travaux Dirigés). L'étudiant a soif de connaissances et veut réussir que ce soit par orgueil, pour que son entourage soit fier de lui ou dans le but de poursuivre son parcours selon un projet prédéterminé. Ayant d'ordinaire une vingtaine d'années, il entre dans une étape décisive de sa « life », durant laquelle il faut choisir un métier et, par conséquent, se projeter dans l'avenir, devenir adulte.
Cependant, comme tout cela lui fait très peur, il va sans dire que l'étudiant ne pense qu'à une chose outre l'obtention de son année : profiter de sa jeunesse, de son insouciance, avant de s'engager dans le monde impitoyable du travail, à plein temps.
Or, le jeudi soir est le moment de prédilection de la semaine, la nuit des folies avant le week-end. Sa journée universitaire accomplie, il va faire quelques courses avant de rejoindre ses amis pour « l'apéro » et « l'happy hour » qu'il apprécie en particulier car il n'aime pas dépenser. Heureusement, son statut lui permet de bénéficier de toute une série de réductions pour ses voyages en train, ses sandwichs ou ses loisirs. En général, l'étudiant cuisine peu et ne mange que des plats préparés et réchauffés au four micro-ondes. Le jeudi soir, en revanche, c'est pizzas livrées, kebab ou juste chips qui accompagnent son breuvage alcoolisé. Il est fréquent que l'étudiant vomisse à l'issue de cette soirée et qu'il dorme plus tard que prévu le vendredi matin.
Néanmoins, l'étudiant change de rythme lorsque s'approche un partiel. Accablé par le stress, il se met à revoir ses cours et passe son temps à la bibliothèque. Sur ces entrefaites, il regrette d'avoir séché et de pas toujours avoir écouté la voix amplifiée de « l'amphi » immense parce qu'il lisait le journal distribué à l'arrêt de tram, envoyait des SMS en cachette ou naviguait sur le net avec son PC portable qui lui sert de feuille et de stylo. Par ailleurs, l'étudiant ne veut pas se faire prendre ou mal voir, sa note pourrait en être affectée et la notation compte pour lui. Tel l'enfant qui l'habite, il accorde une grande importance à ce chiffre ou nombre qui lui permet de se situer par rapport aux autres, d'évaluer ses capacités, de se remettre en question. À tel point qu'il finit par « bûcher » pour la note et non pour enrichir sa culture.
En somme, l'étudiant est un être en devenir, il se meut entre deux états. Presque adulte, ses études le préparent, lui permettent de découvrir la réalité et de l'affronter tout en le plongeant dans l'inconscience juvénile.
Derrière les yeux de l'étudiant se cachent une situation précaire, l'incertitude et la volonté d'être grand.
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