Nathalie m'envoie ces quelques lignes qui, dit-elle, l'aident dans la longue marche vers le point final de sa traduction longue. Généreusement, elle en fait profiter tout le monde. Merci à elle !
Le traducteur à la tâche
En cherchant dans mes archives un texte ou un article qui parlait de la traduction, je suis tombée sur cet extrait de Sous l’invocation de Saint Jérôme de Valéry Larbaud et j’ai pensé qu’il pourrait mettre du baume au cœur de tous les apprentis traducteurs de la TRSH 118 et qu’il nous fournirait une raison supplémentaire (si besoin était) de nous atteler à la tâche.
« Les joies et les profits du traducteur sont grands et dignes d’envie. Voilà un poème, un livre entier qu’il aime, qu’il a lu vingt fois avec délice et dont sa pensée s’est nourrie ; et ce poème, ce livre, ne sont pour son ami, pour les personnes qu’il estime et auxquelles il voudrait faire partager tous ses plaisirs, que du noir sur du blanc, le pointillé compact et irrégulier de la page imprimée, et ce qu’on appelle « lettre close ». –« Attendez un peu », dit le traducteur, et il se met au travail. Et voici que sous sa petite baguette magique, faite d’une matière noire et brillante engainée d’argent, ce qui n’était qu’une triste et grise matière imprimée, illisible, imprononçable, dépourvue de toute signification pour son ami, devient une parole vivante, une pensée articulée, un nouveau texte tout chargé du sens et de l’intuition qui demeuraient si profondément cachés, et à tant d’yeux, dans le texte étranger. »
« Les joies et les profits du traducteur sont grands et dignes d’envie. Voilà un poème, un livre entier qu’il aime, qu’il a lu vingt fois avec délice et dont sa pensée s’est nourrie ; et ce poème, ce livre, ne sont pour son ami, pour les personnes qu’il estime et auxquelles il voudrait faire partager tous ses plaisirs, que du noir sur du blanc, le pointillé compact et irrégulier de la page imprimée, et ce qu’on appelle « lettre close ». –« Attendez un peu », dit le traducteur, et il se met au travail. Et voici que sous sa petite baguette magique, faite d’une matière noire et brillante engainée d’argent, ce qui n’était qu’une triste et grise matière imprimée, illisible, imprononçable, dépourvue de toute signification pour son ami, devient une parole vivante, une pensée articulée, un nouveau texte tout chargé du sens et de l’intuition qui demeuraient si profondément cachés, et à tant d’yeux, dans le texte étranger. »
Valéry Larbaud, Sous l’invocation de saint Jérôme, Gallimard
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