À faire en 2h30, sans dictionnaire
En algunos bares del barrio de Lucero podía dar verdadero asco beber de los vasos, porque el cristal estaba sucio y en la cerveza era fácil encontrar un tropezón o grasa que flotaba ; tampoco era agradable tomar sopa o macarrones en esas vajillas que convenía limpiar cpn la servilleta para no comer más de la cuenta.
— Vigésimo elogio de los baretos, ironiza el Tuerto.
Yo ya estaba acostumbrado a esa suciedad, pero Yanira no podía soportarla – no en vano fue ella quien me enseñó a verla –, así que no era fácil llevarla a nungún sitio que no fuera Confort Latino o El Bombón Cañí.
Este último era un restaurante macarra donde no se comía demasiado bien, pero al menos la vajilla estaba siempre reluciente, y a la cerveza solía faltarle gas, pero la servían en vasos que brillaban como recién comprados. Allí invité a cenar a la niña, que tenía los ojos brillantes como los vasos y las mejillas encendidas igual que cuando la pintaba desnuda, como aquella vez que fuimos al casino y ella me agarraba del brazo sintiéndose una princesita y los dos íbamos vestidos de boda.
[…]
Sus ojos brillaban pero no engañaban, y en ellos había razones para la desconfianza. Miraban con un desinterés doloroso, transmitían impaciencia por terminar cuanto antes una cena que aún no había empezado. Estaba claro que mi invitación le resultaba un fastidio y que la luz de sus mejillas nada tenía que ver conmigo.
No llevaba pulseras, tampoco collares en el cuello, pero se había dado mechas rubias y ese vestido negro, en apariencia tan sencillo, era nuevo y más bien caro, lo que alimentaba mi suspicacia.
— ¿ De dónde has sacado el dinero para el vestido ?
— Trabajo… – respondió –. No como otros…
— ¿ No como otros ?
Le mostré uno de los fajos de billetes y las pupilas le inundaron los ojos, también negros. Sabía que el dinero la impresionaba mucho y que no se resistiría a una demostración de poder económico, salvo que tuviera el problema resuelto con la venta del cuadro de El Pintor.
— ¿ Deslumbran, verdad ? – dije, agitanto los billetes frente a sus ojos.
— Vigésimo elogio de los baretos, ironiza el Tuerto.
Yo ya estaba acostumbrado a esa suciedad, pero Yanira no podía soportarla – no en vano fue ella quien me enseñó a verla –, así que no era fácil llevarla a nungún sitio que no fuera Confort Latino o El Bombón Cañí.
Este último era un restaurante macarra donde no se comía demasiado bien, pero al menos la vajilla estaba siempre reluciente, y a la cerveza solía faltarle gas, pero la servían en vasos que brillaban como recién comprados. Allí invité a cenar a la niña, que tenía los ojos brillantes como los vasos y las mejillas encendidas igual que cuando la pintaba desnuda, como aquella vez que fuimos al casino y ella me agarraba del brazo sintiéndose una princesita y los dos íbamos vestidos de boda.
[…]
Sus ojos brillaban pero no engañaban, y en ellos había razones para la desconfianza. Miraban con un desinterés doloroso, transmitían impaciencia por terminar cuanto antes una cena que aún no había empezado. Estaba claro que mi invitación le resultaba un fastidio y que la luz de sus mejillas nada tenía que ver conmigo.
No llevaba pulseras, tampoco collares en el cuello, pero se había dado mechas rubias y ese vestido negro, en apariencia tan sencillo, era nuevo y más bien caro, lo que alimentaba mi suspicacia.
— ¿ De dónde has sacado el dinero para el vestido ?
— Trabajo… – respondió –. No como otros…
— ¿ No como otros ?
Le mostré uno de los fajos de billetes y las pupilas le inundaron los ojos, también negros. Sabía que el dinero la impresionaba mucho y que no se resistiría a una demostración de poder económico, salvo que tuviera el problema resuelto con la venta del cuadro de El Pintor.
— ¿ Deslumbran, verdad ? – dije, agitanto los billetes frente a sus ojos.
Juan Aparicio Belmonte, López López, 2004.
***
***
***
***
La traduction que je vous propose :
Dans certains bars du quartier de Lucero, boire un coup vous file une belle envie de vomir. Non seulement les verres sont dégueulasses, mais il n’est pas rare de trouver au fond de sa bière un bout de jambon ou de la graisse flottant à la surface. Y avaler une assiette de soupe ou de macaronis n’est guère plus ragoûtant ; il faut prendre bien soin de nettoyer d’abord la vaisselle avec sa serviette pour ne pas manger plus ce qu’il y a au menu.
« Bel éloge des bouis-bouis », ironise Le Borgne.
Moi, j’étais habitué à cette saleté, mais Yanira, elle, elle ne la supportait pas – c’était d’ailleurs elle qui m’avait appris à la voir. Si bien qu’il n’était pas facile de la sortir ailleurs qu’au Confort Latino ou au Bombón Cañí.
Le Bombón Cañí était un restaurant plutôt craignos où l’on ne mangeait pas très bien, mais où, au moins, la vaisselle était toujours étincelante. La bière n’était généralement pas assez gazeuse à mon goût mais, au moins, elle était servie dans des verres resplendissants, on aurait dit qu’ils sortaient tout droit du magasin. C’est là que j’emmenai dîner la gamine. Ses yeux brillaient autant que les verres et ses joues étaient aussi enflammées que lorsque je la dessinais ou que la fois où, sur notre trente et un, nous étions allés au casino, quand elle avait passé la soirée pendue à mon bras en se prenant pour une petite princesse.
« Tu es très belle, la complimentai-je.
— Merci.
— Je t’aurais bien invitée dans un meilleur restaurant, mais comme tu refuses de quitter le quartier…
— Merci. »
Ses yeux brillaient, oui, mais ils ne me trompaient pas ; ce que j’y voyais me confirmait que j’avais bien des raisons d’être méfiant. Ils regardaient avec une indifférence douloureuse, trahissaient la hâte qu’un dîner qui n’avait même pas encore commencé se termine au plus vite. Il était clair que pour elle, il s’agissait d’une corvée et que je n’avais absolument rien à voir dans l’éclat de ses joues.
Elle ne portait ni bracelets ni colliers, mais elle s’était fait faire des mèches blondes et, pour simple qu’elle paraisse, sa petite robe noire n’en était pas moins neuve et très certainement assez chère. Autant d’éléments pour alimenter ma suspicion.
« Où est-ce que tu as trouvé l’argent pour cette robe ?
— Je travaille, répliqua-t-elle. Pas comme certains…
— Pas comme certains ? Et ça, c’est quoi ? »
Je sortis une liasse de billets. Ses pupilles s’agrandirent, noires elles aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique. Sauf, cela va de soi, si elle avait résolu son problème de ce côté-là, grâce à la vente du Le Peintre.
« Ça en jette, hein ? », la narguai-je en lui agitant l’argent sous le nez.
Dans certains bars du quartier de Lucero, boire un coup vous file une belle envie de vomir. Non seulement les verres sont dégueulasses, mais il n’est pas rare de trouver au fond de sa bière un bout de jambon ou de la graisse flottant à la surface. Y avaler une assiette de soupe ou de macaronis n’est guère plus ragoûtant ; il faut prendre bien soin de nettoyer d’abord la vaisselle avec sa serviette pour ne pas manger plus ce qu’il y a au menu.
« Bel éloge des bouis-bouis », ironise Le Borgne.
Moi, j’étais habitué à cette saleté, mais Yanira, elle, elle ne la supportait pas – c’était d’ailleurs elle qui m’avait appris à la voir. Si bien qu’il n’était pas facile de la sortir ailleurs qu’au Confort Latino ou au Bombón Cañí.
Le Bombón Cañí était un restaurant plutôt craignos où l’on ne mangeait pas très bien, mais où, au moins, la vaisselle était toujours étincelante. La bière n’était généralement pas assez gazeuse à mon goût mais, au moins, elle était servie dans des verres resplendissants, on aurait dit qu’ils sortaient tout droit du magasin. C’est là que j’emmenai dîner la gamine. Ses yeux brillaient autant que les verres et ses joues étaient aussi enflammées que lorsque je la dessinais ou que la fois où, sur notre trente et un, nous étions allés au casino, quand elle avait passé la soirée pendue à mon bras en se prenant pour une petite princesse.
« Tu es très belle, la complimentai-je.
— Merci.
— Je t’aurais bien invitée dans un meilleur restaurant, mais comme tu refuses de quitter le quartier…
— Merci. »
Ses yeux brillaient, oui, mais ils ne me trompaient pas ; ce que j’y voyais me confirmait que j’avais bien des raisons d’être méfiant. Ils regardaient avec une indifférence douloureuse, trahissaient la hâte qu’un dîner qui n’avait même pas encore commencé se termine au plus vite. Il était clair que pour elle, il s’agissait d’une corvée et que je n’avais absolument rien à voir dans l’éclat de ses joues.
Elle ne portait ni bracelets ni colliers, mais elle s’était fait faire des mèches blondes et, pour simple qu’elle paraisse, sa petite robe noire n’en était pas moins neuve et très certainement assez chère. Autant d’éléments pour alimenter ma suspicion.
« Où est-ce que tu as trouvé l’argent pour cette robe ?
— Je travaille, répliqua-t-elle. Pas comme certains…
— Pas comme certains ? Et ça, c’est quoi ? »
Je sortis une liasse de billets. Ses pupilles s’agrandirent, noires elles aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique. Sauf, cela va de soi, si elle avait résolu son problème de ce côté-là, grâce à la vente du Le Peintre.
« Ça en jette, hein ? », la narguai-je en lui agitant l’argent sous le nez.
***
Brigitte – qui se soumet bien volontiers à mes obsessions de statistiques idiotes et absolument inutiles (aujourd'hui, cela donne : 1h30, sans dictionnaire) – nous propose sa traduction :
Dans certains bars du quartier de Lucero, boire pouvait carrément donner la nausée car les verres étaient sales et il n’était pas rare de trouver dans la bière un morceau de quelque chose ou du gras qui flottait ; manger de la soupe ou des pâtes dans cette vaisselle n’était guère plus agréable : il valait mieux l’essuyer avant avec sa serviette pour ne pas manger plus que le compte.
- Vingtième compliments des patrons, ironise le Borgne.
- Moi, j’étais habitué à cette crasse, mais Yanira ne pouvait pas la supporter – Ce n’était pas pour rien qu’elle m’avait appris à la voir - aussi n’était-il pas facile dans l’emmener dans un endroit autre que le Confort Latino ou El Bombón Cañí.
Ce dernier était un restaurant rital où on ne mangeait pas trop bien, mais, au moins, la vaisselle était toujours rutilante. La bière y manquait de pétillant mais ils la servaient dans des verres qui brillaient comme des sous neufs.
C’est là que j’ai invité la petite à dîner. Ses yeux étaient brillants comme les verres et ses pommettes enflammées comme quand je la peignais nue, comme cette fois où on était allés au casino et qu’elle s’agrippait à mon bras comme une princesse et qu’on était tous les deux habillés comme des mariés.
(…)
Ses yeux brillaient mais ne trompaient pas, et on y décelait des raisons de se méfier ; Ils regardaient avec un désintérêt douleureux, révélaient l’impatience d’en finir avec un dîner qui n’avait pas encore commencé. Il était évident que mon invitation lui pesait et que le feu de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle ne portait pas de bracelets, ni de colliers autour du cou, mais elle s’était fait faire des mèches blondes et cette robe noire, apparemment si simple, était neuve et plutôt chère, ce qui nourrissait ma suspicion.
- D’où as-tu sorti l’argent pour la robe ?
- Je travaille…- répondit-elle. Pas comme certains…
- Pas comme certains ?
Je lui montrai alors une des liasses de billets et ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux, noirs également. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de puissance économique, à condition que je règle enfin le problème avec la vente du tableau d’ El Pintor.
- Ça en jette, hein ? – dis-je en agitant les billets sous ses yeux.
Dans certains bars du quartier de Lucero, boire pouvait carrément donner la nausée car les verres étaient sales et il n’était pas rare de trouver dans la bière un morceau de quelque chose ou du gras qui flottait ; manger de la soupe ou des pâtes dans cette vaisselle n’était guère plus agréable : il valait mieux l’essuyer avant avec sa serviette pour ne pas manger plus que le compte.
- Vingtième compliments des patrons, ironise le Borgne.
- Moi, j’étais habitué à cette crasse, mais Yanira ne pouvait pas la supporter – Ce n’était pas pour rien qu’elle m’avait appris à la voir - aussi n’était-il pas facile dans l’emmener dans un endroit autre que le Confort Latino ou El Bombón Cañí.
Ce dernier était un restaurant rital où on ne mangeait pas trop bien, mais, au moins, la vaisselle était toujours rutilante. La bière y manquait de pétillant mais ils la servaient dans des verres qui brillaient comme des sous neufs.
C’est là que j’ai invité la petite à dîner. Ses yeux étaient brillants comme les verres et ses pommettes enflammées comme quand je la peignais nue, comme cette fois où on était allés au casino et qu’elle s’agrippait à mon bras comme une princesse et qu’on était tous les deux habillés comme des mariés.
(…)
Ses yeux brillaient mais ne trompaient pas, et on y décelait des raisons de se méfier ; Ils regardaient avec un désintérêt douleureux, révélaient l’impatience d’en finir avec un dîner qui n’avait pas encore commencé. Il était évident que mon invitation lui pesait et que le feu de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle ne portait pas de bracelets, ni de colliers autour du cou, mais elle s’était fait faire des mèches blondes et cette robe noire, apparemment si simple, était neuve et plutôt chère, ce qui nourrissait ma suspicion.
- D’où as-tu sorti l’argent pour la robe ?
- Je travaille…- répondit-elle. Pas comme certains…
- Pas comme certains ?
Je lui montrai alors une des liasses de billets et ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux, noirs également. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de puissance économique, à condition que je règle enfin le problème avec la vente du tableau d’ El Pintor.
- Ça en jette, hein ? – dis-je en agitant les billets sous ses yeux.
***
Olivier nous propose sa traduction :
Il y avait certains bars du quartier de Lucero où on te servait dans des verres franchement dégoûtants; on avait du mal à voir au travers et il n’était pas rare de trouver dans la bière des bouts de machin ou de la graisse flottant en surface; et avaler une soupe ou des macaronis dans des assiettes qui avait besoin d’un bon coup de serviette avant, si on ne voulait pas manger des trucs qu’on n’avait pas commandés n’était pas non plus très ragoûtant.
- Enième éloge des troquets, ironisa le Borgne.
Moi j’étais vacciné depuis belle lurette contre cette crasse, mais Yanira ne pouvait pas la supporter - c’est même elle qui me la fit découvrir -, et c’était donc pas facile de l’emmener quelque part en dehors du Confort Latino et du Bombòn Cani.
Ce dernier était un restaurant ringard où on mangeait assez mal, mais là, au moins, la vaisselle était toujours impeccable; et si la bière était souvent éventée, on te la servait dans des verres qui brillaient comme si on venait de les acheter. C’est là que j’ai emmené la petite à dîner, les yeux aussi brillants que les verres et le feu aux joues, comme quand je la peignais nue, ou la fois où on avait été au casino, elle accrochée à mon bras, princesse d’un jour, tous les deux habillés comme des mariés.
[…]
Ses yeux brillaient mais je n’étais pas dupe; ils recelaient bien des raisons de se montrer méfiant. Ils regardaient avec une indifférence blessante, irradiaient une impatience pour terminer au plus vite un dîner qui n’avait même pas encore commencé. Il était clair que mon invitation l’ennuyait et que la flamme de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle ne portait ni bracelet ni collier, mais elle s’était fait des mèches blondes et sa robe noire, si simple en apparence, était neuve et pas bon marché, ce qui alimentait mes soupçons.
- Où est-ce que tu as trouvé l’argent pour la robe?
- Je travaille… - répondit-elle -. C’est pas comme certains..
- C’est pas comme certains?
Je lui mis sous le nez un paquet de billets et ses pupilles lui inondèrent les yeux, noirs aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique, sauf si elle avait résolu le problème en vendant le tableau du Peintre.
- Ça t’en bouche un coin, pas vrai? - dis-je, en agitant les billets devant ses yeux.
Il y avait certains bars du quartier de Lucero où on te servait dans des verres franchement dégoûtants; on avait du mal à voir au travers et il n’était pas rare de trouver dans la bière des bouts de machin ou de la graisse flottant en surface; et avaler une soupe ou des macaronis dans des assiettes qui avait besoin d’un bon coup de serviette avant, si on ne voulait pas manger des trucs qu’on n’avait pas commandés n’était pas non plus très ragoûtant.
- Enième éloge des troquets, ironisa le Borgne.
Moi j’étais vacciné depuis belle lurette contre cette crasse, mais Yanira ne pouvait pas la supporter - c’est même elle qui me la fit découvrir -, et c’était donc pas facile de l’emmener quelque part en dehors du Confort Latino et du Bombòn Cani.
Ce dernier était un restaurant ringard où on mangeait assez mal, mais là, au moins, la vaisselle était toujours impeccable; et si la bière était souvent éventée, on te la servait dans des verres qui brillaient comme si on venait de les acheter. C’est là que j’ai emmené la petite à dîner, les yeux aussi brillants que les verres et le feu aux joues, comme quand je la peignais nue, ou la fois où on avait été au casino, elle accrochée à mon bras, princesse d’un jour, tous les deux habillés comme des mariés.
[…]
Ses yeux brillaient mais je n’étais pas dupe; ils recelaient bien des raisons de se montrer méfiant. Ils regardaient avec une indifférence blessante, irradiaient une impatience pour terminer au plus vite un dîner qui n’avait même pas encore commencé. Il était clair que mon invitation l’ennuyait et que la flamme de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle ne portait ni bracelet ni collier, mais elle s’était fait des mèches blondes et sa robe noire, si simple en apparence, était neuve et pas bon marché, ce qui alimentait mes soupçons.
- Où est-ce que tu as trouvé l’argent pour la robe?
- Je travaille… - répondit-elle -. C’est pas comme certains..
- C’est pas comme certains?
Je lui mis sous le nez un paquet de billets et ses pupilles lui inondèrent les yeux, noirs aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique, sauf si elle avait résolu le problème en vendant le tableau du Peintre.
- Ça t’en bouche un coin, pas vrai? - dis-je, en agitant les billets devant ses yeux.
***
Laure L. nous propose sa traduction :
Dans certains bars du quartier Lucero, le simple fait de boire dans les verres pouvait provoquer du dégout parce que le récipient était sale et qu’il était facile de trouver dans la bière des miettes ou de la graisse qui y flottait ; il n’était pas non plus agréable de prendre une soupe ou des macaronis dans ces vaisselles qu’il valait mieux essuyer avec sa serviette pour ne pas manger plus que ce que l’on avait demandé.
- vingtième éloge des petits bars, ironise le Borgne.
Moi j’étais déjà habitué à cette saleté, mais Yanira ne pouvait pas la supporter – ce ne fut pas en vain qu’elle fut celle qui m’apprit à la voir – de telle sorte qu’il n’était pas aisé de l’amener ailleurs qu’au Confort Latino ou au Bombón Cañi. Ce dernier était un bouge où on ne mangeait pas très bien mais au moins la vaisselle était toujours étincelante, et la bière manquait de gaz mais on la servait dans des verres qui brillaient comme s’ils venaient d’avoir été achetés. Là, j’invitai à dîner la jeune fille qui avait les yeux brillant comme les verres et les joues empourprées comme quand je la peignais nue, comme la fois où nous fûmes au casino, tous deux endimanchés, et qu’elle s’accrochait à mon bras se sentant comme une petite princesse.
Ses yeux brillaient mais ne trompaient pas, il y avait en eux des raisons de se méfier. Ils regardaient avec un désintérêt douloureux, ils transmettaient l’impatience d’achever au plus vite un dîner qui n’avait pas encore commencé. Il était clair que mon invitation lui était un ennui et que l’éclat de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle portait ni bracelets, ni colliers à son cou, mais elle s’était fait des mèches blondes et cette robe noire, en apparence si simple, était neuve et plutôt chère, ce qui alimentait ma méfiance.
- Où as-tu eu l’argent pour cette robe ?
- Je travaille… - répondit-elle – Pas comme les autres…
- Pas comme les autres ?
Je lui montrai une des liasses de billets et ses pupilles inondèrent ses yeux, noirs eux aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique, à moins que son problème ne fût résolu par la vente du tableau du Peintre.
- Ça en jette, non ? lui dis-je en agitant les billets devant ses yeux.
Dans certains bars du quartier Lucero, le simple fait de boire dans les verres pouvait provoquer du dégout parce que le récipient était sale et qu’il était facile de trouver dans la bière des miettes ou de la graisse qui y flottait ; il n’était pas non plus agréable de prendre une soupe ou des macaronis dans ces vaisselles qu’il valait mieux essuyer avec sa serviette pour ne pas manger plus que ce que l’on avait demandé.
- vingtième éloge des petits bars, ironise le Borgne.
Moi j’étais déjà habitué à cette saleté, mais Yanira ne pouvait pas la supporter – ce ne fut pas en vain qu’elle fut celle qui m’apprit à la voir – de telle sorte qu’il n’était pas aisé de l’amener ailleurs qu’au Confort Latino ou au Bombón Cañi. Ce dernier était un bouge où on ne mangeait pas très bien mais au moins la vaisselle était toujours étincelante, et la bière manquait de gaz mais on la servait dans des verres qui brillaient comme s’ils venaient d’avoir été achetés. Là, j’invitai à dîner la jeune fille qui avait les yeux brillant comme les verres et les joues empourprées comme quand je la peignais nue, comme la fois où nous fûmes au casino, tous deux endimanchés, et qu’elle s’accrochait à mon bras se sentant comme une petite princesse.
Ses yeux brillaient mais ne trompaient pas, il y avait en eux des raisons de se méfier. Ils regardaient avec un désintérêt douloureux, ils transmettaient l’impatience d’achever au plus vite un dîner qui n’avait pas encore commencé. Il était clair que mon invitation lui était un ennui et que l’éclat de ses joues n’avait rien à voir avec moi.
Elle portait ni bracelets, ni colliers à son cou, mais elle s’était fait des mèches blondes et cette robe noire, en apparence si simple, était neuve et plutôt chère, ce qui alimentait ma méfiance.
- Où as-tu eu l’argent pour cette robe ?
- Je travaille… - répondit-elle – Pas comme les autres…
- Pas comme les autres ?
Je lui montrai une des liasses de billets et ses pupilles inondèrent ses yeux, noirs eux aussi. Je savais que l’argent l’impressionnait beaucoup et qu’elle ne résisterait pas à une démonstration de pouvoir économique, à moins que son problème ne fût résolu par la vente du tableau du Peintre.
- Ça en jette, non ? lui dis-je en agitant les billets devant ses yeux.
***
Odile nous propose sa traduction :
Dans certains bars du quartier de Lucero on pouvait vraiment éprouver du dégoût à boire dans les verres tant ils étaient sales, et dans la bière il n'était pas rare de trouver un débris ou de la graisse y flottant; il n'était pas agréable non plus de manger de la soupe ou des pâtes dans une vaisselle qu'il fallait nettoyer avec la serviette pour ne pas manger plus que ce que l'on avait commandé.
-Vingtième éloge des rades, ironise le Borgne.
Moi, j'étais déjà habitué à cette saleté, mais Yanira ne pouvait pas la supporter -ce n'est pas en vain qu'elle m'apprit à la voir-, aussi il n'était pas aisé de l'emmener à un autre endroit en dehors de Confort Latino ou d' El Bombón Cañi.
Ce dernier était un restaurant de loubards où l'on ne mangeait pas très bien, mais au moins la vaisselle était toujours impeccable, la bière manquait parfois de pression, mais ils la servaient dans des verres qui brillaient, comme neufs. J' y invitai la fille, qui avait les yeux brillants comme les verres et les pommettes rouges comme quand je la peignait nue, comme cette fois où nous allâmes au casino et qu'elle s' accrochait à mon bras, avec l'impression d'être une princesse et que nous étions tous les deux étions habillés comme pour une noce.
[…]
Ses yeux brillaient mais ne trichaient pas, et on y devinait bien des raisons de se méfier. Ils regardaient avec un désintérêt douloureux, ils montraient l'impatience d' en finir au plus vite avec un repas qui n'avait pas encore commencé. Il était clair que mon invitation était un supplice et que je n'étais pour rien dans le rouge des ses joues. Elle ne portait pas de bracelets, ni de colliers au cou, mais elle avait des mèches blondes et cette robe noire, d'apparence si sobre, était neuve et plutôt chère, ce qui confortait mes doutes.
- Où as-tu trouvé l'argent pour la robe?
- Je travaille … -répondit-elle- Pas comme d'autres....
- Pas comme d'autres?
Je lui montrai un tas de billets et les pupilles de ses yeux, noirs eux aussi, s'agrandirent. Je savais que l'argent l'impressionnait beaucoup et qu'elle ne résisterait pas à un étalage de pouvoir économique, à moins que la vente du tableau du Peintre n'ait réglé ses soucis.
- Ça épate, pas vrai? -dis-je en agitant les billets devant ses yeux.
Dans certains bars du quartier de Lucero on pouvait vraiment éprouver du dégoût à boire dans les verres tant ils étaient sales, et dans la bière il n'était pas rare de trouver un débris ou de la graisse y flottant; il n'était pas agréable non plus de manger de la soupe ou des pâtes dans une vaisselle qu'il fallait nettoyer avec la serviette pour ne pas manger plus que ce que l'on avait commandé.
-Vingtième éloge des rades, ironise le Borgne.
Moi, j'étais déjà habitué à cette saleté, mais Yanira ne pouvait pas la supporter -ce n'est pas en vain qu'elle m'apprit à la voir-, aussi il n'était pas aisé de l'emmener à un autre endroit en dehors de Confort Latino ou d' El Bombón Cañi.
Ce dernier était un restaurant de loubards où l'on ne mangeait pas très bien, mais au moins la vaisselle était toujours impeccable, la bière manquait parfois de pression, mais ils la servaient dans des verres qui brillaient, comme neufs. J' y invitai la fille, qui avait les yeux brillants comme les verres et les pommettes rouges comme quand je la peignait nue, comme cette fois où nous allâmes au casino et qu'elle s' accrochait à mon bras, avec l'impression d'être une princesse et que nous étions tous les deux étions habillés comme pour une noce.
[…]
Ses yeux brillaient mais ne trichaient pas, et on y devinait bien des raisons de se méfier. Ils regardaient avec un désintérêt douloureux, ils montraient l'impatience d' en finir au plus vite avec un repas qui n'avait pas encore commencé. Il était clair que mon invitation était un supplice et que je n'étais pour rien dans le rouge des ses joues. Elle ne portait pas de bracelets, ni de colliers au cou, mais elle avait des mèches blondes et cette robe noire, d'apparence si sobre, était neuve et plutôt chère, ce qui confortait mes doutes.
- Où as-tu trouvé l'argent pour la robe?
- Je travaille … -répondit-elle- Pas comme d'autres....
- Pas comme d'autres?
Je lui montrai un tas de billets et les pupilles de ses yeux, noirs eux aussi, s'agrandirent. Je savais que l'argent l'impressionnait beaucoup et qu'elle ne résisterait pas à un étalage de pouvoir économique, à moins que la vente du tableau du Peintre n'ait réglé ses soucis.
- Ça épate, pas vrai? -dis-je en agitant les billets devant ses yeux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire